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Critiques de Chloe Hooper (26)
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Grand homme

Comment ne pas être interpellé par une telle première de couverture alors que je chinais, je n'ai pas trop réfléchi: une photographie en noir et blanc, un jeune homme tenu à l'épaule par un homme plus âgé portant une croix blanche, un nom inscrit Cameron Francis Doomadgee, deux dates 23/08/68- 19/11/04...

Je ne savais pas où j'allais, je ne connaissais pas l'auteur, Chloé Hooper, par contre le titre Grand homme a de suite aiguisé ma curiosité.



Je me suis donc retrouvée en compagnie d'une jeune journaliste australienne à Laura dans l'extrême Nord du Queensland pour découvrir contre les parois de gré d'une grotte des dessins représentant des hommes de grande taille, des policiers me dit-elle, présents à cet endroit pour être ensorcelés. La représentation de ces policiers, de ces hommes blancs sur lesquels ont appelaient la malédiction au cours de chant s'était multiplié au fur et à mesure de la colonisation... et des exactions subies par les Aborigènes.

« En 1770, à peine débarquée, l'administration européenne qualifiait l'Australie de terra nullus – terre vierge. Officiellement, le peuple aborigène n'existait pas. C'est en 1972 que les premiers habitants du continent australien sont reconnus citoyens. » Paroles aborigènes de Thomas Johnson.



Nous allions rentrer dans le vif du sujet.

Chloé Hopper après avoir écrit de nombreux articles sur le sujet, venait de terminer son second bouquin: Grand homme, mort et vie à Palm Island (2009), fruit d'un travail de trois ans, une contre enquête sur l'affaire Chris Hurley-Cameron Doomadgee.



Palm Island: le 19 novembre 2004, Cameron Doomadgee, un jeune homme de trente six ans succombait à de graves blessures dans la cellule du commissariat (ecchymoses, côtes cassées, foie éclaté) 40 minutes après son incarcération par le chef brigadier Chris Hurley pour outrage à agent sur la voie publique. Une semaine plus tard la mort de Cameron était présentée aux habitants par les autorités locales comme un accident (chute). C'est alors l'indignation et la consternation dans la communauté aborigène :une émeute est déclenchée, menée par Lex Wotton et une répression immédiate s'ensuit.

« C'était une explosion de dégoût viscéral. C'était la revanche : le choc symbolique de deux lois. »



Palm Island? Elle doit son nom au capitaine James Cook. Une île au nom paradisiaque un cadre idyllique pour des vacances de luxe, située dans la Grande Barrière de Corail, à 40km au nord-est de Townsville.



Et bien non Palm Island, est une île où vivent environ 3 000 Aborigènes aujourd'hui, ayant obtenu le statut de communauté en 1984. « Selon les premiers habitants, les Manburra, l'île et celles qui l'avoisinent – Orpheus, Fantôme et Eclipse – se formèrent au Temps du Rêve, époque de la création du monde, quand un esprit ancestral appelé Grand Serpent, ou Serpent Arc-en-ciel, se brisa et y laissa derrière lui des fragments de son corps. »

Elle fut entre 1918 et 1978 un pénitencier à ciel ouvert, une réserve, un goulag tropical administré par un super intendant où ont été déportés des Aborigènes de 40 tribus différentes, tous des récalcitrants au pouvoir qui travaillaient pour rien (« salaires volés »). Elle est devenue progressivement une île oubliée, maudite où les taux d'alcoolisme, de diabétique, de délinquance, de violence, de suicide et d'incarcération de mineurs sont beaucoup plus élevés que partout ailleurs.

L'enfer dans un décor paradisiaque.



C'est dans ce cadre et ce contexte, que Chloé Hopper se déplace à Palm Island pour se pencher sur le décès de Cameron Doomadgee au côté de l'avocat Andrew Boe, volontaire pour défendre bénévolement la communauté Aborigène lors de l'enquête du coroner d’État, l'amenant à explorer l'histoire coloniale de son pays, la lente et progressive extermination des Aborigènes avec sa politique de ségrégation raciale et, à partir des années 1910 le début des enlèvements d'enfants, « les générations volées ».



