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Critiques de Daniel Defoe (237)
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Robinson Crusoé

On ne présente plus Robinson Crusoé. J'ai ressorti ce classique pour le lire avec mon fils de 7 ans. Littérature un peu complexe pour ce jeune âge avec son langage un peu désuet mais mon fils a apprécié sa lecture du soir. On se laisse vite embarquer par les aventure de Robinson Crusoé.

Pour la maman, c'est une lecture agréable, très facile à lire. Un récit d'aventures humaines où l'homme va devoir se réapproprier la nature pour subvenir à ses besoins primaires. Etre perdu sur une île paradisiaque et déserte peut sembler idyllique à première vue. Mais Robinson Crusoé nous prouve qu'il faut s'armer de patience, d'ingéniosité pour dompter ne serait-ce qu'un peu cette nature sauvage.

Enchantée d'avoir relue les aventures de Robinson et de les avoir partagées avec mon fils.
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Moll Flanders

L’argument donné par l’auteur en première page est le meilleur résumé possible.



« Heurs et malheurs de la célèbre Moll Flanders, qui naquit à Newgate, et, pendant une vie continuellement variée qui dura soixante ans, en plus de son enfance, fut douze ans une catin, cinq fois une épouse (dont une fois celle de son propre frère), douze ans une voleuse, huit ans déportée pour ses crimes en Virginie, et enfin devint riche, vécut honnête et mourut pénitente. D’après ses propres mémorandums. » (p. 25)



Voici donc les mémoires repentants de Moll Flanders, très jolie femme que le destin malmène sans cesse. Dès l’ouverture de son récit, la narratrice sait convoquer la pitié du lecteur et démontrer que les malheurs sur sa route ne sont pas de sa responsabilité, ou pas tout à fait. « C’est la demande la plus raisonnable qui soit au monde que ne point vous blâmer pour ce qui n’est point de votre faute. » (p 169) Tout en affirmant sa grande honnêteté et sa grande sincérité, elle bat sa coulpe en expliquant que ses différentes déchéances sont le résultat de faits indépendants de sa volonté.

Moll Flanders est venue au monde dans une situation peu favorable, mais avec des ambitions et une sainte horreur à la perspective d’entrer en service chez les autres. Moll veut devenir une dame de qualité, sans vraiment savoir ce que cela signifie, avoir du bien et se marier à un homme bon et beau. Mais elle est coquette et un brin écervelée. « Quand une jeune personne se trouve belle, elle ne doute jamais de la sincérité d’un homme qui lui dit être amoureux d’elle ; car, si elle se croit assez charmante pour le captiver, il est naturel d’en attendre les effets. » (p. 59) Après s’être fait embobiner par un beau parleur, Moll veut croire qu’elle a gagné en jugeote et elle ne manque pas de parsemer son récit d’habiles conseils à l’attention des représentantes de son sexe.



Le long récit ininterrompu (plus de 500 pages sans chapitre !) fait défiler les années et les maris. Moll Flanders enchaîne les bonnes et les mauvaises fortunes avec une capacité déconcertante à toujours retomber sur ses pattes et à se tirer des pires situations. Elle sait également se débarrasser de ce qui pourrait constituer un frein. Sur les 6 ou 7 enfants (j’ai fini par perdre le compte) qu’elle a de ses différents maris, elle n’en garde qu’un auprès d’elle, les autres étant disséminés entre l’Angleterre et la Virginie. Ce n’est pas l’instinct maternel qui l’étouffe, c’est certain !



J’ai lu ce roman d’un œil sans cesse goguenard et méprisant et n’ai éprouvé aucun attachement pour cette femme fort habile à tirer parti des pires situations en clamant ses grands dieux qu’on ne l’y reprendra plus ou qu’elle est une femme de qualité. Tout le talent de Daniel Defoe est d’écrire l’histoire d’une fille perdue en appelant à la pitié de ses lecteurs tout en faisant de son mieux pour que cette pitié ne s’enracine jamais. Dans le genre « malheur d’une jeune fille pure et pauvre », j’ai largement préféré Tess d’Urberville de Thomas Hardy, plus sombre, moins pontifiant et dont le nombre réduit de péripéties rend l’intrigue plus crédible. J’ai vu que Moll Flanders avait fait l’objet de plusieurs films. Peut-être en chercherais-je un pour voir comment cette histoire passe à l’écran, pas tout de suite. J’ai ma dose de Moll Flanders pour un moment !

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Robinson Crusoé

Dès notre plus tendre enfance, notre imaginaire est nourri de contes, légendes et histoires dont on a parfois du mal à connaître l’origine mais qui finissent par nous être si familières qu’on se retrouve tout étonné, lorsque parvenus à l’âge adulte, nous redécouvrons ces personnages et aventures fabuleuses et que nous nous apercevons à quel point ces petites histoires que l’on croyait enfantines sont riches en enseignement et bien plus complexes qu’elles ne le laissent paraître.

Robinson Crusoé fait partie de ces mythes littéraires qui font la richesse de notre patrimoine culturel mondial. Précurseur d’un genre , la vie de cet aventurier fictif créé par Daniel De Foe a inspiré par la suite nombre d’autres récits, films et œuvres en tout genre que l’on a coutume de désigner sous le nom explicite de « Robinsonnades ». Les exemples sont légion mais parmi les plus célèbres on peut citer Le Robinson Suisse de Johann David Wyss, Sa Majesté des Mouches de William Golding, L’Île mystérieuse de Jules Verne et la célèbre réécriture Vendredi ou les limbes du Pacifique par Michel Tournier.

Je me souviens qu’en classe de 5ème, ma professeur de français avait choisi de nous faire étudier la version pour enfants du roman de Michel Tournier : Vendredi ou la vie sauvage. Et je me rappelle à quel point j’avais été déçue de ce choix car « je connais déjà l’histoire euh ! Moi je veux lire Fantômette !». Plus de vingt ans après et sur les conseils insistants de mon mari, j’ai voulu revenir à la source et redécouvrir les aventures de Robinson Crusoé par Daniel De Foe.

