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3.46/5 (sur 14 notes)

Nationalité : Zimbabwe
Né(e) à : Rusape , le 04/06/1952
Mort(e) à : Harare , le 18/08/1987
Biographie :

Charles William Dambudzo Marechera est un écrivain et poète zimbabwéen.

Étudiant à l'Université de Rhodésie, il est exclu après avoir participé à une manifestation revendiquant de meilleurs salaires pour les employés noirs de l'institution. Opposant farouche au gouvernement de Ian Smith, le jeune homme doit fuir, d’abord au Botswana, puis en Angleterre.

Il obtient une bourse pour le New College d'Oxford, mais est renvoyé en 1977 pour avoir tenté, sous l'emprise de l'alcool, d'incendier les locaux.

Alors qu'il réside toujours en Angleterre, il écrit "La maison de la faim" ("The House of Hunger", 1978), surnom qu'il donne à son pays. Malgré la reconnaissance que lui vaut la publication de ce livre auprès de la critique et du public, Marechera conserve un comportement perturbateur et recherchant la confrontation. En 1980 paraît son roman "Soleil noir" ("Black Sunlight").

Marechera rentre au Zimbabwe en 1981 ; sa santé physique et mentale est profondément détériorée, et il se retrouve souvent sans abri. "Mindblast, or the Definitive Buddy" (1984), dernier recueil publié de son vivant, rassemble quatre pièces de théâtre, un récit en prose, des poèmes et une partie du journal qu'il a écrit à Harare.

Il meurt des suites du sida à l'âge de trente-cinq ans.

page Facebook : https://www.facebook.com/dambudzo.marechera
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Source : www.universalis.fr
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
La lutte contre la langue- c'est ça ton objectif?

Oui et non.Le langage est indissolublement lié à ce qui fait l'humanité des êtres humains et aussi, bien entendu, à l'inhumanité.
Tout ce qui touche au langage, l'obscène, le sublime, le charabia, le pontifiant, le purement narratif, le verbalement menaçant, l'adjectivement nauséabond, tout cela fait partie de la pratique du ciselage qui est au coeur de mon écriture...
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Nous sommes sortis de la buvette bras dessus bras dessous, comme Jésus et Judas sans doute après qu'ils se sont raconté l'un à l'autre leurs petits secrets. Le soleil dardait doucement ses rayons à travers la poussière tourbillonnante .Une nuée de mouches dans les toilettes publiques voisines fredonnait l'Alléluia du Messie de Haendel.C'était une photographie presque parfaite de toute la condition humaine.

( p.45)
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Dambudzo Marechera
Toute ma vie, j'ai essayé d'être le squelette dans mon propre placard .
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Que je ne puisse tolérer une étoile, une pierre, une flamme, une rivière, ou une bolée d'air, c'était simplement que chacune de ces choses semblait avoir une signification irrévocablement différente de celle que je lui donnais.Je les ignorais donc, mais je les recréais avec des mots, des cadences, des lumières, des murmures et des trombes d'air échappées du grand souffle " là- haut"

( p.40)
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Un entretien avec lui-même

Quels écrivains t'ont influencé ?

