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Critiques de Dambudzo Marechera (5)
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La maison de la faim

Dambudzo Marechera, né en 1952, dans l’ex-Rhodésie devenue l’actuel Zimbabwe était une étoile filante trop vite éteinte. Mort à 35 ans, victime de l’alcool de la « dagga » (cannabis local) et miné par le sida. « La maison de la faim » fut son œuvre majeure, une nouvelle couronnée de succès puisqu’elle obtint à sa sortie, en 1979, le prestigieux prix du Guardian Fiction Prize. Cet ouvrage relate le mal-être d’un étudiant érudit dans cette Rhodésie où règne l’Apartheid, sous la férule de son premier ministre Ian Smith.

Dans cette fiction, Dambudzo nous relate la vie dans la « maison de la faim » qui peut être sa propre demeure où règne la violence du frère du narrateur Peter et la débauche de sa mère qui se prostitue. Mais cette « maison de la faim » peut aussi bien décrire, plus globalement, le township où il vit, territoire d’illettrisme, de violence, d’alcool, drogue et de sexe. Ou bien même, l’état Rhodésien, où la milice blanche et la population de même couleur déroule sa politique de terreur. C’est une haine du blanc pour le noir, mais la réciproque est vraie, notre narrateur ne dit-il pas « il y a de la merde de blancs dans nos dirigeants et de la merde de blancs dans nos rêves et de la merde de blancs dans notre histoire et de la merde de blancs sur nos mains et dans tout ce que nous construisons ou tout ce pour quoi nous prions….»

Les hommes naissent libres et égaux mais pas vraiment sous toutes les latitudes et cette histoire doit nous servir de devoir de mémoire pour tous les peuples opprimés. Le style de Dambudzo est percutant, frappe fort, noir plus noir que sa couleur de peau mais laisse échapper de belles envolées malgré cette noirceur. Je terminerai sur cette belle citation à propos de la pluie qui tombe, enveloppe et digère tout « Elle tambourinait sur les toits en amiante. Elle tambourinait aux fenêtres. Elle pilonnait les esprits. Elle tambourinait sur nous jusqu’à l’insoutenable. Elle se déversait toute noire, en clapotis, en ruisseaux, s’abattait sur nos têtes comme un coup de poing. Elle rugissait, éclaboussait, détrempait, dégringolait bégayante et tonitruante des béances noires de l’univers immense et sans conscience. Elle montait. Elle gonflait. Claquait sur elle-même comme un fouet. Vomissait à grands seaux une frénésie de fretin d’argent. Ses bruits de succion et de boue qui clapote tournoyaient sans fin dans nos esprits. Nous glaçant jusqu’à l’âme. Délire d’une pluie précipitant toute l’école dans son excitation fébrile. Eruption pareille à celle d’un furoncle qui éclate et éclabousse tout de ses acides noirs ».

A noter la jolie préface de Sylvain Prud’homme

Un grand merci aux Editions Zoé pour cette lecture pénible mais nécessaire.

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La maison de la faim

Un livre d'une grande puissance et violence.

L'auteur relate sa vie d'adolescent dans son pays qui est le Zimbabwe.

Il est confronté à beaucoup de problèmes majeurs.

L'auteur relate tous les faits avec beaucoup d'affirmations et de violence ; néanmoins, ce livre est fort intéressant de part son histoire et écriture.
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La maison de la faim

Je suis sûre que cela vous est déjà arrivé, à vous aussi...

Vous lisez quelques lignes à propos d'un roman apparemment exceptionnel, fortement original, qui font naître en vous une ardente évidence : il vous le faut, et de préférence de suite. Mais exception étant synonyme de rareté, il n'est plus disponible en librairie, et proposé sur Amazon et Abebooks à un prix rédhibitoire.

Vous trépignez, déçu et frustré, persuadé de passer à côté de la pépite du siècle, vous tentez d'oublier l'affaire en vous jetant à corps perdu dans la lecture d'autres titres soi-disant géniaux... et puis un jour, bingo !! Vous recevez une alerte d'Amazon : le titre en question est disponible à huit euros ! Vous trouvez cela presque insultant pour une œuvre de cette envergure, mais pas trop longtemps, voilà qui arrange bien votre portefeuille.

Vous n'y tenez plus d'impatience, guettez le facteur avec une avidité presque agressive et puis... enfin... enfin !! Vous voilà en possession de l'objet tant convoité, que vous manipulez avec une adoration de fétichiste, tremblant d'une satisfaction que les indifférents à la lecture ne comprendront sans doute jamais.

Évidemment, impossible d'attendre. Toute lecture en cours est mise en instance séance tenante. Vous plongez enfin dans le texte, déjà pantelant à l'idée du plaisir qui s'annonce.



