Chapitre 4 :
" J'essaie de me souvenir de quelque chose que j'aurais pu oublier, mais je ne trouve pas.
Si tu me vois, ce serait où ?
Chez Vic.
Savais pas que tu venais.
Dimanche = football
Je fronce le sourcils, en essayant de me rappeler depuis combien de temps je n'ai pas regardé un match avec eux.
Vic oublie toujours que je vis temporairement chez lui.
Ah ?
Disons que, ce matin, j'ai dû m'habiller en vitesse et quitter la maison nettement plus tôt que prévu pour un dimanche.
LOL. Désolé. Et où tu es, là ?
Sortie prendre un petit déj.
Tu veux passer ? Tu peux même finir ta nuit ici, si tu veux.
Là je me fige et regarde l'écran, les yeux ronds.
Enfin... je n'ai pas voulu dire : avec moi.
Je commence à taper un message, mais je suis en train de l'effacer lorsque le sien me parvient.
Bon, écoute, comme tu ne réponds plus, je t'appelle.
Le téléphone vibre une seconde après et je décroche en me grattant la gorge pour m'éclaircir la voix.
- Ce n'est pas que je voulais... enfin...
Sa voix. Dieu, que j'aime sa voix. Elle est grave, profonde. On dirait toujours qu'il vient de se réveiller.
- Pas de souci. Tout va bien, merci.
- Je ne crois pas qu'on se soit jamais parlé au téléphone.
- Il ne me semble pas non plus.
Et j'ajoute pas le reste de ma pensée : Parce que tu es un salaud, parce que tu es parti, sous prétexte que j'étais la meilleure amie de ta sœur, parce que tu ne voulais aucune relation amoureuse, à aucun prix.
- Eh bien, voilà qui est fait. Bon, je voulais juste que tu ne prennes pas mal ce que j'ai écrit... À moins, bien sûr, que l'idée ne te déplaise pas. Auquel cas, ce ne serait ps pour me déplaire, moi non plus.
..."
-Et toi, Stelle, qu’est-ce que tu veux ? Tu veux que je t’embrasse, tu veux qu’on baise, tu veux te persuader que c’est moi l’ouragan qui veut ravager ta vie ?
La voix toujours aussi rauque, il se frotte contre mes fesses. Un autre gémissement m’échappe, malgré moi. Il se tait, je rouvre les yeux. Je me dégage et je me retourne vers lui. Il me regarde, les yeux mi-clos, les cheveux emmêlés, sexy en diable.
Sexy ? L’adjectif semble avoir été inventé pour lui. La photo d’Oliver Hart illustrant la définition de « sexy » dans le dictionnaire. Mais cette fois, je ne me laisserai pas distraire…
Je ne peux pas dire que je me sens plus complète quand il n’est pas là, mais avec lui, j’ai l’impression d’être une version plus achevée de moi-même. C’est peut-être cela qui m’a toujours attirée chez Oliver ; il me rend heureuse et fière de ce que je suis et je n’ai pas besoin de changer de personnalité ou de faire semblant quand je suis avec lui. Je n’ai qu’à être moi-même, tout simplement, et jamais le fait de l’être ne m’a fait me sentir aussi bien.
La vie est ainsi faite. Je ne pouvais pas attendre de Mia qu’elle comprenne. Je n’espérais pas qu’elle comprenne, mais en la regardant faire son sac, comme j’avais regardé la première femme de ma vie faire son sac des années plus tôt, je ne pus m’empêcher de me demander ce que j’aurais pu faire pour que ça n’arrive pas.
Éviter de coucher avec cette fille de mon cours de poésie. Ça, c’était une certitude. Une évidence. Mais même avant ça, je regrettais de ne pas m’être accroché un peu plus à Mia. Je regrettais de ne pas lui avoir parlé davantage. Je regrettais de ne pas l’avoir suppliée de m’accompagner. Si seulement je pouvais essuyer les larmes sur son visage. Mais elle ne me laissait pas l’approcher.
« Penses-tu qu’on doive écouter son cœur en toutes circonstances ? Est-il même possible de ne pas l’écouter ? »
Réponse : Parfois, quand on ne l’écoute pas, les conséquences sont plus graves dans la réalité qu’elles ne le sont dans notre esprit.
Je me dis que j’avais aimé cette fille toute ma vie, et je savais que je l’aimerais jusqu’à la fin de mes jours. Peu importe que je sois obligé de retourner à New York et de me marier avec une quasi-inconnue, ou que mon avenir soit entre les mains de son père, ou que le bébé qu’elle attendait soit le mien. Rien n’importait plus que la perte de la personne la plus précieuse de toute ma vie. Quoi que nous réserve l’avenir, quoi qu’il me réserve, je savais que je ne la récupérerais pas. Je ne la méritais pas.
Selon moi, les événements importants d’une existence se produisent afin que nous mesurions nos progrès dans la vie. Les mariages en font partie. Lorsque toutes mes amies commencèrent à se marier, et que je me retrouvai seule dans mon coin, comme la fille qui fait typiquement tapisserie, je compris que toutes les personnes qui faisaient partie de ma vie avançaient un peu plus vite que je ne le voulais.
Je n’ai jamais compris pourquoi les gens se croient obligés de se rendre à un mariage accompagnés. Est-ce par peur de passer pour des nazes parce qu’ils ne sont pas en couple, alors qu’une personne de leur entourage est justement en train de se marier ? Moi, je n’avais pas peur d’être seule. Je n’avais pas besoin de la présence d’un homme auprès de moi pour savoir ce que je valais, merci bien.
Lorsqu’il me regardait comme ça, comme s’il ne voyait plus que moi, mon cerveau avait du mal à fonctionner normalement. Le paquet de chips était tombé, tandis que la bouteille de Coca tremblait dans ma main droite. Mon sac à main avait glissé de mon épaule à mon coude. Mon cœur s’était mis à battre plus vite lorsqu’il s’était dirigé enfin vers moi et avait pris mon visage entre ses mains.
Pour écrire ce livre, Mia va à la plage, je me suis inspiré d’une fille que j’ai aimée. Une fille qui m’a autant aimé que blessé. Mais ce qu’elle m’a apporté avant tout, c’est de l’espoir. Elle était présente quand tous les autres m’ont tourné le dos, et parfois, on n’a pas besoin de plus… que la présence de quelqu’un.