Je sais qu’il existe une traduction toute récente du roman, néanmoins j’ai lu celle qui faisait foi depuis le XIXème siècle c’est-à-dire la traduction de Petrus Borel que j’ai beaucoup appréciée malgré quelques tournures étonnantes ( apparemment le style de De Foe n’a pas été respecté) et les quelques coquilles que comportait mon édition. A ce propos, j’ai lu une édition poche GF-Flammarion vieille de vingt ans et pourtant le livre est comme neuf, les pages sont toujours d’un blanc éclatant, je ne peux pas en dire autant de mon édition du même âge d’Une vieille maîtresse de Barbey d’Aurevilly chez Folio … ( les éditions GF-Flammarion sont définitivement mes éditions poche préférées !)

Premier constat, je me suis rendue compte que j’ignorais complètement ( ou avait complètement oublié ?) quelle avait été la vie de Robinson avant le naufrage et son arrivée sur l’île c’est-à-dire de quel milieu social il était, quelles étaient les raisons de son voyage en mer et quelles étaient les circonstances du naufrage etc … Et j’ai donc découvert un jeune homme de condition moyenne que son père souhaitait voir prendre le même chemin que lui : celui d’une vie douce et tranquille, certes modeste mais à l’abri des vicissitudes de la pauvreté et de l’ambition. Mais la jeunesse est folle et veut voir le monde, Robinson fait peu de cas des désirs et des avertissements d’un père au discours prophétique et fuit le foyer familial. Ses premiers pas chaotiques sur les ponts des navires sont bien près de le faire revenir à la raison et par là même à la maison. Mais la jeunesse est folle et surtout entêtée. Robinson persiste dans sa voie maritime, traverse moultes péripéties qui sont pour le personnage autant de mauvais présages et pour le lecteur autant d’occasions d’appréhender la mentalité de l’époque ( nous sommes au XVIIème siècle) que de s’en offusquer. Ne serait-ce qu’à travers les raisons qui poussent Robinson à effectuer le voyage au cours duquel il fera naufrage. Seul rescapé de la catastrophe, Robinson nage jusqu’à une île déserte et doit alors organiser sa survie.





Critique très longue donc suite (pour les courageux) sur le blog :



http://cherrylivres.blogspot.fr/2015/06/robinson-crusoe-daniel-de-foe.html
Lien : http://cherrylivres.blogspot..
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Robinson Crusoé



En m'attaquant à ce pavé, je m'imaginais connaître l'histoire de Robinson Crusoë: un type s'est échoué sur une île, où il a vécu seul jusqu'à gagner la compagnie d'un sauvage nommé Vendredi. Sauf que ça, ce n'est que la moitié du récit. Bien que déjà assez âgé pour l'époque, Robinson a encore pris le temps de voyager, beaucoup et loin et a même participé à l'établissement d'une colonie.



Tout le monde sait que ce roman est fondateur de tout en pan de la littérature d'aventure, des "huis-clos à ciel ouvert" et autres émission de téléréalité survivaliste. Et pour tout ça, cela en fait un ouvrage remarquable que je n'ai pas regretté de lire. Mais qu'est-ce que je me suis ennuyée, surtout durant la seconde partie. C'était lent, long, et ces bavardages autour de Dieu, de la chrétienté, de la punition divine... ça a failli m'achever.



Je peux imaginer qu'un condensé de ce récit adapté à la jeunesse en en n'extrayant que l'essence de l'aventure en fait un formidable bouquin. Mais là, le texte intégral sur 650 pages condensées, sans aucun chapitrage, c'était vraiment trop pour moi.
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Robinson Crusoé

Cela ne m'étonne guère que le roman de Daniel Defoë destiné à la jeunesse aie été souvent édulcoré, tronqué,passé à la moulinette d'un moralisme bêtifiant. Je viens de terminer le texte intégral dans une vieille édition Marabout, celle traduite par Pétrus Borel. Nonobstant le style un peu archaïque de la traduction on découvre un héro bien éloigné du preux écologiste avant l'heure qui recueille Vendredi pour en faire un ami le tout dans un décor de rêve où la "nature" ne peut qu'être bonne. Daniel Defoë était un homme de son temps et Robinson porte certainement sa "vision" du monde. Dans l'essor fantastique de l'Angleterre de la fin du 17e siècle son héros ne pouvait être qu'un négociant et un marin. Ce qu'on ne dit pas aux petits enfants qui lisent "Robinson Crusoë" dans une édition pour la jeunesse c'est que Robinson était aussi un vil esclavagiste , c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il fit naufrage puisqu'il allait chercher sur les côtes de Guinée quelques esclaves pour sa plantation du Brésil (et ceci en fraude car le Portugal avait paraît-il un monopole sur la traite des esclaves). Alors non seulement il s'adonnait à la "traite" , ce qui est un point Goldwin de discussions de fin de soirée, mais , en plus , il tuait les bébés animaux !

"(......) je tuai une bique qui avait auprès d'elle un petit cabri qu'elle nourrissait, ce qui me fit beaucoup de peine.Quand la mère fut tombée, le petit chevreau, non seulement resta auprès d'elle jusqu'à ce que j'allasse la ramasser, mais encore quand je l'emportai sur mes épaules, il me suivit jusqu'à mon enclos. Arrivé là, je la déposai par terre, et prenant le biquet dans mes bras, je le passai par dessus la palissade dans l'espérance de l'apprivoiser. Mais il ne voulu point manger, et je fus donc obligé de le tuer et de le manger moi-même".

Sincèrement peut-on laisser lire cela à ses enfants (mes petits enfants pour mon compte...) eux qui versent une larme quand la maman de Bambi est cernée par un incendie et que Marguerite , la vache de Fernandel dans la Vache et le prisonnier, est abandonnée dans un pré allemand alors que le dit Fernandel prend le train pour la France !

Vous l'aurez compris j'ai chargé la mule. Ce que je veux dire c'est que la sensibilité des lecteurs de l'époque n'a rien de commun avec la nôtre. Nous nous offusquons que des hommes aient pu vendre et acheter d'autres hommes mais toute l'économie et le commerce hors Europe était fondé sur le commerce triangulaire. D'ailleurs lorsque Robinson, au début de l'ouvrage lors de ses premiers voyages comme négociant , fait naufrage et est capturé comme esclave par les Maures, il ne se rebelle pas, n'invoque pas "Les Droits de l'Homme". Il ne pense qu'a s'échapper. Pragmatisme anglo-saxon peut-être...



