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4.4/5 (sur 26 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Charlotte Puiseux est psychologue et docteure en philosophie, spécialiste du mouvement crip (un mouvement de personnes handicapées s’inspirant des théories et luttes queer). Elle travaille sur les questions de validisme, d’handiféminisme et d’handiparentalité et milite depuis des années dans les milieux anticapitaliste, féministe et queer/crip.

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Les discriminations liées au handicap sont la première cause de saisine du Défenseur des Droits. le handicap concerne environ 12 millions de personnes en France, 20% de la population. Où sont-elles ? Nora Hamadi reçoit Charlotte Puiseux, militante et docteure en philosophie, autrice de "De chair et de fer. Vivre et lutter dans une société validiste" (La Découverte). Elle entend rendre la lutte pour les droits des personnes handicapées accessible au grand public, qui ignore encore souvent l'étendue des discriminations à leur égard. #handicap #inclusion #etmaintenant _____________ Retrouvez-nous sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
À un peu plus de dix ans, j’étais encore loin d’avoir saisi les concepts d’inspiration porn ou même de validisme bienveillant (je n’en avais même jamais entendu parler…), mais aujourd’hui je sais que c’était bien de cela dont il était question. Je comprends maintenant qu’il s’agissait de mettre en avant, à travers mon histoire, une certaine image des personnes handicapées qui s’inscrit dans la logique même du validisme. On ne parle pas ici de validisme assumé, de haine ouverte envers les personnes handicapées, mais d’un validisme souterrain bien plus sournois dont les individus qui le véhiculent n’ont pas conscience. L’inspiration porn, théorisée en 2012 par la militante handicapée australienne Stella Young, soutient l’idée selon laquelle les personnes handicapées sont utilisées par les valides comme des sources d’inspiration, y compris dans les plus petits événements de la vie quotidienne. Prêter des qualités extraordinaires aux personnes handicapées uniquement du fait de leur handicap (ces qualités seraient banalisées chez une personne valide) contribue à les déshumaniser. C’est un validisme prétendument bienveillant, au sens où il se présente comme un intérêt à l’égard des personnes handicapées, voire un amour pour ces personnes frappées par un destin tragique. Nous sommes en plein dans la rhétorique caritative qui inonde les esprits lorsqu’on parle de handicap (le Téléthon en est un parfait exemple), et sur laquelle je reviendrai plus tard dans ce livre. Mais quelles sont les conséquences de cette perception ? C’est qu’elle exclut encore et toujours les personnes handicapées du commun des mortelles ; elles ne sont pas considérées à égalité avec les valides, qu’elles soient dénigrées et infériorisées ou présentées comme des super-héroïnes… Ces arguments justifient d’un côté les discriminations qu’elles subissent et, de l’autre, alimentent l’idée qu’il est possible, à force de volonté, de se rapprocher de la validité et d’être moins handicapée. C’est ce message qui circule dans la glorification des exploits réalisés par certaines personnes handicapées (dans les domaines sportif, économique ou social), qui n’est qu’une exaltation des normes validistes et une injonction plus ou moins cachée adressées à toutes les autres personnes handicapées. La logique est que si certaines y sont arrivé, toutes peuvent le faire, et si d’autres n’y arrivent pas, c’est qu’elles ne le veulent pas vraiment. La réussite des personnes handicapées serait ainsi une affaire de volonté et ne serait absolument pas conditionnée par des réalités sociales, l’inaccessibilité des lieux, des discriminations structurelles, un système validiste en somme !
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Les instituts médico-éducatifs (IME), les maisons d’accueil spécialisées (MAS) et autres foyers de vie sont reconnus d’utilité publique pour accueillir ces enfants dont il semble naturellement admis que leur place n’est certainement pas parmi les autres, les valides, les « normales ». Ces établissements, qui trouvent souvent leur origine dans des fondations caritatives créées par des familles bourgeoises concernées par le handicap, s’inscrivent dans le cadre juridique de la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées de 1975. Ils allient soins médicaux, éducation spécialisée, enseignements adaptés, en externat ou internat. Ces enfants se voient alors rejetées du cadre ordinaire prétendument pour leur bien, elles qui n’ont pas les capacités de s’intégrer aux normes de la validité, qui défigurent l’espace commun. Éloignées, mises de côté dans un monde parallèle, ces enfants vivent, étudient, socialisent, travaillent en vase clos. Leur vie est dessinée en fonction de critères validistes. Ces établissements, toujours dirigés par des personnes valides, se présentent comme des lieux protecteurs pour des individus auxquelles on a, en fait, retiré toute possibilité d’émancipation.
