Je suis né dans un petit lit, dans une petite chambre, dans une petite maison d'un petit village situé tout en bas à droite d'un très petit pays appelé Pays de Galles.
La vérité c'est qu'à moins d'avoir vécu au Pays de Galles ou en Irlande, vous ne pouvez pas savoir ce que c'est que la pluie, la vraie pluie. J'ai entendu dire que les Inuits avaient des tas de mots pour désigner la neige; eh bien, pour des raisons similaires, les Gallois ont des tas de façons de dire qu'il pleut.
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Au pays de Galles, on disait qu’il vase, qu’il flotte, qu’il sauce, qu’il pleuvasse, qu’il pleuvine, qu’il pleuvote ou que ça crachine qu’il tombe des cordes et des hallebardes, qu’il pleut à verse, à seaux , à torrents et comme vache qui pisse. On dit que la pluie cingle, qu’elle fouette, qu’elle transperce. On parle de cataracte, de déluge, de bonne pluie, de mauvaise pluie, de pluie envoyée par Dieu et de pluie du diable. De la pluie qu’on n’a pas volée et de celle dont on se serait bien passé. De la pluie qui dure, de la pluie attendue ailleurs et même parfois de la pluie prévue pour ailleurs, cet ailleurs se trouvant probablement aussi au pays de Galles.
Les Gallois ont des petites pluies, de grosses pluies, des pluies battantes et des pluies diluviennes. Des pluies chaudes et des pluies froides. Eh oui, il pleut tellement au Pays de galles que les habitants ont besoin, pour en parler avec un minimum de précision, d’un tas de verbes et d ‘épithètes sans équivalent nulle part ailleurs .