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Critiques de Chloé Thomas (15)
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Nos lieux communs

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard...



Ils se rencontrèrent à l'usine, à la fin des années 60. Bernard était à la soudure, Marie à la sellerie (si c'est bien comme ça qu'ils s'appellent). Lui n'y restera que 2 ans (à peu près), elle continuera dans cette voie (elle y est sûrement encore). Il se sont aimés sur fond de résistance. De cet amour est né Pierre. Malgré lui, Marie s'en est allée, laissant Bernard élever seul leur fils. Aujourd'hui, la petite amie de ce dernier va tenter de comprendre pourquoi Marie est partie...



Chloé Thomas nous offre un roman quelque peu déstabilisant, fouillis et confus. L'écriture un peu lourde, le style pompeux et ampoulé ainsi que ces nombreuses parenthèses et virgules n'arrangent en rien la compréhension. Bien au contraire. Cela manque de linéarité, de précision (sur le fond, je m'entends, pas sur la forme) et au bout du compte, l'on peine à saisir le sens, le but et le fond de ce roman. L'on ne s'attache même pas aux personnages qui manquent de consistance. Bref, une grosse déception que ces lieux communs...
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Nos lieux communs

« Étrangers à ces lieux qu'ils prétendaient habiter » . Est ce là un des lieux communs qu'investissent les personnages du premier roman de Chloé Thomas ?  

Premier roman donc et qui en cette rentrée littéraire ne laissera aucun lecteur indifférent.

Avec ou sans. Avec étonnement pour ma part. Sans partie pris également.

Découverte donc.

Quelle écriture...J'avoue que les mises entre parenthèses récurrentes tout au long du récit ont été quelque peu déstabilisantes pour moi. Question de rythme je crois.

Mais je ne suis pas encore habituée au style Thomas, à sa musique, à son tempo.

Il y a « une phrase » Thomas.

Je me suis surprise à penser à Marguerite Duras sans être capable de m'expliquer cette association.

Un style singulier ,innovateur, peut être ? ou alors comme une voix qui marcherait le long des voies de faits des personnages...Car ce n'est pas sur la structure de la phrase qu'il faudra chercher cela. Peut être dans le regard…Le côté caméra, chambre noire. Questions restant à développer….

Peut être d'autres que moi diront mieux cette impression. Je ne sais pas.

Si j'ai un un peu de mal à suivre parfois cette écriture, cela ne m'a pas empêcher d'aimer cette galerie de portraits qui, selon moi, nous sont ,à tous, familiers.

La France des trente glorieuses, la France post soixante-huitarde. Celle qui vint après. Celle qui a le sentiment de n'avoir été à la hauteur d'aucun rôle, parce que tous les rôles avaient été déjà tous distribués à leurs aînés. Une génération née dans le no man 's land de l'Histoire. Entre deux lignes de front, une génération bien sympathique, qui n'a jamais eu tord ni même raison.

Chloé Thomas ose un regard très intéressant sur cette génération, génération presque perdue, non advenue. Celle là même précisément qui nous gouverne, investit, entreprend encore.

Cette génération qui n'ayant pas connu la guerre, ni 68, cette génération qui au yeux de leurs ainés et même de leur descendance n' a jamais vraiment « mérité », sans même pourtant n'avoir jamais vraiment démérité.

Une génération à blanc. Ni guerre, ni révolution. Et qui pourtant est projetée sur son histoire.

C'est la première fois que je rencontre le non-phénomène de cette génération évoqué dans un roman.

Chloé Thomas a la plume incisive en dressant le portrait de cet «  impossible devenir ouvrier de jeunes gens rêvant à la virilité des prolétaires ».

En évoquant « ce grand stage ouvrier des classes dirigeantes » , nul doute de Chloé Thomas va en irriter plus d'un. Plus d'une et d'un de cette génération tardive qui « pensant penser » dans le bon sens a finalement finit par rallier un « entre soi disant » et autre « bien pensant » ( qui donne la nausée) de toute bonne sociale démocratie bien élevée dont on hérite.

...Et l'on en vint à épeler les générations comme d'autres s'était mis à compter les guerres…générations nés sous X, sous Y, Z,...illettrisme d'un futur ?... Et vint le jour où tous les groupes sociaux constatèrent ( plus aucun contestataire ne devant lever son museau, ni même son poing... ), que nous partagions belle et bien une humanité commune. Commun à la racine non communautaire et de plus en plis communautariste. Pas méchant, pas gentil, pas salop, pas formidable. Sans classe. Moyen. Des lieux communs envahissent notre maison commune.

Individuellement- passablement...détestables ?