Chloé Hooper nous présente tous les éléments pour comprendre cette histoire tragique, l'enquête préliminaire avec les témoignages et les reconstitutions, l'instruction et le procès... un long chemin dont la conclusion ne sera pas encore du côté des Aborigènes mais qui sera par contre la première affaire traitée devant la justice pour juger un homme blanc accusé d'avoir tué un Aborigène.

C'est la première fois dans l'histoire de l'Australie qu'un officier de police est tenue pour responsable d'un décès en garde vue... le Syndicat de la police du Queensland se serre les coudes, organisera une contre-attaque …

Une avancée tout de même puisque Chris Hurley a été mis en examen mais acquitté en 2007.



Un procès très éprouvant pour les deux parties.

Le portrait de deux hommes celui de Chris Harley et celui de Cameron Doomadgee.

Le fossé entre deux cultures, celle des dominants et des dominés.

Une civilisation écrite, une civilisation orale.

Une histoire d'injustice, de désespoir, de souffrance, de folie.

Une histoire de la violence, avec les ravages de la colonisation, les décennies d'humiliation, plus qu'un choc des cultures, un anéantissement.



Révoltant de lire qu'en Australie la vie d'un Aborigène en ce début de 21ème siècle a la même valeur que celle d'un kangourou que l'on écrase de la même manière sans se poser plus de questions !

Etonnant de se rendre compte que l'enseignement dans les années90 occultait la cause aborigène et qu'il a fallu attendre 2008 pour que Kevin Rudd, premier ministre à l'époque, présente ses excuses officielles aux Aborigènes « pour que les injustices passées ne se reproduisent jamais. »

Depuis 2009, le gouvernement publie un rapport annuel intitulé «Closing the gap» («Combler l’écart»), qui vise à mesurer et à réduire les inégalités socio-économiques.



En 2011, une compagnie de théâtre de Melbourne, la compagnie Ilbijeri, est revenu sur ces événements tragiques de Palm Island, dans une pièce « Beautiful One Day », et a recruté des insulaires pour jouer sur scène, l'occasion de leur tendre la main pour libérer leur parole.



« La bouche ne sert pas à parler, elle sert à chanter. Pour parler, on a le coeur. »



Chloé Hooper a reçu un Walkley Award pour ses articles relatifs à l'enquête sur la mort de Cameron Doomadgee parus dans le Monthly, mensuel australien, et dans la presse internationale.



Un livre très émouvant du en partie à la jeunesse de la journaliste et à l'effroi qu'elle ressent devant tant de violence et d'incompréhension.

Un documentaire captivant où les tensions, la chaleur sont palpables tout au long des pages.



Une lecture éprouvante comme les descriptions des journées interminables dans un tribunal devant la douleur, la tristesse, l'hébétude de la famille de Cameron Doomadgee et la prostration de Chris Hurley.



Mais Chloé Hooper nous réserve des intrusions dans la culture aborigène, des espaces qui s'ouvrent, des bouffées d'oxygène pour reprendre son souffle quand elle nous parle de la cosmogonie, de la mythologie, des chants et des pistes... c'est alors le moment d' imaginer les beaux ciels nocturnes australiens et la Voie Lactée, où les ancêtres des Aborigènes demeurent, pour relâcher la tension.



Passionnant. A découvrir.



A savoir que le film documentaire, The Tall man de l'australien Tony Kravitz, sortie en 2011, se base sur le livre de Chloéa Hooper et revient sur les traumatismes et la colère causée par la mort de Cameron Doomadgee dans la communauté Aborigène.

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L'incendiaire

Dans la région de Melbourne, à Churchill, la forêt brûle. L'Australie croule sous des températures caniculaires et les morts s'accumulent suite à ce samedi noir de février 2009. Très vite la police soupçonne Brendan , un paumé local.



Livre intéressant mais qui se noie un peu dans les détails . Et finalement c'est long. Pourtant l'idée est très bonne, revenir sur cet incendie qui a marqué l'Australie et le procès qui en a découlé.

On touche du doigt la précarité des habitants du bush, leur condition de vie difficile et marginalisée. On est très proche de Boston Terran et son Satan dans le désert.

La vindicte populaire est aussi prégnante et nous ramène à nos propres préjugés sur certaines informations.

