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Citations de Charles Robert Maturin (78)


- En me priant de vous expliquer l’amour, dit Melmoth avec un sourire amer, vous m’imposer une tâche qui m’est si agréable, que je ne doute pas de la remplir à votre entière satisfaction. Aimer, belle Isidora, c’est vivre dans un monde que nous avons crée nous-mêmes, et dans lequel les formes et les couleurs des objets sont aussi brillantes que fausses et décevantes. Pour ceux qui aiment, il n’y a ni jour ni nuit, ni été ni hiver, ni société ni solitude. Leur délicieuse mais illusoire existence n’offre que deux époques, la présence et l’absence. Elles tiennent lieux de toutes les distinctions de la nature et de la société. Le monde pour eux ne renferme qu’un individu, et cet individu est pour eux le monde lui-même. L’atmosphère de sa présence est le seul air dans lequel ils puissent vivre, et la lumière de ses yeux est le seul soleil de leur création.
- J’aime ! se dit intérieurement Isidora.
- Aimer, continua Melmoth, c’est vivre dans un existence remplie de contradictions perpétuelles ; sentir que l’absence est insupportable ; souffrir presqu’autant dans la présence de l’objet aimé ; être rempli de dix mille pensées quand nous somme loin de lui ; songer au bonheur que nous éprouverons à lui en faire part en le voyant : et quand le moment de notre réunion arrive, nous sentir, par une timidité également oppressive et insupportable, hors d’état d’exprimer une seul de ces pensées ; être éloquent en son absence et muet en sa présence ; attendre le moment de son retour comme l’aurore d’une nouvelle existence : et quand il arrive être privé tout à coup de ces moyens auquel il devait donner une nouvelle énergie ; guetter la lumière de ses yeux, comme le voyageur du désert guette le lever du soleil : et quand l’astre a paru, succomber sous le poids accablant de ses rayons, et regretter presque la nuit.
- Ah ! S’il en est ainsi, je crois bien que j’aime, dit à demi-voix Isidora.
- Aimer, poursuivit Melmoth, avec une énergie toujours croissante, c’est sentir que notre existence est tellement absorbée dans celle de l’objet aimé, que nous n’avons plus de sentiment que celui de sa présence ; de jouissances que les siennes ; de maux que ceux qu’il souffre ; aimer, c’est n’être que par ce qu’il est, n’user de la vie que pour la lui conserver, tandis que notre humilité croit en proportion de notre attachement. Plus nous nous abaissons, moins notre abaissement nous parait suffire pour exprimer notre amour ; la femme qui aime ne doit plus se rappeler son existence individuelle ; elle ne doit considérer ses parents, sa patrie, la nature, la société, la religion elle-même… Vous tremblez ! Immalie ; je veux dire Isidora… que comme des grains d’encens qu’elle jette sur l’autel du cœur.
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Charles Robert Maturin
Sois le bienvenu, Hugo ; dis-moi, toi... as-tu jamais vu un orage aussi terrible ?
(Bertram)

(Épigraphe du chapitre 15 de Han d'Islande)
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Hélas! elle ne savait pas que ceux qui sont privés de cœur et d’imagination sont les seuls qui savent jouir des agréments de la vie. Une indolente et froide médiocrité leur suffit dans leurs occupations comme dans leurs distractions. (…) Tant pis pour eux. C’est peut-être le meilleur de la condition humaine que d’être réduit à subvenir aux nécessités de la vie et d’être satisfait lorsqu’on y parvient ; au-delà, tout n’est que rêve de démence, agonie du désespoir.
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Dans les maladies du cœur nous ne pouvons supporter la vérité, nous aimons mieux le mensonge qui nous plaira pour un moment. Les esclaves de leurs passions, comme les esclaves du pouvoir, portent une haine égale à ceux qui ne savent point les flatter.
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Charles Robert Maturin
Est-ce un homme ou un esprit infernal qui parle ainsi ? Quel est donc l'esprit malfaisant qui te tourmente ? Montre-moi l'ennemi implacable qui habite ton cœur.