Ce n'est pas une méritocratie, ni médiocratie, juste une « moyennocratie »... Une société devenue moyenne, un entre deux, un entre soi. Ni chaud, ni froid, de la tièdeur lourde d'une mangrove...

Nos lieux communs. Habitables par tous, insupportables pour tous. Limite...létales.



Donc même si à certains moments je n'adhère pas totalement à « l ' écriture Chloé Thomas » – cela par manque d'éducation de mon oreille -, ( cela ne m'empêche pas toutefois de saisir pleinement le potentiel extrêmement prometteur de cette nouvelle auteure) - je retiendrai de cette lecture  la pertinence de son sujet alliée à l'impertinente intelligence du ton, , qui peuvent ouvrir les portes d'un débat qui nous permettraient justement de sortir de « nos lieux communs », où, reconnaissons le, notre société a de moins en moins d'aisance à justifier le manque d'oxygénation de sa pensée. Dire cela est un lieu commun puisque cela est partagé par bon nombre d'entre nous. Et déjà se forme à l'horizon un autre lieu commun... Décidément...

Donc : bienvenue à Chloé Thomas, merci à elle pour ce coup de plume extrêmement singulier qui permet au Éditions Gallimard en partenariat avec Babelio de nous offrir cet étonnant rafraîchissement en cette rentrée littéraire !



Astrid Shriqui Garain

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Nos lieux communs

Bernard et Marie, étudiants de la fin des années 1960, se rencontrent à l'usine. Ils s'y sont fait embauchés pour suivre leurs aspirations marxistes. Si Bernard en est sorti, Marie elle est restée dans le système du travail à la chaîne (usine ou resto autoroutier, même combat). C'est Bernard qui a élevé leur fils et l'amie de celui-ci va essayer de comprendre pourquoi Marie les a quitté, il y a si longtemps.

Ne tournons pas autour du pot plus longtemps : je n'ai pas, mais alors vraiment pas aimé ce roman. Je n'ai pas réussi à le terminer non plus, peut-être que celle-ci est bien, mais il faudra le lire par vous même pour le savoir.

L'intrigue n'est ni bonne ni mauvaise, c'est somme toute assez classique (ce n'est pas un reproche). En revanche, je n'ai pas, mais pas du tout accroché à l'écriture. Sans doute a t-elle fait l'objet de recherche, d'essais de la part de l'auteur. Mais n'est pas Jean-Luc Lagarce qui veut : formuler et faire reformuler la parole jusqu'à la phrase juste, ça marche quand l'action avance et là, il faut dire qu'elle est poussive, elle n'avance pas. Et surtout, ça ressemble beaucoup à du bavardage, ce qui est bien dommageable quand le roman parle du silence entre les différents membres d'une famille (car tous se taisent, personne n'explique rien. On ne sait pas pourquoi Marie est partie, et ni son ex-mari ni son fils ne lui posent la question). Pour rester dans la comparaison de style littéraire, c'est plutôt vers l'épure d'Annie Ernaux qu'il faudrait aller voir (d'autant que les thèmes sont assez proches, surtout sur la sortie de son monde pour aller plus haut). Et pourquoi l'auteur s'adresse t-elle aux lecteurs ? Surtout pour leur annoncer des évènements qui n'arriveront que bien plus tard (d'ailleurs tellement tard qu'à la moitié du roman, ils n'étaient pas advenus) ?

Bref, trop de choses ou de recherche de style se téléscopent et ne s'en échappent que de l'ennui (pour moi).

Il y avait longtemps qu'un roman m'avait à ce point ennuyé et j'en suis d'autant plus triste qu'il s'agit d'un premier roman.

Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour cet envoi (et m'excuse du retard de publication de la critique).
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Parce que la nuit

“Parce que nous n'avons jamais su dormir”.



Chloé Thomas nous plonge dans le noir de la nuit, dans ce temps suspendu où les rêves nous attrapent parfois, nous attirent dans cet état de somnolence qui paraît inaccessible. Car bien que le sommeil nous soit indispensable, il nous prend par surprise, il nous accable par sa promesse – un repos agréable, qui nous éloignerait peut-être des tracas. Il nous est familier et inconnu. On y sombre pourtant. Mais ce que nous dit Chloé Thomas, c'est pourtant une vérité si simple qu'elle paraît dérisoire : nous ne savons pas dormir.



Je remercie Babelio et les éditions Payot & Rivages pour cet essai retraçant avec minutie ce sommeil insaisissable, partant de données scientifiques jusqu'aux peintures de cauchemars, de récits pour enfants aux notices de somnifères, d'insomnies à la science-fiction. L'écriture rend cette plongée d'autant plus attrayante, bien que je n'aie finalement accroché qu'aux premières informations de l'essai ; le “premier” et “deuxième” sommeil de l'Antiquité qui remontent aux prémices de l'humanité, la grotte de Michel Siffre, l'histoire d'Aurore, Lune et Soleil. La suite ne retrace qu'un seul et même constat.



