Citations de Christian Signol (1112)
Le geste de cet homme, le premier Français à leur ouvrir sa porte, donna à Luis envie de s'installer avec Soledad dans ce village au cœur de la forêt.
Persuadé que la vie avait repris ses droits, Luis s'endormit un peu plus tard avec, pour la première fois depuis longtemps, l'impression d'un bonheur accessible.
Malgré les avions, malgré la guerre, les paysans travaillaient dans les champs. Car la terre n'attendait pas. La terre se moquait de la guerre.
Elle eut l'envie soudaine de rebrousser chemin, d'arrêter là cette folle odyssée où se perdaient son enfance, sa vie, tout ce qu'elle avait aimé.
Atterrés, Soledad et Luis découvraient comment les luttes d'influence, les querelles de clans et de personnes, la folie des uns et l'orgueil des autres avaient jeté Madrid et Barcelone dans la plus sombre anarchie.
Ebahis, ils écoutèrent le Madrilène raconter que depuis les affrontements de l'été, les partis de la République s'entre-déchiraient. Selon lui, ils ne valaient pas mieux les uns que les autres et leurs dirigeants pas davantage.
Elle avale sa salive, l'embrasse encore une fois et, fermant les yeux, se lève péniblement, prend sa sœur par la main et commence à remonter la pente après un regard inutile vers le rocher qu'elle est incapable de distinguer. Elle sent un tel vide en elle qu'elle se demande un instant si elle n'est pas morte. Car c'est peut-être cela la mort : un grand froid, une soudaine distance, une douleur diffuse dans chaque pouce de chair, un éblouissement dont on reste aveugle pour toujours.
Ne répétait-elle pas qu’il ne fallait jamais se retourner vers le passé et que de toute façon le meilleur de la vie était toujours à venir ?
Chaque fois qu'il pensait à cette terrible accélération de la fuite des jours - de plus en plus perceptible, de plus en plus rapide -, une sensation de chute libre nouait son estomac jusqu'au vertige.
Le coupable était l'un de ces énergumènes très hostiles, complètement inadaptés, désespérés sans doute, et qui ne disposaient que de la violence pour exprimer leur opposition envers un monde dont ils savaient parfaitement qu'ils ne l'intégreraient jamais.
Comment regretter une campagne qui se transformait à ce point, un monde qui n'était plus le sien ? Il se sentit en paix avec lui-même : c'était ainsi et c'était bien.
Entendre ce grand gaillard, bientôt PDG d'une multinationale, prononcer ce mot venu de l'enfance lui fit en effet comprendre que les enfants demeuraient les enfants de leurs parents pour la vie, quel que fût leur destin.
Tous les paysans travaillent avec ça aujourd'hui. C'est le seul moyen d'obtenir de bons rendements à l'hectare. L'agriculture de papa, c'est fini, crois -moi!
Antoine devait repartir, quitter le refuge un moment retrouvé, affronter la dureté, parfois la malveillance, mais se réchauffer aussi au feu de l'amitié, des livres, des découvertes et du savoir.
Ce gouffre entre les deux univers qu'il fréquentait lui faisait mesurer à quel point ils étaient différents, et chaque fois il avait l'impression de trahir l'un en quittant l'autre, et inversement.
Et, des nuages au ventre d’ardoise montèrent rapidement au-dessus des collines.
Moi qui avais toujours couru après le temps, je découvrais dans l’immobilité forcée une pesa qui me faisait mesurer le poids de la vie soudain arrêtée, la conscience d’être vivant uniquement pour soi, la pensée profonde d’exister sans rien avoir à faire d’immédiat
Comme si l’essentiel,précisément,trouvait sa juste mesure dans ce que l’heure présente offrait de menus plaisirs, une satisfaction adaptée à l’existence étroite mais parfaitement maîtrisée qu’il menait
Mis à nu, face au danger et à la mort, les malades trichaient peu. La peur, la faiblesse dans lesquelles ils se débattaient ne les incitaient pas à simuler quoique ce soit. Souvent les masques tombaient, ce qui permettait d’aller au fond des choses et de soigner les plaies.
Un homme en souffrance a toujours besoin d’entendre des propos qu’il espère. Ils l’apaisent, surtout la nuit, quand l’insomnie emplit l’ombre où gisent seul pour faire face à la peur et à l’angoisse, ceux que la maladie a frappé… Il savait désormais que l’attention portée à un homme et une femme qui souffrent les réconcilie avec cette part d’eux-mêmes qui les a trahis.