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Citations de Caroline Valentiny (31)


Madeleine prit une craie et écrivit au tableau d’un trait grinçant et appuyé: « La mort, c’est un peu comme la connerie. Le mort, lui, ne sait pas qu’il est mort… Ce sont les autres qui sont tristes. Le con, c’est pareil… »
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Jamais dans le passé il ne s’est trouvé sans voix devant l’élégance des tournures d’esprit d’un étudiant imberbe. Une telle clairvoyance surprend chez un garçon qui semble pendu à un cintre.

[Chapitre 2]
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Il expirait sans fin. Doucement il se posait. Comme un baiser peut être, comme la note la plus basse que peut gémir un violoncelle. Son cœur ne battait plus. Le souffle de son désir s’échappait dans les graves. Ses yeux ne cherchaient plus. Le monde battait encore, mais en dehors de lui. Il l’entendait, alentour, sans plus rien dire, sans rien faire. En lui, petit à petit, montait le silence.

[Chapitre 2]
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Évaluation de fin d’année, en maternelle. Qu’est-ce que c’était encore que cette invention-là. Qu’évaluait-on à cinq ans? La précision du picotage, lard du non-dépassage ? Il fallait que chaque enfant soit dans les temps, en avance sur le temps même, qu’il n’aille pas manquer une étape, celle des lacets par exemple, celle du pipi, celle de l’intégration sociale, de la capacité d’abstraction, de la première révolte, de… Cela valait bien la peine de se presser, si c’était pour finir dans une tombe à vingt ans.
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Il n’y a jamais de bonne raison pour s’excuser d’être là où on est.

[Chapitre 2]
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C’était un bel après-midi de printemps. Les feuilles des arbres bruissaient légèrement sous la brise et le soleil accrochait ses rayons sur les pierres tombales comme si tout devait durer toujours. Il vint à peine à l’esprit de Madeleine qu’un tel endroit puisse recéler tant de beauté. Elle abandonna le prêtre à ses étranges paroles et laissa son esprit la porter jusqu’aux cimes des arbres. Là, il se pouvait que son fils ne fût pas mort. Elle s’appuya un peu plus fort sur le bras de son mari. D’une légère pression de la main il lui fit savoir qu’il la soutenait. Mais depuis quelques jours plus rien ne soutenait Madeleine.
Elle regarda distraitement la première pelletée de terre s’éparpiller sur le bois du cercueil. Elle songea à s’allonger près d’Alexis et à laisser la terre la recouvrir à son tour. Dieu sait pourquoi elle ne le fit pas. Sans doute ne raisonnait-elle plus très juste. Car il n’est pas juste qu’une mère continue à se promener à la surface du monde quand son fils dort dessous.

[Chapitre 1]
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«  Elle voulait retourner là où il avait passé ses dernières journées , en palper l’atmosphère , approcher, du moins tenter de supporter , le vide terrible à l’intérieur.
Penser était une torture ; elle avait besoin de toucher, de sentir , de
respirer » ....
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«  Par les fentes de l’éternité
Nous parlerons ensemble
Cherchant nos souffles
Peu à peu laissant nos voix
Se réaccorder
Toi ciel moi terre
Nous parlons longtemps longtemps
Jusqu’à ce que l’été
Nous couvre de volubilis » ...

Anne Perrier , Lettres perdues .
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«  Elle transpirait , elle dégoulinait sa peine par tous les pores , elle marchait reliée à Alexis par l’air et le silence , elle marchait sous sa poussée .

Il y a la lumière du fleuve et le sel sur sa lèvre. Il y a les feuillages tremblant au loin. Il y a son fils mort et l’écho de ses pas qui lui massent le cœur » ...
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Je m'assieds deux minutes sur un banc pour reprendre mon souffle. Mais au moment où je m'assieds, le paysage s'assied avec moi. Les couleurs tombent, la brise se fige, l'odeur des arbres disparaît, comme ça, sans prévenir.
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S'il n'entend pas, s'il n'entend plus, elle chantera quand même, et ce chant d'amour pour son fils endormi ne s'épuisera jamais, même plus tard, quand elle sera vieille, elle continuera de chanter, elle sera mère à jamais d'un enfant, d'un jeune homme, elle restera prise dans ces commencements-là puisque aucune ride sur le visage d'Alexis ne viendra lui dire c'est bon, maman, tu peux te reposer, regarde, ça va, tu as bien fait ton travail.
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L'existence de son petit dans le monde n'a-t-elle été qu'un rêve, un espoir sublime, une étoile filante?
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Car il n est pas juste qu une mère continue de se promener à la surface du monde quand son fils dort dessous.
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Madeleine prit une craie et écrivit au tableau d’un trait grinçant et appuyé: « La mort, c’est un peu comme la connerie. Le mort, lui, ne sait pas qu’il est mort… Ce sont les autres qui sont tristes. Le con, c’est pareil… »
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Elle eut soudain envie que sa fillette fût là, juste à côté d'elle, à bavarder pour rien de sa voix tendre et fluette. Elle eut envie de sentir son petit corps chaud se pousser contre elle et chercher sa chaleur. C'était une envie animale, instinctive, c'étai un besoin si primitif et si familier qu'il lui fit venir les larmes aux yeux.
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Quand votre enfant meurt, peu importe son âge, et même s'il était devenu presque un homme et que sa force vous émerveillait quand il vous serrait dans ses bras, il redevient le tout petit sur lequel vous étiez censée veiller, et vous savez soudain que vous avez failli, que le protéger était ce que vous auriez du faire, que c'était même la seule chose que la vie exigeait vraiment de vous, vous, sa mère.
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Madeleine n'imaginait pas que l'on puisse vouloir guérir de... mais quel était le mot ? Elle n'était pas veuve. Ni orpheline. Elle se rappela alors avoir déjà lu cela quelque part. Pour les mères qui n'ont plus de fils, il n'y a pas de mot.
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Tout était possible, tout pouvait commencer, tout pouvait exister, et tout pouvait s'éteindre.
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«  Enfant, lorsqu’il était en vie, il se couchait dans l’herbe, le soir, pour observer le ciel. Aujourd’hui , depuis son carré d’herbe étanche à la lumière , il a beau plisser les yeux , il ne peut plus rien voir . Ses idées roulent sous les pierres sans qu’aucune ne s’accroche. Il les regarde passer. Allongé dans sa tombe , il tâche de réfléchir . Que reste- t- il à faire , quand tout est rendu à l’immobilité ? » .....
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La frontière entre vie et non-vie était si ténue au début. Tout était possible, tout pouvait commencer, tout pouvait exister, et tout pouvait s'éteindre. Nul ne pouvait prédire qui allait gagner de l'existence ou du néant dans l'enfouissement de ses entrailles. Et maintenant ? Elle guettait. Se pourrait-il qu'elle perçoive un signe ? Une vibration ? Reconnaîtrait-elle des traces de lui dans l'infini ? Y avait-il seulement des traces ? Y avait-il seulement un infini ? Ou bien juste le tracé plat d'un arrêt inexorable ?
Elle avait attendu trois mois, à l'époque, pour être relativement sûre. Il faudrait désormais toute une vie.
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