Le séjour sur l'île (que j'étais sûr de situer dans le Pacifique...alors qu'elle se situe dans les Caraïbes) ne dure qu'une petite centaine de pages (sur 630). le reste du livre raconte les multiples aventures du héros. Car il a la bougeotte Robinson. Alors qu'une opportunité lui permet de retrouver son pays le revoilà naviguant sur un navire commandé par son neveu. Il revient dans "son"île où prospère une petite communauté sur laquelle il entend bien régner . Là se situent une bonne cinquantaine de pages moralisatrices et moralisantes (dé....)qui ont dû barber pas mal de lecteurs ! Constatant que ses "colons" vivent avec des femmes indigènes (des sauvages de peuplades cannibales) sans être passé par les sacrements du mariage , Daniel Defoë nous inflige un pensum indigeste où l'on voit Robinson dialoguer avec un prêtre français (donc papiste) sur la meilleure façon de ramener dans le droit chemin ces âmes perdues....). Car, époque oblige, Dieu et la Providence sont constamment présents dans l'histoire. La Providence toujours invoquée par Robinson pour justifier le hasard des circonstances....

Loin d'un manichéisme qui semble évident si l'on ne prend pas en compte le contexte (l'époque) j'ai trouvé dans le livre des accents précurseurs des Lumières (qui comme on sait doivent beaucoup à la chrétienté). Robinson , toujours très bavard..., ne manque jamais une occasion de mettre en avant son "humanité" : lors des batailles contre les sauvages cannibales qui envahissent "son" île, lors des nombreuses aventures en mer (batailles encore...),et même lors de ses transactions commerciales (là on a du mal à le croire...).



"(....) car je souffrais de voir tuer de pareils pauvres misérables sauvages,même en cas de défense personnelle, dans la persuasion où j'étais qu'ils croyaient ne faire rien que de juste, et n'en savaient pas plus long. Et, bien que ce meurtre pût être justifiable parce qu'il avait été nécessaire et qu'il n'y a point de crime nécessaire dans la nature, et je n'en pensais pas moins que c'est là une triste vie que celle où il nous faut sans cesse tuer nos semblables pour notre propre conservation, et, de fait, je pense ainsi toujours ; même aujourd'hui j'aimerai mieux souffrir beaucoup que d'ôter la vie à l'être le plus vil qui m'outragerait."



Autre passage prémonitoire : Robinson fait escale à Madagascar. Il y a une embrouille (un marin viole une native). Les indigènes tuent deux marins en représailles. Pendant la nuit l'équipage part incendier le village et massacrer la population. Nous sommes blasés . Algérie, Vietnam....et combien d'autres avant. Ce qui est remarquable c'est que Robinson prend ses distances avec le pogrom ; général de la Bollardiere avant l'heure.

Sinon les aventures continuent : l'Inde,le détroit de Mallaca,la Chine, retour par la terre ferme , enfin, dans son Angleterre natale pour y finir sa vie.

Et nous les babas cools soixante-huitards qui frimions devant les nanas pour avoir fait Paris-Kaboul en deuche (Aller-retour quand même...).









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Moll Flanders

L'aventure est au coin de la rue philosophais-je alors que, patientant stoïquement à la caisse de la superette du coin justement, je fus sauvé in extremis du péché de gourmandise. le charme hypnotique émanant du rayon chocolats fut brisé ex abrupto par la voix du gérant mystérieusement surgi de l'arrière.



Madame, vous allez payer illico l'article que vous avez mis dans votre sac ou vous le reposez!

Le magasin est équipé de caméras! Je vous ai de facto vue glisser un tube de dentifrice Vademecum dans votre sac. Ne m'obligez pas à appeler la police. Dura lex sed lex!

J'avoue ici une légère imposture, les locutions latines étaient évidemment absentes de cet échange brave commerçant versus gibier de potence mais j'ai imprudemment commencé une sorte de trip latin que je me dois de respecter.



La pauvresse, acculée par le nec plus ultra de la surveillance technologique, finit par reconnaitre le larcin mais ne put présenter un moyen de paiement ad hoc. Elle se refusa à tout mea culpa et tenta même de plaider sa cause en priant, sans succès, son accusateur de faire le distinguo entre simple erratum et véritable casus belli. In fine elle déposa l'objet du délit et quitta piteusement les lieux sous la vindicte du gérant et le regard amusé du caissier.



Alea jacta est me dis-je, toutes résolutions oubliées, en me saisissant d'une plaquette de Côte d'Or aux noisettes avant de passer à la caisse.

A posteriori, grignotant mon chocolat, je songeais à ce que ce type d'incident eut valu aux contemporains de Moll Flanders. Si j'en crois Defoe, on ne badinait pas avec le vol à l'époque, a fortiori en cas de récidive, on risquait la mort ou, a minima, la déportation.



Moll Flanders m'a rappelé le Jack d'Alphonse Daudet dans sa propension à être malmenée par la vie. Carpe diem, n'était pas trop dans son karma!

Contrairement à Jack, le personnage de Defoe subit certes une avalanche improbable de déconvenues et autres quiproquos mais il n'est pas passif, il réagit, il s'adapte grosso modo, selon ses moyens.



Defoe mélange humour et ironie dans cette sorte de curriculum vitae où la narratrice confesse avec espièglerie une vie de courtisane et de voleuse en nous révélant en creux la condition féminine de son époque en Angleterre et dans ses colonies américaines.

Malgré un style parfois ostensiblement lourdaud, Moll Flanders se lit donc avec un certain plaisir.



Post-scriptum

En hommage à l'auteur de Robinson Crusoé qui participa à me donner le goût du voyage et afin de respecter les velléités oulipiennes qui sous-tendent approximativement cette modeste chronique, c'est au rythme de "Rockin' All Over the World" du groupe Status Quo que j'en terminerai.
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Robinson Crusoé

Naufrage !! Eh oui, naufrage.



De quoi, de qui exactement ?



D'un simple héros de roman ou bien d'une parcelle de vie ayant traversée trop vite le carrefour des rendez vous d'un jour.



Vivre, est ce cette route qu'il faut s'attacher à suivre ?