Le livre est divisé en trois parties bien distinctes : L'enquête, la défense et le procès et le moins que l'on puisse dire , c'est qu'à la fin , on sait tout :))) trop sans doute, rendant la lecture parfois un peu poussive , un peu longuette . L'auteur n'est pas journaliste pour rien mais le style n'en est pas trop altéré. Et la conclusion du livre la positionne bien comme engagée dans la protection de la nature, dans une Australie qui brule chaque année un peu plus.

Il n'empêche, une enquête autour d'un incendie, bien écrite , au bout du monde , ça se tente !
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Fiançailles

A court d’argent, Liese Campbell décide de quitter l’Angleterre pour l’Australie où elle devient agent immobilier pour le compte de son oncle.

Un jour, elle fait visiter des appartements à un riche fermier, Alexander. Sans trop savoir pourquoi ni comment, elle entame une liaison avec lui tout en se faisant payer. Peu à peu, Liese s’invente un passé sombre et sulfureux pour son nouveau et unique client. Lorsqu’elle s’aperçoit qu’Alexander ne semble pas considérer cette histoire comme un jeu, Lise est décidée à repartir pour l’Angleterre.

Alexander la convainc de passer un ultime week-end en sa compagnie, contre rémunération, dans sa propriété au milieu de nulle part.

Rien ne se passera comme prévu.

L’atmosphère se fait pesante. L’auteure installe ses protagonistes dans un jeu de domination à la fois érotique et psychologique.

Le doute s’installe peu à peu. Qui manipule qui est la grande question de ce roman.

Une lecture agréable pour une après-midi d’été, mais qui ne me laissera pas, je crois, un souvenir durable.









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Fiançailles

Tout le roman joue sur l'angoisse de Liese qui se sent prise au piège par son amant, mais cette angoisse ne transparaît pas dans le texte. du coup on a du mal à prendre la jeune femme au sérieux. Et c'est la même chose pour l'érotisme annoncé en quatrième de couverture : malgré les nombreuses scènes de sexe évoquées, l'émotion ne passe pas.



Pourtant l'idée de départ était intéressante et je pense qu'en prenant un peu plus de temps pour développer son intrigue (peut-être en approfondissant les personnages, ou en explicitant ce qui provoque les premières inquiétudes de Liese) Chloé Hopper aurait pu écrire un super roman, aussi angoissant pour le lecteur que pour l'héroïne.

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Fiançailles

« Tout avait commencé par une lettre qu’il avait adressée en avril à l’agence immobilière de mon oncle. Mon nom était écrit en lettres élégantes sur une épaisse enveloppe beige. Il avait toujours une manière un peu formelle de s’adresser à moi, comme si cet homme n’avait pas conscience de ses propres intentions. Il affectionnait particulièrement les attentions courtoises alors qu’elles me mettaient mal à l’aise. De fait, cette politesse n’était-elle pas une armure destinée à le protéger dans le combat qu’il m’engageait à livrer ? »



Le premier paragraphe du livre annonce la couleur, tout sera dans le non-dit, entre les lignes, dans l’imagination, dans les phobies, dans les sensations, dans les désirs, dans les peurs ancestrales enfouies, dans les élucubrations.



Liese travaille dans une agence immobilière à Melbourne. Afin de rembourser ses dettes, elle s’abandonne à des jeux érotiques rémunérés avec Alexander (et uniquement lui). Quand ce dernier lui propose de passer un week-end entier, et rémunéré, dans sa grande propriété au milieu du bush, le huis-clos commence.



Alexander vient d’une grande famille de propriétaires terriens désargentée. Il essaie de retrouver les lustres d’antan et se doit de se marier et d’avoir une grande progéniture. Que vient faire Liese dans cette histoire ? Vous pensez avoir la réponse ? Lisez et vous verrez que vous vous êtes trompés, non pas une fois, mais une dizaine de fois !



Dans ce huis-clos, seul le point de vue de Liese est pris en compte. Elle a donc le ‘beau’ rôle. Mais qu’est ce qui est beau et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Pourquoi interpréter des petits gestes, si ce n’est pas rapport à ce qu’on croit ou voudrait croire. C’est une ferme isolée, l’atmosphère de la maison est étouffante. Alexander est distant mais reste maître du jeu. L’un et l’autre mentent pour se mettre en avant.



Des lettres sont envoyées à Alexander décrivant les mœurs dépravées de Lieses. Mais qui a envoyé ces lettres ? Lui (d’après elle) ? Elle (d’après lui) ?



