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EAN : 9782918966722
279 pages
Au Pays Reve (31/10/2016)
4.33/5   3 notes
Résumé :
« Elle est libraire dans l’Aude, spécialisée dans les vieilles éditions sur l’époque cathare. Il est journaliste pour une revue historique en Provence et doit rédiger un article sur Dame Esclarmonde de Foix.
Ils ne se sont jamais croisés, ils ne se sont jamais parlés.

Et pourtant, les lointains temps cathares vont les amener très vite à correspondre par lettres, à mélanger leurs mots, à se livrer, à se mettre à nu, à s'écorcher et à s'aimer.>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai découvert Les derniers sentiments Cathares grâce à l'auteure elle-même puisque c'est elle qui est venue jusqu'à moi. En découvrant ce blog elle m'a gentiment contacté pour m'offrir la possibilité de découvrir son dernier roman. Imaginez ma stupeur et le soupçon de fierté qui m'a traversé...franchement une victoire comme celle-ci ne peut être savouré qu'en lecture! Et ce roman est étonnant car il conjugue plusieurs genres comme l'épistolaire, la romance mais surtout l'historique. de nombreuses qualités, quelques défauts, il m'a laissé une étrange impression de planer entre deux mondes. Quelques explications s'imposent...

L'ouverture d'un roman est une ouverture sur un autre monde. Littéralement avec celui-ci. Christel Lacroix emmène le lecteur au sein d'une époque avant même le commencement, elle plante le décor, l'environnement, à l'aide d'une carte de la région de Carcassonne et d'une généalogie de personnages pour distiller avec mysticisme l'articulation de son roman en sept temps. Ambitieux ! Cela débute en 2014 sur une correspondance entre deux êtres, Albane la libraire spécialisée dans les livres anciens et Alex journaliste et écrivain, pour qui le destin va jouer un rôle prédominant. En visitant le jolie village historique de Montolieu, Alex va tomber amoureux des lieux et surtout de la librairie d'Albane, personne qu'il n'a pas rencontré ce jour là. Avec pour projet la rédaction d'un article et roman sur une grande figure féminine de la religion cathare au Moyen-Age, il demande naturellement l'aide de la libraire à travers une série de lettres. L'échange, au delà de tout intérêt historique et littéraire, va s'avérer beaucoup plus intime, jusqu'à la découverte d'un parchemin et d'une amulette symbolique...

Le temps des lettres se succède à celui des libertés ou l'on découvre deux nouveaux personnages, Aldelia fille d'un notable de Montségur et Pierrick chevalier arrivé au village depuis dix ans. Montségur, figure de la spiritualité cathare est le fief de cette communauté bientôt traqué par l'Inquisition. Ces deux êtres vont se rencontrer, s'aimer mais surtout se confronter à une époque qui n'épargne personnes. Quel est le lien entre ces quatre personnages d'une époque à une autre? Albane et Alex vont-ils se rencontrer dans la vie réelle? Quel tour du destin va mettre à mal la belle Aldelia et le brave Pierrick? S'ouvre ainsi le récit d'une longue histoire d'amour qui déverrouille les portes de l'histoire et enfonce celle de la religion pour découvrir une région empreinte de mystères.

J'ai aimé ce récit pour le côté historique dont j'ignorais l'existence mais aussi pour le message, tel un mantra récurrent qui intervient à tout moment : «Si l'on pouvait semer l'Amour, il pousserait de façon si drue que d'une simple grâce on en aurait trois, et d'un plaisir, bien plus de dix, et vingt faveurs pour une seule. D'une joie vraie naîtraient cent joies, au point, dira-t-on, que l'on a récolté mille fois plus que l'on n'a semé» Pèire Cardenal, troubadour du XIIIe siècle. Car l'amour est bien le noyau dur du roman, le lien qui unit tous les protagonistes, un amour tellement fort, intense qu'il irradie pour se démultiplier et contaminer au delà des siècles. Néanmoins, j'ai été moins séduite par les débuts épistolaires qui m'ont semblé brouillons et dont l'épanchement sentimental est beaucoup trop rapide à mon goût. de plus, pour moi, le caractère des protagonistes n'est pas assez affirmé, ils leur manquent un souffle de fraîcheur, de légèreté. Ceci dit l'auteure a su trouver le bon tempo, le temps de distiller quelques indices ça et là, tirer sur le fil rouge et créer la surprise. Finalement on peut dire que le personnage principal du roman est la région elle même, les villages témoins de l'Histoire se dressant encore majestueusement pour les siècles à venir. Une lecture au son des troubadours, au goût de thé à la bergamote et simple, mais classique cake à la vanille.
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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J'ai adoré ma lecture. le livre est découpé en sept parties, très agréable à lire et qui coupe très bien le rythme de la lecture, ce qui permet d'avoir un récit construit en parallèle mais à des époques différentes. J'aime beaucoup le concept. Et j'adore les correspondances dans les romans.

