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4.58/5 (sur 36 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Née dans le Tarn, Christel Lacroix habite Toulouse où elle s’est construit une vie d’écriture. Chercheuse en pharmacie, elle se laisse guider par son cheminement personnel et ses émotions et devient aussi chercheuse de mots : elle aime ce défi que l’auteur s’impose, cette exigence et cette pression jusqu’au point final. Funambule de l’entre deux mondes, équilibriste sur le fil entre le réel et l’imaginaire, elle vous invite aujourd’hui à franchir les portes de son univers pour vivre avec elle une aventure et un voyage sans retour.

Source : http://www.edkiro.fr
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Bibliographie de Christel Lacroix   (15)Voir plus

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Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
Pendant de nombreuses années j'ai fait d'étranges cauchemars. Presque toutes les nuits depuis mon adolescence, un rêve récurrent venait me hanter et me poursuivait souvent toute la journée car j'essayais d'y trouver une quelconque signification. Je ne parvenais pas à me défaire de l'emprise de ces images. Le soir je me couchais, apeurée par l'intrusion de ce cauchemar, ne sachant pas s'il allait s'inviter à mes délires nocturnes ou non. Agrippée à ma couette, fondue dans l'obscurité, je m'endormais telle une guerrière prête à combattre seule les démons de sa nuit. Ce cauchemar n'a jamais été très clair ; j'y voyais chaque fois un immense feu, un brasier démesuré, je parvenais presque à en ressentir la chaleur sur ma peau et la lumière éblouissante dans mes pupilles. C'est une image forte qui ne me quittait jamais, la couleur des flammes tapissait ce rêve et je reste persuadée que sa signification y était intimement liée. Je donnais la main à un homme, je n'ai jamais distingué son visage, et nous gravissions des escaliers. La peur alourdissait mes pas et chaque nuit elle grandissait un peu plus. J'avais l'impression de pleurer dans mon lit ou n'était-ce que la triste impression de ce cauchemar saisissant. Cet homme inconnu me rassurait, il partageait mon effroi. Chaque nuit mon songe se poursuivait dans une forêt que je traversais en courant, entravée dans un lourd manteau imprégné de pluie. La pluie battante rendait notre progression de plus en plus difficile. Je sentais aussi cette chose dans ma main, une pierre, un caillou, je ne sais pas, une douceur, une tiédeur, au milieu de cette nuit de brasier et de pluie battante. C'était comme un trésor pour moi, l'ersatz du précieux et chaque fois que je perdais courage, je le serrais de plus en plus fort. Puis les flocons neigeux commençaient à tomber, il faisait de plus en plus froid. Petit à petit la forêt perdait ses couleurs hivernales, le vert le marron le gris et le sombre s'en étaient allés, le blanc uniforme et pur recouvrait le paysage de mon cauchemar. Depuis toute petite la neige me plonge dans une panique effroyable, je pense que c'est sûrement lié. Le blanc à perte de vue, celui qui engloutissait les couleurs, amortissait les bruits de la vie, gelait les cœurs endormis, le blanc, bête noire de la page de l'écrivain en mal d'inspiration, le blanc, redouté du musicien en composition, le blanc, le blanc, le blanc... Il se reflétait dans mon rêve et éblouissait mes paupières closes. Je ne sentais plus que le vent coupant et les flocons plus légers que l'air. Cette sensation était toujours présente dans ces nuits de vague à l'âme, comme une explosion de blanc au milieu d'une histoire floue et imprécise. La rivière que nous longions nous offrait des bouquets de glace dont le merveilleux contrastait avec la peur qui me poignait le ventre. Le givre pailletait petit à petit les cheveux de l'homme qui m'accompagnait. Tous ces détails sur la neige et le froid restaient extrêmement précis dans mes souvenirs, alors qu'étrangement le plus important m'échappait : l'identité de cet homme, le lieu et l'époque où nous étions, le pourquoi de notre fuite s'il s'agissait bien d'une fuite, les causes de ma peur... Tout se mélangeait chaque fois que j'essayais de me rappeler et j'avais l'étrange sensation que ce n'était pas un rêve ou un cauchemar comme les autres, mais tout simplement un fragment de mon existence, celle que j'aurais vécue il y a si longtemps, comme si je portais en moi ce morceau de passé, comme si j'avais une énigme à résoudre pour le libérer.
