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Citations de Charles Joseph de Ligne (29)


Charles Joseph de Ligne
De Moscou.
Il me semble que je vous verrai demain ou après-demain. Voilà plus de dix-huit cents lieues que je marche vers vous ; il n’y en a plus que douze cents pour arriver. Au plaisir de vous revoir donc bientôt, chère marquise, ou de vous écrire de Constantinople, si tout ceci continue à s’embrouiller. Je ne vous dis rien de l’état de mon cœur ; le vôtre est en loterie : j’y ai mis. Que sait-on ? Et puis encore, quand je n’y aurois pas mis, le hasard ne peut-il pas venir au-devant de moi ? Je crois en vérité que je donne dans le précieux ; ce n’est pourtant ni votre genre ni le mien. Ceci a l’air de la carte du pays de tendre ; mais nous nous perdrions tous les deux dans ce pays-là. Vive celui-ci, si nous y étions ensemble ! Il vaut mieux être Tartare que barbare, et c’est ce que vous êtes souvent pour votre cour. Souvenez-vous toujours de celui qui est le plus digne d’en être. J’aime mon état d’étranger partout : françois en Autriche, autrichien en France, l’un et l’autre en Russie, c’est le moyen de se plaire en tous lieux, et de n’être dépendant nulle part. Nous touchons au moment de quitter la fable pour l’histoire, et l’orient pour le nord. J’aurai toujours pour vous le midi dans mon cœur : que dites-vous de ce trait piquant ? Il a du moins, vous en conviendrez, le mérite du naturel.

Lettres du prince de Ligne à la marquise de Coigny
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Il est plus économique de plaindre les malheureux que de les empêcher de l'être.
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A douze ans, j'avais un corbeau, un mouton aussi et un renard qui me consolaient des rigueurs de mes maîtres tous mécontents de moi. Le corbeau piquait les jambes de celui à danser, comme s'il avait su que c'était celui que je haïssais le plus. Le renard était un polisson qui prenait le coton de l'écritoire de mon gouverneur pour en barbouiller tous ses papiers. Un jour, il fit ses ordures dans la bouche d'un de mes ancêtres en peinture qui, avec d'autres, était étalé à terre dans un salon que mon père faisait arranger. Celui-ci fut d'une colère affreuse de ce qu'il avait manqué, à dessein, croyait-il, à son bisaïeul.
Entre ces deux âges de mes goûts pour les bêtes, j'en ai eu pour d'autres qui souvent ne les valaient pas.
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[Le prince Charles de Lorraine] était si bon que cela paraissait dans ses colères, si par hasard il en avait, par exemple à la chasse où il faisait l'important en vieux piqueur. Se fâchant un jour contre tout plein de spectateurs qui dérangeaient la chasse à force de courir dans toutes les allées de ma forêt, il leur cria : « Allez vous faire f..., messieurs, s'il
vous plaît, » ajouta-t-il en leur ôtant son chapeau.
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La Comtesse Diane de Polignac m’avait fait promettre de lui écrire des nouvelles de l’armée. Elle reçoit l’une de mes lettres devant M. de Maurepas : « Voulez-vous savoir, dit-elle, des choses intéressantes ? C’est charmant à lui de se souvenir de moi, et de me mettre à même de vous en apprendre. »
Elle lit :
« Notre armée est composé d’infanterie et de cavalerie. Nous auront des pontons s’il faut passer des rivières. Notre artillerie servira à canonner. Si nous attaquons l’ennemi ou s’il nous attaque, il y aura vraisemblablement une bataille. Le temps est beau, mais s’il y a de la pluie, il y aura bien du monde de mouillé. Brûlez ma lettre, car à la Cour il ne faut rien laisser tomber et je ne veux pas me compromettre. »
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A la guerre et en amour, il faut savoir ce que l'on veut. Les demi-partis sont détestables.