Surtout que l'auteur a pris un soin très important à son roman. Elle prend le temps d'expliquer son idée, la bibliographie est très fournie et permet aux lecteurs de se documenter après, les textes en langue d'oc sont tellement rares dans la littérature classique que j'ai été ravie d'en voir ici.

L'histoire des cathares est passionnante, en général, Montségur vient en premier quand on évoque le sujet, et bien, vous avez entièrement raison. La philosophie cathare est très complexe aussi mais très bien expliquée dans le roman de Christel Lacroix. Un ouvrage de qualité sur le sujet, bravo !

Dans ce roman, nous avons donc un parallèle entre le XIIIe siècle et aujourd'hui, ce qui m'a fait penser à la série labyrinthe avec Jessica Brown Findlay. J'ai adoré la manière dont les éléments se mettent en place au début. Nous avons deux personnes qui se rencontrent par hasard mais est-ce vraiment du hasard ? Vaste question !

Je vous le dis tout de suite, j'ai eu le droit à mon petit frisson à la lecture des dernières pages. C'est que le livre a fonctionné sur moi et en général, les histoires de ce genre le font toujours. J'aurais aimé vivre la même chose qu'Albane. Elle est libraire dans les vieilles éditions, un rêve !!! Et son histoire est très très intéressante.

Le style est vraiment très bon, plein de poésie, de langue d'oc, de citations d'oeuvres de l'époque. On ne s'ennuie pas une minute, je l'ai dévoré en quelques jours. Tout est vraiment bien expliqué.

