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Critiques de Coline Pierré (501)
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Romy et Julius



Romy est une jeune fille de 14 ans qui vit dans l'appartement au-dessus de la boucherie tenue par son père et son frère, Greg. Ce matin-là, bien avant de se rendre au collège, elle est appelée par ce dernier qui, au cours d'un nouvel affrontement avec d'autres gars du village, s'est retrouvé blessé. Ces derniers n'ont rien trouvé d'autre à faire que de venir se menotter aux grilles de l'abattoir Viandor. Et ce qui devait être une manifestation pacifiste a finalement mal tourné. Au collège, elle retrouve sa meilleure amie, Lucie, avec qui, elle l'espère, elle pourra jouer dans la pièce de théâtre donnée en fin d'année d'autant que cela fait déjà quatre ans que Romy suit les cours d'art dramatique à la MJC du village...

Julius et sa famille se sont installés il y a peu de temps au village. Ses parents vegans, il est devenu naturellement végétarien. Seule Allie, âgée de 5 ans, a droit à sa part de viande. Il s'est trouvé un bon ami en la personne d'Ayden, ouvertement vegan et plutôt remonté contre les viandards. Il a d'ailleurs participé la nuit même à la manifestation devant Viandor. Pour tenter de vaincre sa timidité, Julius décide de s'inscrire au cours de théâtre de la MJC...





Dans ce roman écrit à quatre mains, Marine Carteron et Coline Pierré revisitent, avec bien sûr une touche de modernité, "Roméo et Juliette", pièce que d'ailleurs nos deux jeunes héros s'apprêtent à présenter en fin d'année scolaire. Si, au cœur de ce village, viandards et végétariens/vegans se livrent une lutte sans merci à coup de manifestations, bagarres, déguisements et autres sittings, Romy et Julius n'en ont que faire, certains que leur amour, malgré leur différence, lui étant militant vegan et écolo, elle étant carnivore, qui plus est la fille du boucher, est plus fort. Tiraillés tous les deux entre leurs convictions, leurs familles réciproques mais aussi leurs idéaux, ils devront s'armer de patience, d'écoute, de compréhension de la part de leur entourage, de leurs préjugés, pour que leur amour perdure. Empli de fraîcheur, dynamique, à la fois drôle et émouvant, intelligent, ce roman aborde intelligemment et avec beaucoup de finesse différents thèmes tels que la tolérance, l'acceptation, l'écologie, le véganisme, l'amour, l'amitié, les préjugés... En alternant les chapitres donnant voix à Romy et Julius, les auteures réussissent parfaitement à se mettre dans la peau de l'un et de l'autre, sans parti pris.



Un roman pétillant et intelligent...



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Pourquoi pas la vie

Une biographie de Sylvia Plath, la célèbre poétesse au destin tragique, qui mit fin à ses jours en 1963, le projet est attractif. Se plonger dans les pensées de la jeune femme pour tenter de comprendre son mal-être, de l’inscrire dans un contexte social particulier, ces années où émergeaient à peine les prémisses du féminisme a tout pour plaire. L’ambition des filles restait encore le mariage et la tenue d’un ménage, au détriment de toute velléité de carrière.



En l’absence de repères biographiques solides, puisque le récit est une fiction, l’autrice nous convie aux échanges de la jeune femme, rescapée d’une tentative de suicide, séparée de son mari et mère de deux enfants en bas âge. Elle confie ses émotions à ses amis Al et Greta. Ses séances sur le divan sont aussi rapportées.



Tout cela est fort intéressant pour replacer le destin de la poétesse dans son époque. On assiste au début de la carrière d’un groupe de jeunes chanteurs alors inconnus, les Beatles, on frémit à l’évocation des thérapies très expérimentales dans le domaine de la psychiatrie (convulsivothérapie, choc hypoglycémique …)



Portée par le flux de l’écriture très douce et empathique, qui m’a entrainée en me faisant oublier de ce qui s’était vraiment passé, j’ai été extrêmement déçue en réalisant dans les dernières pages du livre que cette biographie était imaginaire et me proposait ce qu’aurait pu être la vie de la jeune femme si elle ne s’était pas suicidée en 1963 ! Tous les propos recueillis s’écroulent comme une château de cartes.

Je sors de cette lecture en ayant l’impression d’avoir été bernée, même si la préface prévient qu'il s'agit d'une "réalité alternative".



Je comprends le projet, et après tout, je pourrais me laisser séduire par le même procédé pour ré-inventer la vie d’une célébrité dont je regrette la disparition. Mais lorsque l’on aborde avec des connaissances très limitées un texte comme celui-ci, le but n’est pas atteint.



Il me reste donc à trouver une biographie plus conforme à la réalité pour tenter d’aborder le mystère de Sylvia Plath.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Elle est le vent furieux

Je suis absolument dégoûtée, parce que j'avais concocté hier une critique que je trouvais particulièrement réussie (un peu de pommade de temps en temps ne peut pas faire de mal !). Mais comme je l'ai écrite en deux temps, et qu'il est impossible de sauvegarder sur Babelio, quand j'ai cliqué sur ok après avoir sué pendant plus d'une heure dessus, et bien elle a tout simplement disparu ! Et bien sûr, impossible de la récupérer...

Je ne la récrirai donc pas en entier, tant pis pour les résumés de chaque nouvelle.