Toujours suivre, quoiqu'il en coûte et nous déroutent ?



Ou bien est ce ces sursauts qui, parfois, nous assaillent et nous interrogent ?



Pour, finalement, nous confronter à nous même, nos certitudes et fondements, aussi réels soient ils.



Aux regards étrangers les reflets, souvent se troublent et se froissent?



Etre seul avec les autres est il si improbable que cela, avec cette multitude n'ayant de cesse de faire et refaire ce que l'on ne veut plus ?



Drôle de gens, non que ces gens là, n'est ce pas ?



On se quitte, on se perde de vue, on se retrouve face à face. Et, soudain, l'autre est différent de nous.



Est ce bien normal cela ? A lire pour, peut être y réfléchir.
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Lady Roxana ou l'heureuse maîtresse

Ah Roxana... Classique du 18ème anglais, pas ma période de prédilection... Ce roman est attribué à Defoe, célèbre surtout pour son Robinson Crusoe - qui n'avait déjà pas été une partie de plaisir, et ma foi, il en fut de même pour celui-ci.

Cette fois-ci, comme dans Moll Flanders, Defoe dépeint une femme. Celle-ci, à l'inverse de Moll Flanders, est issue de la bourgeoisie marchande (dans l'auteur lui-même est issu) et d'origine française huguenote (Defoe aussi était protestant), délaissée par son mari et ses enfants qui en vient à monnayer ses charmes pour survivre. Débute alors une grande carrière de courtisane, pas très morale, mais bien à la mode libertine du 18ème anglais - on oublit que Londres était LA capitale des bordels en tous genres, pour toutes les classes sociales bien avant l'ère victorienne, en réaction au rigorisme puritain du 17ème.



Souvent présenté comme un roman social et pré-féministe, on se demande parfois si , à l'instar de Flaubert, Defoe aurait pu affirmer "Roxana, c'est moi" bien qu'il entretienne un rapport ambigu à son personnage qui devient riche grâce à son sens des affaires et les rentes et cadeaux que lui offrent ses amants.

Mais c'est surtout un personnage très orgueilleux, vaniteux et faux. le tout mêlé dans un récit opaque (pas de chapitrage!) et creux (très mal écrit!) qui ont rendu cette lecture bien pénible.
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Robinson Crusoé

Alexandre Selkirk était un marin écossais à fort caractère. S'étant querellé avec son commandant, il demanda à être débarqué dans une île déserte des mers du Sud où il vécu seul de 1704 à 1708. On pense que Daniel Defoé s'est inspiré de son histoire pour écrire Robinson Crusoé en 1719.



A l'âge de 59 ans, après une vie aventureuse d'espion, de commerçant, et de pamphlétaire condamné au pilori, l'Anglais Daniel Defoe présente au public le roman qui le fait entrer dans la postérité : "La Vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé de York, marin, qui vécut 28 ans sur une île déserte sur la côte de l'Amérique, près de l'embouchure du grand fleuve Orénoque, à la suite d'un naufrage où tous périrent à l'exception de lui-même, et comment il fut délivré d'une manière tout aussi étrange par des pirates."

Si l'on a oublié le titre original, Robinson Crusoé s'est lui gravé dans notre patrimoine culturel . Sans l'avoir lu, nous savons tous que ce marin échoue sur une île déserte où il finit par rencontrer Vendredi, un insulaire.



Mais Robinson Crusoé c'est un peu plus que cela. Tellement plus que c'est un peu confus selon l'édition que vous consultez, selon ce que j'ai pu voir chez les distributeurs.

Allez, suivez moi, je vous explique...



Defoé publie en 1719 son livre au titre interminable, qui va de la jeunesse de Robinson à son retour en Angleterre 35 ans après l'avoir quittée. C'est parfois ce qu'on trouve sous le titre "Robinson Crusoé", voire "Robinson Crusoé partie 1"



Quelques mois après la parution de ce premier volume, Daniel Defoé publie "Les Nouvelles Aventures de Robinson Crusoé", jugées moins intéressantes par la plupart des critiques : Robinson retourne sur son île et apprend ce qu'il est advenu de la colonie. Après de multiples péripéties dans lesquelles Vendredi perd la vie, il revient en Angleterre, en passant par la Chine et la Russie, à l'âge de 72 ans. On trouve généralement cette suite sous le titre "Robinson Crusoé partie 2", cependant toutes les éditions n'assurent pas le même découpage.



Enfin,vers 1720-1721, Defoé écrit ses "Réflexions Morales de Robinson Crusoé" aussi traduites en "Réflexions sérieuses de Robinson Crusoé". Réputées ennuyeuses et dispensables, elles sont difficiles à trouver. Vous pouvez acquérir l'intégrale chez Gallimard, La Pleiade. Quant à moi, je vous recommande l'édition Rencontre Lausanne, de 1967, qu'on découvre facilement d'occasion à des tarifs abordables. Elle contient les deux premières parties des aventures de Robinson.



Réflexions morales ou pas, Robinson Crusoé est un livre qui fait un grand cas de l'obéissance au père, de la foi, et de la rédemption, s'inscrivant dans les valeurs de son époque colonialiste.



L'édition que j'ai pu lire a donc l'avantage de présenter ces deux premières parties dans leur traduction la plus prestigieuse, celle de Petrus Borel (1809-1859). Bien que la seconde partie des aventures de notre héros comporte quelques longueurs - les interminables sermons sur le mariage - les deux forment un tout et méritent d'être lues. Il existe cependant une très récente traduction en poche par Françoise du Sorbier qui semble avoir bonne réputation et se rapprocher du style original.



Pour vous orienter dans le choix de votre Robinson Crusoé, s'il se termine par (traduction Petrus Borel) : "de mes nouvelles aventures durant encore dix années, je donnerai une relation plus circonstanciée ci-après", c'est que vous avez sous les yeux la première des trois parties. Ce n'est malheureusement pas expliqué par tous les éditeurs.