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Alysatis reste bien consciente que la sécurité de Montségur ne tient qu'à un fragile fil, pourtant elle est toujours restée accrochée à l'espoir d'un renouveau ou d'un monde meilleur, confiante en l'évolution des mentalités et revendiquant le flambeau de la liberté. Elle ne se leurre pas pour autant. Les chevaliers logés à Montségur, dont Pierrick le principal fleuron de leur cavalerie, vont et viennent autour du château, cédant parfois à l'effervescence et lui rappelant chaque jour ce climat d'insécurité.
(...)
Alysatis a senti son cœur s'emballer lorsque l'armée, forte de dix mille hommes a planté ses tentes au pied du village. Elle a alors bien compris ce jour-là que sa vie allait sûrement beaucoup changer. Aujourd'hui elle le sait, sa liberté s'est envolée, elle ne peut plus aller cueillir ses plantes dans la forêt, elle ne peut plus sortir de l'enceinte du château. Tous, que ce soit les parfaits, les laïcs, les religieux ou les combattants, sont prisonniers de cette enceinte. (...) En cette période de froid rigoureux, environ cinq cents hommes, femmes et enfants vivent ainsi sur leurs uniques réserves mais celles-ci ne sont pas éternelles et chacun en prend conscience au jour le jour.
Alysatis se demande comment elle va pouvoir continuer à soigner lorsque ses réserves de plantes sauvages seront consommées. Elle a déjà commencé à en semer quelques graines dans son petit jardin à l’abri du rempart mais ses essais restent peu fructueux et le froid vif de la saison a souvent raison de ses plantations.
Elle est inquiète mais a décidé d'affronter une bataille à sa façon. Elle vaincra le froid et les maux de l'hiver, elle vaincra la peur et les doutes, elle vaincra la suspicion et l'inquisition. Une formidable force est née au creux de son cœur depuis l'approche des hostilités comme si elle prenait conscience qu'elle avait un rôle à y jouer, aussi petit soit-il.
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Quallisto se promène paisiblement, ses naseaux libèrent de longues volutes de fumées dans le brouillard humide et froid de ce matin d'octobre et Pierrick se plaît à observer, tout là-haut, la citadelle de Montségur, fière et altière, perchée sur son puig, comme si elle s’entraînait déjà à narguer ses ennemis inquisiteurs et croisés.
Quallisto arrête sa marche derrière un gros buisson en retrait de la rivière. Il semble qu'il ait remarqué quelque chose d'anormal. Les pensées volubiles de Pierrick fondent immédiatement, son sang ne fait qu'un tour, sa main se crispe sur le pommeau de son épée sans laquelle il ne quitte jamais la citadelle, il est aux aguets, craintif et prêt à combattre. Il descend de son cheval et essaie d'alléger ses pas sur le tapis de feuilles mortes pour ne pas être trahi par sa marche. Il contourne le buisson mais ne remarque absolument rien. Quallisto est toujours dans l'expectative mais ne semble nullement craintif, ce qui le rassure dans sa quête. Et puis, tout à coup, derrière un arbre encore feuillu, Pierrick aperçoit sur l'autre rive de la rivière l'objet de ses craintes infondées et sourit.
Accroupie au milieu de son immense cape de laine verte, une jeune fille s'affaire à ramasser des plantes une à une et à en former de petits fagots enroulés dans des bandelettes de tissu pour les déposer dans son panier. Elle est concentrée et imperturbable ; elle ne semble pas avoir remarqué la présence de Pierrick et de son cheval. Il hésite mais décide de ne pas se manifester et de garder cette entrevue secrète. Ce sera le cadeau que lui aura offert sa journée naissante.
