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Citations de Colette Peignot (28)


Pourquoi, en allant jusqu'au bout de ma pensée, ai-je toujours l'impression de trahir ce que j'aime le plus au monde et de me trahir moi-même sans que cette trahison soit "évitable"? Si vous sentiez toute l'angoisse vécue et à vivre dont ce pourquoi est chargé, vous essaieriez de répondre, mais il n'y a pas de réponse possible. C'est en soi que l'on porte l'opposition la plus dangereuse.
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… Je n’habitais pas la vie mais la mort.
Aussi loin que je me souvienne
les cadavres se dressaient tout droit devant moi :
« Tu as beau te détourner, te cacher, renier…
Tu es bien de la famille et tu seras des nôtres ce soir. »
Ils discouraient, tendres et sardoniques,
ou bien,
À l’image de ce christ, l’éternel humilié,
l’insane bourreau,
ils me tendaient les bras.
De l’occident à l’orient
de pays en pays
de ville en ville
je marchais entre les tombes.
Bientôt le sol me manqua.
Qu’il fût herbu ou pavé,
je flottais,
suspendue entre ciel et terre,
entre plafond et plancher.
Mes yeux, douloureux et renversés,
présentaient au monde leurs lobes fibreux,
mes mains, crochets et mutilés,
transportaient un héritage insensé.
Je chevauchais les nuages
avec des airs de folle échevelée
ou de mendiante d’amitié.
Me sentant quelque peu monstre,
je ne reconnaissais plus les humains
que pourtant j’aimais bien.
On me vit atterrir
au ciel de Diorama
où glacée jusqu’aux os
je me pétrifiai lentement
jusqu’à devenir
un parfait accessoire de décor.
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Sachez le, j'ai horreur de l'apitoiement et - même actuellement - je ne me sens nullement pitoyable et même actuellement il m'est impossible d'envier aucun être au monde. J'envie peut être une chose, un état, c'est la santé -cela oui - Et encore! Mon mal est si profondément lié à ma vie qu'il ne peut être séparé de tout ce que j'ai vécu. Alors? Peut-être est-ce encore une de ces malchances qui se muent en chance.
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Qu'est-ce qu'une conviction non prouvée ? Une certitude qui ne passe pas dans les faits ? Une solidarité verbale ?... La pensée entrave le geste et on reste là coincée. La pensée ? Pendant qu'on pense restent les faits, l'histoire, les hommes et leurs langages antinomiques. Finalement on reste là les mains bien propres devant une page toute blanche.
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A dater de ce jour, apparemment calme, imperturbable, je commençai à jeter de grands cris sur des papiers.
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Qu'elle était donc simple et douce, Christiane, la fille de notre femme de ménage, celle qui s'est jetée par la fenêtre parce que sa mère avait pris du charbon dans une cave.
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Les lettres de Laure n'ont pas de ciel. "Je me sais si égoïste, écrit-elle, que le doute le plus affreux est d'aimer égoïstement ... aimer parce qu'on se plaît à aimer. Dis moi là aussi se retrouve-t-on soi!"
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La vie répond — ce n’est pas vain
on peut agir
contre — pour
La vie exige
le mouvement
La vie c’est le cours du sang
le sang ne s’arrête pas de courir dans les veines
je ne peux pas m’arrêter de vivre
d’aimer les êtres humains
comme j’aime les plantes
de voir dans les regards une réponse ou un appel
de sonder les regards comme un scaphandre
mais rester là
entre la vie et la mort
à disséquer des idées
épiloguer sur le désespoir
Non
ou tout de suite : le revolver

il y a des regards comme le fond de la mer
et je reste là
quelques fois je marche et les regards se croisent
tout en algues et détritus
d’autres fois chaque être est une réponse ou un appel
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J'étais sans amis. Tous étaient réprouvés par ma mère comme "trop fortunés" ou "pas assez pieux". Pauvre, cette femme se fût trouvée tout naturellement porté à recourir aux voisins ou à leur prêter assistance, à laisser ses enfants jouer avec d'autres sur le trottoir, à parler d'elle-même aux commerçants, à connaître les histoires du quartier. Mais sa "situation" lui permettait de s'enfermer dans une méfiance totale de tout ce qui n'était pas la famille et dans une ignorance complète de tout ce qui au monde pouvait être gai, actif, remuant, vivant, productif ou même simplement humain.
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Pauvres êtres falots et leur douleur qui se rend pour s'être trop cabrée et leur douleur vaincue, impuissante, écrasée, idiote. Ecoutez-les : a b c d je ne sais plus parler 1 2 3 4 je ne sais plus compter.
Que vous importe l'innocent du village ou la folle du quartier? Les rues ne sont-elles pas pleines de consciences achetées d'échines brisées ? D'autres être encore, voués à une mort plus proche ou à une vie meilleure, s'en vont échouer dans les foires, dans les ports, dans les squares, sous les ponts.
Les épaves vivantes, venues de tous les naufrages -misère ou désespoir - se retrouvent étonnées sur les bords friables des quais. Etonnées de se voir face à face, d'homme à homme, et puisque les regards se croisent, on échange ces mots passe-partout, sans aucun sens et lourds de signification.
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Il y avait ces ouvrières fières (...)
Il y avait ces blanchisseuses (...)
Il y avait ces maquerelles (...)
Ce sont des existences dures et précaires, ni bonnes ni pires que bien d'autres, mais à travers ces visages je devinais un certain sens direct de la vie qui prenait une singulière saveur quand je pensais aux autres, ma mère et ces femmes en noir qui sortaient de l'église, avec tous leurs beaux sentiments passés au tamis.
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j'acquis la certitude que la vie se plierait à mon rêve et que je ne faillirais pas : je souffrirai mais je vivrai.
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Bientôt un ave maria libérateur le sacrilège pénétra dans ma vie qu'il emprisonna. "Je vous salue Marie, merde, Dieu"
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A huit ans déjà je n'étais plus un être humain.
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Oui ces mains rêches et potelées font bien les choses, elles savent maintenir l'ordre dans la maison. Elles savent inscrire les menus, tenir un trousseau de clefs, dèshabiller "modestement" les enfants, se joindre pour la prière du soir, enfouir la tête dans de fausses extases, gifler de leurs os durs, écrire d'une ronde superbe sur mon cahier de catéchisme "Résolution"
Ces Résolutions fatales où il était toujours question de ne pas me mettre en colère crevaient comme les bulles de savon, bulles irisées qui avec le lait d'amidon m'occupaient des heures entières dans la lingerie.
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Vous autres, vous êtes là, toute réticence et observance, épinglant la mort de tous les côtés (...) Vous êtes là quiètes et douillettes, mornes et sévères, tuant la joie et vivant de cette bonté filtrée qui ignore l'humanité.
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je restais là des heures entières échappant à leur ennui, me plongeant dans le mien à corps perdu.
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Je dus avaler l'hostie moi aussi, honteuse de ne savoir comment m'y prendre et de poser des questions "Surtout, ne lui fait pas toucher tes dents" m'avait dit ma mère. Quel affreux débat de langue et de bon dieu ensalivé! C'était à tel point long et raté que je commençais à douter que ce fût là... Dieu.
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Tous braillaient, l'haleine pourrie "je suis l'espoua a a a re de la France
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(...) je pris place un beau soir dans un envol de pigeon au coeur de la Cité
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