Daniel Defoé a incarné en Robinson Crusoé, un mythe moderne du retour à la nature. Son écriture n'est pas destinée aux enfants. Sa méthode - avec notamment des inventaires détaillés des biens du naufragé, son journal, des descriptions de lieux ou de coutumes - rappelle fortement les relations de voyages des grands découvreurs (Bougainville, La Pérouse - au fait, quelqu'un a des ses nouvelles ?-, Cook, Darwin) et donne au récit l'apparence générale de la crédibilité. Les préfaces des deux parties laissent d'ailleurs planer le doute sur la nature de l'oeuvre, "narration exacte des faits" sans "aucune apparence de fiction".



Malgré ses trois cents ans, Robinson Crusoé se porte bien ! Rousseau voyait en lui le seul ouvrage propre à éduquer Emile, et il a ouvert la voie à toutes sortes de "Robinsonnades", dont l'énumération serait fastidieuse, mais dont le dernier spécimen qui me vient à l'esprit est l'excellent Lost on Mars de Ridley Scott. Il est aussi intéressant de voir ce que cette matière brute a donné sous la plume de quelques écrivains, et je pense particulièrement à Michel Tournier et ses deux Vendredi.



Enfin, puisqu'il faut bien en terminer avec ce Robinson-là, sachez qu'il existe au Chili une île Robinson Crusoé, dont la légende veut qu'elle soit celle de Selkirk, vous vous souvenez ? L’irascible naufragé volontaire du début de l'histoire.

Si ça ce n'est pas ce qu'on appelle la postérité...
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Robinson Crusoé

La lecture d'un classique comme Robinson Crusoé à la quarantaine est l'occasion de mesurer l'écart qui sépare l'œuvre du berceau de brume dans lequel on l'avait laissé adolescent. Je suis d'ailleurs bien incapable d'affirmer que je l'avais déjà lu dans sa version intégrale, et encore moins dans la traduction admirable de Pétrus Borel (1833) qui résiste aux affres du temps, comme les traductions d'Edgar Allan Poe par Baudelaire. Nul souvenir des soixante-dix pages d'aventures qui précèdent le naufrage, où Robinson se fait planteur au Brésil et participe à une expédition à la recherche d'esclaves, ni des tribulations improbables qui suivent le séjour dans l'île qui évoquent les voyages maritimes imaginaires en vogue dans la 1ère moitié du 18ème siècle.

Beaucoup de lecteurs postent les livres qu'ils emmèneraient sur une île déserte. A croire qu'il suffit de plonger les yeux fermés son harpon dans la mer pour en retirer des daurades toutes frétillantes ou de taper sur le tronc d'un cocotier pour en faire tomber les noix. L'industrieux Robinson n'a pas de temps pour les robinsonnades. Sitôt échoué et ses esprits retrouvés, il fait des norias entre l'épave et la plage pour en retirer tout ce que la civilisation occidentale a produit d'outils, d'armes, d'instruments, de toiles, de bois ouvragés pour ajouter à l'Empire maritime britannique une micro-colonie. Propriétaire, agriculteur, charpentier, plus tard gouverneur, sous la seule férule de la Bible, qu'il redécouvre au fil de son séjour, Robinson Crusoé s'inscrit dans la lignée des aventuriers, navigateurs, colons, marchands britanniques qui ont écumé les océans depuis le règne d'Elisabeth 1ère, des Drake, des Dampier. L'image recomposée d'un hamac tendu entre deux troncs de cocotiers a vécu.
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Robinson Crusoé

LE livre de naufragé à lire!

Outre les aventures solitaires de Robinson, sa vie sur cette île où il s'organise avec pragmatisme d'abord, puis avec un certain "plaisir", c'est le changement d'état d'esprit de ce dernier lorsqu'il découvre qu'il n'est plus seul qui est saisissant...

Sans doute l'adage "pour vivre heureux vivons cachés" n'est-il pas loin de la philosophie fondamentale de cet ouvrage fabuleux...
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Robinson Crusoé

Comme un item d’un challenge auquel je participe regroupe les mots « classique » et « jeunesse » (deux qualificatifs qui ne me font pas sauter de joie), je me suis traînée jusqu’à l’ancestrale bibliothèque familiale pour en tirer un vieux livre vert des éditions Hachette, moisi, sans ISBN (en 1938 ça n’existait pas...), et parsemé de cinq illustrations de J. Pegnard (je ne sais pas qui c’est et ses dessins ne me donnent pas envie de chercher).

Me voici donc avec le célébrissime Robinson Crusoé entre les mains. Le roi des naufragés depuis près de deux siècles, puisque ce roman d’aventure a été publié pour la première fois en 1719. Ce qui nous prouve qu’il y a des morales intemporelles...

Le hic pour moi, c’est que je n’ai pas vraiment envie de me mettre dans la peau d’un enfant pour juger ce livre (oui, j’ai le droit). Forcément, il m’a manqué les questionnements existentiels à la mords-moi le noeud sur la solitude. Je suis une grande solitaire et pourtant je suis absolument certaine qu’au bout d’une semaine sur cette île je me serais pris une cuite au rhum. Robinson, lui, en un quart de siècle, ça ne lui traverse pas l’esprit une seule fois. C’est chiant la vie d’un héros de roman jeunesse, non ? Il n’a quasiment fait que bosser comme menuisier, agriculteur, tanneur... avec la Bible comme béquille psychologique. Amen (l’apéro, huhu).

Robinson Crusoé est le symbole de la longévité de l’optimisme mais moi, dans ma peau d’adulte, cette longévité m’a faite bâiller.

J’aurais dû chercher la version BD.
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Moll Flanders