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J’écris sur le système d’oppression qui touche l’ensemble des personnes handicapées, qu’elles aient un handicap physique, psychique, sensoriel, cognitif, mental. J’écris sur le fait de ne pas correspondre aux normes médicales et sociales établissant les termes de la validité, sur sa production en tant que décision politique et émanant de rapports de domination. Qui a décidé que marcher, voir, entendre, utiliser le langage oral, percevoir la réalité d’une certaine façon… étaient des conditions pour qu’une vie soit jugée digne d’être vécue ? Et pour quelles raisons ? J’écris sur l’idéologie qui dicte que ces êtres humains classés dans la catégorie « handicapé » ont moins de valeur que les autres et sont considérés comme naturellement inférieurs. J’écris sur l’étendue de cette idéologie qui se déploie dans toutes les sphères de la société, parfois avec une extrême violence, souvent de manière insidieuse à travers les plus infimes gestes et attitudes des personnes valides, des détails qui s’incrustent en nous, personnes handicapées, et que nous intériorisons. J’écris sur les discriminations que nous subissons. J’écris sur le validisme.
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D’où partir, où aller ?
Un livre pour se livrer,
Pour délivrer les mots
Et soigner tous les maux.
Dans mon cœur un séisme,
Celui du validisme,
De sa vague déferlante,
Des rafales incessantes.
Des balles qui trouent ma peau,
Cicatrices en bataille,
Des tirs dont les échos
Résonnent dans mes entrailles.
Ma chair cherche la paix,
Mais je sens que mon sang
Bout sous mon épiderme.
Vous pouvez être inquiets,
J’entends venir le temps
De nos combats qui germent.
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Le capitalisme étant fondé sur l’exploitation de la force de travail, la compétitivité, l’endurance à l’effort de production, la flexibilité, il exclut d’emblée les corps handicapés de ce qui est valorisé et valorisable. Le capitalisme apparaît comme incompatible avec les corps handicapés ; il ne l’est pas avec le corps humain en général. C’est pour cette raison que ce régime politique est considéré comme l’une des principales causes de handicap, notamment dans les populations les plus pauvres, très souvent racisées. Face aux dégâts de l’industrialisation qui a accru considérablement les accidents du travail et du capitalisme, les personnes handicapées révèlent la nécessité criante d’adapter le travail aux individus et non l’inverse. Chaque individu, avec un handicap ou non, devrait ainsi pouvoir définir son rythme de travail et ce qui lui convient. Les personnes handicapées pourraient alors retrouver un véritable statut au sein de la société, que ce soit par un travail salarié ou comme productrices de contenus intellectuels et culturel en tout genre.
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Certaines différences physiques, notamment sensorielles, que nous considérons aujourd’hui comme des handicaps, ont pu être considérées comme des marques de grandeur, comme ce fut le cas de la cécité en Grèce antique. Ainsi, la perte de la vue était considérée comme une capacité à voir véritablement, bien au-delà d’une simple aptitude physiologique, ce dont témoigne le célèbre mythe de Tirésias. Des devins grecs aveugles étaient ainsi réputés pour leur don de clairvoyance, et leur handicap était à l’origine de leur pouvoir. L’histoire est jalonnée de ce type d’exemples, qui montrent bien que certaines catégories de personnes ont tantôt été incluse, tantôt été exclues du champ du handicap, à l’image des délinquantes, des surdouées ou encore des personnes atteintes de troubles dys.
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Pour que les identités dominantes soient visibles, il convient de tolérer certaines formes d’identités marginales, celles qui ne mettent pas le système en danger mais qui sont bien étiquetées comme déviantes et qui permettent de renvoyer en miroir la normalité latente des identités dominantes. Pourtant, cette suprématie de la normalité, qui apparaît comme « naturelle », ne l’est absolument pas : elle perdure par « imitation » et on la croit inéluctable. La normalité est, en fait, un idéal inaccessible qui maintient béante une faille identificatoire car personne ne peut jamais être complètement normal.
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Au fil du temps, je comprenais que le croisement des oppressions est un concept à tiroirs et qu’il s’applique aussi de différentes façons à l’intérieur même du groupe des « femmes handicapées », loin d’être homogène : elles peuvent être racisées ou blanches, précaires ou aisées, trans ou cis, lesbiennes ou hétéros, et encore endosser bien d’autres identités quelque part entre ces couples binaire que la société aime à constituer….
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