Quel est le but ultime de ce week-end ? Un simple jeu de rôles ou beaucoup plus ? Pas de réponse, c’est au lecteur de décider, même le dénouement est sujet à interprétation.



Schizophrénie ? Paranoïa ? Perversité ? Tout un vocabulaire psychologique pour un excellent thriller car après avoir refermé le livre, on ne sait toujours pas qui est le bon et qui est le mauvais, ou plutôt qui est le plus pervers.



Pas le livre le plus amusant à livre, étouffant, narcissique, emberlificoté, mystérieux, mais ce refus de l’auteur de donner une réponse, une raison d’être à son livre, est interpellant.

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Fiançailles

Un roman hitchcockien en huis-clos, un thriller étouffant et surprenant, le lecteur pense qu’il voit où veux en venir l’auteur mais non, finalement il va de surprise en surprise et ça le fait. Je voulais absolument savoir ce qui allait arriver à Liese, cette jeune femme qu’on a envie de sauver la fureur du psychopathe qui lui en fait voir de toutes les couleurs.



J’ai aimé le fait que cela commence doucement comme un roman classique et que cela monte en puissance au fur et à mesure pour finalement se transformer en thriller psychologique de haut vol.



Il y a quelque chose de déroutant car on est dans la tête des deux personnages principaux Liese et Alexander et on a bien du mal à comprendre et détecter ce qui est fantasmé de ce qui est vrai et l’auteur ne nous donne aucune clé, aucune solution et c’est donc au lecteur de se créer sa propre réalité.



L’écriture est fluide et précise tout en réussissant à nous rendre claustrophobe. Un mélange de plusieurs genres qui est réussi.



VERDICT



Amateurs de thriller psychologique, ce livre est pour vous. Un huis-clos oppressant à souhait.
Lien : https://lilacgrace.wordpress..
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Fiançailles

Croulant sous les dettes, Liese se fait passer pour une prostituée auprès d’Alexander, un riche homme d’affaires. De plus en plus mal à l’aise avec sa double vie alors qu’il semble s’éprendre d’elle, Liese veut quitter l’Australie mais accepte néanmoins avant de partir de passer tout un week-end dans la grande propriété d'Alexander, au milieu de nulle part. Elle n’a aucune idée de ce qui l’attend

Chloé Hooper nous livre là un roman aussi sulfureux que psychologique. Une anglaise qui se livre à des jeux érotiques contre rémunération avec un riche Australien. Et s'enfonçant de plus en plus dans le mensonge vis à vis de cet homme. Forcément on s’attend à ce que tout cela finisse mal. Et la pression monte, l’anxiété aussi au fur et à mesure de notre lecture. Ce mélange suspens et sensualité n’altère pourtant en rien notre sens critique, et si on a peur du sort qui semble réservé à Liese, on garde aussi à l’esprit sa personnalité complexe. Et c’est ce cocktail qui donne tout son charme à ce polar psychologique fort bien mené.


Lien : https://collectifpolar.com/
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L'incendiaire