Mollflanders érige tragiquement les conditions des femmes au XVIIe Siècles comme des êtres dépendants non seulement aux hommes mais aussi aux lois de la société. Elles sont outrageusement exposées à toute forme de vice quand déjà la naissance ne leur garantie aucune niche où recourir en cas de déboires. Moll flanders est une femme dont le destin s'est joué dans tous les sens. Épouse sept fois, mère douze fois, elle trimbale sa vie comme un cours d'eau qui ne fait que suivre naturellement le chemin qu'on lui a imposé. Elle est la reine de la poisse. Partout où elle foule son pied, la poisse l'y attend, et ça ne frappe que de grands coups. Si ce n'est pas un mari qui meurt, ça sera un amant attentionné qui tombe sérieusement malade jusqu'à se repentir de ses actes d'adultère. Si ce n'est pas que le nouveau mari est n'est qu'un filou, alors ça sera un mari dont on va découvrir les liens de parenté de la manière la plus criarde, un mari qui n'est que son propre frère. Face à cette vie de vicissitude, Moll Flanders ne s'en démet pas, elle se laisse à chaque fois prendre dans ce piège du destin qu'elle nous relate sous forme d'un repentir comme si elle n'avait pas le choix. Daniel Defoë y met trop d'affliction pour dépeindre les malheurs de la femme des siècles passés. Il en fait un peu trop au point que l'intrigue devient beaucoup plus emphatique. Le livre est saisissant au début mais après, on s'égare un peu. L'héroïne est, certes, une femme dont la beauté impressionne même au delà de ses quarante ans, et elle est d'un moral de fer qu'elle trouve toujours un moyen de remonter dans sa chute mais c'est un personnage tellement glissant qu'on ne saurait la saisir, ni s'attacher à elle. Elle coule comme son histoire coule, au fil des pages, on oublie déjà tout, on l'oublie, elle et son histoire. A chaque fois, on a l'impression d'avoir affaire à une inconnue et à une nouvelle histoire!
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Robinson Crusoé

L'histoire est célèbre : Robinson Crusoé devient marin contre l'avis de son père et après plusieurs mésaventures en mer, il échouera sur une île déserte et y survivra pendant de nombreuses années.

Comme beaucoup de monde, je connaissais l'histoire de cette grande figure de la littérature, mais je ne l'avais encore jamais lue.



C'est maintenant chose faite et me voici bien embêté pour en écrire une critique, tant je ressors mitigé de ma lecture.



De certains côtés, j'ai trouvé le roman passionnant. Robinson Crusoé fait preuve d'astuce et de courage pour survivre. Il est le roi de la débrouillardise. On a de la peine pour lui à chacun de ses échecs, heureux à toutes ses petites victoires. On ressens bien sa solitude, ses peines, ses joies... Bref, tous ces aspects du roman m'ont énormément plu.



Mais un autre aspect du roman m'a vraiment géné, d'autant plus qu'il est essentiel dans l'histoire, c'est que le roman de Daniel Defoe est tout entier imprégné de morale religieuse. Robinson Crusoé le pêcheur (il a désobéi a son père) subit milles souffrances de la main de Dieu, dans le but de faire de lui un homme meilleur. Je n'ai rien contre la religion, mais ces passages moralisateurs étaient bien trop nombreux à mon goûts.



Sans parler de la relation de Robinson avec Vendredi. Crusoé le considère d'emblée comme un serviteur (le premier mot d'anglais qu'il lui apprend est "Maître") et très vite il entreprend de lui enseigner sa religion, partant du principe qu'il n'y a qu'un seul vrai Dieu et donc que les croyances de Vendredi ne peuvent être que des mensonges professés par des imposteurs.

Du point de vue du lecteur du 18e siècle, cela se comprend. C'est même vu comme une bonne action puisque faisant cela Robinson sauve l'âme du sauvage. le lecteur moderne que je suis y a juste vu une grave marque d'intolérance et ces passages, en plus d'être très longs, m'ont plutôt évoqué un lavage de cerveau.



Au final, bien que je sois très content d'avoir lu ce classique, je l'ai trouvé très daté et trop long. Pour une fois, je préfère les copies à l'original et, aux amateurs de robinsonnades, je conseillerais plutôt Vendredi ou la vie sauvage, de Michel Tournier, dont je conserve un excellent souvenir (bien que lointain... Il faudrait que je le relise) ou, dans un genre différent, l'Île mystérieuse, de Jules Verne.
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Moll Flanders

« Heurs et malheurs de la célèbre Moll Flanders », présentation du livre de Daniel Defoe. La 4ème de couverture est attrayante et intrigue avec les aventures extraordinaires de cette femme du XVIIème siècle. Malheureusement, la lecture de se roman s’avère parfois passionnante mais trop souvent fastidieuse.



L’héroïne passe de malheurs en maris différents, cherchant essentiellement la sécurité financière. Une errance qui s’explique par la vie extrêmement difficile pour une femme, en particulier, à cette époque.



Le style parfois très difficile à lire m’a fait abandonner au bout de quelques déboires sentimentaux de Moll Flanders.

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Robinson Crusoé

Classique que j'avais oublié de noté. Bonne littérature pour jeunes et adultes où le lecteur se découvre un peu mieux, si ce n'est pas déjà fait, en plus de lire une histoire d'aventures maritimes.
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Robinson Crusoé

C'est un classique de la littérature, mais qui est très éloigné de la version pour enfant que nous avons connue étant plus jeunes. C'est une œuvre à connaître et à apprécier pour ce qu'elle est: un récit précurseur du genre qui a influencé plus d'un roman et qui n'a pas fini de servir de référence.
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Moll Flanders

L'histoire est racontée sur le mode des confessions d'une femme, connue sous le nom d'emprunt de Moll Flanders. La narratrice nous brosse le portrait édifiant de ses différents heurs et malheurs et nous fait part de ses expériences de voleuse dans les bas-fonds londoniens. Car une femme sans époux, sans argent et sans relations dans cette société du XVIIIè siècle est malheureusement condamnée à une vie de larcins et de prostitution pour survivre !



De sa naissance dans la prison de Newgate à son ascension au statut de riche propriétaire, l'héroïne fait montre de préoccupations farouchement matérialistes, d'une détermination indomptable ainsi que d'un instinct de conservation particulièrement aiguisé.



Et croyez-moi, l'héroïne n'avait pas moins besoin de toutes ces qualités pour rebondir à chacun de ses revers de fortune ! Mais jugez vous-mêmes.

Née dans une prison d'une mère dont la condamnation à mort est commuée en déportation dans les colonies anglaises, elle est abandonnée aux mains d'une nourrice pauvre mais aimante ; elle reçoit malgré tout une éducation soignée qui lui ouvre les portes d'une riche famille où elle devient dame de compagnie et prend goût à cette vie distinguée, au-dessus de sa condition ; subornée par le fils aîné de la famille, elle est poussée par son amant à épouser le frère cadet ; à partir de là, devenue veuve, elle va s'efforcer de retrouver la sécurité financière par le biais du mariage, mais suite à de malheureuses circonstances, elle fera toujours le choix du mauvais mari...