Sachez quand même qu'il s'agit de textes d'auteures jeunesse engagées sur la protection de l'environnement réunis par Marie Pavlenko.

C'est Dame Nature elle-même qui par la plume de Marie Pavlenko introduit et conclut ce recueil, et croyez-moi, elle en a gros sur la patate, surtout après avoir fait un petit tour incognito dans une grande ville où elle a emprunté un tram et déambulé dans les rues. A son retour, elle décide de donner une bonne leçon aux humains qui ont saccagé la Terre, leur unique planète, puisqu'il n'y a pas de "plan B".

Les six nouvelles qui constituent le volume ont pour sujet central les différentes formes de dégradations qu'a subi la nature en raison des activités humaines, et les conséquences qui commencent à se faire sentir dans la vie quotidienne : invasions de singes, éruptions cutanées bizarres, catastrophes climatiques, montée des eaux, saisons déréglées...

Attention, il ne s'agit nullement de science-fiction, mais dans certains cas juste d'une légère anticipation de ce qui risque de nous arriver au cours des prochaines décennies. selon des données très récentes, les phénomènes de dérèglement climatiques majeurs ont été multipliés par 5 au cours des 50 dernières années...à méditer.

Ce recueil devrait être reconnu d'utilité publique et diffusé très largement tant auprès des jeunes que de leurs aînés, il a l'immense mérite de sensibiliser de façon "agréable" (si l'on peut dire) à des thèmes qui nous touchent tous. Il n'est plus temps de réfléchir, mais d'agir.

Je ne jugerai pas ici des qualités d'écriture de ces nouvelles, les auteures en sont largement connues (excepté pour ma part Marie Alhinho que je découvre). Toutes sont originales, j'en ai cependant préféré certaines, notamment "Qui sème le vent" ou encore "Nos corps végétaux". J'ai un peu moins apprécié "Récit recyclé", même si l'écriture de Flore Vesco est très poétique et son approche vraiment singulière. "Sauvée des eaux" de Marie Alhinho est écrit en vers libres, façon slam, c'est un texte très noir qui m'a particulièrement interpellée. Quant à "Extinction games" de Cindy van Wilder, c'est un texte que j'aurais aimé plus abouti, plus développé.

Le plus angoissant à mon sens est "Naître avec le printemps, mourir avec les roses", de Marie Pavlenko, parce que j'ai eu l'impression que la situation décrite risque de se produire bientôt si nous continuons à ignorer les signaux avant-coureurs que nous envoie Dame Nature...Enfin, quand je dis "nous", j'ai bien conscience que de nombreux humains comme vous et moi font des efforts au quotidien pour être plus respectueux des ressources naturelles, mais il s'agit d'enjeux qui nous dépassent, c'est aux dirigeants (d'entreprises et d'états) de prendre enfin leurs responsabilités avant que nous franchissions un point de non-retour.

Si vous n'êtes pas encore convaincus que "Gaïa" finira par se venger, je n'ai qu'un conseil à vous donner : lisez "Elle est le vent furieux".



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Pourquoi pas la vie

« Je suis habitée par un cri.

Chaque nuit il sort, les ailes battantes,

À la recherche, avec ses crochets, de quelque chose à aimer.

Je suis terrifiée par cette chose noire qui dort en moi ... »



Pourquoi mourir ? Pourquoi pas la vie ?

Au petit matin du 11 février 1963, dans l'appartement d'un quartier résidentiel de Londres, l'une des plus grandes figures féminines de la poésie du XXème siècle, âgée de trente-et-un ans, se donne la mort. Elle s'appelait Sylvia Plath.

Et si...

Et si son petit garçon Nicholas âgé de treize mois avait pleuré à chaudes larmes ce matin-là de l'autre côté de l'appartement, à tel point qu'elle aurait peut-être hésité, renoncé à accomplir son geste fatal... Une fois ouvert le gaz du four de la cuisine, ne pas y enfouir sa tête, renoncer, dire non à la mort, dire oui à la vie, à cet enfant qui pleure, qui l'appelle à l'autre bout de l'appartement. Tout éteindre, courir dans le couloir, ouvrir la porte de la chambre, prendre son enfant dans les bras, l'étreindre, regarder le ciel d'hiver à travers la fenêtre de la chambre, le ciel blanc, presque invisible, un ciel qui absorberait son regard ébahi, effacerait sa douleur, le vide en elle et le reste...

De ce destin tragique, une écrivaine nommée Coline Pierré, dont je découvre ici l'écriture sensible et d'une tenue magnifique, nous propose d'inverser le cours des choses, écrire une autre vie à Sylvia Plath, la prolonger peut-être encore un peu, une vie où elle aurait pu s'émanciper un peu plus loin, un peu plus haut sur la vague des sixties...

Sa mort n'a rien de romantique, elle est sordide. Tout a sans doute était dit sur ce geste désespéré qui n'était pas le premier... Ce qui était romantique était sa vie littéraire, sa vie commencée, là où elle dansait sur les pages qu'elle écrivait jusqu'à ce que son mari Ted Hughes lui demande de redescendre sur terre pour s'occuper des enfants.... Ce qui n'était pas romantique était la vie dans laquelle son mari cherchait à l'assigner...

Pourquoi pas la vie est une uchronie comme je les aime.