Quand le talent du journaliste rivalise avec l'art du romancier, on ne peut que s'en réjouir (et le décès tout proche de John le Carré, dont les fictions si convaincantes pouvaient parfois s'imposer comme les meilleurs témoignages des réalités les plus noires du monde, rappelle que la formule fonctionne aussi avec bonheur dans l'autre sens pour certains écrivains) et se féliciter de s'être laissé entraîner aux antipodes, vers une Australie pas toujours très séduisante, grâce au bandeau habile de l'éditeur annonçant un bon « polar » dans le bush ! L'Incendiaire est un texte complexe, une enquête construite en trois parties – les faits et l'instruction, la défense de l'accusé et la recherche de ses motivations, le procès et sa morale -, suivie d'un épilogue, où l'auteure montre à quel point le fait-divers et ses conséquences sont révélateurs de la profonde crise politique et écologique, qui agite plus que jamais son pays. Au début du livre, Chloé Hooper peint avec une grande puissance d'évocation la terrifiante vigueur de l'incendie qui, un samedi de 2009, ravagea une grande portion de territoire, pas très loin de Melbourne, détruisant de nombreuses habitations et causant plusieurs dizaines de morts humaines et des victimes animales par milliers. Elle montre comment le paysage de ce coin perdu du pays, une sorte de « ceinture de rouille » transformée par le déclin des activités industrielles, miné par d'immenses mines de charbon à ciel ouvert et dominé par les hautes tours de centrales électriques toujours fumantes, utilisant à profusion ce combustible fossile, a pu lui-même favoriser sa propre destruction. Elle suit aussi, pas à pas, le déroulement de l'enquête, la découverte rapide du présumé coupable, les réactions étonnées ou très hostiles de l'entourage du suspect. Dans la seconde partie, elle rend compte avec une grande minutie et beaucoup d'empathie du travail des avocats, occupés dans leur volonté acharnée de défendre l'accusé (même, assez admirablement, pour la première avocate, commise d'office) à partager le vrai du faux, à essayer de cerner ses motivations, à comprendre le comportement du pyromane, un homme plutôt simple d'esprit, en fait autiste avéré, aussi doux parfois qu'il peut être souvent dérangeant, et du coup détesté par ses collègues ou voisins. Un pauvre hère, qui tente de s'afficher jusqu'au bout comme innocent, tout juste coupable peut-être d'une simple maladresse… C'est dans l'analyse de ce destin et des origines de cette dérive que l'enquête journalistique prend toute sa dimension sociologique. le récit du procès achève de montrer comment à travers le jugement d'un homme ce sont les dysfonctionnements d'une société qui sont, dans une évidence terrible, mis en relief. Et Chloe Hooper de conclure en évoquant les énormes incendies de 2019 et 2020, pointant avec lucidité la responsabilité de la fuite en avant d'une économie débridée, au mépris de la protection de la nature, autant que de la dégradation des liens humains… Pauvre société qui ne sait plus que s'autodétruire ! Une leçon australienne, formidablement déployée par l'auteure, à méditer d'urgence à l'autre bout du monde !
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L'incendiaire

Journaliste australienne engagée, Chloe Hooper a reçu l'une des plus grandes distinctions du journalisme en 2008. Elle s'inspire ici d'un fait divers survenu en 2009 pour nous livrer, dix ans après les événements, un récit documentaire avec une toile de fond sociologique, mais digne d'un thriller psychologique. Une chasse à l'homme commence alors pour mieux comprendre les motivations de Brendan, un homme à la personnalité troublée, responsable de l'incendie le plus meurtrier survenu dans le bush australien, faisant plus de 170 morts. Avec sa plume alerte et sa rigueur journalistique, Chloe Hooper brosse ici le portrait sans fard d'un pyromane, mais elle dévoile également la crise traversée par la société autralienne et la catastrophe écologique qui se profile. J’ai été sensible à la sobriété du visuel et à la qualité de la traduction de Florence Cabaret qui semble respectueuse de la langue d’origine. Le style de Chloe Hooper est alerte et calibré, elle donne le sentiment que chaque mot est soigneusement choisi. Ce récit est tracé au cordeau, précis, équilibré, dense et très documenté. Un excellent roman, à découvrir !
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Grand homme

En 2004, Cameron Doomadgee , un aborigène australien qui vit sur l’île de Palm Island, est arrêté par le policier Chris Hurley. Son tort ? Avoir chanté « Who let the dogs out » à proximité du policier, ce que celui-ci a pris comme un affront.

Cameron est alors emmené au poste de police, où il va trouver la mort deux heures plus tard.

Chris Hurley a-t-il frappé à mort Cameron ? Cameron est-il tombé ce qui a entrainé sa chute, comme l’affirme Hurley ?



Cette affaire s’apprêtait à être enfouie quand les aborigènes de Palm Island, las des humiliations, des morts, des brimades, se sont regroupés pour que toute lumière soit faite sur cette mort. Des émeutes ont ainsi enflammées Palm Island.



Chloé Hooper, écrivaine australienne, a décidé de relater tous les tenants et les aboutissants de cette mort.



Hooper fait ici le portrait terrifiant d’une Australie où le racisme fait partie intégrante du paysage. Les politiques menées par les colons depuis leur arrivée il y a plus de deux siècles (massacres, exclusion, abandon, …) ont conduit les aborigènes à vivre en marge du reste des habitants. Alcoolisme, criminalité, maladie rythment la vie de ces laissés pour compte. Un seul chiffre, édifiant : les aborigènes représentent 2% de la population australienne mais représentent 25% de la population carcérale.



