Claudine Vegh, psychiatre et psychanalyste, a publié en 1979 sa thèse : « Je ne lui ai pas dit au revoir ».
Elle a recueilli dix-sept récits autobiographiques auprès d'hommes et de femmes qui ont perdu leurs parents (tantôt la mère, tantôt le père, parfois les deux) dans les camps d'extermination.
Les témoins avaient alors entre cinq et treize ans; auteur les choisis parmi ses amis, ses relations.
Entre un père qui est mort pour que nous puissions vivre, et une mère qui a délibérément sacrifié sa vie de femme pour ne pas nous imposer un autre homme au foyer, on part déjà bien "endetté" dans la vie.
L' étoile, je l'ai portée, mais c'est une scène avec mon père qui me reste: la première fois qu'il l'a cousue sur son manteau, il l'a entourée des décorations françaises qu'il avait reçues pendant la guerre 14-18. Quand il est descendu dans la rue, les voisins l'ont félicité, un cycliste inconnu s'est même arrêté pour lui serrer la main; mon père était ému en nous le racontant.