“Nous n'avons jamais su dormir : jamais assez, ni assez peu, jamais au bon moment, jamais quand il faudrait.”
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Parce que la nuit

Ce petit essai sur la nuit et ses gouffres offre quelques beaux passages sur l'insomnie, sur les rêves, sur le monde nocturne, mais je n'ai pas réussi à entrer complètement dans ce texte, que j'ai trouvé un peu décousu et parfois un peu complaisant. Il y a toutefois quelques chapitres très intéressants, en particulier "La grotte", évoquant l'expérience de Michel Siffre en 1962, ou encore "Ataraxie", au sujet des médicaments disponibles contre l'insomnie. Certains développements sont carrément poétiques, d'autres un peu trop confus, mais si je ne dois retenir qu'une phrase de cet ouvrage, ce sera celle de la fin de l'avant-dernier chapitre, qui donne sans doute le ton du livre en général : "Car la nuit n'est pas un repos ; c'est une jachère, travaillée souterrainement par des forces mystérieuses qui fermentent dans le noir et qui, d'un coup, laissent percer au jour des fleurs inespérées." Magnifique définition !
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Nos lieux communs

Dommage qu'on ne puisse pas mettre 0 étoiles à ce livre inutile où Jeanne veut comprendre pourquoi la mére de son fiancé Pierre est partie quand Pierre avait 2 ans.



Marie n'a rien à dire et Jeanne passe son temps à se poser des questions sans intérêts



ami lecteur tu peux passer ton chemin !
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Nos lieux communs

"On" dirait qu'on écrirait un livre sur la vie à l'usine, sur les illusions d'une jeunesse post-soixante-huitarde qui croit dur comme fer aux valeurs de la gauche révolutionnaire...

Ce "on" de la narration qui m'a bloquée dès les premières pages, ôtant presque au livre son côté romanesque, exercice de style qui m'a rebutée, phrases tellement travaillées qu'elles en paraissent artificielles, sans émotion et sans sincérité :



"On trouvera aussi bien, d'ailleurs, à y redire, puisqu'ils ne cessent d'appeler la condamnation de principe : c'est dans l'essence même de leur transgression comme de leur fausse assurance morale. Commençons (c'est une histoire)."



A la page 10, j'en ai déjà marre... et bien que le style me déplaise, "on" persiste !

J'ai envie de connaitre les motivations de Bernard et Marie : le premier qui choisit l'usine comme un moyen de se sortir de l'ordinaire, de sa vie toute tracée ou presque de petit-bourgeois bien étriqué et l'autre qui vit mécaniquement, qui répète comme un automate les gestes qu'on lui a enseignés (à l'usine ou à la cafétéria), histoire de dissimuler quelque blessure sans doute...et leur fils, Pierre, sans envie, sans ambition, sans rancune, largué par sa mère qui a pris le large...

Au tiers du roman, j'ai lâché l'affaire !

J'aime la maladresse des premiers romans, je pardonne volontiers leurs imperfections. Surtout, comme ici, quand la trame narrative m'intéresse : j'avais idée que cette histoire de "prolétaires par choix" pouvait être riche.

J'ai simplement été déçue, et surtout par le style, trop ampoulé, trop en ellipses et ça n'a pas fonctionné ...

Je n'ai pas aimé que, non contente d'énoncer certains points de vue (en phrases trop longues), l'auteur ajoute nombre parenthèses, reformulant la même idée, la précisant, la "complexifiant", comme à la recherche d'une précision linguistique, sémantique, qui ne nous est pas nécessaire (je dois être allergique aux multi-parenthèses comme avec Jaenada ).

La lourdeur de la narration a eu raison de ma patience, dommage !



Merci à Babelio et aux éditions Gallimard qui m'ont offert de lire ce roman dans le cadre de l'opération "Masse critique" !
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Nos lieux communs

Ce roman veut être le témoin d’une époque, d’un état d’esprit, quand des intellectuels (marxistes) délaissaient les bancs de la fac pour s’immerger dans la réalité des usines. Mais j’ai trouvé le style lourd, pompeux, ennuyeux et je n’ai pas eu le courage de suivre ces idéalistes dans leur quête. Après 40 pages j’ai abdiqué.
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Nos lieux communs

Thomas Chloé – "Nos lieux communs" – Gallimard/NRF, 2016 (ISBN 978-2-07-019785-9)



Une fois n'est pas coutume, la quatrième de couverture expose fidèlement la trame principale de ce roman (voir rubrique Babelio).