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Je bois plus qu'un autre quand il le faut, pour l'honneur. Je n'ai jamais été ivre qu'au théâtre. Un jour que je jouais Hortentius, après avoir fait attendre toute la ville, je parus enfin, moitié riant, moitié dormant, appuyé quelquefois contre une coulisse. Comme on ne connait pas à Viennes beaucoup le spectacle français et cette pièce de La Surprise de l'amour, on crut que c'était de mon rôle, et on me fit compliment d'avoir joué si naturellement : c'était la surprise de vin plutôt que celle de l'amour.
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Je volais tout ce que je trouvais à manger, et en servant la messe, ce qu'on m'obligeait à faire tous les jours, je buvais souvent le vin des burettes. Je ne m'en corrigeai que pour ne pas faire gronder ceux qu'on soupçonnait de n'y en avoir pas mis.

Ce n'était pas par impiété, car j'ai toujours eu assez d'imagination pour être dévot de temps en temps, à l'article près des devoirs à en remplir. Quand il m'en prenait même des accès un peu plus forts, je m'abstenais pendant huit jours des péchés qu'on commence, quand on a été précoce, comme moi à treize ans. Mon premier confesseur me les apprit en me demandant si je les commettais. J'y ajoutai celui de l'orgueil, en le priant de lire ma confession où j'avais fait ma plus belle écriture qu'on puisse voir.
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J'avais autrefois une grande branche d'amusement aux réceptions de francs-maçons. On m'accordait les honneurs de maître écossais dans les provinces qui dépendaient de moi. On ne pouvait pas croire que je ne fusse qu'un apprenti, et même compagnon. J'y ai eu de rudes pénitences, comme de boire trois verres d'eau, de suite, entre les deux surveillants, pour leur avoir manqué, parce que souvent, étant ivres à force de faire des santés d'usage, ils faisaient de fausses liaisons dans des harangues ridicules. On me jeta un jour sur les cadavres. C'est ainsi qu'on appelle les bouteilles vides. Je faisais quelquefois le chirurgien. Je piquais avec mon cure-dents, et faisais boire de l'eau chaude, en faisant croire au récipiendaire que c'était son sang. On tua un jour innocemment dans une de nos loges, un pauvre diable qu'un frère terrible qui n'était pas assez fort, laissa tomber dans un tournement entier qu'il fit faire à sa personne et dont il ne put jamais se remettre. Je ne faisais mourir personne que de peur par tous les tourments que je faisais éprouver. Les bancs sur lesquels je les élevais jusqu'au grenier les y faisant tenir par les cornes; les rames sur les baquets d'eau qui passaient pour la mer : et mille autres choses pareilles : je faisais faire des confessions générales : je faisais croire qu'il se passait des horreurs, dont on nous a soupçonnés.
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Une drôle d'idée qu'a eue le prince de Nassau, c'était de rétablir les seconds dans les duels, et il daigna jeter les yeux sur moi à ce sujet. Il devait se battre avec M. de Buzançais. Il vient me trouver pour me proposer de l'accompagner à Quiévrain. « Mon ami, il fait trop froid et je m'amuse à Paris. — Tu refuses ce qui te fera honneur et à moi aussi. — Bel honneur de regarder bêtement des gens qui se tuent. — Non, ce n'est pas cela , tu seras peut-être tué toi-même. — Oui, par ta maladresse ou celle de ton Buzançais, s'il tire de côté. — Point ; le duc de Luxembourg m'a promis qu'il se battrait avec toi : c'est son cousin, tu es le mien. Nous partirons tous les quatre. Me voilà consterné. Pourtant, cela me fait rire. J'accepte. Je pense que le duc de Luxembourg aura moins d'envie encore de se battre que moi. Précisément. Il dit qu'il est enrhumé ; la partie se dérange. Il m'envoie faire ses excuses par un vieux lieutenant-colonel de son régiment du Hainaut, qui doit, me dit-il, aller à sa place .