Le procédé ne manque pas de sel, ni d'inspiration. Il ne s'agit pas de lui inventer une vie possible qu'il serait vain d'imaginer. À quoi bon d'ailleurs ? Mais plutôt en faire un prétexte pour dire en creux ce qui a vraiment manqué à son existence pour l'enchanter à jamais.

Écrire, c'est aussi réinventer le réel, alors pourquoi pas réécrire non pas l'histoire, mais le désir, la liberté, le bonheur, l'écriture, réinventer le destin façonné par les mots poétiques de Sylvia Plath. Elle voulait tout, elle pouvait tout... Au petit matin du 11 février 1963, il en fut autrement... Coline Pierré, durant près de 400 pages lui offre la possibilité de s'emparer de ce rêve, lui donne la possibilité de vouloir tout, de pouvoir tout...

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire le récit imaginé d'une poétesse dont j'admire autant l'oeuvre que l'engagement de liberté...

Ouvrant la première page de couverture aux couleurs culture pop, je suis entré dans les pas de Sylvia Plath que j'ai suivi dans la joie, le doute, la douleur, les atermoiements, les rebuffades, le monde des hommes qu'elle ne supporte pas, sa révolte, ses résignations...

On peut lire plusieurs chemins, plusieurs méandres, où l'on voit Sylvia Plath imaginée par Coline Pierré, si ce matin du 11 février 1963 avait pris une autre tournure...

C'est dans une Angleterre terriblement conservatrice qu'elle décide de quitter le monde, tandis que non loin de là, les Beatles s'apprêtent à le conquérir. Elle était pourtant en avance sur son temps, sur ses sixties encore balbutiantes...

Côté face, elle enchantait la poésie, le monde des arts et des lettres, était une icône féministe talentueuse, libre, brillante, inspirée. Côté pile, elle était reléguée dans l'ombre par un mari prédateur et infidèle, assignée aux tâches maternelles vers lesquelles son mari la renvoyait parce que c'est lui qui voulait briller dans le monde des lettres, c'est lui qui voulait séduire, c'est lui qui voulait exister. Il ne supportait plus que son épouse lui fasse de l'ombre...

Et si...

Et si elle n'avait pas épousé Ted Hughes, poète prometteur, homme d'une force et d'une séduction puissantes.

Et si...

Et si son père n'était pas mort à l'hôpital, et si elle avait pu le voir une dernière fois, assister à son enterrement...

Sylvia Plath aussi réinvente les morts, son père Otto, le ramenant au bord de la mer, au bord de l'enfance, dans les rivages de ses poèmes.

Tout comme Coline Pierré réinvente le temps, un temps que Sylvia Plath considérait comme une vague colossale, une marée qui déferlait sur elle, lui donnant l'impression de se noyer.

Et si...

Et si le coeur intime de cette poétesse amoureuse et abîmée par la vie, nous demeurait à jamais secret, dans l'impossibilité de nous délivrer ses impatiences et ses blessures...

Et si nous lisions Sylvia Plath, la relisions, à voix haute, devant l'océan, pour que ses mots entrent en nous dans l'écho d'un paysage autant intérieur que livré aux bourrasques du temps.



« This was the land's end : the last fingers, knuckled and rheumatic,

Cramped on nothing. Black

Admonitory cliffs, and the sea exploding

With no bottom, or anything on the other side of it,

Whitened by the faces of the drowned.

Now it is only gloomy, a dump of rocks –

Leftover soldiers from old, messy wars.

The sea cannons into their ear, but they don't budge.

Other rocks hide their grudges under the water. »



LU DANS LE CADRE DU PRIX CEZAM 2023
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La folle rencontre de Flora et Max

Roman lu d’une traite, Flora et Max m’ont embarqué dans leur folle rencontre épistolaire.



Deux ados que la vie n’a pas épargnés. L’une est en prison pour avoir frappé une lycéenne qui la harcelait. L’autre vit reclus chez lui depuis que de terribles crises d’angoisse l’empêche d’affronter le monde extérieur. Des prisons différentes mais des prisons quand même.



Deux solitudes, deux existences peu communes, deux êtres différents que leurs particularités, que les mots vont rapprocher. Ensemble, ils vont s’aider à retrouver la lumière.



Roman terriblement humain, empathique, positif, une réussite !

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Une grammaire amoureuse

Je ne connaissais pas Coline Pierré, qui a aussi écrit pour la jeunesse. C'est le titre qui m'a d'abord attirée. "Grammaire" évoquant des souvenirs scolaires plutôt rébarbatifs , comment peut-on l'imaginer amoureuse... Curieuse association mais après lecture, judicieusement choisie.



Car l'amour est envisagé à travers les mots, le langage. Chaque partie du recueil convoque les différentes phases du sentiment amoureux vu par ce prisme: rencontrer, tomber, briser, suspendre, partager... La langue de l'un contre, avec, sans celle de l'autre. La difficile fusion .



" est-il possible de ne pas se blesser

quand on s'accroche avec des adjectifs

quand on s'écorche avec du sens"



Les textes sont subtils, presque philosophiques, et aussi créatifs. L'auteure joue sur la présentation typographique, par exemple en décalant les syllabes du verbe " trébucher" , mimant bien cette action, joue aussi sur l'espace de la page, donnant ainsi un élan neuf aux mots.