L’autrice nous livre un récit journalistique, assez proche de De sang-froid de Truman Capote. Contrairement à ce dernier, Hooper a un certain parti pris, celui des aborigènes, qui peut s’expliquer par le fait que les proches du policier n’ont pas souhaité la rencontrer. Je trouve aussi que Grand Homme souffre de quelques longueurs.



Face à ce livre, on ne peut que se demander comment améliorer le sort de ces populations, maltraitées depuis 200 ans. Je recommande ce livre à tous ceux qui souhaitent découvrir le quotidien de beaucoup d’Aborigènes.
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Fiançailles

Dans Fiançailles, tous les éléments de l'intrigue nous sont fournis par la narratrice. Elle est l'une des deux protagonistes d'un jeu à deux, pervers, sensuel et ... pas très clair. La question est de savoir si celle qui raconte est bien honnête et dit toute la vérité et si son "compagnon" est véritablement celui qu'elle décrit, inquiétant, ténébreux, dangereux (?). Le thriller psychologique de Chloe Hooper, avec une maison de ferme pour décor, a des allures de roman gothique. A qui faire confiance ? Impossible de le savoir, même une fois lue la toute dernière ligne. Paranoïa, schizophrénie, folie ? De quoi souffre l'un et/ou l'autre des composantes de ce couple étrange dont les rapports tarifés n'empêchent pas les sentiments. Le livre séduit et agace en même temps. Il est un peu trop délayé, il entretient le suspense avec un luxe de détails mais le dénouement est tout sauf satisfaisant. Ludique, d'accord, mais un peu empêtré dans son propre mystère.
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Fiançailles

En librairie depuis le 12 septembre, "Fiançailles" est un roman de l'écrivaine australienne Chloé Hooper, également auteure de "Grand homme" et "Un vrai crime pour livre d'enfant".



Autrefois architecte à Londres où elle a accumulé un certain nombre de dettes, Liese Campbell vit à présent à Melbourne, travaillant pour son oncle agent immobilier.

Elle fait la rencontre d'Alexander Colquhoun, riche propriétaire terrien qui cherche un appartement.

Au fil de leurs rendez-vous, Liese et Alexander entament une liaison...rémunérée, l'occasion idéale pour Liese de rembourser ses dettes et quitter l'Australie.

Juste avant son départ, Alexander lui propose une coquette somme d'argent en échange d'un weekend passé avec lui dans sa ferme du bush.

Autant dire que Liese est loin de soupçonner ce qui l'attend...



Durant quatre mois, Liese et Alexander ont prétexté une recherche d'appartement pour se voir régulièrement et assouvir leurs fantasmes dans des appartements de location.

Et pour pimenter encore plus les choses, tous deux s'adonnent à un jeu de rôles façon "Pretty Woman", elle s'improvisant prostituée issue des bas fonds et lui, riche chevalier l'arrachant à une vie de misère.

A ce jeu-là, ils se révèlent plutôt mauvais acteurs. Liese n'ayant jamais versé dans la prostitution avant lui et Alexander affichant une curiosité timide, comme si il n'assumait pas vraiment leur relation.

La situation prend rapidement une autre tournure lorsque Liese le rejoint dans sa ferme.

Non seulement le décor se veut des plus austères et des plus glauques mais en plus, contrairement à Liese qui s'évertue à conserver son rôle, Alexander commence à se détacher du sien.

Il semblerait que, loin de la considérer comme une vulgaire prostituée, Alexander se soit réellement entiché d'elle et ait envie de la connaître. Au point de se montrer très intrusif et beaucoup plus sûr de lui, ce qui n'est pas vraiment du goût de Liese.



Et là on s'imagine déjà tomber dans un de ces thrillers au scénario vu et revu. Un huis-clos oppressant mettant en scène Liese séquestrée dans une ferme sinistre au milieu de nulle part par un psychopathe qui va lui en faire baver.

Il faut dire que tout vise à encourager le lecteur dans cette voie : l'ambiance malsaine dont est imprégné tout le roman, le comportement de plus en plus bizarre d'Alexander et une série de détails troublants qui s'accumulent.

Et pourtant...les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. L'auteure affectionne vraisemblablement les twists et autres procédés censés embrouiller le lecteur.

