Charles Manson

La légende de Charles Manson, le battage médiatique qui l'a paradoxalement rendu si énigmatique, le problème des sévices infligés aux enfants et celui des drogues sont autant de bonnes raisons de raconter cette histoire. Mais il me semble que me mythe de Charles Manson ne survivra pas à ses propos.

Les psychiatres de la prison ont diagnostiqué Manson comme paranoïaque et schizophrène, ce qu’il reconnait volontiers.

Il s'était mis sur son trente-et-un.
Stratégiquement, il a commencé par ignorer la femme. Puis, il a exhibé son album photo et, tandis qu'il commentait les clichés, il s'est métamorphosé en séducteur accompli. La journaliste d'une petite trentaine d'années n'était ni belle ni moche, mais après avoir parlé un moment avec Manson, entre les quatre murs de sa cellule, elle devait se prendre pour la plus parfaite créature du monde. J'observais le numéro de charme de Manson et j'étais fasciné.
Il lui parlait d'un ton poli, galant et flatteur. Son argot de taulard et son vocabulaire ordurier habituels avaient disparu, se montrant tellement sophistiqué que je ne l'aurais jamais cru possible. Bientôt, il lui tenait la main et lui caressait le poignet et les bras ... La petite buvait ses paroles en tombant amoureuse.
Il s'est ensuite levé pour lui masser les épaules et la nuque, alors que la journaliste souriait béatement, les yeux clos. Sans interrompre sa conversation, il s'est levé, s'est penché au-dessus de la table et mine de rien a attrapé le câble du magnétophone. Puis, il m'a lancé un clin d'oeil. Avec un geste aussi brutal que soudain, il a passé le cordon électrique autour du cou de la femme. Elle a écarquillé les yeux derrière ses petites lunettes en me regardant d'un air suppliant. Manson a resserré sa prise et, d'un ton sinistre m'a lancé "T'en dis quoi Emmons, j'étrangle cette petite connasse ?"
La femme était terrifiée ! Puis Manson a éclaté de rire, il a relâché le cordon puis a dit à la malheureuse : " Tu vois, espèce de connasse, faut jamais faire confiance aux étrangers".

_1961,incarcéré a la prison de Mc Neil island; 1966, transfert à terminal island.
Je n'ai pas vu passer ma dernière année de prison. J'étais si occupé a composer et jouer de la guitare que je ne pensais plus au monde extérieur.
Aussi dingue que cela puisse paraitre, j'étais devenu heureux a terminal island.
J'avais de bon amis. J'étais accepté, et meme apprécié, en tant qu'individu.
Hormis une fille a aimer,ou du moins avec qui coucher, je me trouvais peut-etre dans le meilleur environnement que j'aie jamais connu. Si bien qu'a la pensée de quitter l'endroit, les sentiments d'infériorité contre lesquels j'avais tant lutté on refait surface.
_ J'ai dit à l'officier du service des mises en liberté :"Tu sais quoi mec, je veux pas partir ! J'ai nulle part ou aller ! pourquoi tu ne me ramènerais pas dans ma cellule ?"
Il s'est marré en pensant que je plaisantais.
J'ai insisté :"Je suis sérieux mec ! Je ne veux pas partir !"
Ma supplique est restée sans effet.

Pour l'essentiel, voici comment je répondais à leurs interrogations: Sois toi-même, aime-toi, mais abandonne ton ego. Ne te laisse pas influencer par les choses matérielles. Rien n'est mal si ça te fait du bien. Vis au jour le jour, oublie le passé et ne pense pas trop au lendemain. L'amour appartient à tout le monde, il se partage.

Les médias, les réalisateurs et les écrivains ont fait une montagne d'une taupinière. on m'a accusé de manipulation mentale, mais la légende de Charles Manson a perverti bien plus d'esprits que je n'en ai jamais atteint.
Dans le bouquin qui a fait de lui un millionnaire, le procureur me confère un tel pouvoir que d'après lui, je n'ai eu qu'a regarder sa montre pour qu'elle s'arrete. De meme, il existe un film ou je fais bouger les aiguilles d'une horloge d'un simple coup d'oeil. je n'ai jamais bousillé de montre autrement qu'en marchant dessus. depuis ce satané film, je regarde toutes les pendules que je vois. Et vous savez quoi ?... elle ne s'arretent pas et leurs aiguilles ne bougent pas d'un pouce.
Mais ces conneries ont convaincu le monde que je suis une espèce de sorcier.

Vivre dans le bus, c'était comme emménager dans un chateau après avoir vécu dans les toilettes. C'était notre maison, notre nid d'amour et notre moyen de transport. Ce bus est bientot devenu le véhicule le plus populaire de toute la cote ouest. partout ou nous allions, des gens voulaient se joindre a nous.
Il y a en ce monde d'innombrables individus qui se souviendront toute leur vie des expériences qu'ils y ont vécues. La liberté, l'amour, la musique et l'empathie - chacun prenant toujours en compte les sentiments des autres - tout cela a resserré notre cercle.

Car même le diable, si toutefois il existe, a commencé quelque part.

J'avais retenu la leçon. Ma propre mère m'ayant rejeté et balancé, ma philosophie était simple : ne faire confiance à personne et ne dépendre de personne.