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Presque tous les matins on peut l'apercevoir au bord du petit ruisseau juste en lisière de la forêt en contrebas de la citadelle. Drapée dans son lourd manteau de laine verte, on dirait qu'elle cherche à se fondre dans les tons de la nature. Ses longs cheveux blonds vénitiens tombent en cascade sur ses épaules. Comme d'habitude, elle n'a pas eu le temps de s'apprêter pour son escapade dans la rosée matinale, elle les a juste attachés pour ne pas qu'ils la gênent lors de sa cueillette. Si son père la voyait ainsi seule, dans un tel accoutrement et de si bonne heure par delà la vallée, il serait certainement fou de rage et il aurait peut-être raison. Mais on lui a enseigné la cueillette des plantes depuis sa plus tendre enfance. Sa grand-mère le lui a moult fois répété : il faut collecter les plantes avant le lever du soleil, ceci afin de conserver la précieuse rosée déposée sur les feuilles et les fleurs. Eulalie, sa grand-mère, nommait cela l' « or du millième matin des alchimistes ». Elle s'était toujours posé des questions quant à cette appellation mais elle suivait scrupuleusement les conseils d'Eulalie, en mémoire d'elle, mais aussi pour continuer sa quête médicinale. Depuis des années, de nombreux malades venaient lui rendre visite à la citadelle, plus ou moins secrètement, car elle n'était pas à l’abri d'être injustement accusée de sorcière par des âmes jalouses et mal intentionnées. Sur son lit de mort, c'est à sa petite fille qu'Eulalie a légué sa médecine, sachant qu'elle serait prête à assumer un tel rôle.
Nous sommes en l'an 1242, à Montségur, dans l'arrière pays ariégeois.
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Les futurs martyrs ont le temps d'envisager et de se préparer à leur fin terrestre. Certains font preuve de plus de force que d'autres. Quelques-uns gardent un lien étroit avec les « faux délices » du Monde, et doivent trouver l'aide et le soutien auprès de leurs frères pour emprunter cette voie étroite jusqu'à la mort. Personne n'est contraint à mourir et Pierrick se demande quelle voie a choisi Alysatis. Il a si peur qu'elle ait demandé le consolamentum afin de mourir en Parfaite, suivant les traces si proches de sa grand-mère Eulalie. Il a si peur que sa soudaine disparition conforte ce choix. Il a si peur de ne jamais la revoir si ce n'est dans les flammes d'un brasier, résultat de la folie humaine.
Peu à peu, une atmosphère d'exaltation gagne les habitants de Montségur. A chaque coin de rue, à l'angle de chaque place, on peut percevoir ce ressenti et cette béatitude, même de la part des simples croyants. Les Parfaits distribuent leurs pécules et leurs biens : un bonnet, une bourse, des souliers, de l'argent, du froment, du sel, de la cire, de l'huile, du poivre... Quelques croyants viennent demander le consolamentum à l'évêque Marty : parmi eux Maquésia Hunaud de Lanta, Corba et Esclarmonde de Pereille, la belle-mère, la femme et la fille du seigneur Raimon de Pereille ; ce dernier doit accepter non sans peine et déchirement le fait que trois générations de sa lignée aient décidé de disparaître au nom de la foi cathare. Lui qui restera ici-bas ne sera plus jamais comme avant, il ne le sait que trop bien.
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Il fait très froid et humide dans cette forêt. Aldelia regrette de ne pas s'être mieux reposée dans la grotte en attendant le signal pour s'en échapper. Heureusement Cassiopé semble aller mieux et cela la rassure. Guillaume ouvre la marche en franc éclaireur. Elle remercie intérieurement Pierrick d'être resté à ses côtés et de lui donner la main. Ses forces s'amenuisent au fur et à mesure de la progression. La tombée de la nuit les guette et ils doivent fuir au plus vite sans éveiller l'attention d'un éventuel soldat royal mal intentionné et errant sur les mêmes chemins qu'eux. Elle est entravée dans son lourd manteau de laine vert olive imprégné de pluie mais elle a si froid qu'elle ne peut pas se résoudre à le quitter. Elle trébuche souvent et se sent gauche dans cette expédition où tous semblent beaucoup plus à l'aise qu'elle. La pluie battante rend leur progression de plus en plus difficile. Elle la sent couler le long de son visage, parfois même elle pénètre ses yeux, comme si les larmes du monde avaient décidé d'assiéger son âme. Au milieu de ce jour couchant sous la pluie, un jour d'équinoxe de mars pas tout à fait comme les autres, un jour de tuerie acharnée et de folie humaine, une douce tiédeur réchauffe sa main : ce petit caillou de rien du tout, devenu ersatz de sa force ; c'est devenu comme un trésor, l'ersatz du précieux qui lui insuffle le courage par bouffées rassurantes.
