Intervention de Cécile Bost lors de l'Intelligence Day sur le thème de l'hypersensibilité, organisé par Mensa Grand Aquitaine le 2 avril 2016 à Bordeaux.
Apprendre l'imperfection passe par le lâcher-prise, le plaisir de la curiosité et de l'expérimentation, sans pression du résultat. Aux adultes paralysés par une autocritique permanente et par le doute, voire par un réel sentiment d'infériorité, il est important de réapprendre le processus "essai/erreur" où ils se donnent le droit à l'erreur (un enjeu de taille, il ne faut pas s'y tromper !)
Une suggestion : identifiez les erreurs commises par des décideurs de tous ordres. Et vous verrez, je vous l'assure, qu'ils en commettent aussi. Ouvrez les journaux, écoutez la radio ou regardez la télévision et admirez combien de ces décideurs sont vivants, en bonne santé, et prêts à prendre de nouvelles décisions.
Visiblement, faire une erreur ne tue pas !
Un surdoué a besoin de se nourrir intellectuellement,
il a besoin de défis.
Un travail routinier est source de stress pour tous ceux qui préfèrent penser, raisonner, développer.
L'ennui peut bien sûr se transformer en colère, en ressentiment et en envie de jouer au "gendarme et au voleur", de tester la résistance de l'autre (travail, famille, amis, société).
Attention ! Cette routine imposée est à dissocier de celle, toute personnelle, dans laquelle le surdoué peut s'enfermer pour maîtriser son environnement quotidien et ainsi se protéger du stress du monde extérieur.
Nombre de surdoués ont appris, depuis leur enfance, à avoir peur : ils ne vivent plus pour eux mais uniquement en réagissant à leur environnement, d'où des réactions émotionnelles qu'ils ne peuvent plus contrôler car ils ont dissocié leur corps de leur intellect.
Cette dissociation leur est fatale, car, comme Damasio le rappelle, le corps est le premier à ressentir les émotions qui sont elles-mêmes à l'origine des décisions prises de façon intellectuelle.
Négliger le langage du corps, c'est donc risquer de prendre les mauvaises décisions.
Dans le cadre professionnel, l'adulte surdoué est aux prises avec la nécessité de se conformer à sa hiérarchie. D'autant que ses supérieurs peuvent aller jusqu'à le considérer comme ingérable, voire dangereux pour l'organisation, quand ce n'est pas pour eux-mêmes. Pourtant l'adulte surdoué ne fait que regarder et poser des questions. Il ne cherche qu'à bien faire...
Amateurs d'énigmes ?
Ils adorent "entendre" leur cerveau se mettre en marche, les différents rouages s'actionner, s'enchaîner de façon logique : certains disent même qu'ils visualisent des engrenages qui s'imbriquent et s'actionnent
Quand chacun demande "Pourquoi ?", le surdoué rétorque "Pourquoi pas ?" Il challenge les autres et les traditions, bouscule les statu quo, fait appel à des idées folles venues d'on ne sait où, comme s'il voyait ce que les autres ne pouvaient pas voir.
Le surdoué est un créatif permanent.
Sans qu'on le lui demande, juste parce qu'il veut effectuer sa mission au mieux, il la repositionne dans un contexte plus large que celui de son organisation et en analyse les tenants et aboutissants.
Avec sa vision globale, il identifie les points clés de blocage et réfléchit à ce qui peut améliorer la situation.
Convaincu que les orientations qu'il met en avant sont bonnes pour l'organisation, il n'imagine pas un instant que c'est aussi un changement qu'il propose.
Or la résistance au changement est l'une des grandes caractéristiques de l'entreprise stable, corps social qui, au nom de la "culture d'entreprise" (de la cohésion d'équipe), favorise le conformisme cognitif.
En voulant bien faire son travail, le surdoué est un spécialiste pour imaginer "ce qui pourrait être", faire des propositions, trouver des idées ...
autant d'initiatives qui apparaissent sur l'instant peu à propos et dont l'immédiate répercussion est de susciter la jalousie des autres et d'inquiéter la hiérarchie.
Un surdoué a besoin de se nourrir intellectuellement, il a besoin de défis. Un travail routinier est source de stress pour tous ceux qui préfèrent penser, raisonner, développer. L'ennui peut bien sûr se transformer en colère, en ressentiment et en envie de jouer au "gendarmer et au voleur", de tester la résistance de l'autre (travail, famille, amis, société).
Certains adultes surdoués peuvent ainsi s'avérer incapables de finir un projet tant ils ont besoin de nouveauté. On assiste alors à un cycle de très grand intérêt pour un nouveau thème, suivi par un manque d'intérêt dès que l'aspect nouveau s'efface et qu'il faut entrer dans les détails.
Depuis plus de cent ans, donc, le cadre d'interprétation des tests de QI n'a pas changé, fondé sur l'évaluation de la seule intelligence logico-mathématique.
Or, grâce à Howard Gardner, au début des années quatre-vingt, il est désormais acquis qu'il existe plusieurs types d'intelligence.
De plus, les découvertes médicales en neurosciences sont mal prises en compte et totalement méconnues du grand public. Le surdon ne peut donc pas se réduire à un seul résultat de test de QI.
Extrait de l'introduction
Un surdoué, ce n'est pas seulement une magnifique mécanique intellectuelle. C'est d'abord, et avant tout, un être d'une sensibilité physique et émotionnelle exacerbée, d'une hyperémotivité, au cœur d'un combat de tous les instants, qui absorbe une partie majeure de son énergie personnelle quotidienne.