Foire du livre Brive 2010 - Isabelle Clarke et Daniel Costelle - La traque des nazis de 1945 à nos jours - Editions Acropole.
Depuis longtemps, j'ai envisagé le risque du passage du temps effaçant inexorablement les souffrances des guerres. Au lycée, la gloire napoléonienne ne me faisait pas oublier le million d'hommes morts, dont nous apprenions consciencieusement les noms et les dates. Déjà, je me demandais s'il n'en irait pas de même de Hitler et si le mot " épopée" n'allait pas dans l'avenir au Führer comme il l'avait été l'Empereur.
Soixante-dix ans et plusieurs générations ont passé. Je constate que le risque existe et se renforce. Seul un dixième de la population a connu la guerre. L'Europe n'est plus la puissance militaire qu'elle était et elle est reléguée en seconde catégorie derrière les Etats-Unis, la Russie et la Chine.
J’ai trouvé ce livre déjà ancien à ma médiathèque. Renfermant de nombreuses photos accompagnées de textes courts, il me semble surtout destiné à un public jeune. Pour les auteurs, il faut absolument éviter la réaction « Hitler connais pas ! ». Nous suivons donc le parcours du (encore jeune) Adolf, puis son vécu au cours de la guerre de 14-18, son adhésion aux thèses racistes et ultra-nationalistes, enfin sa sinistre vocation d’agitateur politique. Comme chacun sait, il parviendra à mobiliser des millions de brutes et de frustrés, fascinés par son "magnétisme" pathologique. Et c’est d’une façon légale qu’il deviendra chancelier d’Allemagne en 1933, avant de créer un (éphémère) Etat totalitaire !
Ce sont des vieilles photos - de très mauvaise qualité, mais souvent peu connues - du futur Führer qui font tout l’intérêt de cet ouvrage. Le personnage parait tour à tour insignifiant, ridicule, théâtral, hideux, implacable. C’est celui-là même qui placé tout "son" peuple sous emprise et qui a causé la guerre la plus horrible de l’Histoire. (Je note cependant l’existence d’une carte surréaliste de l’Allemagne, où la Bavière se trouve positionnée près de Berlin !)
Au sommet de la vague, on compte 55 camps principaux et 511 installations secondaires. Les responsables militaires les implantent sur une grande partie du territoire américain, du Nouveau-Mexique au Massachussetts, leur choix privilégiant les zones rurales, voire la proximité de villes petites ou moyennes, mais excluant celle de grandes agglomérations.
Au petit jour, on a commencé à regarder. Ce qui m'a le plus frappé, tout de suite, c'est ce que j'ai d'abord pris pour des usines d'automobiles. On se disait: c'est extraordinaire, le nombre d'usine d'automobiles qu'il peut y avoir. En fait, c'était le parkings devant les usines.
Un camarade et moi, on aimait la même fille. C'était lui ou moi. On s'est battu en duel, au pistolet. Je l'ai tué, et j'ai dû m'enfuir. J'ai désert. Je suis passé en Suisse et ensuite en Amérique. Et voilà, maintenant je suis officier dans l'armée américaine !
La discipline allemande s'est recréée tout de suite, avec ses ordres, ses cris, ses hurlements. Le côté politique de l'affaire a très vite occupé le premier rang, avec des nazis fanatiques.
Les camps considérés comme les plus nazis sont ceux d'Alva (Oklahoma), Rupert (Idaho) et Papago (Arizona), camp réservé aux marins.
À la fin de la guerre, les États-Unis détiennent sur leur sol 425 000 prisonniers, parmi lesquels une forte majorité d'Allemands.