(Tiré de l'incipit du chapitre 47 de Han d'Islande)
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Ceux que leurs vœux privent de l'intérêt que donnent les affections naturelles, sont obligés d'en chercher dans les artifices de l'orgueil et de la domination.
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- Partez, être maudit, et ne nous troublez pas. Partez, maudit, et pour maudire!
- Je pars vainqueur et pour vaincre, répondit Melmoth avec un triomphe sauvage et féroce.
Il disait vrai.
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C'est ainsi que nous nous laissons tous endurcir par l'âge et l'habitude, au point de sacrifier les liens les plus chers de la nature ou de la passion à ces mesquines satisfactions que la présence ou l'influence d'un étranger risquerait de troubler.
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La dissimulation nous enseigne toujours la dissimulation, et la seule question est de savoir si nous serons les maîtres ou les victimes de cet art. Question à laquelle l'amour de soi a tôt fait de répondre.
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Oui, je ris de tout le genre humain et du mensonge qu’il profère quand il parle d’amour. Je ris des passions de l’homme et de ses soucis. Le vice et la vertu, la religion et l’impiété sont également les résultats de situations mesquines et d’une position factice. Un seul besoin physique, une leçon sévère et inattendue prononcée par la nécessité, vaut mieux que toute la logique des philosophes. Ce couple qui ne croyait pas qu’il lui fût possible d’exister l’un sans l’autre, qui avait tout risqué, qui avait foulé aux pieds toutes les lois divines et humaines pour se réunir, ce couple, dis-je, une heure de privations suffit pour le détromper.
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Don Francisco fit, à plusieurs reprises, et très dévotement, le signe de la croix, déclarant qu’il n’avait jamais été l’agent de l’ennemi du genre humain.
- Oseriez-vous le soutenir? dit le mystérieux étranger, non point en élevant la voix comme ses paroles pourraient le faire supposer mais en la baissant au contraire, et en approchant son siège de son compagnon surpris. N’avez-vous jamais erré? N’avez-vous jamais éprouvé de sensation impure? N’avez-vous jamais, pour un moment, entretenu un désir de haine, de malice ou de vengeance? N’avez-vous jamais oublié de faire le bien, quand vous l’auriez dû? N’avez-vous jamais, dans le commerce, surfait un acheteur ou profité des dépouilles de votre débiteur mourant de faim? Tout cela n’est-il pas vrai, et pouvez-vous encodé dire que vous n’avez pas été un agent de Satan? Je vous dit que chaque fois que vous avez caressé une passion brutale, un désir sordide, une imagination impure, chaque fois que vous avez prononcé un mot qui a fait de la peine à un de vos semblables, ou que vous avez vu couler des larmes que vous n'avez point séchées quand vous l’avez pu, vous avez été réellement et véritablement l’agent de l’ennemi du genre humain; mais, que dis-je? Ah! c’est à tort que l’on donne ce titre au grand chef angélique, à l'étoile du matin tombé de sa sphère! Quel ennemi plus invétéré l’homme a-t-il donc que lui-même? S’il veut savoir où trouver son ennemi qu’il se frappe la poitrine, et son cœur répondra : Le voici.
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Il n’y a point de reproche plus amer que le silence, car il semble toujours renvoyer les coupables à leur propre cœur, dont l’éloquence manque presque jamais de remplir la lacune d’une manière très peu satisfaisante pour l’accusé.
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Il faut bien que je rie, puisque je ne saurais pleurer, dit Melmoth en fixant sur elle ses yeux secs et brûlants que le clair de lune rendait plus visible. Il y a longtemps que la source des larmes est tarie en moi, comme celle de tout autre bonheur humain.
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Le prisonnier qui se berce d’un rêve de liberté souffre moins d’ennui que le monarque sur son trône, environné de flatteurs et rassasié de voluptés.
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Tu ne la croirais pas malheureuse, tout ce qui l'entoure annonce le bonheur. Elle porte des colliers d'or et des robes de pourpre. Lorsqu'elle sort, la foule de ses vassaux se prosterne sur son passage, et des pages obéissants étendent des tapis sous ses pieds. Mais on ne la voit pas dans la retraite qui lui est chère : car alors elle pleure, et son mari ne l'entend pas. - Je suis cette malheureuse, l'épouse d'un homme honoré, d'un noble comte, la mère d'un enfant dont les sourires me poignardent.

Cité par Victor Hugo en liminaire du chapitre 10 de Han d'Islande
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Paroles affreuses! Ceux qui nous font connaitre tout l’étendue de notre malheur nous paraissent toujours méchant, car nos cœurs et notre imagination nous le dépeignent moins grand qu’il n’est. Nous apprenons la vérité de tout le monde plutôt que de nous-mêmes.
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Quand nous nous sentons coupable, ,nous craignons toujours qu’on nous attribue des crimes encore plus grands que ceux que nous avons commis. Il nous semble que la conscience des autres doit venger par d’horribles exagérations les capitulations de la notre.
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La joie est une convulsion, mais la douleur est une habitude.
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A tous ces souvenirs se joignit celui des dernières paroles de son père : la mémoire de cette scène remplit de larmes les yeux de John ; il s'empressait de les essuyer quand la voiture s'arrêta devant le jardin de son oncle.
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Je devais avoir une bien faible connaissance des hommes pour ne pas savoir que le crime et l’insensibilité se réunissent souvent dans le même cœur, et qu’il n’y a pas sur la terre d’alliance plus indissoluble que celle qui existe entre la main qui ose tout et le cœur qui ne sent rien.
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