Arrivée à la dernière page, je ne savais pas trop quoi penser et j'ai même relu les pages de fin pour m'assurer que je n'avais pas loupé quelques détails en passant.

Au final, les personnalités des deux héros demeurent insaisissables et je me demande encore où se trouvait la limite entre jeu et réalité, à supposer qu'il y en ait une...

De la façon dont je l'ai compris, tout ça m'a semblé trop tiré par les cheveux mais comme vous le voyez, je reste perplexe. Je ne me verrais donc pas vous recommander ou vous déconseiller ce roman.

Si un lecteur passe par ici, je serais curieuse de connaître sa version de l'histoire :)
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Grand homme

Du racisme et de l'injustice au pays des kangourous. Chloe Hopper raconte, au travers d'un fait divers et de son traitement par la police et la Justice, l'histoire tragique des aborigènes. Ce livre explore avec beaucoup de talent et une véritable émotion les méfaits de la colonisation bien-pensante, la force des clichés, la mauvaiseté de l'Église et de ses certitudes. En ce début du XXIe siècle, c'est un réquisitoire terrible qu'elle dresse de son pays. Et tout reste encore à faire.
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Fiançailles

Ce livre est une vaste blague. J'ignore si les erreurs de syntaxe et de mise en page viennent de la traduction ou du format d'origine, mais on se demande comment il a pu être adapté. L'histoire n'a aucun sens, une perte de temps lamentable.



Les doutes de l’héroïne, à la limite du bipolaire, donnaient envie de l'abandonner dans le bush qu'elle fantasme tant et de la laisser errer pour l'éternité, ce qui aurait au moins donné une substance à sa névrose d'enfant gâté.



C'est de ma faute, je sais, je n'aurais pas dû poursuivre après le premier non sens, mais je voulais savoir la fin, j'espérais qu'il y aurait un soupçon de ce "thriller" qu'on nous promet dès la quatrième de couverture.



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Fiançailles

Je n'ai pas aimé ce récit qui avait pourtant bien commencé. Les 2e et 3e parties s'enfoncent dans un genre mal défini: suspense? psychologique? réaliste? Est-ce le récit d'une folie? Si oui laquelle? Celle du personnage principal? Celle de son "kidnappeur"? En fait, on n'en sait pas plus à la fin du roman. Je n'ai que la sensation d'avoir perdu mon temps sans avoir apprécié le divertissement qui est toujours à la limite de provoquer du dégoût.
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Fiançailles

Tout indique dans le nouveau roman de l'australienne Chloe Hooper qu'il ne faut pas se fier aux apparences. La jolie couverture trop sage, le titre qui suppose une romance, la quatrième de couverture qui annonce un roman « puissamment érotique ».



Fiançailles est en réalité un thriller psychologique implacable et efficace. Aucune goutte de sang, aucun cri dans la nuit, pourtant, un malaise grandissant qui ne m'a pas quitté durant ma lecture. L'atmosphère dégagée par ce manoir australien est étouffante, les personnages sont particulièrement agaçants et les retournements de situations bluffants. L'écriture est sobre et précise. Aucune fioriture dans la description de ces dérapages dont le lecteur se demande s'ils sont contrôlés.



Pour ma part, je n'ai pas ressenti l'érotisme acclamé par la critique. Le malaise dominant, positivement, le reste. Franchir les limites et s'y perdre, nourrir ses illusions à coup de déni, se brûler à force de côtoyer les flammes... Chloe Hooper maîtrise son sujet et balade le lecteur jusqu'à la fin. En dire plus serait condamnable.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Fiançailles

La lecture de Fiançailles m'as complètement désorientée et je peux même dire qu'elle m'a laissée sans voix. L'auteure signe ici à mon avis un immense thriller psychologique dont personne ne peut ressortir indemne, pas même le lecteur. Car la question qui nous anime sans cesse et qui peut donner l'impression que nous restons sur notre faim, n'est autre qu'où se trouve la réalité?

