Par la grâce du commissaire Saint-Antoine, Ciceron Angledroit se retrouve à Saint-Malo, parce que la famille, c’est sacré.
Je m’explique : Saint-Antoine est marié, à Mireille. Celle-ci a un demi-frère, Loïc, qui vit en Bretagne. Veuf, il est le père de Gwendal, ostréiculteur de son état. Or, Gwendal a disparu, et l’homologue de Saint-Antoine à Saint-Malo, un certain Hugo Buan (toute ressemblance entre le nom de ce policier et celui d’un auteur de polar breton publié aux éditions du Palémon est bien sûr totalement fortuite) n’en a cure. Gwendal est adulte, il fait ce qu’il veut, sa disparition n’est pas si inquiétante que cela. Essayez d’expliquer cela à Mireille Saint-Antoine, je vous souhaite bien du plaisir ! Elle met la pression à son mari, afin qu’il retrouve son neveu, je vous le dis, la famille, c’est sacré ! C’est pour cette raison que Saint-Antoine missionne Cicéron, Vanessa, Momo, d’une grande lucidité, en Bretagne – et René les rejoint, ce qui n’était pas tout à fait prévu. Sa vie sentimentale est en effet particulièrement multiple, prolifique, débridée. Son franc-parler est aussi particulièrement détonnant, pas du tout politiquement correct – si tant est que l’on utilise encore cette expression ! Lui en utilise beaucoup, d’expressions, il est notamment très doué pour obtenir très vite tous les renseignements nécessaires auprès d’un témoin clé. René, un auxiliaire indispensable dans la ville natale d’un autre René, auteur d’un livre nommé René.
Il faut dire que Loïc Le Goff, le frère de Mireille, est quelqu’un qui fera tout pour mettre à l’aise Cicéron, pour que lui et ses amis ne manquent de rien. Cela prendrait presque des allures de vacances, n’était l’enquête, qu’ils prennent bien sûr très au sérieux. Loïc ne leur cachera rien de ce qu’il sait, parce que, justement, il ne sait pas grand chose de son fils, de ce qu’il a pu faire, non du point de vue professionnel, mais du point de vue personnel. En effet, Gwen est gay, et c’est à peu près tout ce que son père sait. Non, il ne l’a pas rejeté. Disons plutôt qu’il n’a pas fait montre de suffisamment d’ouverture d’esprit pour chercher à accueillir son fils, à l’accepter, encore moins pour en savoir plus sur sa vie sentimentale. C’est tout juste s’il ne découvre pas dans la salle de bain de son fils la présence de deux brosses à dent, et de beaucoup d’autres affaires, prouvant ainsi que Gwendal avait quelqu’un dans sa vie – ce quelqu’un ayant disparu lui aussi.
Ce n’est pas que Cicéron et les siens vont prendre leur temps, c’est surtout qu’il n’est pas toujours facile d’enquêter. Tous les disparus n’ont pas envie d’être retrouvés ! Oui, les disparitions volontaires, cela existe. Reste à savoir pour quelles raisons. Des pistes, il y en aura, des rebondissements aussi. Certaines péripéties ont eu des conséquences fâcheuses, d’autres auraient pu en avoir. La vie en Bretagne n’est pas toujours des plus reposantes.
Et si le vrai sujet du livre n’était pas tant de retrouver Gwendal et Jordan (son compagnon) mais plutôt d’amener son père à accepter enfin son fils tel qu’il est ? Il est, heureusement, des personnes capables de se remettre en cause, d’évoluer, et c’est tant mieux.
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