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Citations de Cédric Morgan (32)


Il faut faire avec les coups du sort au long d’une vie. Si l’on était vraiment lucide face à tout ce qui nous guette, on devrait s’effrayer. Mais alors comment vivre ? Aussi on s’habitue. Chacun espère toujours échapper au pire. Parfois y arrive. Parfois pas.
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Les journées se suivaient comme des sœurs et Yumi, maintenant du haut de ses huit ans, observait l’existence. Le ciel avec ses nuages, la mer avec ses richesses, l’île avec les arbres, les herbes, les fleurs, les oiseaux, les insectes et même les pierres sur les chemins, partout où elle portait le regard elle lisait une invite à humer doucement chaque minute qui passe.
Elle aimait sentir sur sa peau le souffle du vent, il venait de l’océan, d’un lointain ailleurs et il murmurait à son oreille : Regarde, tu es au monde !
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Là où Louane se sentait exister au plus fort, c'était à courir les chemins, les grèves, à fréquenter les falaises. Elle était attendue, accueillie, reconnue par le paysage ; elle traversait une friche et les herbes hautes acquiesçaient à chacun de ses pas ; le staccato des sauterelles s'accordait pour accompagner son avancée ; elle apparaissait sur la côté et les oiseaux de mer saluaient de cris stridents son arrivée ; sous les ciels changeants, l'ombre et la lumière jouaient à poursuivre sa silhouette mouvante.
Le ciel, la terre, la mer ; dans cette immense famille elle possédait sa place.
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Elle aimait la fréquentation rugueuse du gros temps, la grêle, l’à-pic des falaises, les landiers griffant ses jambes nues ; elle s’offrait au vent dont la violence parfois oppressait sa poitrine, manquait l’étouffer.
Le soleil revenu, elle poursuivait le dialogue entamé depuis toujours avec les arbres, les buissons, les fleurs, les oiseaux, les cailloux de l’île. Dans le grouillement de ce qui souffle, bruit, grogne, murmure ou se tient coi elle était certaine que se niche le secret de l’existence.
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Appartenir à la communauté des "femmes de la mer" offrait d’échapper à la condition ancestrale féminine, autorisait une autre manière d’être, ouvrait l’horizon.
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Sitôt qu'elle sut lire, ce fut comme aborder un nouveau continent et elle vécut une large part de ses journées dans les livres. Elle entra en lecture comme d'autres, autrefois, gagnaient le petit séminaire ou s'enfermaient au couvent.
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On attend la clarté du grand jour, d'un soleil éclatant. Et en fait la vraie lumière, elle bat au fond de la maison, dans le vent d'une porte...- Elle sourit: Voilà une réflexion digne de Cauchois....
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Plutôt que Sarah Bernhardt, n'en déplaise à Me Gallais, elle aurait préféré que Colette eût habité le fort des Poulains. Elle aurait su décrire les plantes et les oiseaux, le goût du vent sur les lèvres des filles et les couleurs de l'océan, la dense immobile des galets, l'âne qui brait derrière la haie, l'enfant qui erre.
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Trop longtemps - et de ceci elle demeure imprégnée, c'est l'axiome qui lui fut inculqué dès l'enfance - elle a considéré qu'elle ne vaut rien par elle-m'eme, il faut q'elle fasse plaisir pour qu'on l'aime....
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Elle avait grandi comme en dehors du monde. Le monde n'étais pas à sa dimension, elle le savait, il était aussi trop étranger. Elle voyait autour d'elle, au collège, au lycée, des filles et des garçons qui ne connaissaient pas de difficulté à frétiller au milieu de leurs semblables dans le grand bassin d'eau froide des journées, à se frayer un chemin dans la foule; qui étaient à l'aise partout, trouvaient leur place dans l'existence, riaient, s'exaltaient, indifférents aux regards. Elle ne s'y attardait pas. Venant des autres, cette capacité tait manuelle. Pas chez elle. Elle n'osait s'avouer différente, c'eût été de l'orgueil. Elle se considérait plutôt en défaut, d'où son acceptation de ce qui lui arrivait, elle courbait la nuque sous les menus événements qui pénétraient l'aire longtemps protégée où elle s'ébattait. Ses parents la disaient naïve, presque une enfant. Il fallait la garder à l'abri.