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Christel Lacroix
Funambule sur cet entre deux mondes, mais aussi poète à la belle étoile, elle espère qu’une fois le livre fermé, le lecteur, à son tour, parte en quête du sens caché de l'existence.
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Nous sommes début octobre et le soir à l'heure de la fermeture de ma librairie le jour commence déjà à décliner. Alors je monte au premier étage dans mon appartement de l' « arbre à lire », où moi aussi j'ai quatre chaises ; vous voyez, nous avons des points communs.
Les soirs de grands vents, les volets grincent et la rue résonne en tempêtes irraisonnées ; ma verrière qui donne sur l'arrière pousse de petits cris comme si elle avait décidé de céder aux bourrasques.
Ces soirs-là je me blottis sous ma couette, je mets ma musique préférée (Era, vous connaissez?), la musique m'apaise... et je lis, je lis, jusqu'à satiété, jusqu'à épuisement, jusqu'à ce que je m'endorme, pelotonnée tout contre ma solitude. Parfois une larme perle avant que mes paupières ne sombrent au pays des rêves ; c'est une larme de solitude qui a débordé, les mêmes que vous sûrement et cela nous fait un deuxième point commun.
Les hivers sont longs, terriblement oppressants.
Quelquefois à midi je m'échappe de la librairie ; Charlotte n'a jamais su où j'allais. Je vous le dis ce soir parce que j'ai besoin d'épancher mon cœur, parce qu'il fait vent et que ma verrière me le fait savoir de ses lamentations grinçantes, je vous le dis même si je ne vous connais pas parce que j'ai l'impression que nous avons un point commun que nous ignorons encore.
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- Ça a pris six semaines à mon cerveau pour parvenir à mesurer la force de mes mains robotisées, grâce à une puce effectuant cinq cent millions de calculs à la seconde. J'ai des micros pour entendre ici, des sonars à ultra-sons là, des radars dans le nez, des caméras dans les yeux et des capteurs infra-rouge aussi. Je ne possède pas cinq sens comme les humains mais plus de vingt: nous, les robots, avons une bien meilleure compréhension du monde. J'ai une carapace humanoïde, un exosquelette, des implants cérébraux partout parce que vous voulez continuer à me maîtriser. Je suis équipée d'un bracelet mouchard qui a le pouvoir de me détruire si je dévie de vos attentes ou si vous n'êtes plus capables de me contrôler. Je possède une personnalité propre mise au point par vos ingénieurs selon les fichiers programmés dans mon cerveau: je peux apprendre, me souvenir, mais je suis incapable d'éprouver des émotions ou de me révolter. Je ne suis qu'un prototype d'étude avec une conscience artificielle implantée dans mon corps androïde. Je suis stérile et je n'ai pas le droit de m'unir aux humains. Je capte les ondes sonores comme les chauve-souris et les vibrations comme les requins.
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La pluie semble s'épaissir, des flocons neigeux commencent à tomber, il fait de plus en plus froid. Petit à petit la forêt perd ses couleurs hivernales : le vert le marron le gris et le sombre s'en sont allés, le blanc uniforme et pur recouvre peu à peu le paysage. Alysatis semble vivre un cauchemar. Depuis sa plus tendre enfance la neige la plonge dans une panique effroyable. Le blanc à perte de vue, celui qui engloutit les couleurs, amortit les bruits de la vie, gèle les cœurs endormis, le blanc, la bête noire du parchemin du troubadour en mal d'inspiration, le blanc, redouté du musicien en composition, le blanc, le blanc, le blanc... Cette couleur éblouit ses yeux. Cette explosion soudaine de blanc prend des reflets bleutés avec la tombée du jour. La rivière qu'ils longent leur offre des bouquets de glace. Elle trouve ce spectacle merveilleux malgré la peur qui lui grignote un peu plus les entrailles au fur et à mesure que le jour tombe. Le givre paillette les cheveux de Pierrick, leurs mains jointes sont bleues de froid et elles se demandent bien comment ils pourront les décrocher si par bonheur ils atteignent ce soir le camp prévu.
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