Déborah J. Marrazzu

Ma famille est soudée, seulement ici il y a ce je-ne-sais-quoi en plus qui me broie le cœur. Est-ce que c'est parce que je m'efforce d'être ce que mes parents attendent de moi sans jamais oser être réellement moi? Je ne sais pas.

Il faut juste que je continue sur cette voie, celle où le regard des autres ne devrait jamais définir qui je suis ou comment je me vois, moi.

Au lieu de laisser quelqu'un entrer dans ma vie, je fais tout l'inverse. Je me ravise toujours au dernier moment, comme si j'étais incapable de nouer de véritables lien.

Serena, écoute-moi. Tu ne dois jamais avoir honte de celle que tu es. Ton physique n'est pas ce qui te définit. Je sais qu'en ce moment, ce n'est pas évident pour toi, mais rien de tout ce qu'il t'arrive n'est de ta faute.

❛ Vous valez plus que ce que vous croyez. Vous êtes uniques. Merveilleux. Merveilleuses. Beaux. Belles. Intelligents. Intelligentes. Doués. Douées. Vous êtes tout ça et plus encore. Vous êtes vous, et c’est tout ce qui compte. ❜

❛ Les gens se contentent de ce que les autres montrent d’eux, mais personne ne peut savoir ce qui se cache derrière un sourire. ❜

Je réalise qu’elle me fascine. Que je la trouve belle. Pas d’une beauté superficielle comme tous ces mannequins avec qui je travaille. Non. Une beauté qui rayonne. Une beauté qui rend tout ce qu’elle regarde beau. Ava n’est pas parfaite, loin de là. Elle est impulsive, têtue, espiègle, et plein d’autres choses encore, mais c’est aussi une femme qui dégage une force dont elle n’a pas conscience.

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Cette fois j’explose de rire. Impossible de me retenir. Lui, maquilleur? Ce mec baraqué, tatoué et plus viril que la virilité elle-même, est maquilleur? Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai énormément de mal à l’imaginer appliquer du mascara ou de l’eye-liner à un mannequin.

Un jour, je réaliserai mon rêve et j’ouvrirai ma pâtisserie avec un salon de thé. Un jour, je ferais ce pour quoi je suis faite.

Je brûle et je détruis tout autour de moi.

» — Ce n’est pas trop dur pour une princesse de glace d’essuyer la vaisselle ? dit-il, taquin.
— Autant que ça l’est pour un renne de laver une assiette, je rétorque sur le même ton. »

J’en ai le souffle coupé. C’est comme si je venais de basculer dans un village du Père Noël en mode Disney, tant tout est magique. Le comble pour une fille qui se prénomme Elsa. Et c’est à cet instant que je comprends que je suis exactement où je devrais être…

-Tu sais, Elsa, tu n’as pas besoin de te cacher derrière cette carapace tout le temps avec moi.
-Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, dis-je en mentant ouvertement.
Sven chuchote si bas que je suis obligée de me pencher vers lui pour l’entendre.
-Les cœurs rafistolés se reconnaissent entre eux.

Je me rends compte, que sans que je lui dise rien, cet homme que je connais depuis moins d’une semaine sait lire entre mes lignes… Car aujourd’hui, c’est de ça que j’avais besoin. De ce rappel que la vie est belle malgré tout. Ce qui devait arriver arrive. C’est à ce moment que ma digue lâche…

-Tu t’appelles Elsa, lui, Kristoff et son frère, Sven…
Et là, je percute. Bon sang, il fallait que je tombe dans l’unique auberge où les hommes portent précisément ces deux prénoms.
-Libérée, délivrée, commence à chantonner Catherine, folle de joie.

J’aurais dû me douter qu’il allait nous arriver des ennuis. Et là, nous sommes au summum des ennuis. Catherine ne perd rien pour attendre.

Je manque de m'étrangler avec ma salive. Si j'ai bien compris, j'ai le choix entre : ne rien faire et probablement perdre cette guerre et Lanna, ou faire cette cérémonie et risquer de me perdre moi-même. Mon côté égoïste choisirait de laisser le monde brûler. Au final, je n'ai pas vraiment le choix. Je dois tenter le tout pour le tout. Il faut que je fasse l'impossible pour elle. Pour nous. Et, si en prime ça peut sauver le monde, alors tant mieux !

- O.K. c'est bon allons-y.
- Merci. Enfin ! J'ai vraiment cru que j'allais devoir assister à votre échange de salive, brrr, rien que d'y penser ça me fait froid dans le dos !
- Arrête tes conneries et téléporte-nous à la place, rétorqué-je en essayant de paraître énervé tandis qu'un sourire étire mes lèvres.

- Et toi, t'es qui ? rétorqué-je en lui lançant un regard noir.
Mes doigts se crispent sur mon arme. L'envie de lui envoyer une flèche dans le genou, pour lui ôter son air suffisant, me démange dangereusement. Ce mec ne me dit vraiment rien qui vaille. Je suis pris d'une envie violente de lui casser la main.

J'essaie de retrouver mon calme, mais ma vie est tellement chamboulée que je n'y arrive plus. C'est ça, j'essaie, mais je n'y arrive plus.