J'ai aimé cette liberté accordée au poème, et surtout la réflexion profonde sur cette parole qui lie ou sépare ceux qui s'aiment. Qui fonde un couple mais en révèle aussi les fragilités.



Je terminerai par l'évocation de ce voyage essentiel, cette recherche d'union linguistique :



" te parler c'est voyager de mon pays vers le tien

et d'un bout à l'autre du parcours

traverser mille contrées comme mille singularités

guidée par le désir

de te déchiffrer et de te traduire

il y a ma langue

il y a la tienne

et il y a toutes les autres"



Originale et intéressante découverte!



"

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Elle est le vent furieux

Je souhaite remercier Flammarion et Babelio pour l'envoi de ce livre, une vraie découverte pour moi. J'ai adoré ce recueil de nouvelles , ne faisant pas partie de la tranche d'âge concernée , cela m'a permis de connaître ces 6 autrices de talent. J'ai particulièrement aimé la nouvelle de Cindy van Wilder, son style et son univers , je vais donc creuser avec ses autres livres . Ce livre est une pépite , a la fois moderne et réactif, il devrait être une véritable prise de conscience sur les problèmes liés à l'environnement et a ce que nous faisons à la nature . Bravo et merci
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Nos mains en l'air

Leur rencontre fait partie de ces événements aussi magiques qu’improbables qui subliment nos déambulations littéraires. Qu’est-ce qu’un cambrioleur de 21 ans et une jeune orpheline atteinte de surdité pourraient avoir en commun ? Le sentiment d’être désespérément seuls et différents, de voir leur destin dérailler et leur échapper. Chez Victor, on est braqueur de père en fils, mais lui est irrémédiablement gentil, sensible et… honnête. Yazel, d'une lucidité et d'une détermination déconcertantes pour son âge, perçoit un décalage désespérant avec les autres collégiens et surtout avec sa tante qui s’efforce de faire d’elle une jeune fille exemplaire. Ces deux destins qui s’entrechoquent font immédiatement des étincelles (le plus effrayé des deux n’étant pas celui qu’on croit…), déclenchant une grande vadrouille à travers l’Europe, en direction de la Bulgarie et du lac Pancharevo.



Vu de l’extérieur, c’est un enlèvement aux motivations troubles. Vu de l’intérieur, ce sont deux êtres à la croisée des chemins qui se donnent réciproquement l’élan pour avoir le courage de se soustraire aux fatalités. Qui se découvrent et s’affirment à travers le regard de l’autre. Qui goûtent la liberté grisante et initiatique du voyage. Et cette relation qui se noue comme une évidence et qui finit par se passer de mots. Un peu comme dans le film Little Miss Sunshine, dans lequel les membres de l’équipée orchestrent de mieux en mieux le démarrage « poussé » de leur bus, nos deux amis prennent leurs marques et construisent une belle alchimie.



J'ai suivi ce road-trip constamment partagée entre l’envie de ralentir le rythme pour savourer la poésie de cette cavale, les dialogues ciselés (et truffés de chouettes références, de Brecht au baron perché, en passant par Arsène Lupin et Boris Vian !), et celle de tourner les pages pour connaître le fin mot de l’histoire. L’intrigue nouée autour de la course-poursuite entre nos deux protagonistes, la police et leurs familles va crescendo pour déboucher sur une sorte de vol-plané écourté par différentes réalités qui finissent par rattraper Victor et Yazel. Nous le savons bien, la vie n’est pas une escapade en suspension dans une voiture colorée portée par des ballons multicolores. Il n’en reste pas moins que ce roman invite à rêver grand, à ne pas accepter de destin tout tracé, même si cela implique de risquer un saut dans l’inconnu. On n’atterrit peut-être pas toujours là où on s’y attendait, mais comme le dit si bien Le Bon Gros Géant de Roald Dahl cité en épigraphe : « C’est pour ça qu’il y a toujours deux pages blanches à la fin des atlas […], c’est pour les nouveaux pays, comme ça on peut en dessiner la carte soi-même. »
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Nos mains en l'air

Coline Pierré propose ici un nouveau road-movie exaltant à la « Bonnie and Clyde ». Ses héros s'appellent Victor et Yazel, Victor au destin de braqueur et Yazel, orpheline sourde adoptée par une tante richissime...c'est un plaisir de lecture de participer à la rencontre de ses deux héros improbable et à leur amitié et compréhension immédiate qui en découle. Et si la liberté de vivre, l'acceptation de soi et des autres découlait simplement de belles et uniques rencontres et de vivre des aventures ?

La citation de Roald Dahl choisie en prélude au livre est tellement pertinente pour résumer ce livre que je ne résiste pas à vous la répercuter :  « C'est pour ça qu'il y a toujours deux pages blanches à la fin des atlas (…), c'est pour les nouveaux pays, comme ça on peut en dessiner la carte soi-même. »

Roald Dahl, le Bon Gros Géant
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Clara l'extraterrestre : À quoi servent les..

Ce petit livre jeunesse, qui s'adresse aux enfants de 5 à 7 ans environ, m'a attirée parce que je connais un peu le travail de Coline Pierré et Martin Page (notamment à travers de leur maison d'édition le Monstrograph). J'étais donc ravie de pouvoir faire cette lecture !