Douze enfants, cinq maris et trois amants plus tard, Moll est encore loin de la sécurité financière et se voit obligée de commencer une carrière de voleuse à l'âge vénérable de 48 ans...



Avant de continuer ma chronique, je ne peux m'empêcher de vous dresser la liste de ses grossesses et de ses liaisons amoureuses (ou pas) dans l'ordre chronologique, car il faut la suivre, la demoiselle :



Amant n°1 est donc, comme mentionné plus haut, l'héritier d'une famille aristocratique qui lui promet le mariage pour mieux la mettre dans son lit et la pousse ensuite à épouser son frère ; à cette époque, Moll s'appelle Betty ;

Mari n°1 est donc Robin, le frère du goujat (profitez de ce détail, car si dans l'histoire les personnages abondent, très peu sont nommés, même les plus importants) ; le mariage dure 5 ans et s'achève avec la mort du mari ; l'héroïne ne cache pas son soulagement sur le fait que "[ses] deux enfants [lui] furent heureusement ôtés de dessus les bras par le père et la mère de [son] mari." (page 49-50)

Mari n°2 est un gentilhomme marchand, qu'elle choisit, éblouie par son titre, poussée par la vanité alors que la prudence lui eût commandé de se marier à un honnête travailleur ; en effet, elle dépense sans compter pour le plaisir de son ruineux mari qui finit par s'exiler à l'étranger pour échapper à ses créanciers et à la prison ! L'enfant qu'elle a eu de lui est mort...

Mari n°3 la connaît sous le nom de Mme Flanders (elle est obligée de changer de nom pour convoler en justes noces car son 2è mari est toujours vivant !) et l'épouse en la croyant dotée d'une confortable somme d'argent ; mais comme il est sincèrement amoureux d'elle, il lui pardonne cette déconvenue ; ils sont obligés de rejoindre la plantation du mari en Virginie où notre infortunée héroïne se rend compte, après avoir eu de lui 3 enfants, que son mari est en fait son demi-frère... Elle le quitte pour revenir en Angleterre ;

Amant n°2 vit avec elle une longue histoire d'amour et l'entretient pendant 6 ans durant lesquels elle lui donne 3 enfants ; elle est à nouveau obligée de prendre un nom d'emprunt, milady Cleave, pour pouvoir accoucher "honorablement" ; à 42 ans, elle est contrainte de tout recommencer à zéro, quand son protecteur décide de se repentir de sa vie débauchée ;

Mari n°4, prénommé Jemmy, est un aristocrate irlandais, qu'elle croit riche (lui aussi la croit riche) ; le mariage tourne court quand ils se rendent compte qu'ils se sont mépris sur leur richesse respective ; ils se séparent en bons termes, mais sans le savoir, il lui a laissé comme cadeau un polichinelle dans le tiroir, qu'elle est obligé d'abandonner pour s'unir à

Mari n°5, un banquier très amoureux d'elle, qui lui procure pendant 5 ans une vie confortable et deux enfants ; malheureusement, il ne se remet pas de mauvais placements et la laisse à nouveau veuve et sans appui...

Puis elle entretient une liaison d'un an avec un gentilhomme, l'amant n°3...



Même si j'ai l'air de traiter légèrement les mésaventures maritales de Moll Flanders, j'ai été très sensible au sort injuste qui frappe les femmes seules et démunies. A l'instar de Moll Flanders, elles sont confrontées à un dilemme : une vie de misère ou de famine, ou une vie malhonnête menant immanquablement à la prison ou à la potence. Comme on le voit, les choix sont vite limités pour les femmes de cette époque. C'est donc un roman très instructif sur les moeurs et les coutumes de ce temps. Les femmes sont esclaves de leur corps : la moindre liaison les expose au risque d'une grossesse indésirée ; en outre, chaque logeuse est obligée de déclarer les femmes enceintes et le nom du père ; par chance, Moll Flanders bénéficiera à chaque fois de la solidarité et de la discrétion de ses logeuses qui choisiront de ne pas la dénoncer aux officiers de la paroisse et garderont ainsi sa réputation intacte...

Je ne peux m'empêcher de me demander ce que sont devenus tous ces enfants qu'elle a abandonnés dans son sillage... Le fait que Moll semble peu affectée par le sort de ses enfants peut nous surprendre et nous décevoir mais il faut remettre les faits dans leur contexte : à l'époque, le taux de mortalité infantile était élevé (d'ailleurs, sur ses 12 enfants, au moins deux sont morts en bas âge) ; de plus, l'histoire est écrite par un homme, et un homme du XVIIIè siècle.



Concernant l'héroïne, celle-ci est complexe et ambivalente. Moll n'est pas un personnage très sympathique mais c'est une survivante (on dirait aujourd'hui que c'est une battante), qui ne se résigne jamais à son sort et l'on a donc du plaisir à suivre ses frasques, véritablement palpitantes. Dénuée de tout scrupules, elle n'hésite pas à manipuler les gens, à les gruger ou à leur mentir pour échapper à la misère ; dénuée de tous droits en tant que femme, elle arrive habilement à déjouer le système juridique... J'avoue que lorsqu'elle se lance dans sa carrière de voleuse, je me suis surprise à trembler plusieurs fois pour elle, mais elle fait preuve de tant d'astuce et d'esprit d'à-propos, qu'elle réussit à se sortir de situations extrêmement compromettantes...

Moll Flanders ne s'excuse jamais vraiment de cette vie déréglée et hors-la-loi ; ses accès de repentance surviennent généralement quand elle se retrouve en mauvaise posture... Sa pénitence n'est que de surface mais c'est de bonne guerre dans ce monde si peu taillé pour les faibles !