En résumé : Un roman historique sur les cathares très réussi et très plaisant à lire !
Lien : http://les-livres-de-zelie.b..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Pendant de nombreuses années j'ai fait d'étranges cauchemars. Presque toutes les nuits depuis mon adolescence, un rêve récurrent venait me hanter et me poursuivait souvent toute la journée car j'essayais d'y trouver une quelconque signification. Je ne parvenais pas à me défaire de l'emprise de ces images. Le soir je me couchais, apeurée par l'intrusion de ce cauchemar, ne sachant pas s'il allait s'inviter à mes délires nocturnes ou non. Agrippée à ma couette, fondue dans l'obscurité, je m'endormais telle une guerrière prête à combattre seule les démons de sa nuit. Ce cauchemar n'a jamais été très clair ; j'y voyais chaque fois un immense feu, un brasier démesuré, je parvenais presque à en ressentir la chaleur sur ma peau et la lumière éblouissante dans mes pupilles. C'est une image forte qui ne me quittait jamais, la couleur des flammes tapissait ce rêve et je reste persuadée que sa signification y était intimement liée. Je donnais la main à un homme, je n'ai jamais distingué son visage, et nous gravissions des escaliers. La peur alourdissait mes pas et chaque nuit elle grandissait un peu plus. J'avais l'impression de pleurer dans mon lit ou n'était-ce que la triste impression de ce cauchemar saisissant. Cet homme inconnu me rassurait, il partageait mon effroi. Chaque nuit mon songe se poursuivait dans une forêt que je traversais en courant, entravée dans un lourd manteau imprégné de pluie. La pluie battante rendait notre progression de plus en plus difficile. Je sentais aussi cette chose dans ma main, une pierre, un caillou, je ne sais pas, une douceur, une tiédeur, au milieu de cette nuit de brasier et de pluie battante. C'était comme un trésor pour moi, l'ersatz du précieux et chaque fois que je perdais courage, je le serrais de plus en plus fort. Puis les flocons neigeux commençaient à tomber, il faisait de plus en plus froid. Petit à petit la forêt perdait ses couleurs hivernales, le vert le marron le gris et le sombre s'en étaient allés, le blanc uniforme et pur recouvrait le paysage de mon cauchemar. Depuis toute petite la neige me plonge dans une panique effroyable, je pense que c'est sûrement lié. Le blanc à perte de vue, celui qui engloutissait les couleurs, amortissait les bruits de la vie, gelait les cœurs endormis, le blanc, bête noire de la page de l'écrivain en mal d'inspiration, le blanc, redouté du musicien en composition, le blanc, le blanc, le blanc... Il se reflétait dans mon rêve et éblouissait mes paupières closes. Je ne sentais plus que le vent coupant et les flocons plus légers que l'air. Cette sensation était toujours présente dans ces nuits de vague à l'âme, comme une explosion de blanc au milieu d'une histoire floue et imprécise. La rivière que nous longions nous offrait des bouquets de glace dont le merveilleux contrastait avec la peur qui me poignait le ventre. Le givre pailletait petit à petit les cheveux de l'homme qui m'accompagnait. Tous ces détails sur la neige et le froid restaient extrêmement précis dans mes souvenirs, alors qu'étrangement le plus important m'échappait : l'identité de cet homme, le lieu et l'époque où nous étions, le pourquoi de notre fuite s'il s'agissait bien d'une fuite, les causes de ma peur... Tout se mélangeait chaque fois que j'essayais de me rappeler et j'avais l'étrange sensation que ce n'était pas un rêve ou un cauchemar comme les autres, mais tout simplement un fragment de mon existence, celle que j'aurais vécue il y a si longtemps, comme si je portais en moi ce morceau de passé, comme si j'avais une énigme à résoudre pour le libérer.
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Alysatis reste bien consciente que la sécurité de Montségur ne tient qu'à un fragile fil, pourtant elle est toujours restée accrochée à l'espoir d'un renouveau ou d'un monde meilleur, confiante en l'évolution des mentalités et revendiquant le flambeau de la liberté. Elle ne se leurre pas pour autant. Les chevaliers logés à Montségur, dont Pierrick le principal fleuron de leur cavalerie, vont et viennent autour du château, cédant parfois à l'effervescence et lui rappelant chaque jour ce climat d'insécurité.
(...)
Alysatis a senti son cœur s'emballer lorsque l'armée, forte de dix mille hommes a planté ses tentes au pied du village. Elle a alors bien compris ce jour-là que sa vie allait sûrement beaucoup changer. Aujourd'hui elle le sait, sa liberté s'est envolée, elle ne peut plus aller cueillir ses plantes dans la forêt, elle ne peut plus sortir de l'enceinte du château. Tous, que ce soit les parfaits, les laïcs, les religieux ou les combattants, sont prisonniers de cette enceinte. (...) En cette période de froid rigoureux, environ cinq cents hommes, femmes et enfants vivent ainsi sur leurs uniques réserves mais celles-ci ne sont pas éternelles et chacun en prend conscience au jour le jour.
Alysatis se demande comment elle va pouvoir continuer à soigner lorsque ses réserves de plantes sauvages seront consommées. Elle a déjà commencé à en semer quelques graines dans son petit jardin à l’abri du rempart mais ses essais restent peu fructueux et le froid vif de la saison a souvent raison de ses plantations.