Clara est une extraterrestre qui vient sur Terre pour observer les êtres humains. Elle se retrouve rapidement dans une famille et est surprise par leurs comportements.



Avec beaucoup d'humour et de légèreté toutefois, les auteur·rice·s font passer quelques messages militants (sur l'état de la planète, le sexisme...). J'ai trouvé cela chouette parce que c'était simplement glissé ça et là et qu'on pouvait très bien ne pas y prêter une grande attention... et en même temps, cela peut amener une réflexion, surtout chez les plus jeunes.



C'était une chouette petite lecture, un moment amusant avec des illustrations et des couleurs très sympas qui agrémentaient parfaitement ce roman !
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Nos mains en l'air

J'ai reçu ce roman dans le cadre de la dernière Masse Critique de Babelio. Merci à eux et aux éditions du Rouergue pour cet envoi.



J'ai été agréablement surprise par la taille de ce roman. Je m'attendais à un roman plus court.



Je me suis très vite trouvée embarquée dans le voyage de Victor et Yazel et j'ai été touchée par leur parcours de vie. Deux êtres bien cabossés, qui se rencontrent de façon totalement surréaliste et qui vont s'entraider.



Yazel est sourde, et j'ai apprécié son personnage et la façon dont la surdité est présentée et vécue. Elle a une grande force.



Victor est touchant, élevé dans un milieu violent, il cherche à en sortir.



La tante est détestable...J'ai toujours tellement de difficulté à me dire qu'il existe vraiment des êtres aussi abjects...



C'est un roman à la fois dur et léger, on regrette de tourner la dernière page.



Bien sûr, mon esprit très terre à terre, ne peut s'empêcher de se dire que toute cette histoire ne pourrait pas exister en vrai, mais finalement, là n'est pas la question.
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La folle rencontre de Flora et Max

Comment Flora et Max pouvaient-ils se rencontrer? Flora est en EPM (établissement pénitentiaire pour mineur) après avoir tabassé une élève de sa classe de terminale fort heureusement sans la tuer! Cette fille l'a harcelait depuis plusieurs mois mais personne ne l'a crue Elle a pris 6 mois de prison ferme. Max est en 1ère et vit reclus chez lui , impossible pour lui de mettre un pied en dehors de la maison où il vit retranché entre livres, disques, ordinateur et ukulélé ...Max va écrire à Flora un peu comme si il jetait une bouteille à la mer. Flora va prendre plaisir à lire les lettres de Max, chacun apportant à l'autre une présence amicale et un soutien dans l'épreuve.

Martin Page et Coline Pierré signent ce roman. La forme épistolaire s'imposait. Au fur et à mesure les échanges entre Max et Flora deviennent plus aisés, la parole se libère bientôt ils vont se rencontrer pour de vrai c'est certain.

Cependant la forme très policée des échanges entre ces grands adolescents, 17 et 18 ans, me semble peu contemporaine. Dommage!
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La folle rencontre de Flora et Max

A l’heure d’internet, deux adolescents solitaires, qui ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam, vont sympathiser en s’envoyant des lettres. Pour eux, point de paradis, leur vie est un enfer. L’un est cloitré chez lui pour des crises d’angoisse : les psys appellent ça l’agoraphobie. L’autre est en prison : les juges appellent ça la privation de liberté.



Pour un académicien, ce livre est un roman épistolaire. Pour un philosophe, c’est une parabole de la vie moderne. Pour moi, ce livre est simplement beau. C’est un conte de la vie ordinaire, drôle, sensible, toujours empreint de poésie.



Un moment de lecture rare !
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Ma fugue chez moi

Un jour de décembre, Anouk va décider de fuguer... Mais pas dehors, hein, il fait quand même un peu trop froid pour ça, plutôt dans son grenier, bien au chaud. L'ennui, c'est qu'elle va avoir accès à la réaction de tous ses proches face à son départ, et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas la meilleure idée pour garder ses résolutions.



Ce petit livre m'a faite bien rire, avec cette jeune héroïne mi-trouillarde mi-courageuse, mal dans sa peau, mal dans sa fugue, et en recherche du sens de la vie. Je me suis un peu reconnue en elle : j'ai parfois rêvé de partir à l'aventure, mais je n'en ai jamais eu le courage. Il faut dire aussi que je manquais de sens pratique. Où chercher à manger sans être repérée ? Où dormir sans risque ? Comment survivre sans parents ? Et puis merde, quoi ! L'aventure, ça fait peur.



J'aime bien ce petit livre, non seulement parce que l'histoire est à la fois drôle, triste et mélancolique, mais aussi parce qu'elle est profonde. Le désœuvrement va pousser Anouk à réfléchir à sa condition, à la raison de ses actes. Pourquoi a-t-elle fugué alors qu'elle n'est pas si malheureuse ? Sa mère est la grande absente de sa vie, mais elle a une sœur et un père. Sa meilleure amie est devenue une sale peste, mais même si elle lui fait des coups tordus, Anouk ne souffre pas de harcèlement – et elle sait se défendre ! Pourquoi alors a-t-elle baissé les bras quand tant d'autres vivent de véritables drames et ne renoncent pas ? Elle réalise qu'elle a de la chance, cette jeune fille, d'avoir une vie comme la sienne.