Pour conclure, je remercie Missie de m'avoir permis de découvrir ce livre très intéressant, qui offre un éclairage terrifiant sur les conditions de vie des femmes des classes inférieures. J'ai beaucoup appris sur les techniques astucieuses employées par les voleurs et les receleurs des bas-fonds londoniens pour commettre leurs larcins en toute impunité. Moll Flanders n'est pas une femme très fréquentable, mais on ne peut qu'admirer sa force de caractère, son indépendance, sa débrouillardise et son pragmatisme dans ce monde si peu fait pour les femmes. De plus, j'ai été agréablement surprise par la loyauté dont elle fait preuve envers sa receleuse et son 4è mari...
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Robinson Crusoé

La version Bibliothèque verte de Robinson Crusoë est un des livres qui a le plus marqué ma jeunesse et il reste un de mes ouvrages référence. Il m'a permis en tant qu'enfant d'échapper à un quotidien triste. Je viens d'en terminer la version longue (je dirais même interminable) mais cela m'a plu aussi. Robinson y explique comment il s'y prend pour supporter son isolement. Pas évident de rester plus de 20 ans tout seul sur une île. Lui qui n'était pas religieux l'est devenu car il n'avait pas d'autre choix que de s'en remettre à la miséricorde de Dieu.

Je lis ce livre alors que nous sommes en confinement. Hasard ? Je ne sais pas. En tout cas, cette lecture est l'occasion de s'interroger sur un mode de vie différent de celui de nos sociétés. Une très belle lecture!
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Robinson Crusoé

Comment survivre sur une île déserte après un naufrage ? C'est un thème brûlant d'actualité. Il est impossible d'échapper à la crise qui bouleverse notre quotidien, alors parlons-en ouvertement.



8 milliards de Robinson, le retour dans les grottes :



Tous les jours, on nous montre à la télévision les images d'un monde de fiction où les rues des métropoles, naguère remplies de files interminables de véhicules, sont désormais désertes. Sur les trottoirs cheminait hier un peuple grouillant, affairé ou parfois nonchalant, ces habitants ont disparu. Quelques drones pilotés à distance par les forces de l'ordre rappellent les consignes aux personnes qui ne respectent pas le confinement.

 Le monde est en train de bifurquer. Les chemins qui nous conduisaient vers un futur que certains pensaient être en mesure de prévoir, sont devenus un labyrinthe, un dédale, un arbre aux multiples ramifications. Les bouleversements qu'entraîne un confinement à l'échelle mondiale auront des conséquences incalculables. Des millions de personnes vont devoir changer leur mode de vie au quotidien, ils vont se livrer à toutes sortes d'activités qu'ils pratiquaient peu ou pas du tout auparavant. Je pense aussi à toutes ces rencontres qui n'auront pas lieu et à celles qui au contraire vont être provoquées par les événements. Je pense à toutes ces personnes atteintes par la maladie, angoissées, isolées de leur famille et qui s'attendent au pire, pour la plupart, elles s'en sortiront, mais cette épreuve les changera profondément.

 Les certitudes des hommes politiques sont ébranlées, comme en témoigne les récents discours télévisés d'Emmanuel Macron des 12 et 16 mars 2020 : "Il faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties... Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond à d'autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle... Beaucoup de certitudes, de convictions sont balayées, seront remises en cause. Beaucoup de choses que nous pensions impossibles adviennent. Agissons avec force, mais retenons cela : le jour d'après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour au jour d'avant... Nous aurons appris et je saurai en tirer les conséquences, toutes les conséquences...". Reste à savoir si cette prise de conscience sera suivie d'effets.

 L'enquête sur cette catastrophe sera longue et difficile même si l'on croit déjà connaître l'origine de la contamination : la consommation en Chine, d'animaux sauvages, dans des conditions d'hygiène douteuses. Mais ne peut-on pas imaginer que ce qui se produit est une forme de résilience de la nature en réaction contre le pillage organisé des ressources naturelles et la destruction de notre biodiversité provoqué par la folie des hommes ? La planète prend sa revanche, le confinement général à des effets bénéfiques, la pollution est en baisse.

 Quoi qu'il en soit, il faut faire face et adopter une attitude positive. Ce que nous vivons aujourd'hui peut avoir un impact positif sur l'avenir. Ce retour au sein de la cellule familiale restreinte nous oblige à penser et à nous organiser autrement. C'est l'occasion d'une réflexion sur ce que sont nos besoins fondamentaux. C'est l'occasion de redécouvrir les vertus de la campagne, des potagers, des livres. Nous sommes confinés, mais pas isolés, car nous pouvons communiquer et recevoir des informations en temps réel. Prenons exemple sur l'expérience de ceux qui savent s'adapter aux espaces réduits dans des conditions précaires : les cosmonautes, les navigateurs solitaires, les sous-mariniers, les explorateurs polaires, les moines et aussi les grands lecteurs. La lecture est un moyen formidable d'évasion, les livres ont un pouvoir guérisseur sur les maux de l'esprit. Relisons les grands philosophes de l'antiquité qui s'interrogeaient sur les problèmes fondamentaux de la condition humaine et prenons nos distances avec les grandes théories économiques, financières et productivistes qui ont peu à peu conduit nos politiques à diriger la planète comme une start-up.

 Les restrictions de liberté que nous subissons doivent être acceptées comme le seul remède, en attendant la fabrication d'un vaccin. Profitons de ces circonstances pour développer le télétravail, la télémédecine, l'école à distance. Ces modalités d'exercer certaines activités seront sans doute très utiles demain même après un retour à la "normale"

 On peut s'adapter au confinement en s'organisant et en s'imposant des règles de fonctionnement qui éviteront les comportements anarchiques incontrôlables. Ce n'est pas la fin du monde, c'est la fin d'un monde, préparons-nous à demain. Assignons-nous des tâches, des projets, des missions, respectons des rituels, organisons nos journées. Nous allons apprendre à moins consommer, à économiser nos ressources, à moins nous déplacer inutilement, à profiter de chaque instant, à réfléchir et à prendre conscience que depuis la nuit des temps l'humanité a toujours été confinée sur la planète et qu'il faut en prendre soin plus que jamais. Alors cultivons notre île et ouvrons les livres.



“Tout nos tourments sur ce qui nous manque me semblent procéder du défaut de gratitude pour ce que nous avons.”

Daniel Defoe, Robinson Crusoé.



Bibliographie :

- "Robinson Crusoé", Daniel Defoe, le livre de poche (2003), 410 pages.

- "L'école des Robinsons", Jules Verne, Novedit (2007), 202 p.

- "Le nouveau robinson suisse", Wyss Jean-Rudolphe & Stahl P.J. , Ramsay Pauvert (1990), 407 pages.

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