Catherine Vincent

Il n'est pas certain que les moines de St-Philibert de Noirmoutier aient fait un choix judicieux en s'installant dans la vallée de la Saône. Celle-ci, avec l'ensemble du couloir rhodanien et des régions méridionales, se trouvait, en effet, simultanément, exposée aux raides prédateurs de peuples venus de Méditerranée, les Sarrasins. Le terme désigne à l'époque médiévale tout musulman originaire de la péninsule ibérique, d'Afrique du Nord ou du Proche Orient. Largement implantés sur le pourtour de la Méditerranée, ils y menèrent des actions de piraterie quasi permanentes, dont certaines débouchèrent sur la conquête d'îles importantes telles les Baléares (902) ou la prestigieuse Sicile, jusqu'alors aux mains des Byzantins et dont la dernière ville tombe en 902. Ils installent en outre des repaires le long des côtés, en Italie ou en Provence, d'où ils pénètrent dans les terres lors d'expéditions de pillage dirigées à nouveau contre les villes et les abbayes, au cours desquelles ils réduisent leur prisonnier en esclavage et réclament de lourdes rançons. Ces agressions sarrasines, redoutées des populations, entretiennent en mer et sur toutes les côtés du sud de l'Empire un climat d'insécurité peu propice au développement des activités d'échange. Mais celles-ci ne cessent pas pour autant, et s'accentuent même après la destruction des 2 principales bases sarrasines, celle de Garigliano en 916 et celle de La Garde Freinet, près de St-Tropez en 972-973.