Mais le réaliser ne la fait pas changer d'avis. Et c'est aussi ce que j'ai aimé chez elle : elle ne renonce pas. Même quand ça devient difficile pour elle, même quand elle voit les messages d'amour et les cris de détresse de sa famille, elle se refuse à revenir. Comme s'il lui manquait encore quelque chose à réaliser. Elle est déchirée du mal qu'elle fait à ces proches, la culpabilité la dévore mais elle ne s'autorise pas à revenir vers eux.



Il y a aussi un petit détail qui m'a plu : pour une fois, ce n'est pas le père, le grand absent familial. Pour une fois, ce n'est pas la mère qui voulait avoir des enfants. Pour une fois, ce n'est pas la femme, la grande maniaque du rangement et de l'organisation. Ce n'est rien du tout, mais c'est un petit trait d'originalité qui m'a interpellée et amusée. On a tendance à coller des rôles-types aux hommes et aux femmes (surtout dans les histoires) et échanger les étiquettes nous sort de nos habitudes.



Je pense que c'est un livre parfait pour tous les adolescents. Très court, très facile à lire et qui pousse à réfléchir sur notre condition. J'ai passé un bon moment avec Ma fugue chez moi, et je recommande cette lecture, même aux adultes. Coline Pierré est une auteure que je suivrai de près...
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Romy et Julius

J'ai reçu ce "roman-surprise" grâce à un projet de notre collègue documentaliste topissime: faire choisir un livre pour les profs PAR les élèves. Pour moi, ça a donc été Romy et Julius, roman écrit à 4 mains par Marine Carteron et Coline Pierré.

Forcément, dès le titre, on comprend la référence à Roméo et Juliette.

Il s'agit en effet d'une réécriture de la célèbre pièce de Shakespeare: que peut-il arriver de plus difficile à gérer pour Romy, jeune adolescente en classe de 3ème, fille du boucher du village? Eh bien...tomber amoureuse de Julius, arrivé depuis peu au village et végétarien en passe de devenir végane.

D'accord, ca commence mal. D'autant plus que le village dans lequel vivent les deux jeunes est depuis peu scindé en deux...d'un côté les Anciens, les vrais, qui organisent la fête à l'Andouille, organisent des barbecues et font la queue chez le boucher. De l'autre, les Nouveaux, ceux qui sont arrivés au village depuis peu, qui luttent contre la maltraitance animale. Une guerre tout d'abord silencieuse mais de plus en plus violente est déclarée.

Alors forcément, quand Romy et Julius se mettent à sortir ensemble, ça ne plaît pas à tout le monde!

Mais abstraction faite de qui-mange-du-quinoa ou qui-mange-des-côtelettes, s'il y a une chose qui unit les deux héros, c'est bel et bien la passion pour le théâtre. Et cette année la MJC a pour projet de mettre en scène ...Roméo et Juliette!

Entre les répétitions pour jouer la pièce et les manifestations pour sauver les animaux, les personnages du roman ne s'ennuient pas. Et le lecteur non plus.

J'ai traversé le roman avec plaisir, souriant un peu (aaahh les ados qui passent des soirées à s'embrasser langoureusement...) . L'adaptation de la tragédie est admirablement bien menée, prouvant ainsi à quel point la pièce de Shakespeare est toujours d'actualité puisqu'elle sert ici de toile de fond à un sujet très contemporain.

Les réflexions sont aussi très subtiles car il n'y a pas de gentils ni de méchants dans ce roman. Les bouchers ne sont pas les méchants bourreaux et les véganes ont des préoccupations légitimes. Mais dans un camp comme dans l'autre les revendications s'entendent. Ce qu'il faut, ou plutôt ce qu'il ne faut pas, comme l'explique la prof de Romy, c'est se tromper de cible. L'enfer est rempli de bonnes intentions!

Une bonne lecture, donc, vers laquelle je ne serais peut-être pas allée de moi-même. Je recommande vivement!

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Ma fugue chez moi

Anouk en a ras le bol. Du collège où tout va de travers, de son père qui ne donne jamais la moindre marque d’affection, de sa mère partie au bout du monde pour mener sa vie de scientifique et qu’elle voit deux fois par an. Parce qu’elle n’en peut plus, elle décide de disparaître, de se volatiliser. Sa fugue inquiète, forcément. La police enquête, ses parents et sa petite sœur sont rongés par l’angoisse, les recherches s’intensifient sans résultat. Car Anouk a trouvé la cachette idéale, une cachette à laquelle personne n’a pensé.



Une jolie variation sur le thème de la fugue adolescente, aussi originale qu’improbable. Anouk, sans s’épanouir totalement dans sa disparition volontaire, y trouve l’occasion de réfléchir, de se poser les bonnes questions sur sa situation, son avenir. Mais elle découvre aussi que les décisions qui nous font du bien peuvent rendre les autres tristes. Elle a du mal à supporter ce qu’elle inflige à sa famille alors qu’elle pensait ne pas avoir à s’en soucier. Elle comprend ce que ses proches ressentent, l’impression qu’ils lui disent : « Tant que tu ne seras pas de retour, nous ne recommencerons pas à vivre ». Pour autant, elle refuse de céder et de revenir, pour son propre bien.