« Monsieur, lui dis-je, compte-t-il être acteur ou spectateur? — Oh! je ne donne pas là-dedans, je suis témoin. — Monsieur, en ce cas, je vous donne à ma place M. de Gervasi, major de Nassau, et cette lettre pour mon concierge de Belœil, pour que l'on se batte au moins chaudement après y avoir dormi. »
Les papiers publics m'ont appris ce que j’avais oublié et ce qui y était : « À dîner pour quatre, à souper trois. Enterrement dans mes serres et digne d'un grand d'Espagne, car ces messieurs le sont tous les deux. »
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En amour, il n'y a que les commencements qui soient charmants ; c'est pourquoi on trouve du plaisir à recommencer souvent.
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Il y a de quoi devenir fou avec toutes les apparitions, visions, évocations, spectres, revenants que racontent les Prussiens et les Saxons. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'ils n'ont point retenu d'esprit.
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J'avais été moliniste sans le savoir avec mes deux jésuites qui m'avaient entretenu de Mme Guyon, de Fénelon et du quiétisme ; j'étais devenu janséniste de même avec mon ex-oratorien qui ne me parlait que de Bossuet et me donnait à lire le catéchisme de Montpellier, l'Ancien Testament de Mézangui, l'Histoire des variations, etc. Les premiers m'avaient rendu savant sur Molina et Molino. L'abbé dont j'ai parlé, le seul qui crût en Dieu, m'avait donné à lire Marie Agreda et Marie Alacoque. Et avec toute mon érudition ecclésiastique, je ne savais pas un mot de la religion. On s'en aperçut parce que j'avais quatorze ans et qu'on me parla de me faire faire ma première communion. J'allai tout apprendre, tout, depuis la création jusqu'aux mystères, chez le curé du village. Il me dit qu'il n'y comprenait rien non plus que moi. Je crus au christianisme, dont on ne m'avait jamais parlé : et je fus dévot pendant quinze jours.

Mon père, craignant que toutes ces controverses ne m'eussent gâté l'esprit, eut encore recours à l'armée française pour former mes moeurs et ma religion. Il se ressouvint que le chevalier des Essarts avait été déiste, et moi aussi, par conséquent, avec lui. Il demanda à un chevalier de Saint-Maurice, qui était capitaine des housards de la Morlière, s'il était déiste aussi. Celui-ci lui assura que non. Il le prit pour mon gouverneur. Le chevalier ne mentait pas, car il était athée : et nous voilà athées, ou plutôt ne pensant à rien de tout cela.
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Charles Joseph de Ligne
Avant tous mes Adieux à la vie, à l'amour, - Qui sont la même chose, et pour le même jour, - J'en dois à l'art de plaire, ainsi qu'à la jeunesse: - Et je devrais en faire à la tendresse; - Mais je laisse mon coeur aller tant qu'il pourra.
"Mes Adieux"
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Ceux qui ne savent pas rester chez eux sont toujours des ennuyés et, par conséquent, des ennuyeux.
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Malheur aux gens qui n'ont jamais tort ; ils n'ont jamais raison.
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On ne réfléchit au passé et à l'avenir que pour gâter le présent.
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Au milieu des plus grands désordres de la jeunesse la plus orageuse et de la carrière des aventures, quelquefois un peu équivoques, il a montré de l'honneur, de la délicatesse et du courage. Il est fier, parce qu'il n'est rien et qu'il n'a rien. (...) Sa prodigieuse imagination, la vivacité de son pays, ses voyages, tous les métiers qu'il a faits, sa fermeté dans l'absence de tous ses biens moraux et physiques, en font un homme rare, précieux à rencontrer, digne même de considération et de beaucoup d'amitié de la part du très petit nombre de personnes qui trouvent grâce devant lui.
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Il y a tant de peines pour ceux qui tuent . Pourquoi n'y en a-t-il pas pour ceux qui humilient ?
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Le plus parfait égoïsme est de n'en pas avoir;si ce n'est pas par vertu, que ce soit par calcul Souvent, un petit sacrifice en rapporte un plus grand.On est humilié de la préférence qu'un homme se donne aux dépens des autres : on cherche à s'en venger.N'épargnons pas , dira-t-on,cet homme qui ne songe qu'à lui;allons au secours,dirait-on,de cet homme qui ne songe qu'aux autres .
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