Le narrateur, un homme d'âge moyen nommé Christian Kracht, se rend à contrecoeur à Zurich pour retrouver sa mère malade et sénile. Lorsqu'il arrive à son luxueux domicile, la vieille femme à moitié ivre l'accueille avec des reproches et Christian décide, à son propre étonnement, d'embarquer sa mère pour un road trip à travers la Suisse. Frau Kracht s'arrête pour retirer à la banque une grosse somme d'argent, principalement acquis grâce à l'industrie de l'armement dans laquelle la famille richissime a investi, afi n de dilapider sa fortune au cours du voyage.
Entre virée dans un hôtel d'extrême-droite, tentative de braquage, crainte d'overdose et appel du grand large, le duo mère-fils revient sur le passé trouble de la famille, en lien avec le nazisme, et sur leur incapacité profonde à communiquer.
" Eurotrash " est l'histoire tragi-comique et spectaculaire d'une famille et de ses démons. le roman s'attaque aux questions de la culpabilité et de la honte héritées, et dresse un portrait touchant et complexe d'une mère toxique. Avec un art consommé du divertissement, l'auteur fait converger les fils de sa propre oeuvre et nous emmène aux sources de la création littéraire.
L'auteur
Christian Kracht est né le 29 décembre 1966 à Saanen, en Suisse. Écrivain de langue allemande, cinq de ses romans ont été traduits en français : " Fin de party " (Denoël, 2003), " Je serai alors au soleil et à l'ombre "
(Jacqueline Chambon Éditeur, 2010), " Imperium " (Phébus, 2017), " Les Morts " (Phébus, 2018) et " Faserland " (Phébus, 2019). Il vit entre l'Europe et les États-Unis.
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Son père était mort un an plus tôt. Sans crier gare, comme si le décès du père pouvait avoir été un premier signe annonciateur de sa propre mortalité, l’entre-deux-âges avait fait son apparition, subrepticement, du jour au lendemain, avec toute sa dissimulation pudique, avec l’épanouissement secret de son pathétisme, la constance pourpre de son apitoiement sur soi. P 16
Chaplin prit la parole, déclarant que la Chine ne pouvait être pacifiée que par l'élimination totale des innombrables warlords, les communistes n'avaient pas la moindre chance, seul le Japon était encore à même de se rendre maître de la situation d'anarchie qui s'était emparée d'une large partie de l'Asie.
L’ésotérisme constitue une partie de l’histoire culturelle propre à la langue allemande. Cela apparaît au XIXe siècle autour des idées bizarres de Rudolph Steiner, de Mme Blavatskyet d’autres. A partir de là s’ouvrent deux types de chemins. Le premier est celui de Steiner, c’est le bon. L’autre, celui d’Ahriman, le côté du mal, est celui de Hitler. En Suisse, l’ésotérisme a pris une forme plus aimable autour du Monte Verita, de C. G. Jung, etc. Récemment je me suis rendu à Bâle pour l’anniversaire du chimiste Albert Hofmann , qui n’est autre que l’inventeur du LSD ! Ce pays est bien plus intéressant qu’on ne le croit.
Chaplin prit la parole, déclarant que la Chine ne pouvait être pacifiée que par l'élimination totale des innombrables warlords, les communistes n'avaient pas la moindre chance, seul le Japon était encore à même de se rendre maître de la situation d'anarchie qui s'était emparée d'une large partie de l'Asie.
Qui voulait - il provoquer ? lui ai- je alors demandé , et il a répondu , la gauche , les nazis , les écolos , les intellectuels, les chauffeurs de bus , tout le monde quoi .
Je n’ai pas tout à fait compris mais j’ai noté ça dans mon for intérieur .
...elle était comme un feu qui dort dans le caillou.
Ne voulant pas perdre le contact avec elle ni céder à un état de résignation ou de désespoir, j'avais finalement décidé d'aller la voir tous les deux mois. Oui, j'avais décidé d'accepter tout bonnement la détresse dans laquelle ma mère végétait depuis des décennies, dans son appartement, entourée de bouteilles de vodka vides roulant sur le sol, de factures non décachetées envoyées par les divers fournisseurs de zibeline zurichois et des emballages en plastiques crépitants de ses boites de calmants.
Or là, elle m'avait contacté elle-même et demandé de venir, alors que d'habitude elle attendait toujours que je fasse mon apparition, à ce rythme bimestriel, à Zurich. La plupart du temps, elle voulait que je lui raconte une histoire. Son appel téléphonique m'avait rendu, comme je l'ai dit, encore plus nerveux que ne le faisaient déjà ces visites, parce qu'elle avait une idée derrière la tête, elle avait soudain le dessus, cela venait d'elle en quelque sorte, alors que d'ordinaire elle gardait le silence et attendait.
Quand nous voyons souffrir quelqu'un, nous avons tendance à vouloir presque tout lui pardonner.
Le terme "planteur" n'était pas approprié, il supposait de la dignité, un commerce expert avec la nature et les nobles prodiges de la croissance, non, il fallait plutôt parler d'administrateur, car c'était exactement ce qu'ils étaient, des administrateurs du progrès, ces philistins avec leurs moustaches taillées à la mode berlinoise ou munichoise d'il y a trois ans, sous des nez aux ailes couperosées qui tremblaient violemment à chaque expiration, et, en dessous, leurs lèvres palpitantes, bouffies, auxquelles pendaient des bulles de salive comme s'il ne manquait à ces dernières que de pouvoir se libérer de leur adhérence labiale pour s'envoler dans les airs, telles les bulles de savon en suspension soufflées par un enfant.
Les morts sont des créatures immensément solitaires, entre eux, il n'y a pas de cohésion, ils naissent seuls, meurent et renaissent également seuls.