Indéniablement, la thématique centrale de ce roman présente une certaine originalité : en effet, l'auteur ne s'attache pas à relater une fois de plus (voir quelques références ci-après) l'affligeante histoire de ces intellectuels d'origine modeste qui furent amenés au nom d'une illusion politique (le marxisme-léninisme maoïste – prônée dans les années post-soixante-huitardes par des gourous bien installés dans leur carrière universitaire) à "s'établir" en usine, non, ici l'auteur s'attache à montrer les dégâts qu'engendrèrent ces croyances dans la génération suivante, celle des enfants de ces "établis".



Avec un cruel réalisme, Chloé Thomas dresse un double constat.

D'une part, elle exhibe les conséquences, sur le fils Pierre, de cette "libération" des mœurs accompagnant cette idéologie du militantisme, qui amena certaines femmes à abandonner sans autre forme de procès leur progéniture : même lorsque cela se fit dans les pseudo excellents conditions (la mère étant remplacée par une nouvelle compagne du père, qui assume la fonction de substitution) ici relatées, l'enfant en reste profondément affecté, et c'est sa compagne et non lui-même qui entreprend de fouiller ce passé pour tenter de comprendre.

D'autre part, elle montre cruellement et sans fard comment la plupart des intellectuels furent amenés à mettre fin à cet engagement pour reprendre le fil d'une vie ordinaire, voire – pire – exploiter sans vergogne leur passé pour faire carrière, ce reniement que l'enfant observe passivement pour se refuser d'en penser quoi que ce soit une fois devenu adulte.



Ayant côtoyé ces gens, je glisse ici une petite anecdote en passant : dans son édition du 6 mai 2017, le quotidien de la gauche caviar-bobo "Le Monde" publie un article de Jean-Pierre Le Dantec, d'emblée présenté comme "l'ex-directeur du journal d'extrême-gauche La Cause du peuple" : oui, oui, il s'agit bel et bien de celui pour lequel (aux alentours du 27 mai 1970) des jeunes gens "de basse extrace" se firent embarqués sans ménagement superflu par les forces de l'ordre...

Le Dantec annonce ici à grand bruit, et à grand renfort de logorrhée verbale, son soutien à ce Macron qui incarne (jusqu'à l'archétype !) le fric, le mépris de la France d'en bas, l'arrogance immonde de cette élite gavée qui parasite et détruit le pays depuis bientôt quatre décennies. Est-ce le journal ou ce cuistre qui signe lui-même ? Toujours est-il que la signature de fin d'article justifie à elle seule le roman dont il est ici question :

"Jean-Pierre Le Dantec est écrivain, ancien directeur de l'ENS d'architecture de Paris La-Villette et ancien militant révolutionnaire" : en matière de cuistrerie, on peut difficilement faire pire !

Mais il est vrai que les exemples de gauchistes devenus chefaillons abondent, de Geismar (inspecteur de l'Education Nationale ! hantant les strapontins ministériels), Cohn-Bendit (qui n'oublie jamais de faire carrière, soutenant lui aussi le Macron) ou Serge July (le Murdoch aux petits pieds), ou le Badiou (poursuivant imperturbablement son prêchi-prêcha en jouissant de stables revenus fournis par le contribuable) ; à l'inverse, Michel le Bris, lui aussi ex-directeur de la Cause du peuple, sut ne pas trahir ses idéaux...



Ces exemples témoignent de la pertinence du propos de Chloé Thomas : que penser de ces Judas ???



En revanche, il faut reconnaître que le type d'écriture mis en œuvre dans ce roman ne contribuera pas à son succès : on se croirait dans du Modiano de la pire veine, les personnages centraux (Jeanne et Pierre) ne sachant ni qui il sont, ni où ils vont, ni où ils vont...

Pour ma part, face au désastre engendré par ces gens-là, je comprends que l'auteur se soit mise à distance de son sujet, pour s'en protéger sans doute...



Un livre à lire pour les ex-soixante-huitards...



PS : Sur le même sujet, quelques titres à recommander, entre autres : Morgan Sportès "Maos" ; Milner Jean-Claude - "L'arrogance du présent : regards sur une décennie 1965-1975" ; Sichère Bernard – "Ce grand soleil qui ne meurt pas" ; Robert Linhart - "L'établi" et Virginie Linhart – "Le jour où mon père s'est tu"

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Nos lieux communs

«La littérature est maîtresse des nuances. » écrivait Barthes.



Eux ce sont Bernard, Marie et leur fils Pierre. Et puis Jeanne.