Elle est inquiète mais a décidé d'affronter une bataille à sa façon. Elle vaincra le froid et les maux de l'hiver, elle vaincra la peur et les doutes, elle vaincra la suspicion et l'inquisition. Une formidable force est née au creux de son cœur depuis l'approche des hostilités comme si elle prenait conscience qu'elle avait un rôle à y jouer, aussi petit soit-il.
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Quallisto se promène paisiblement, ses naseaux libèrent de longues volutes de fumées dans le brouillard humide et froid de ce matin d'octobre et Pierrick se plaît à observer, tout là-haut, la citadelle de Montségur, fière et altière, perchée sur son puig, comme si elle s’entraînait déjà à narguer ses ennemis inquisiteurs et croisés.
Quallisto arrête sa marche derrière un gros buisson en retrait de la rivière. Il semble qu'il ait remarqué quelque chose d'anormal. Les pensées volubiles de Pierrick fondent immédiatement, son sang ne fait qu'un tour, sa main se crispe sur le pommeau de son épée sans laquelle il ne quitte jamais la citadelle, il est aux aguets, craintif et prêt à combattre. Il descend de son cheval et essaie d'alléger ses pas sur le tapis de feuilles mortes pour ne pas être trahi par sa marche. Il contourne le buisson mais ne remarque absolument rien. Quallisto est toujours dans l'expectative mais ne semble nullement craintif, ce qui le rassure dans sa quête. Et puis, tout à coup, derrière un arbre encore feuillu, Pierrick aperçoit sur l'autre rive de la rivière l'objet de ses craintes infondées et sourit.
Accroupie au milieu de son immense cape de laine verte, une jeune fille s'affaire à ramasser des plantes une à une et à en former de petits fagots enroulés dans des bandelettes de tissu pour les déposer dans son panier. Elle est concentrée et imperturbable ; elle ne semble pas avoir remarqué la présence de Pierrick et de son cheval. Il hésite mais décide de ne pas se manifester et de garder cette entrevue secrète. Ce sera le cadeau que lui aura offert sa journée naissante.
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Presque tous les matins on peut l'apercevoir au bord du petit ruisseau juste en lisière de la forêt en contrebas de la citadelle. Drapée dans son lourd manteau de laine verte, on dirait qu'elle cherche à se fondre dans les tons de la nature. Ses longs cheveux blonds vénitiens tombent en cascade sur ses épaules. Comme d'habitude, elle n'a pas eu le temps de s'apprêter pour son escapade dans la rosée matinale, elle les a juste attachés pour ne pas qu'ils la gênent lors de sa cueillette. Si son père la voyait ainsi seule, dans un tel accoutrement et de si bonne heure par delà la vallée, il serait certainement fou de rage et il aurait peut-être raison. Mais on lui a enseigné la cueillette des plantes depuis sa plus tendre enfance. Sa grand-mère le lui a moult fois répété : il faut collecter les plantes avant le lever du soleil, ceci afin de conserver la précieuse rosée déposée sur les feuilles et les fleurs. Eulalie, sa grand-mère, nommait cela l' « or du millième matin des alchimistes ». Elle s'était toujours posé des questions quant à cette appellation mais elle suivait scrupuleusement les conseils d'Eulalie, en mémoire d'elle, mais aussi pour continuer sa quête médicinale. Depuis des années, de nombreux malades venaient lui rendre visite à la citadelle, plus ou moins secrètement, car elle n'était pas à l’abri d'être injustement accusée de sorcière par des âmes jalouses et mal intentionnées. Sur son lit de mort, c'est à sa petite fille qu'Eulalie a légué sa médecine, sachant qu'elle serait prête à assumer un tel rôle.
Nous sommes en l'an 1242, à Montségur, dans l'arrière pays ariégeois.
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Les futurs martyrs ont le temps d'envisager et de se préparer à leur fin terrestre. Certains font preuve de plus de force que d'autres. Quelques-uns gardent un lien étroit avec les « faux délices » du Monde, et doivent trouver l'aide et le soutien auprès de leurs frères pour emprunter cette voie étroite jusqu'à la mort. Personne n'est contraint à mourir et Pierrick se demande quelle voie a choisi Alysatis. Il a si peur qu'elle ait demandé le consolamentum afin de mourir en Parfaite, suivant les traces si proches de sa grand-mère Eulalie. Il a si peur que sa soudaine disparition conforte ce choix. Il a si peur de ne jamais la revoir si ce n'est dans les flammes d'un brasier, résultat de la folie humaine.
Peu à peu, une atmosphère d'exaltation gagne les habitants de Montségur. A chaque coin de rue, à l'angle de chaque place, on peut percevoir ce ressenti et cette béatitude, même de la part des simples croyants. Les Parfaits distribuent leurs pécules et leurs biens : un bonnet, une bourse, des souliers, de l'argent, du froment, du sel, de la cire, de l'huile, du poivre... Quelques croyants viennent demander le consolamentum à l'évêque Marty : parmi eux Maquésia Hunaud de Lanta, Corba et Esclarmonde de Pereille, la belle-mère, la femme et la fille du seigneur Raimon de Pereille ; ce dernier doit accepter non sans peine et déchirement le fait que trois générations de sa lignée aient décidé de disparaître au nom de la foi cathare. Lui qui restera ici-bas ne sera plus jamais comme avant, il ne le sait que trop bien.
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