J’ai trouvé ce texte fin dans sa construction et intelligent dans sa réflexion. La mère qui n’assume pas son statut, la souffrance infinie du père, la maturité de la pétiré soeur. Une famille « biscornue et rafistolée comme tant d’autres ». Et cette jolie fin, positive sans mièvrerie, porteuse d’espoir et d’avenir mais ne reniant pas une réalité bien plus complexe que les apparences ne le laissent penser : « L’humanité tout entière passe son temps à s’enfuir. Je crois que c’est le cours normal des choses ». Pas faux ma chère Anouk.


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La folle rencontre de Flora et Max

Flora est en prison pour six mois, condamnée pour avoir violemment frappé la camarade qui la harcelait. « Tu vas peut-être trouver ça choquant, mais Émeline mérite ce qui lui est arrivé. La violence venait d’elle, simplement elle était moins spectaculaire. Elle n’était pas physique. » (p. 30) Max ne peut plus sortir de chez lui, terrifié par le monde et les autres. « J’ai choisi de m’enfermer chez moi, dans ma propre maison. Pourtant, je n’ai pas commis de crime. » (p. 34) Flora et Max s’écrivent des lettres et apprennent à se connaître. Ils s’apprivoisent et ils apprivoisent leurs différences et ce qui les rapproche. Quand Flora sortira, se rencontreront-ils ? Max pourra-t-il se libérer de sa prison intérieure ? « Je pourrais très bien sortir, je pourrais réaliser le rêve de milliers de détenus. Alors, est-ce que je ne suis pas égoïste en restant chez moi ? » (p. 139) Ce qui les a blessés, c’est l’école, son carcan, ses règles, sa nature inadaptée à leurs caractères sensibles. Alors ils parlent de créer une école alternative pour eux et pour ceux qui ont besoin d’apprendre autrement. Parce qu’il faut bien vivre. Parce qu’il faut trouver sa place dans le monde, avec ses propres moyens. En se lisant et en s’écrivant, Max et Flore s’aident mutuellement à repousser leurs barrières et faire tomber les grilles. « J’aime la manière dont tu parles de la prison : tu n’éludes pas les choix difficiles et tu avances, tu es optimiste. Ton exemple me donne le désir de changer. » (p. 58) Ce que l’avenir leur réserve, à ces lycéens épistoliers, c’est peut-être tout le bonheur du monde, s’ils consentent à le cueillir.



Je commence par ce qui m’a déplu et je garde le meilleur pour la fin. Tout d’abord, non, non et non. Et non. En français, le verbe « réaliser » ne signifie pas « comprendre », mais « accomplir ». Cet anglicisme me hérisse le poil et il apparaît au moins trois fois dans les lettres de Flora. Autre avertissement grammatical : la concordance des temps et des discours, c’est important. Mais sur ce point, je vais supposer que les auteurs ont mis sciemment des erreurs dans le langage de leurs jeunes héros. Mais tout de même, au lycée, les deux gamins devraient maîtriser ça ! Et en parlant d’adultes qui prêtent leur voix à celles d’adolescents, je déplore un recours un peu facile à certaines réflexions ou idées toutes faites qu’un adulte peut supposer trouver dans le discours de jeunes personnes. Enfin, certains passages, selon moi, ne collent pas à la maturité pourtant affichée des deux héros. La première phrase de Max en est un exemple criant : « Je ne savais pas que les filles allaient en prison. Pour tout dire, je ne savais pas que les filles étaient violentes. » (p. 9) Qu’un élève de primaire pense cela, pourquoi pas… mais pas un adolescent en première ES ! Il a accès aux informations, à la télévision et à Internet, et il n’est reclus chez lui que depuis quelques mois : tout cela ne justifie pas une naïveté aussi crasse sur la nature humaine !



Voilà pour la forme, passons au fond. Rangez vos haches, vos couteaux et vos envies de m’égorger : ce roman est une bonne histoire. Les auteurs écrivent une rencontre par lettre en détournant un peu une réalité que je trouve légèrement glauque, celles de femmes qui écrivent à des criminels. Ici, c’est le jeune garçon qui prend l’initiative de la correspondance. Certes, Flora n’est pas Ted Bundy, mais ça inverse joliment les rapports tout en donnant à la relation naissante une gaucherie tout à fait charmante. « On devrait se permettre d’aller à la rencontre de ceux qu’on ne connaît pas. » (p. 15) Par ailleurs, j’ai vraiment apprécié que les auteurs n’essaient pas à toute force de nous refiler une histoire d’amour : deux adolescents qui se rencontrent, même par lettre, n’ont pas forcément que ça en tête. Cette histoire n’est pas une romance : c’est juste une rencontre dont on ne présage rien, parce qu’il n’est pas toujours utile de tirer des plans sur la comète. J’en viens aux grands sujets de ce texte. Évidemment, il est question de harcèlement et du système scolaire français. Évidemment, il est question de claustration et de liberté. Surtout, il est question de découverte de soi et d’ouverture à l’autre. La culpabilité ne justifie pas le repli et l’isolement. Finalement, ce que vivent Max et Flora, c’est une évasion par correspondance.



Pour conclure, ce roman est un bon roman, mais je pense qu’il est plutôt adressé à des lecteurs jeunes. C’est que je commence à me faire vieille !

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Elle est le vent furieux

Dame Nature est furieuse de voir l'état de notre planète...

Des singes envahissant les espaces habituellement réservés aux humains.

Des colocataires submergées par les plantes qui investissent leurs corps.

