Il n’existe pas plus de trois paris :
Parfois, on joue en se basant sur les cartes.
Parfois, on joue en se basant sur le joueur.
Parfois, on se contente de lancer les dés.
Si tu n’es pas en train de baiser, t’es celui qui se fait baiser.
Je me sens tout le temps faux, murmura-t-il. Tout le monde a l'air d'être à sa place, d'avoir une place dans le monde. Je ne peux même pas me regarder dans un miroir.
On n'est pas chez nous, dit-elle. Ici, ce n'est pas chez nous. On vit dans des boîtes en métal et en plastique. On n'est jamais en contact avec le vent. Avec la pluie. On ne voit les étoiles et le soleil que par des vitres.
- Les ragots, je les entends comme tout le monde, tu sais.
- Tu devrais savoir ce qu'on dit de toi, alors.
- Je sais ce qu'on dit de moi, et je sais ce qu'on invente sur moi par ennui.
- "La salope des glaces", qu'on t'appelle...
Le verset trois de la voie du Bâtard, t’es baisé, se dégustait froid accompagné du verset deux : ça ne s’arrangera jamais.
C’était juste la Voie du Bâtard : Pisse sur la jambe de tous ceux que tu peux. Mords toutes les mains.
Jamais personne ne l'avait vénérée auparavant. Les chalutiers, les rosettes, les blastulas et tous les micro-organismes présents dans les nuages en étaient incapables. Personne n'avait aimé la déesse de l'Amour, et Vénus n'avait pas d'âme parce que personne ne l'aimait. Et les colons n'avaient pas d'âme parce qu'ils n'avaient pas de monde.
Émile se rapprocha du bord tandis que son champ de vision rétrécissait.
Vénus ne voulait pas de sang. Combien de colons avait-elle tuées ? Des dizaines ? Des centaines ? Sa mère. Sa sœur. Son beau-frère. Vénus buvait du sang en abondance. Vénus voulait un souffle de vie. Vénus voulait être aimée, tout comme eux. C'était leur sacrifice. Son casque lui glissa des doigts, roula dans son dos. Émile tendit les bras. Thérèse, aussi exposée à Vénus que lui, prit sa main.
Les Fantoches naissent avec la certitude de qui ils sont. La vérité des Homo eridanus les regarde en face, pèse sur eux chaque seconde de leur vie. Les questions que se posent les Homo sapiens, toutes les générations de l’histoire y ont répondu mille fois. Les Homo quantus sont éphémères. Nous ne touchons rien. Nous ne faisons rien. Nous questionnons, indépendamment du sens.
Les revers militaires ne restent jamais impunis.