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Citations de Camille Leboulanger (119)


Mais, pour l’instant, dans cette chambre au sol et aux murs recouverts d’une moquette bleu-vert usée, au plafond marqué de taches d’humidité, décorée de tableaux désuets, navires et paysages marins à l’aquarelle, reflets redondants de la vue par la fenêtre au cadre de bois vermoulu qui tremblait sous les coups de vent, pour l’instant, Gob et moi vivions. Nous parlions, nous cuisinions, nous mangions, nous faisions l’amour. Nous pouvions passer plusieurs jours sans sortir, sans voir personne d’autre. La présence de l’une et de l’autre était suffisante. Lorsque Gob s’asseyait à l’antique table sur la chaise de paille branlante, je la regardais lire, écrire. Je restais allongé sur le lit, mains croisées derrière la tête, le regard fixé sur le plafond à la peinture écaillée. La connexion dans le vieil hôtel était si mauvaise qu’elle était pour ainsi dire inexistante. Le terminal ne me servait à rien.
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- "Bon sens". Ça ne veut rien dire. Il y a eu un temps où le bon sens, c'était que chacun possède un petit morceau de terre pour en faire ce qu'il voulait. Il y a eu un temps où le bon sens, c'était de dresser des camps pour entasser ceux qui venaient d'ailleurs. Il y a eu un temps où le bon sens, c'était de hiérarchiser les gens selon leur couleur de peau.
- Ce n'est pas la même chose ! Protestai-je.
- Bien sûr que non, mais tout de même. Si on peut remplir un mot de tout et son contraire, cela veut dire qu'il n'a pas de sens.
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Quand je repense à Pelagoya, je sens à nouveau le goût des cerises, la fraîcheur des matins de printemps, la tiédeur de l’eau que le soleil a chauffée pour nous toute l’après-midi et l’odeur entêtante de la vase, que, gamins, nous ramenions avec nous le soir et qui persistait jusqu’à la douche du lendemain matin. Ce sont loin d’être mes seuls souvenirs mais ce sont les plus forts. Tous sont baignés dans un vaporeux camaïeu de bleu, de gris et de vert pâle.
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Les réactions et les critiques en disent davantage sur celles et ceux qui les ont que sur le texte en lui-même.
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Dans la Déclaration d’Antonia, concluait-elle, il est écrit que « les relations familiales, au sens biologique et surtout généalogique, n’ayant jusqu’ici pour but que la perpétuation de la propriété ou pour conséquence la reproduction de la misère, doivent être abolies sous la forme que l’humanité a connue jusqu’ici. Lorsque tout adulte aura l’entière responsabilité de tout enfant, qu’il ou elle en soit le géniteur ou la génitrice ou non, lorsque l’avenir de l’espèce humaine ne sera plus lancé dès son plus jeune âge dans la compétition effrénée de chacune contre tous, quand les enfants ne seront plus une chose à avoir mais la responsabilité commune, alors le malheur de l’un ne sera plus supportable, comme il l’a trop longtemps été, sous le prétexte que cet enfant qui meurt de faim ne possède pas de lien de sang avec tel ou telle autre qui ne sait que faire de toute la nourriture qu’il ou elle possède. »

Ainsi ont été abolies les familles. Ainsi a été abolie ma famille. Si l’on en croit les statistiques, l’objectif d’une telle mesure – reçue comme terriblement radicale, voire antisociale, à l’époque et qui paraît aujourd’hui banale, voire naturelle – a été accompli. Le nombre d’enfants qui meurent de faim est devenu infime. Une telle chose est devenue accidentelle, anecdotique, là où elle était commune et systémique. Avec l’abolition de la propriété, la famille devait disparaître. C’était la conséquence logique. L’enfant de tous est devenu l’enfant de chacun et, par là même, l’enfant de personne.
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Il ne faut pas chercher à se trouver soi-même dans les livres, disait-elle parfois, quand plusieurs verres lui avaient délié la langue. Il ne faut pas chercher à s’y connaître ni à s’y reconnaître. Si on lit, si on écoute de la musique, c’est pour rencontrer quelqu’un d’autre que soi. On lit et on écrit pour savoir ce que pense quelqu’un d’autre, quelqu’un qui nous ressemble peut-être mais auquel on ne pourra jamais coller. Qu’est-ce que j’ai à voir avec un ouvrier d’il y a quatre-cents ans ? Rien du tout. Qu’est-ce que j’ai à voir, matériellement, avec les philosophes grecs d’il y a je ne sais combien de siècles ? Rien non plus ! Et pourtant, c’est précisément parce qu’ils ne me ressemblent pas que je peux en apprendre quelque chose. »
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C'était comme si les nuages avaient longuement préparé leur coup.
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Si je suis libre, si je suis heureuse, dites-moi alors pourquoi je garde, dans le creux de mon cœur, une cicatrice suppurante qui dessine son absence.
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CHAPITRE 2 : L’ENFANCE DU CHIEN
C’est ainsi que Setanta grandit. Il subit en permanence les influences contradictoires de ses deux parents, dont l’inimitié n’était un secret pour personne. Lui-même la sentait, même s’il n’aurait pu en expliquer la raison.
Un détail, pourtant, ne trompait pas. Jamais Dechtire ne lui donna de frère ou de sœur. La lignée de Sualtam s’arrêterait avec cet unique fils.
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Peut-être la terre est-elle un peu plus mélancolique à chaque fois qu'une plante fend sa surface. Peut-être garde-t-elle dans chaque tige qui lui échappe, chaque feuille qui s'étend, le souvenir de la graine qu'elle a abritée en elle, dissimulée jusqu'au moment inévitable où elle lui a échappé.
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Un mensonge répété suffisamment de fois finit par ressembler à la vérité.
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« Aujourd’hui, il nous semble plus aisé d’imaginer l’absolue détérioration de la Terre et de la nature que la décomposition du capitalisme tardif ; peut-être cela est-il dû à quelque faiblesse de notre imagination.»
Fredric Jameson, The Seeds of Time, 1994.
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Les bourses du bosco étaient pleines
À en toucher les planches du pont
S’il ne peut les vider cette semaine
Il fera naufrage pour de bon.

