Citations de Crystal Kaswell (30)
Mon attention se dirige droit sur le sommet de l’Empire State Building. Il est éclairé en violet, aujourd’hui. Je suis certaine que c’est en l’honneur de l’université, mais j’ai l’impression que c’est pour moi.
Pour nous.
La serveuse nous apporte un porte-note noir. D’un mouvement fluide et rapide, Nick tire sa carte de son portefeuille et la lui tend. Pas besoin de regarder l’addition. L’argent n’est pas un problème pour lui.
Je passe un autre week-end à essayer de brûler de l’énergie. Cette fois, c’est moi qui propose de suivre Kat dans tous les musées de la ville. Je n’ai plus une minute à moi, mais je m’endors toujours en pensant à Nick.
Ce poste est trop important pour que je le mette en péril simplement pour du sexe. Mais alors que je me dirige vers la sortie, je me demande pourquoi je n’allumerais pas Nick, pourquoi je n’enfilerais pas cette robe noire moulante. Pourquoi je ne m’assurerais pas qu’il me désire autant que je le désire.
La femme assise à la réception est l’incarnation même de la sophistication new-yorkaise. Un carré droit lisse. Une robe rouge moulante. Un maquillage irréprochable.
C’était peut-être ça. Peut-être, au plus profond de moi, que je savais que le sexe changerait les choses.
Malgré mon envie de me croire capable de séparer le sexe et l’amour comme le font les hommes, c’est impossible.
Et après le baiser de Cam…
Personne ne peut se comparer à lui.
Qui a inventé l’alcool ?
C’est amusant un moment, oui, mais pas de se réveiller le lendemain avec un mal de crâne et le vague souvenir d’avoir dit à son ami séduisant que vous alliez lui sauter dessus s’il continuait de flirter avec vous.
C’est Indigo.
Il est différent, à présent. Heureux, d’une façon tout à fait différente. Comme s’il avait transcendé le bonheur normal et accédé à un nouveau palier qui reste hors d’atteinte du commun des mortels.
Je devrais être habitué aux regards en coin. Certes, ça fait des mois que je ne l’avais pas vue, mais je discerne tout le temps la même lueur dans le regard des femmes.
Les femmes ont envie de coucher avec moi.
Je suis riche, beau, bien habillé. Si je voulais exsuder un charme insouciant, j’en serais capable.
Mais si je le remise et laisse mes pensées dérangées s’immiscer dans mon comportement…
Les femmes sont encore plus intéressées quand je suis un connard. D’accord, je suis toujours un connard, mais quand je suis ténébreux, c’est attirant.
Les femmes me perçoivent comme un bad boy en mal d’amour (riche, bien mis ; le cliché) et elles veulent m’apprivoiser.
C’est une athlète qui vit pour le confort. Elle n’a pas le temps de tituber en talons aiguilles, mais elle fait un effort pour les dîners avec Ty. Elle n’a pas envie de passer pour une souillon à côté d’un mec qui porte des costumes de créateur vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Il me plaît.
J’ai envie de lui.
Mais je suis capable de contenir mon désir pendant deux petites semaines. Même si je passe la plupart de mon temps libre en présence de Cam.
Et il est encore plus beau aujourd’hui qu’à notre dernière rencontre.
Comme je l’ai dit, on est seulement amis. Je ne remarque même pas sa présence. Je ne pense même pas au fait que mon short dissimule à peine mes fesses. Ou bien que je suis tout en sueur tandis que lui est tiré à quatre épingles dans son costume.
Je suis une athlète qui se donne à fond. C’est mieux que d’avoir l’air mignonne, sexy ou glamour.
Je me répète ce mantra alors que je me trottine vers Cam, mais je n’arrive pas à me convaincre. Ma rougeur s’étend jusqu’à ma poitrine.
Certes, il me plaît. Oui, il est incroyablement sexy.
Et oui, ça fait deux mois que je m’endors en repensant à notre baiser.
Je peux encore le goûter, humer son savon, sentir ses mains.
C’est un de mes fantasmes favoris, mais ça n’arrivera jamais.
Il plaque une main au creux de mes reins et pose l’autre sous mon menton.
Il attire mon corps contre le sien.
Puis il ferme les yeux, et ses lèvres trouvent les miennes.
C’est doux.
Un tendre baiser.
Il dure peut-être une seconde.
Je parviens à peine à sentir le goût du champagne sur sa bouche.
Mais je le ressens universellement.
Mon corps tout entier devient léger.
Le monde se mue en un endroit parfait, doux et beau.
Alors je suis censée rentrer chez moi, mais sans flirter avec Cam.
Même si lui flirte avec moi.
Même s’il est extraordinairement beau.
Même s’il est l’objet de la plupart de mes fantasmes sexuels.
Je me retrouve dans l’air chaud et moite. Ah, l’été à New York ! Lumineux, vibrant et terriblement humide.
Ma robe est légère, mais j’ai l’impression de fondre. Comment parvient-il à rester aussi cool et mesuré dans son costume trois-pièces ?
Comment parvient-il à rester cool et mesuré tout le temps ? Même alors qu’il m’appâte avec ses prouesses sexuelles.
Ma publiciste n’est pas d’accord. Elle possède une liste de femmes éligibles, des femmes qui ont grandi dans l’attente d’un mariage politique.
Des femmes qui sont prêtes à épouser un homme noir. Ça en a éliminé bien plus qu’elle ne l’avait cru. Personnellement, je n’étais pas surpris. Manhattan est bon chic bon genre. Les vieux idéaux ont toujours cours.
Certaines des femmes qu’elle a choisies sont magnifiques.
Certaines sont charmantes.
Mais aucune n’est Indie.
Aucune d’elles ne cherchait à me comprendre ni voulait que je les comprenne.
C’est peut-être ridicule d’admettre que nos trois mois ensemble ont laissé une marque sur mon âme, mais c’est pourtant le cas.
Si je le fais, si je dois m’engager à passer une vie auprès de quelqu’un que je n’aimerai jamais, c’est avec elle.
Il me lisait comme un livre ouvert. Il savait exactement ce dont j’avais besoin, quand j’en avais besoin, comment et quand il pouvait me pousser dans mes retranchements.
Je ne m’étais encore jamais confiée à quelqu’un de la sorte.
J’avais ouvert mon cœur : il comprenait ce que cela faisait de perdre un père, de lutter pour soutenir sa mère, de jongler entre le devoir et son ambition personnelle.
Ouvert mon corps : il savait que je jouissais lorsqu’il mettait sa main autour de ma gorge, savait que je voulais être attachée à son lit, savait que j’avais besoin d’être contrôlée.
C’était plus qu’embarrassant ; cet homme beau et détaché qui m’a surprise à rougir devant des photographies pornographiques. Des photos de poignets attachés et de bâillons-boules.
Puis il a fait une plaisanterie, j’ai éclaté de rire, et je me suis sentie à l’aise.
L’argent n’achète pas le bonheur.
Mais ne pas avoir de thunes est vraiment nul. Et je suis bien placée pour le savoir.
On a passé un été ensemble. C’était une passade. Rien de plus.
Il ne vient pas de passer trois années à penser à moi ou à rêver de coucher avec moi.
Il ne m’a pas demandé de venir ici pour me culbuter.
Mais que souhaite-t-il de moi à part ça ? Je ne suis pas à ma place dans son monde magnifique.