Citations de Christian Poslaniec (112)
Ta voix fait jaillir l'herbe fraîche
La mienne évoque les étangs gris.
Pierre Midoux
D'UN GRAND TROU NOIR...
D'un grand trou noir
Sortit
Comme si de rien n'était
L'enfant
Dans sa petite main fermée
Se trouvait
Tout recroquevillé en boule
Le rire
Et quand l'enfant le lança
Dans l'air
Il éclata comme une fleur blanche
Au printemps
Paule GUERARD - Etreintes cosmiques, 1976
Michèle Voltaire Marcelin : inconnue sur Babelio ! incroyable !
Mensonge.
Ils m'ont menti, ceux qui m'ont dit un jour je serais plus tranquille.
Ils m'ont trompée. Rien ne meurt avec l'âge.
Ni l'envie d'amour, ni celle des baisers.
Et mon coeur fou me fait parfois oublier ce corps encombrant
alourdi par les ans.
Si facilement séduit pourtant, si pas de trop près,
un homme aux yeux trop doux.
Et je tressaille du même désir, cent fois retrouvé, quand un danseur me chavire,
ses doigts agrafés à mon cou.
Quelle chaleur soudain m'envahit à un éclat de rire ?
Me donne envie de mordre à pleines dents ces lèvres heureuses ?
Ils m'ont menti.
Je ne fais le deuil de rien.
J'ai dans mes jambes des envies de courses à perdre haleine dans les broussailles inondées de soleil, vert et ciel mélangés, cheveux défaits,
épaules nues au vent.
Des envies de culbutes aux membres emmelés.
Des baisers dont la saveur serait celle de la pulpe des mangues et m'empliraient la bouche de leur sirop de miel.
D'une langue qui aurait la fraîcheur de l'eau d'une fontaine.
J'ai des envies de sexes dur comme du verre.
Des envies de peau chaude et d'aisselles dont je lècherais le sel, et plus bas encore dans l'odeur de fougère.
Je rêve à la brûlure si douce du sable à la plante des pieds.
Du cri arraché au plaisir comme celui de l'oiseau soudain désencagé.
J'ai dans mes mains des envies de caresses, dans mes oreilles le doux gémir qui suit une nuque frôlée.
Et vous passez sans me voir, laissant flotter autour de moi votre parfum de bête libre.
Sans savoir que mes yeux vous ont déjà appuyé contre ce mur et mes bras cadenassé votre corps . Que je vous ai de la tête aux pieds, comme une menthe, sucé. N'avez-vous pas senti mes doigts dans vos cheveux ?
Et du plus loin que je me garde, très loin de vous, lorsque je vous regarde, ne sentez-vous pas cette jouissance qui roule en moi ?
Vous ne savez donc pas qu'ils m'ont menti, ceux qui m'ont dit un jour, je serais plus tranquille ? Amours et bagatelles 2009.
Avec les intellos faut causer comme eux, sinon y comprennent que dalle.
Ne me cherche jamais
Tu me cherchais?
Ne me cherche jamais,
je suis là,
embrassée du coeur aux chevilles
dans tes mains d’homme et ta mémoire.
Et nouée comme une pièce d’or
dans le trésor confidentiel de ta vie,
brigandée dans l’envers du temps…
Ne me cherche jamais,
je suis là,
la nuit peu sécher ses grands trains d’herbes fauves
et lancer sur ses rails le convoi des saisons,
elle peu bien passer de l’une à l’autre
sur ses passerelles d’orages ou le ventre sans ciel
des froids,
elle peut bien apporter ce qu’elle voudra,
ce qu’elle pourra,
sa rançon de fatigue ou sa ruée de rêves,
je suis où tu voulais que j’aille.