Je trouve cette question biaisée, retorse.Elle suppose qu'un écrivain doit être influencé par d'autres écrivains, qu'il "doit forcément" être influencé par les livres qu'il lit.Il se peut que cela soit vrai.Pour ce qui me concerne, j'ai été influencé jusqu'au désespoir par une humanité obstinée mais brutalisée, celle des gens parmi lesquels j'ai grandi.La réalité de leur vie, leur résistance silencieuse aux coups qui nous étaient portés jour après jour dans ces ghettos qu'on appelait alors des
" Campements"
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Il y avait toutefois une exaltation des esprits qui nous incitait à partir tous en quête de cet élixir inaccessible que notre fièvre nous laissait entrevoir. Mais d’emblée cette quête était vouée à l’échec car il nous semblait que l’élixir se trouvait juste sous notre nez, et en même temps non, pas vraiment. Cette liberté à laquelle nous aspirions — comme on aspire à la dagga, à la bière, aux cigarettes ou à la vie après la mort — elle était si vive dans notre souffle et au bout de nos doigts que nous nous en étourdissions avant même de l’avoir trouvée. Comme quand un homme se lèche les babines en rêvant d’un festin ; ou quand une femme danse en rêvant d’un carnaval ; ou quand un vieillard se met à bondir comme une gazelle en se languissant des jeux funéraires de sa jeunesse. Alors qu’il n’y a, vraiment plus, ni jeux ni fête ni carnaval. C’était un paradoxe dont la découverte nous laissait troublés, irrésolus, à tout le moins malheureux de savoir que jamais plus nous ne ressentirions cela. Il ne s’agissait pas d’adieux conscients à l’adolescence car le vide était profondément ancré dans nos tripes. Nous savions que s’étendait devant nous un autre vaste vide dont l’appétit pour les choses vivantes était pour le moins vorace. La vie s’étendait comme une série de taudis ravagés par la faim, s’alignant sans fin vers l’horizon. Notre esprit devenait une pièce crasseuse, une toile d’araignée poussiéreuse au fil de laquelle se prenaient les minuscules squelettes de notre enfance, figés à jamais dans ce piège arachnéen qui se déployait jusqu’à emprisonner non seulement les pierres sous nos pas, mais aussi les étoiles scintillant faiblement sur la puanteur de nos vies. Pourriture d’intestins, voilà ce que nous devenions peu à peu. Et nos pensées avaient beau vrombir comme des insectes dans les boîtes en fer-blanc de nos têtes, accroupis au-dessus des fosses à latrines qu’étaient nos cerveaux, d’année en année le soleil était toujours aussi prompt à s’élever dans le ciel, et les ténèbres tout autant à s’abattre sur la terre.
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Mes pensées se balançaient doucement comme une brise incertaine. Elles se balançaient vers cette insouciante anthropologue femelle qui se baignait aux chutes du Rocher fin. Elle avait, je le savais, un certain renom dans son pays. Intrépide chercheuse d'une société humaine idéale. Elle s'appelait Blanche Goodfather. J'avais dévoré ses livres, sur la vie des chasseurs de têtes, sur la vie des skinheads, des cinglés, des clodos, des épaves, des putes, des zonards, sur la vie des cannibales. C'était une phalène irrésistiblement attirée par les lumières du sauvage, du bouseux, du primitif. Elle écumait la planète — elle aussi elle cherchait — traquait les derniers résidus de peuples authentiques pour les réduire à de méticuleuses combinaisons de l'alphabet anglais : des livres. En ce moment elle se baignait tranquillement aux chutes du Rocher fin dont l'eau était d'un vert translucide, et les rocs une masse de colonnes volcaniques noueuses et sauvagement cicatrisées. Son jean, son blouson et son sac à dos entassés sous les vieilles branches du msasa. Sa peau tannée, sac de bronze amphibie, enfermait une chair ferme, une ossature solide, un esprit lumineux. Et sous la masse des boucles couleur sable pointait son visage comme une souris placide sous une meule de foin. Je pendulais, j'oubliais les poulets, les poules et les coqs qui se rassemblaient autour de ma tête et me becquetaient les cheveux à la recherche de friandises. Me reconnaîtrait-elle après toutes ces années ? Nous n'avions passé qu'une seule année ensemble à Oxford, pleine d'études, d'étreintes, de galères, et puis cet après-midi somnolent...
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Pendu par les talons, je me balançais dans cette putain de brise humide, j'avais une vue parfaite sur la cour et je pouvais entendre tout ce qui s'y passait. Voici donc le genre humain. Il se balance. En arrière et en avant. Il se balance à travers l'Histoire. Voici mon peuple. Je suis leur peuple aussi. Crucifié à l'envers par les talons. Mon Golgotha est un poulailler. Père ! Père ! Pourquoi bordel de merde m'as-tu conçu ? Tu n'as aucune raison d'être, et moi non plus. Seul reste le balancement. Et c'est ridicule. Absurde. Ah ! Ma putain de mère, pourquoi lui as-tu ouvert tes cuisses ? Après cette annonciation, cette lueur lubrique dans son œil unique. As-tu bien essoré le plastron de notre Histoire ? Tout comme maintenant je comprime l'humanité balbutiante dans le cocon de merde de volaille où je me balance. J'ai l'Europe dans la tête, tassée avec l'Afrique, l'Asie et l'Amérique, écrasées et entassées dans la poubelle qui me sert de tête. Il n'existe pas de décharge assez grande pour que je puisse y déposer mon fardeau. Pendu par les pieds, je risque de faire péter la fine toiture de mon cerveau. Ces années de voyage, d'innocence et d'expérience. Ces putains de mois entiers à me tourner les pouces dans l'incertitude, à rechercher mon vrai peuple, oui, à rechercher mon vrai peuple. Mais où que j'aille, je ne trouvais pas de peuple mais des caricatures de peuples qui insistaient pour être sérieusement pris pour des peuples. Peut-être étais-je sur la mauvaise planète.
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À présent la chaleur oppressante me submerge. Une douceur blasphématoire flotte dans l'air humide. Toute la clairière, les étranges groupes de huttes en bois aux toits de feuilles, les portes alignées, cauteleusement entrebâillées, la vapeur opaque, bleu clair, qui signale la présence du ciel, là-haut, tout ce mirage vacille pour devenir quelque monstre préhistorique en train d'acérer ses griffes, de lécher sa fourrure, de se laver la mâchoire avec des hommes velus en guise de brosse à dents. Puis, derrière les gigantesques troncs qui enserrent étroitement la clairière, derrière l'entremêlement des vignes et d'étranges sous-bois, retentit le rugissement du léopard. La vibration dure, basse, sourde, gronde comme si un vide lointain dans les activités humaines allait surgir de lui-même. La volaille s'éparpille. Les sentinelles empoignent leur lance et scrutent la forêt. Le chef roule des yeux sévères. Toute la clairière est soudain plongée dans le silence, concentrée comme une aiguille à l'écoute de sa propre pointe. Tout en haut, le ciel lumineux a pris de l'intensité. On ne le regarde pas sans douleur. J'ai mal aux talons.
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Dambudzo Marechera
« Le visiteur »

Est-elle ce que j’étais, ce que je voulais, ce que je n’ai jamais été ?
Est-elle le fantôme de mes aspirations de jeunesse chargées d’amertume, la beauté
De la vie en visions presque folles que je cherchais alors dans les ballades
Et les rimes amicales ? La croûte de l’inaccessible sur ma langue
Me libéra de mon foyer et de mon pays – Pour m’envoyer vers des régions où l’esprit cherche
Et où l’imagination est à bout de nerfs jusqu’à ce que, comme Pygmalion, je sente
Le premier souffle odorant de son haleine sur ma joue et le sang chaud
Parcourir ses veines – l’œuvre de ma vie enfin accomplie !
Mais avant qu’un an soit révolu, de tous côtés railleries et ricanements nous assaillirent
Et elle, ma faim humaine, pâlit, perdit son appétit, s’affaiblit
Rejetée par les siens, des tempêtes d’indignations s’abattaient
Sur nous comme si un canon céleste les avait tirées. Amelia
Mourut noyée. Je rejetai l’homme et les coutumes diurnes qui étaient les siennes.
Je fis le terrible pacte
Et chaque nuit je peux lui rendre visite malgré ses cornes et sa queue fourchue !
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