Gaïa qui lance un défi à des humains trop peu respectueux.

Un printemps qui ne revient jamais.

Une jeune immigrées qui lutte contre les eaux à la Nouvelle Orléans.

Une autrice futuriste qui recycle les mots...



Marie Pavlenko a proposé à cinq autrices de se joindre à elle pour constituer ce recueil de nouvelles. Toutes ont un rapport au vent et à la nature : thème central traité de sept façons très différentes. Figures de style, personnification, dystopie, mise en abîme, poésie, recyclage... sont autant de manières littéraires d'aborder l'importance du respect de notre environnement.

Je n'ai pas été séduite pareillement par chaque nouvelle, même si toutes sont de grande qualité : les styles sont travaillés, les narrations sont originales et les histoires touchantes. J'étais ravie de découvrir Marie Alhinho, Coline Pierré et Cindy Van Wilder. J'ai particulièrement apprécié "Monkey Palace", de Sophie Adriansen, "Naître avec le printemps, mourir avec les roses" de Marie Pavlenko et "Nos corps végétaux" de Coline Pierré.
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Pourquoi pas la vie

L'Affaire Jane Eyre, l'Affaire du chien de Baskerville, j'ai un faible pour la littérature fiction. Celle qui explore les failles au sein même du mécanisme romanesque et envisage une alternative à ce que des auteurs renommés ont pu imaginer. Avec Pourquoi pas la vie, c'est encore autre chose. Il s'agit de renier la réalité historique.



Plutôt que de laisser Sylvia Plath se suicider au gaz en 1963, Coline Pierré joue les Deus ex machina et la sauve. Son roman explore les conséquences de cette heureuse intervention et invente la vie que cette poétesse américaine n'a pas pu avoir. Après un mariage raté avec un grand poète qui l'a trompée. Avec deux enfants de respectivement trois et un an. Dans l'hiver londonien glacé. Sans argent et sans beaucoup d'espoir. Les Beatles en fond musical.



Si le postulat est intéressant, il est risqué aussi : difficile de donner à Sylvia Plath une bibliographie imaginaire aussi pléthorique que géniale : ce serait discréditer celle qu'elle a produite de son vrai vivant. Difficile aussi de ne rien lui faire vivre de stimulant. C'est l'ennui assuré et le risque que le lecteur, cynique, referme le livre et regrette que notre héroïne ait été sauvée du néant pour si peu. Il faut donc que tout soit changé mais que rien ne bouleverse trop l'image que l'on a gardé du personnage.



C'est sur le terrain de l'intime que se joue essentiellement la recomposition virtuelle d'une existence méritant qu'on lui prête un prix. Se libérant peu à peu d'un carcan patriarcal en partie dû à un père aussi adoré qu'absent, en partie fruit des oppressantes et ménagères années 50 américaines, Sylvia va éprouver une féminité qui ne renie ni la maternité ni la prétention à penser et écrire en artiste.



La démarche s'inscrit dans la continuation des écrits de Beauvoir et des grandes féministes américaines. Ce qui a le mérite d'incarner, sur le mode romanesque, des considérations philosophiques tout à fait dans l'actualité éditoriale du moment (Camille Froideveau-Mettrie, Maggie Nelson, Judith Butler...).

J'ai trouvé toutefois que l'intention démonstratrice prenait un peu trop souvent le pas sur le romanesque et que l'auteur avait de la peine à s'affranchir de la vie réelle de Sylvia Plath telle qu'elle avait pu la reconstituer et la comprendre. Un personnage réel, aussi mort soit-il, comme source d'inspiration est effectivement plus encombrant qu'une fiction totale.

Ca tire donc un peu en longueur par endroits. Notre Sylvia passe un temps fou à discourir sur le fruit de ses introspections. L'oreille bienveillante et pleine de tendresse que lui prêtent tous les personnages l'environnant lasse un peu, outre qu'elle relève de la plus pure science fiction. C'est vrai, quoi : vous en avez traversé beaucoup, vous, des crises existentielles avec une jeune fille au pair admirative et compétente pour s'occuper de vos enfants, un meilleur ami complice, charmant et disponible, une psychanalyste pleine d'humour et de sagesse, une artiste qui vous propose un projet galvanisant, un ex plein de remords qui assume sa paternité et un éditeur subjugué qui vous signe un contrat mirobolant ? Finalement, le plus irréaliste dans ce roman n'est peut-être pas d'avoir permis à Sylvia de couper le gaz...
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Elle est le vent furieux

Six autrices prennent la voix de Dame Nature pour nous éveiller à toutes et tous à l'urgence de la prise de conscience collective du besoin de préservation de notre environnement. La démarche est un superbe exercice littéraire qui nous propose la richesse et la variété de belles plumes féminines pour une démarche écologique éclairée. Six « Dame Nature » qui ne peuvent que toucher au-delà de toutes les différences par le besoin d'agir chacun à sa place pour le collectif Terre. Cet ouvrage mérite d'être partagé par le bouche à oreille, d'être offert comme un livre qui du tout ce qui est essentiel aujourd'hui, d'être dégusté par la richesse culturelle de la variété des plumes littéraires féminines françaises actuelles...Un livre qui sans nul doute vous en fera ouvrir de nouveaux....
Lien : http://www.liresousletilleul..
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