De ses penseés, de ses rêves, il ens s'inquiétaient pas. Couvait-elle des souhaits, brodait-elle des élans, illustrait-elle des goûts,d es préférences ? Ce ne sont pas des questions qu'0on pose aux filles.
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Elle a tendance à accepter le passé, puisqu'il n'est plus amendable, comme un fait acquis: le mieux est d'éviter de se retourner, faute d'avoir vécu ce que nous voulions, nous avons eu la vie à laquelle nous avons dit oui.
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[...] le moment du retour était un sas nécessaire où prendre le temps de se rassembler
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La brume du matin venait de s’effilocher par endroits et le bleu du ciel palpitait dans les trous dégagés comme des pierres au fond d’une eau profonde que le soleil révèle.
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En hiver, les ama se limitaient à pêcher des huîtres et surtout, le long du littoral, des algues. Elles les atteignaient parfois les pieds dans l’eau ou immergées jusqu’à la poitrine et, pour les espèces rubanées, plus souvent en eau profonde.
Aux jours froids, on les voyait surgir de l’océan couvertes de longues tresses gluantes qui leur faisaient un manteau de lanières et de cordes. Un capuchon de lianes brunes dissimulait les crânes et ballottait sur les fronts, les joues. Seule la majesté du bras qui retenait en place tant bien que mal cette parure branlante et le poli de la cuisse débordant sous ce nœud de serpents trahissaient la présence de femmes sous le fardeau égouttant.
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Dans la quasi-totalité du pays, une fois mariées, les femmes se consacraient à leur foyer. Si elles avaient travaillé auparavant, elles cessaient toute activité à l’extérieur pour se cantonner à la maison — mari, ménage, cuisine, éducation des enfants. Une formule résume ce que représentait le mariage pour la plupart des Japonaises : eikyū shūshoku, un emploi à vie.
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On situe l’attaque de Pearl Harbor, en plein milieu de l’océan Pacifique, le 7 décembre 1941, comme le détonateur de la Seconde Guerre mondiale, versant asiatique.
En réalité, le cordon à mèche lente qui incendiera cette partie du monde avait été allumé dix ans plus tôt. Et en Chine. Depuis 1905, le Japon avait la concession de la presqu’île chinoise de Liaodong, comprenant Port-Arthur, et il avait établi une sorte de protectorat sur la ligne de chemin de fer reliant Port-Arthur à Harbin, plus au nord, en Mandchourie. Une région infestée de pillards mongols qui s’en donnaient à cœur joie en dévalisant les convois.
La mission des soldats japonais était de faire la police le long de la ligne dans un corridor de un kilomètre de large.
Dans la nuit du 18 septembre 1931, la voie ferrée mandchoue est sabotée sur quelques mètres à la sortie de la ville de Moukden. Pseudo-attentat organisé par les officiers nippons pour justifier la conquête de toute la Mandchourie. Cinq mille soldats impériaux, présents en Corée, franchissent la frontière pour prêter main-forte à l’invasion.
L’ensemble de ces opérations se déroula dans le dos du gouvernement de Tōkyō qui, dépassé par les événements, choisit de s’incliner devant le fait accompli.
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Et peut-être, si l'on avait gratté le vernis de l'opinion avouable, qui chez eux tenait lieu de pensée, aurait-on découvert qu'ils la jugeaient coupable d'être une jeune fille, cet être compliqué. Sans les connaître, ses rêveries, forcément insipides, et ses désirs, avec leur cortège d'inclinations, de velléités, leur carnaval de leurres, les inquiétaient. Ils ne percevaient pas qu'ils approfondissent, contribuent à l'éclosion d'un être.