Jeanne, celle qui va écouter...

Quatre prénoms qui vont faire le livre.

Quatre prénoms dans le temps des années 70.



Mai 68. Le fameux-fumeux brasier s’est éteint.

«Un grondement parallèle et raté».

La lutte engagée doit continuer.

Les intellectuels « maos », armés de lectures « parfois mal mises à jour », endossent la panoplie d'avant-garde révolutionnaire et décident d’aller travailler en usine pour propager l'idée d'une révolution.

C’est «l’établissement».

Il faut comprendre la réalité pour la transformer. Instruire la classe ouvrière et s’en instruire. «Il fallait donc s'établir et voir advenir la révolution.»



Bernard était à la soudure et Marie à la sellerie. C'est là qu'ils se rencontrent. A l'usine.

Ils étaient jeunes et gavés d'illusions. Bernard étudiant en classe préparatoire et Marie étudiante en philosophie. A cette époque là les conversations étaient vibrantes et semblaient infinies.

Le début à l’usine est dur, très dur. Avilissant, abrutissant.

Les «établis» vont découvrir le monde ouvrier.

Ses cadences infernales, ses petits chefs autoritaires.



Bernard et Marie vont se perdre dans la crasse, le bruit et l’odeur de la chaîne infernale.

Pierre arrive.

«C'était compliqué, on a eu ce gamin un peu vite...»

Et Marie va partir...sans rien dire...comme ça...Bam !

«J'ai été con, j'ai rien vu venir.»

Bernard se retrouve avec un petit Pierre de 3 ans dans les bras.

Pourquoi ?

« ...le fantasme de faire table rase...sa petite insurrection personnelle... »

C'est Jeanne qui va écouter...tout raconter...

«Dans la vie, souvent, Jeanne fait ça: elle écoute, garde les traces...»

C'est Jeanne qui va se raconter aussi.

Tous se racontent, tout se raconte.

Le style de Chloé Thomas fait la part belle aux parenthèses, aux incertitudes et aux hésitations. De longues phrases ondées de nuances, parfois surabondantes, quelquefois maniérées.

Loin de l'intouchable lyrisme et du commun dissolvant, près du touchant égoïsme et de la tendre intimité, un roman à l'écoute de ses personnages.

Chloé Thomas, confidente, sans jamais juger (la littérature ne démontre pas, elle montre) sait nous raconter des histoires.

Un premier roman que je vous engage à lire...



(A déguster accompagnés des romans du genre, «Les visages écrasés» de Marin Ledun et «L'établi» de Robert Linhart.)



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Parce que la nuit

Voici un joli essai sur la nuit, les rêves et l’insomnie. Dans de courts chapitres, l’auteure, alliant parfaitement documentation et poésie, nous convie dans ce monde méconnu et attirant. De nombreuses références artistiques s’y côtoient : peinture, littérature, musique et cinéma. J’ai beaucoup aimé le style.
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Nos lieux communs

Bernard assume, Marie fuit, Bernard élève leur fils, Marie s’efface. Sur le jeune Pierre tout glisse, il est imperméable, il ne pose pas de questions, il ne veut pas ressentir d’émotion. Mais Jeanne, la compagne de Pierre, s’intéresse à sa famille. Bernard raconte, l’usine, la chaîne, les années 70, les réunions des maoïstes. Jeanne voudrait avoir la version de Marie, alors elle va lui rendre visite, seule.

L’écriture de ce premier roman est superbe, intelligente, nuancée, essayant de dire au plus près la pensée des protagonistes. La mélodie est triste, elle a besoin de se répéter en ostinato, de moduler ses questions, tant de parenthèses qui s’amoncellent. Séduite par ce style original, j’ai beaucoup aimé la première partie : « Eux », un peu moins la seconde « nous » qui aurait pu être plus resserrée, épurée.

Un beau roman qui parle d’une époque, qui nous parle.

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Fredon

Une pianiste au talent exceptionnel perd le goût de jouer. Frappée d’un mal nommé « amusie », elle n’entend même plus la musique… Chloé Thomas signe ici un récit étrange et bouillonnant.
Lien : https://www.sudouest.fr/cult..
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Parce que la nuit

La Normalienne, traductrice et autrice d’un roman remarqué, se fait désormais philosophe avec un essai sur ce qui se joue la nuit quand nous ne dormons pas.
Lien : https://www.ouest-france.fr/..
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Nos lieux communs

Aucun cliché dans son écriture, et si une impression de déjà-vu fourmille entre les lignes, c'est parce qu'elle rappelle Patrick Modiano, ce qui, pour un premier roman, en jette assurément.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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