Ne me cherche jamais,
Nous allons là où ceux qui s’aiment vont ensemble,
épaule contre épaule,
dans le vent des solstices…
(Colette Seghers)
V
je te vois dansevibrer devant mes yeux
Et vacille le pinceau qui viregraffe sur la feuille vide
Je te vois dansefloue au vif accéléré
Et s’affole le pinceau qui virevolte voltevire
Je te vois valser langouveureuse
Va et vient doucevolant sur la feuille
Je te vois Vénus évanedanse
sur ma feuille bellevue de la vie
Tu me donnes ta beauté vie à vie
Vaguevolantes de nos regards croisés
Levent BESKARDÈS
Les mains fertiles, 50 poètes en langues des signes, 2015
J'écris pour apaiser les scrupules de l'herbe
Pour mettre un peu d'amour dans le foyer du vent
Pour permettre à l'oiseau de s'éveiller proverbe
Pour agrandir l'espace, éterniser l'enfant,
Jean Rousselot Mailles à partir 1961
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour Justice et le mot Liberté
Paul Eluard 1945
On n'invente jamais seul la patience la confiance
Nous tenons leurs fruits en main
Grâce à des millions d'amis
qui furent patients confiants
longtemps avant nous, pour nous
Alger, Capitale Alger, 1963
Quand on veut les éduquer,
on apprend aux canards
à aller au petit coin-coin.
En période de chasse d'eau,
naturellement.
L’eau perpétuelle
Quand je glisse en tes yeux,
Une allée me prolonge
Loin du mortel pays.
Amour, il fallait bien que tu sois.
Au bord des rives où tout trépigne et s’efface;
Il fallait bien que l’eau perpétuelle
Nous donne ce qui est plus que la vie.
(Andrée Chedid)
C'est alors qu'accourut soudain Renart, qui dit à Isengrin : "Ici, il y a plein de poissons. C'est avec ça que nous pêchons les anguilles et les barbeaux." "Frère Renart prenez ce seau, attachez-le bien à ma queue," Ce que Renart fait comme il peut. Puis dit : " Surtout ne bougez pas! Il faut sagement rester là, pour laisser les poissons venir." Et le rusé va s'accroupir, près d'un buisson, en bonne place, laissant Isengrin sur la glace.
Partout l’enfance a semé les levains qui prolongent
sous le couvert de l’oubli,
dans les vases qui fermentent,
les émotions anciennes.
Michel Baglin
De plaisir, Fred Lombric se frotta les mains. C'est alors seulement qu'il se rendit compte qu'il n'avait pas de mains. Sa joie se transforma en perplexité. Il commença à sa demander comment il avait fait pour écrire la fameuse annonce, même rédigée en vers. Si bien qu'il passa le reste de son existence à se poser des questions insolubles. (p.45)
Mais Renart ne s'en soucie guère :
Il y a loin entre dire et faire.
D'ailleurs il est fort occupé,
Car, allongé sur les paniers,
Il en ouvre un avec les dents
Et avale si goulûment
Un si grand nombre de harengs
Qu'il le vide complètement
Sans même réclamer le sel.
La nuit a d’étranges frissons
qui vous laissent les larmes aux yeux
l’amour a d’étranges secondes
qui vous laissent la glace au cœur
ses mains ont d’étranges audaces
qui me laissent le cri aux lèvres
sa voix a d’étranges caresses
qui me laissent la fièvre au corps
le ciel a d’étranges tendresses
qui vous laissent les bras tendus
(Patricia Ahdjoudj)
Là-bas il n’y aura…
Là-bas il n’y aura que l’herbe et toi
pense au silence d’un paysage heureux
où glissent les troupeaux de laine
je vivrai dans tes yeux pour oublier la ville
avec un toit de brume
à l’heure profonde des enfants
pense aux midis blancs
aux fraîcheurs nocturnes
au rayonnement du pain sur la table
aux soleils frais de septembre
quand nous tendrons les bras vers les feuilles d’eau
(Maïa Touzelet)
« A la chasse, les lapins gagnent parfois.
Malheureusement,
on les oblige à rejouer
le dimanche suivant ! »
La neige fond en granulés sur les roches du bord de mer. Les escarpements étagent leurs glaces en offrandes liserées d’embruns. À peine interrompu, l’ancien câble transatlantique sort effiloché de l’océan, sous les ruines de la cabane du télégraphe. De Bretagne, il parvenait là, avant d’être renvoyé vers la Nouvelle-Écosse et Saint-Jean-de-Terre-Neuve, ou de courir, encarté dans la terre, vers l’agglomération de Saint-Pierre. Autour des fondations, les pelouses marines portent encore des ombres de cultures.
Révolte
La mort, seule immortelle,
je sais qu’un jour elle m’emportera.
Je m’insurge,
maudis le fatal rendez-vous,
insulte l’ignoble bête noire,
mais ne perds de la vie
la moindre goutte de son miel.
// Frédéric Jacques Temple