Le début du roman commence pourtant d'une façon tout à fait ordinaire. Liese Campbell arrivée de Londres à Melbourne travaille comme agent immobilier pour son oncle. Mais sa rencontre avec Alexander Colquhoun nous éloigne peu à peu de cette réalité anodine. Chacun de déguise, Liese en prostituée pour tenter de régler ses dettes et Alexander en client pour satisfaire ses fantasmes. L'arrivée dans la ferme de celui-ci, où Liese a été conviée contre une importante somme d'argent marque le début d'une plongée profonde au coeur du fantasme et de l'inconscient. Pourtant, le comportement d'Alexander qui semble avoir beaucoup trop investi son rôle de protecteur et de sauveur, nous le faire apparaître comme le psychopathe prêt à tout pour assouvir ses fantasmes. Mais enfermée seule dans cette ferme, Liese finit par douter d'elle-même et de sa propre vie. Les propos écrits dans les lettres de ses soit disants anciens clients seraient-ils vrais? Aurait-elle été toujours dans le déni de sa propre existence?

Entre ces murs, tout devient flou et angoissant. Qui dit vrai? Que s'est-il réellement passé dans la vie de Liese? Ou bien Alexander est-il fou?

Nous nous y perdons, tout comme les personnages se sont perdus eux-mêmes, et nous ne le saurons pas. Car la force de ce livre est qu'il est absolument impossible de trancher, enfermés que nous sommes dans la tête des protagonistes et c'est sans doute ce qui dérangera le plus le lecteur. Il n'y a pas une seule réalité, mais chacun se construit sa propre réalité.

Je recommande vivement la lecture de ce roman!
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Grand homme

L'Australie: le bonheur brut par habitant ? Pas si sûr, en tout cas pas pour tout le monde. Chloe Hooper nous dévoile ici au travers du procès de Cameron Doomadgee, la lente déchéance du peuple aborigène et l'implacable hégémonie de l'homme blanc, que ce soit dans les mentalités, dans le système judiciaire ou ailleurs encore. Ce livre reportage, bien argumenté, nous emmène à Palm Island près de la grande barrière de corail où l'on rencontre un peuple à la culture bien ancrée, mais aujourd'hui frappé par des maux tels que l'alcool, la drogue, la violence, la misère, ...

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Fiançailles

La couverture a accroché ma curiosité, alors j’ai commencé la lecture…



Venue d’Angleterre où elle a accumulé de nombreuses dettes, Liese Campbell travaille dans une agence immobilière à Melbourne. Afin de rembourser ses frais au plus vite, elle a pris l’habitude de retrouver Alexander, un riche homme d’affaires, dans des appartements en location pour s’adonner à des jeux érotiques copieusement rémunérés.



Alexander ne sait rien du double jeu de Liese qui commence quant à elle à éprouver un certain malaise par rapport au rôle qu’elle s’est façonnée, qui l’oblige à mystifier son passé et à redoubler de prudence. Résolue à quitter l’Australie, elle accepte toutefois la proposition d’Alexander de passer un weekend dans sa grande propriété au milieu du bush. Mais rien ne se passera tel qu’elle l’avait imaginé…



Ce thriller psychologique est bien amené. Il ressemble fort bien au jeu du chat et de la souris. Il dérange, tant la femme est malmenée. Tantôt elle gère la situation, domine. Tantôt, elle est humiliée, rabaissée au simple objet de sexualité. La putain et le riche propriétaire. Quand ils vont passer un dernier week-end dans la ferme d’Alexander, l’endroit apparait glauque, sinistre, au milieu de nulle part.



Un huis-clos oppressant se met alors en place. Liese au fil des pages, regrette les jeux érotiques où elle a entrainé son amant depuis des mois. Lui ne joue pas. Il va même jusqu’à la demander en mariage. Et organiser un repas de fiançailles.



Est-il psychopathe ou réellement amoureux ?



Et elle, est-elle vraiment séquestrée, comme elle semble le penser ?



Alexandre, l’amoureux apparait quelque peu psychopathe. Sa curiosité appuyée sur l’ancienne vie de Liese est malsaine. Liese est-elle sincère dans sa vérité ? Tout se mélange. La fin est de la même trempe, sans réelle réponse.



Ce roman écrit par Chloe Hooper est dans la trame du conte pervers mêlant fantasmes et libertinage.



Pour les lecteurs qui aiment ce genre, vous allez être servi. Pour les âmes plus sensibles, je vous invite à d’autres lectures
Lien : https://educpop.fr/2021/05/0..
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Fiançailles

Mouai... se lit très vite mais la fin... plouf que dalle !
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