Citations de David Foenkinos (5745)
Antoine était assis sur sa chaise, dans son costume couleur discrétion.
P.20.
Les humains dans la souffrance forment deux camps. Ceux qui résistent par le corps et ceux qui résistent par l’esprit. C’est l’un ou l’autre, rarement les deux.
P.13.
Plus que jamais, l'humanité se construisait dans le poison de la comparaison. On vivait sa vie en regardant celle des autres, ce qui ne manquait pas d'accentuer le moindre sentiment d'échec personnel.
On entendait ici ou là chuchoter cette expression de la curiosité douloureuse. La professeure expliqua brièvement qu'il y avait quelque chose de résolument moderne dans ces deux mots, ce désir de tout suivre de la vie de l'autre s'étant énormément amplifié de nos jours.
Il m'a quittée, je ne peux rien y faire. C'est peut-être ça, le drame. Je dois accepter une situation que je refuse.
Dans son lit, il sut qu’il ne serait pas capable de s’endormir : comment aller vers le rêve quand on vient de le quitter ?
Eric avait bien retenu l’essentiel : il devait paraître enthousiaste, savoir accueillir le moindre contrat avec une joie sans mélange. Mais, pour un homme qui n’a plus vraiment l’habitude d’afficher le bonheur sur son visage, ce n’était pas chose aisée. Il lui arrivait parfois de déclencher un sourire à un moment peu opportun, comme quelqu’un qui ne maîtriserait pas tout à fait un véhicule fraîchement acheté.
La relation avec son fils était bien trop épisodique ; parfois, il lui semblait manquer des étapes de son évolution, un peu comme on ne saisirait pas vraiment le sens d’un roman dont on sauterait trop de pages.
Il n’avait pourtant jamais cessé d’éprouver un sentiment de culpabilité. Une amie lui avait dit un jour : « Éric, ne te reproche rien. Tu sais, nous sommes tous coupables de quelque chose. » Il avait été surpris par cette affirmation. Elle tentait d’atténuer ainsi sa douleur, bien sûr. A l’en croire, aucune destinée humaine n’était à l’abri des mauvais choix.
La fuite avait été une sorte de remède. Il s’était alors offert l’illusion d’être la première page d’un roman.
Incipit :
Éric Kherson appréhendait toujours de prendre l’avion. Il dormait en général assez mal la veille du voyage, se laissant dériver vers les pires scénarios possibles, imaginant tout ce qu’il laisserait derrière lui après sa mort violente dans un crash. Mais le désir d’ailleurs demeurait plus fort que la peur, dans ce combat incessant entre nos pulsions et nos frayeurs.
Il y avait dans la modernité comme une volonté inconsciente de vous compliquer l'existence.
Un instant, elle pensa : "Suis-je aussi vieille que ça ?" On ne vieillit réellement qu'en voyant ceux de notre âge vieillir.
Il nota cette phrase : "L'homme heureux est celui qui aime ce qu'il a".
Comme tous les conquérants, elle avait la lassitude facile.
Elle finit par penser au pouvoir de l’écriture. On vantait souvent la capacité apaisante des mots sur ce qui fait mal.
La pire conséquence d’un échec, c’est qu’il transforme le reste de votre vie en un perpétuel échec
Était-il condamné au malheur quoi qu’il arrive ?
Certaines douleurs ne semblent pas avoir d’issue.
Ce qui est violent dans l’échec, c’est d’avoir perdu la maîtrise de son destin. C’est la soumission à la décision de l’autre.