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Vous souriez encore. Vous trouvez sans doute ces hommes superstitieux et faibles d’esprit. Il est vrai qu’aujourd’hui les paroles des druides sont moins écoutées, et les Ulates de notre temps ne reconnaissent qu’une seule vérité, et une seule force : le fer. Mais il y a bien des choses que le fer ne peut expliquer. Le fer peut-il dire pourquoi il pleut ? Le fer peut-il dire pourquoi la mer va et vient ? Pourquoi les arbres croissent, et les roches non ? Pourquoi les loups hurlent la nuit, quand les hommes dorment, et les chiens avec eux ? Le fer peut-il dire qui a dressé les pierres et élevé les tertres dont les Ulates savent ne jamais devoir s’approcher ?
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Il en est ainsi des bonnes histoires : peu importe si l’on connaît leur déroulement ou si l’on devine la fin. Cela ne gâte en rien le plaisir de les entendre ni même celui de les raconter. Une bonne histoire est comme une bonne chanson. C’est un air dont on ne se lasse jamais du refrain.
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Sophie se lève et va chercher son sac à dos. Le chat la suit. Elle vide une des poches du sac et transfère son contenu dans la remorque. Ensuite elle se baisse, attrape le chat et le pose dans ladite poche, qu'elle referme à moitié.
Le chat affiche une expression de surprise et d’incompréhension tout à fait particulière aux chats. Le genre un peu ahuri, mais pas trop, pas mécontent mais pas joyeux non plus. Ce serait un humain, on dirait qu'il s’en fout.
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Ce qu’il advient du corps des conteurs n’intéresse pas la société des hommes. Mes paroles seules resteront peut-être.
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Pauvre garçon qui n’a jamais été homme, et à peine chien. Le Chien n’a jamais été qu’une arme : une lance sans maître. Son oncle le roi et tous les autres hommes de son temps le supportaient seulement car ils étaient du côté de la hampe. Ils tremblèrent toujours à l’idée que le fer se tournât dans leur direction.
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Le festival a commencé depuis quatre jours, avec autant de projection de "Hors". Pour la quatrième fois, Alvid prendra la parole à la fin du film. Il répondra du mieux qu'il le peut à quelques questions. Il dira qu'il s'agit de capter le temps du paysage, que des mouvements infimes comme ceux des bruyères l'intéressent autant, voire davantage, que ceux des deux hommes qui constituent l'ultime et seule présence humaine du film. our la quatrième fois, il formulera des réponses qu'il a construite bien après le tournage et le montage du film. Pendant ses années d'étude de cinéma, il a appris que «Je voulais simplement que cela soit comme cela et pas autrement» n'est pas une réponse valable. Les spectateurs en veulent plus, ont besoin de plus. Il faut donner une clef. Alors il ne ment pas tout à fait, mais toutes les théories qu'il s'est habitué à entendre sortir de sa bouche lui paraissent toujours un peu étrangères au fond des choses.
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Il joua toujours plus vite, toujours plus fort, jusqu'à ce que ses doigts lui fassent mal, jusqu'à ce qu'il sente le battement de la musique au fonds de lui commencer à lui faire défaut. Alors il s'arrêta un instant, une moitié de mesure à peine, que les battements des mains comblèrent à sa place. La public hurlait comme un monstre marin, une vague qui s'écrasait contre le bord de la scène. On dansait, ou on l'aurait voulu, mais Bertram jouait bien trop vite pour cela, alors on se jetait les uns contre les autres dans un joyeux chaos. 
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