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Citations de Colin Thubron (59)


Un peu à l'ouest où je passai la nuit suivante se trouve le lieu habité le plus froid du monde : -72.1°C. Un froid bien moindre suffit pour que l'acier se brise, que les pneus éclatent et les mélèzes lancent des gerbes d'étincelles au contact d'une hache. Le thermomètre chute et votre haleine gèle aussitôt, elle forme des cristaux qui tintent en touchant le sol avec un léger bruit surnommé "le murmure des étoiles".
Selon un mythe des peuples autochtones, les paroles elles-mêmes gèlent et tombent par terre dans le froid extrême. Elles se réveillent au printemps et se mettent à parler : l'air s'emplit soudain de cancans périmés, de plaisanteries qui n'ont encore chatouillé aucune oreille, de cris causés par des douleurs oubliés, de mots d'amours inspirés par une flamme depuis longtemps éteinte.
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- Libre ? Libre de mendier, oui ! C'est une sorte de liberté !
Le maçon grisonnant m'envoyait des coups de coude pour ponctuer ses remarques ironiques. Il était en colère et déjà un peu éméché alors que l'aube pointait.
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Le passé n'en finit pas de pourrir. On ne peut pas vivre dedans.
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Le chemin de fer roule sur des rails à l'écartement d'une largeur exceptionnelle et les voitures haut perchées se balancent comme des cabines de bateau en haute mer.
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Lorsque Gengis Khan arriva avec cent mille cavaliers, la ville qu'il dévasta était encore une grande cité cosmopolite, encore riche de temples bouddhistes et zoroastriens, et comptant même une cathédrale nestorienne. Djalaleddine Roumi natif de Balkh et futur fondateur de la grande secte mevlevi des derviches tourneurs, était à l'époque un jeune garçon qui avait quitté la ville un an plus tôt. Tous ses coreligionnaires furent chassés dans la plaine et massacrés.
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Je me dis : voilà la Sibérie originelle - insaisissable, infinie -, celle qui s'attarda au fond des yeux des premiers voyageurs, tel un inconscient géographique. Son apparente vacuité était une page blanche offerte à l'écriture. Des siècles durant, elle a attisé la rumeur et la légende, inspiré des idéaux et suscité la peur. Son nom même - fusion mystique du terme mongol siber ("beau, pur") et du tatar sibir ("pays endormi") - évoquait quelque chose de vierge, en attente.
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J'avisai un atelier dans une cour traversée de tuyaux de ventilation rouillés et plantée de roses. Là, on extrayait les rouges de l'écorce de grenade, le jaune de la pelure d'oignon, le brun des noix.
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Des étendues glacées à jamais traversées par un homme enchaîné. Dans les lointains, peut-être, un troupeau de rennes ; un chasseur qui inscrit son ombre dans la neige. Mais c'est tout. La Sibérie : elle occupe le douzième des terres émergées du globe - voilà la seule certitude qu'elle laisse dans l'esprit. Une austère beauté, une peur indélébile.
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Ce n'est pas le passé réel qui cimente une nation, disait Renan, mais les histoires qu'elle se raconte: ce qu'elle choisit de se rappeler et d'oublier.
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Mais je me trouvais ici à cause de l'Amour, qui coule à cent dix kilomètres au sud de la ville, avec la Chine derrière. Un mince ruban de route sur ma carte s'arrêtait à un endroit mentionné en lettres décolorées : Albazine, le site des anciennes batailles entre Chinois et Cosaques, qui avait dû progressivement s'étioler pour n'être plus qu'un village au bord d'un grand fleuve. L'Amour ! C'est un de ces cours d'eau, tels l'Oxus ou le Nil, qui semblent s'émanciper de la géographie des lieux pour baigner des rivages oniriques.
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Le paysage, dans sa claire immobilité, pourrait aussi bien être un décor peint inséré dans la fissure de la vallée, là-bas au fond. Né de l’imagination d’un artiste qui aurait voulu exprimer une inhumaine tranquillité.
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Il n’y a plus de maîtres de nos jours, seulement des lamas. Mais j’ai appris le bouddhisme tout seul, en lisant les Écritures. Alors, je ne dis pas que je suis un chaman blanc ou noir, mais jaune – un chaman bouddhiste !
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De jour j’avais trouvé la taïga silencieuse, baignant dans une lumière verdâtre et une paix de cathédrale. Mais ce vide n’était qu’une absence d’humains. La forêt bruissait de toute la vie inquiète qui la peuplait : des lynx, des cerfs, des renards.
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Je remonte vers le haut de la vallée où des familles festoient sous les arbres et se régalent de leurs sacrifices. Tout le monde est euphorique à part moi, hypocritement révulsé par ce que les abattoirs occidentaux dissimulent. Des éventaires le long du chemin vendent des babioles et des peluches : des nounours pendentifs et des têtes d’animaux avec des sourires à la Disney.
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Les voyageurs se sont toujours émerveillés devant les cœurs légers – ainsi les percevaient-ils – des Tibétains. Au XIXème siècle déjà, le géographe arabe Masudi évoquait un peuple vivant au-delà de l’Himalaya qui riait même dans le deuil.
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Le ciel brûle encore de toutes ses étoiles quand j'émerge de la tente avant l'aurore. Le vent s'est évanoui et le silence est celui des grandes déserts: total, originel. Sauf que nous sommes à près de 5200 mètres d'altitude. L'air paraît si mince que ma voix pourrait le fracasser. Mon souffle même, plus profond qu'à l'accoutumée, semble trop bruyant , si bien que je m'assieds sur un rocher pour le calmer et j'attends que la timide blancheur de la lumière coule doucement dans la vallée à mes pieds.
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En atteignant le promontoire de rochers blancs, je me rends compte que ce ne sont pas des rochers mais des amas de glace scintillante. Surpris, je touche leur froid accumulé. Le soleil de juin a beau taper fort, ils sont durs comme l’acier. Ils pourraient aussi bien être remontés là du fond d’un autre âge. J’avais oublié que, jusqu’en mai, le lac entier est un champ de bataille où s’entrechoquent les glaces. L’hiver, le niveau de l’eau baisse sous une carapace gelée, qui s’effondre périodiquement sous son propre poids. Et puis tout ce chaos gèle à nouveau, au point que la surface se fragmente en éclats qui dessinent une géométrie turquoise de crêtes d’un mètre quatre-vingts.
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Le silence, parfois, s’installe. Pas ce hiatus gêné des Occidentaux, mais une pause festive pendant laquelle chacun se sent à son aise – on rote, on mastique, on partage un moment entre convives pour qui manger n’est jamais une chose qui va de soi.
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- Et vous ? Pourquoi faites- vous ça - voyager tout seul ?
Je ne peux pas répondre.
Je le fais à cause des morts.
Les voyages commencent parfois bien avant qu’on pose un pied sur la route.
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votre haleine gèle aussitôt, elle forme des cristaux qui tintent en touchant le sol avec un léger bruit surnommé le murmure des étoiles
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