Je suis sûre que cela vous est déjà arrivé...

Cet espoir incommensurable, qui retombe comme un soufflé. Cette auto-flagellation -psychologique, bien sûr- piteuse, que suscite rétrospectivement votre emballement naïf... "La maison de la faim", c'était mon Graal. LE livre qui, m'imaginais-je, marquerait -entre quelques autres tout de même- ma vie de lectrice... Oh, ce n'est pas un mauvais roman, loin de là. Mais pour l'expérience inédite et bouleversante, il faudra repasser.



D'abord, ce n'est pas un roman, mais un recueil de nouvelles, dans lesquelles Dambudzo Marechera s'est fortement inspiré de certains épisodes de sa propre existence. Nous sommes à la toute fin des années 70. Ancienne colonie britannique, le Zimbabwe ("Maison de pierre") subit un régime ségrégationniste (qui prendra fin en 1980) malgré son accession à l'indépendance en 1965.



Les textes qui composent "La maison de la faim" sont d'un abord parfois abrupt et insaisissable. Le premier, qui est aussi le plus long, a donné son titre au recueil. Le quotidien de ses divers protagonistes, jeunes noirs et habitants d'un township, est fait de violence et de médiocrité. La misère matérielle, la saleté, y côtoient le désespoir que font naître l'absence de perspective d'avenir, l'insécurité, et les relations agressives, brutales, entretenues avec les proches.

L'intrigue repose sur un fil conducteur ténu, des scènes éparses la jalonnent, mêlant dans une curieuse osmose de crudité et de poésie, la violence des faits à un style métaphorique, qui confine souvent au lyrisme.

Être noir dans le Zimbabwe de Dambudzo Marechera, c'est être condamné à la misère, c'est vivre avec le risque de se faire tabasser par les forces de l'ordre ou les militants pro-apartheid, c'est succomber à la tentation de l'oubli, procuré par l'alcool et la drogue.

C'est emporter partout avec soi une soif inextinguible d'indépendance et de justice, une propension à la rébellion ne tolérant aucun compromis. Ce qui n'empêche pas, aussi, d'avoir faim. De reconnaissance, d'amour et d'accomplissement intellectuel.



De courts textes succèdent au premier, certains évoquant de sombres fables dans lesquelles l'auteur, toujours sous la forme allégorique, exprime sa révolte, le problème étant que c'est parfois tellement allégorique que je n'y ai rien compris !



Dommage... J'ai bien saisi en lisant ce roman que Dambudzo Marechera était un grand poète (parce que quand même, certains passages sont magnifiques...) mais j'ai eu du mal à m'immerger vraiment dans ce recueil que la profusion d'images et le caractère déstructuré m'ont souvent rendu obscur.

"La maison de la faim" est assurément une œuvre remarquable, mais n'est pas celle qui marquera ma modeste vie de lectrice...
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Soleil noir

C’est le genre d’oeuvre dont je n’aime pas trop faire de critique.

Qui suis-je pour dire quoi que ce soit sur des tripes étalées, sur cette vérité du vécu, des rêves et désespoirs de cet auteur qui déborde de sensibilité et d’ intelligence émotionnelle…!?!



Néanmoins, cette critique est plus pour vous aider à vous faire une idée si cette oeuvre est pour vous ou non.

Tenez-le pour dit, elle n’est pas facile à lire ou à suivre.



« (…) elle prit place dans la voiture. Je redémarrai. Nous partîmes sur 2 pneus crissant qui arrachèrent un cri de douleur à l’asphalte. (…) Une brique de silence s’écrasa sur le pare-brise. »



Ouf! Qu’elle force dans l’écriture! C’est d’une beauté à en couper le souffle. Le seul hic, c’est que tout le livre est écrit ainsi, c’est ce qui rend les 173 pages plus difficiles à digérer. Enfin, pour ma part.



D’autre part, l’auteur a sans aucun doute une passion pour la Grèce antique. Vous y découvrirai bien des références à travers votre lecture.



L’oeuvre est un grand cri du désespoir (contexte du Zimbabwe), mais écrite tout en poésie. La citation qui suit me semble bien résumer le livre:



« Les prisons sont pleines de viande enchaînées aux murs. Les morgues sont bourrées des espoirs de la multitude. Les salles de séminaire puent le parfum cannibale d’une nouvelle génération orientée vers le même chemin »…
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La maison de la faim

Marechera entremêle passé et présent, réalisme et fantasmagorie. Il chamboule nos repères pour mieux montrer la violence de l’oppression et la nécessité de la lutte. Il sème aussi des bombes à retardement.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
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