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En 1945 les Américains étaient pressés de réaliser un test, grandeur nature, de l’impact de leur nouvelle bombe mise au point en secret depuis quatre ans dans le désert du Nouveau-Mexique. Une arme terrifiante qui montrerait leur avance dans la course aux armements et qui, ils en étaient sûrs, en boucherait un coin à Staline. Les militaires avaient procédé à des essais à petite échelle. Mais pour justifier les sommes énormes englouties dans leurs travaux, il leur fallait chiffrer les dégâts humains et matériels dont leur nouvel engin était capable. Et cela dans la réalité.
Ryo interrogeait : Ont-ils songé à tester la bombe en Allemagne ? Il rugissait : Bien sûr que non ! Le Japon qui les avait attaqués sans préavis à Pearl Harbor, et qui se battait encore sur une patte, offrait l’occasion qui ne se refuse pas. Cerise sur le gâteau, les généraux pouvaient se donner le beau rôle : la bombe atomique allait mettre un point final aux combats en Asie, éviterait de faire débarquer les GI dans l’archipel, donc épargnerait la vie de milliers de soldats américains. (…)
Ryo renchérissait : Il faut revenir au début de l’été 1945. Dans le vent de leurs ventilateurs de bureaux, les gradés américains sont fiévreux. Tōkyō, prêt à faire reddition, a dépêché des émissaires par le biais de pays tiers pour prendre contact avec Washington. La fin des combats est proche. Au Pentagone on est scandalisé, ces faces de citron sont capables de vous capituler sous le nez ! Une turpitude pareille, ça signe bien leur race. II fallait faire vite. D’où, le 6 août, bombe A (à l’uranium) sur Hiroshima, le 9 août, bombe A (au plutonium) sur Nagasaki.
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Kazue renseignait son apprentie sur toutes les facettes de leur profession, et elle lui en avait retracé l’histoire. Depuis des millénaires, la pêche en apnée est dévolue aux femmes. On ne sait pourquoi. L’origine de cette tradition s’est perdue dans la brume des temps. Pendant des siècles on a cherché (des hommes surtout, les femmes ayant compris très tôt la vacuité d’enfiler des perles) des raisons pour la justifier. Parmi les arguments avancés, l’allégation majeure s’appuyait sur la physiologie : la graisse étant mieux répartie sous la peau des femmes, elles supportaient facilement de longues immersions dans l’eau froide. D’autres expliquaient que les hommes fuyaient cette activité parce que l’humidité prolongée avait un effet nocif sur les gonades, et donc ils craignaient de devenir stériles, voire impuissants — ce qui, à leurs yeux, serait pire encore.
Tsukiko, à qui Yumi avait un jour rapporté cette hypothèse, en avait ri aux éclats.
Dis-toi bien que jamais, assura-t-elle, jamais les hommes ne se sont posé la moindre question à ce sujet. Ne te fais pas d’illusions, ils n’envient pas le travail des ama. Trop contents au contraire d’abandonner aux femmes une tâche fatigante et risquée.
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Les ama étaient une source de prospérité pour toute la région, le niveau de vie de bien des familles en était ici favorisé par rapport au reste de la population. Activité difficile, dangereuse, la plongée était, de notoriété publique, lucrative. Au sein des villages, quand on identifiait des maisons un peu plus spacieuses ou mieux équipées, l’on pouvait presque à coup sûr affirmer qu’elles abritaient un foyer où une ama (mère, grand-mère) apportait au ménage un revenu substantiel.
Si l’on s’était avisé d’interroger les familles voisines d’une ama sur ce qui, à leurs yeux, caractérisait sa situation, les hommes auraient relevé en premier l’importance de ses gains, les femmes un enjeu plus décisif : son activité lui octroyait un statut à part. Appartenir à la communauté des « femmes de la mer » offrait d’échapper à la condition ancestrale féminine, autorisait une autre manière d’être, ouvrait l’horizon.
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