Citations de Dominique A (83)
Mes livres se sont envolés
une fois dans leur vie de livres
Ils auront quitté la terre ferme
Dans un virage
Ils se sont écrasés au sol
certains sont écornés
J'ai presque l'impression
d'entendre l'un d'eux dire
"j'ai mal"
Pourvu qu'on n'apprenne pas
que les objets souffrent aussi
pourvu qu'on n'apprenne pas
Dans l'encadrement
tu te tiens
droite
et tu appelles le chat
absent ce matin
Assis à la table
je te regarde de profil
et je pense qu'il va falloir
quitter ce moment
comme tant d'autres
sans y être jamais
préparé
Je ne t'ai jamais dit mais nous sommes sommes immortels
Pourquoi es-tu parti avant que je te l'apprenne ?
Le savais-tu déjà ? Avais-tu deviné ?
Que des dieux se cachaient sous des faces avinées
Extrait Immortels. Album En Amont (2018) Alain Bashung.
Paroles Dominique A
Je n'ai pas toujours fait du rock n'roll, jai commencé en fait avec des doutes terribles... J'avais signé un contrat et il fallait enrgistrer un disque, c'était encore le stade où on foutait un mec derrière un micro et c'était terrifiant ce qui fait que j'ai commencé presque comme un crooner. Je ne dédaigne pas les crooners mais je n'étais pas tout à fait crooner non plus, j'ai donc fait quelques trucs qui ne me ressemblaient pas.
Quand je pense à une mort idéale, je m'imagine sur un banc face à l'océan, ou derrière la vitre d'un bar en bord de mer. Seul.
Acquis
Je retiens peu des jours passés
et je veux bien
retenir encore moins
Mais qu'on n'en déduise pas
que je n'ai rien appris
J'ai chaque jour une idée
de ce qui se perd en chemin
Beaucoup de gens ne goûtent pas à cette liberté qu'on leur donne, elle les rebute. Ils veulent qu'on les prenne par la main, qu'on leur dise où s'asseoir. Avec Bashung, c'était placement libre. (Préface de Dominique A)
Ce chat n'est pas å nous
mais vient nous visiter
tous les jours
Il nous a choisis
la maison et nous
l'odeur
Le matin il est là
posté dans le jardin
Il entre
choisit la chambre
et dort
toute la journée
Nous, nous sommes pris
dans l'élan des jours
l'étau des tâches
inquiets
affairés
seulement apaisés
par la présence
du chat qui dort
et dès qu'il sort
des heures durant
nous l'espérons
(Le chat qui dort)
Etre saisi
par la rumeur
du soir s'infiltrant sous la pierre
des chants d'oiseaux qui
s'atténuent
Ce soir
je me suis résolu
à n'être rien
et à laisser peu
Toutes ces années
et j'arrive là
Sans doute la rumeur
a-t-elle changé
depuis le temps
(Relâchement)
C’est une musique inépuisable, dont on ne fait jamais le tour, parce qu’on ne peut pas comprendre comment elle a été conçue... Elle s’assène, elle contemple. Elle amène à contempler...
À propos de l’album Laughing Stock de Talk Talk, cité dans Mark Hollis ou l’art de l’effacement de Frédérick Rapilly
"Jean-Philippe Peyraud : Les hauts quartiers de peine
La raison de votre choix ? Dés la première écoute, Les hauts quartiers de peine est devenu une des dix chansons françaises incontournables de ma discothèque. C’est quasi inexplicable, comme un coup de foudre. Lorsque le projet d’illustrer les chansons de Dominique A s’est mis en place, il était tout à fait impensable que je choisisse un autre morceau. Même si, au final, je suis resté trop « illustratif ». Sûrement parce qu’il évoque chez moi des choses très personnelles. Le spleen, la mélancolie, quelque soit le nom qu’on lui donne, est une émotion difficile à traduire en dessin- encore pire en bande dessinée !-. En disant ça, je me rends compte que Les hauts quartiers de peine est peut-être une sorte de » modèle étalon « musical à mon travail en bande dessinée. Un peu comme peuvent l’être les nouvelles de Raymond Carver en littérature ou le cinéma de Claude Sautet.
Quel lien peut-on faire entre votre travail et celui de Dominique A ? Ouch ! Je suis bien incapable de répondre à cette question. Une certaine fragilité et la stylisation, peut-être ?
Quelle est votre couverture préférée de sa discographie et pour quelle raison ? Remué. Mes premiers émois discographiques (les années 80) ont également été graphiques, avec les pochettes de Peter Saville, par exemple. J’ai beaucoup de mal avec cette vieille habitude française de mettre la tronche de l’artiste sur la pochette.
Si vous l'avez déjà vu en live, racontez nous votre premier concert de Dominique A. En 1995 au Théâtre de la Ville à Paris. Sûrement un de mes premiers concerts assis ! J’y ai compris qu’une nouvelle génération avait enfin réussi le lien entre chanson française et rock. Le set était composé en deux parties, la première avec un groupe et la suivante où Dominique A était seul en scène. La densité d’énergie et d’émotion lors de cette soirée était telle que j’en ai encore des frissons en y repensant. Aucune captation ne peut rendre ça. Et c’est tant mieux. Cerise sur le gâteau, à la fin du concert le public s’est vu offrir un single de Le twenty two bar."
http://www.commentcertainsvivent.com/actualite/textes-illustres/page-7
La rivière est calme à nouveau. Rien ne s’est passé. C’est un endroit pour se convaincre que rien n’arrive : c’est ce que je viens chercher chaque été.
Rennes n'était pas loin, cent kilomètres tout au plus, mais cette distance nous paraissait infinie. Un monde existait en effet entre l'effervescence musicale rennaise, qu'incarnaient Marc Seberg, Étienne Daho et quelques autres, et la stagnation à laquelle la scène nantaise semblait condamnée, elle qui n'abritait aucune formation digne de se diffuser hors les murs.
la peur est mon pays. Peut-on l’écrire au titre du lieu de naissance sur la carte d’identité ? Ça me dédouanerait de mon incapacité à être courageux.
La mesure
Il reste du temps
dans la grande pièce à l'air vide
Au centre
un petit tas de paille
parsemé d'épingles
Les radiateurs claquent
le vent joue son morceau
Ici ce sont les esprits
qui invoquent les vivants
un volet frémit
un oiseau entré fait sa ronde
On prend là
la mesure d'une vie
au son de portes rétives
de placards qu'on peine à fermer
La récolte fut-elle bonne ?
dur à dire
trop tôt
Et même si la ruine menace
sous le grand toit bâché
je garde au moins pour écrire
intactes
mes mains de vingt ans
La tristesse des villes
imprime sur les gens
dont la tristesse imprime
sur les villes
Qu'avais-je voulu dire? La question revenait sans cesse. Que répondre, sinon : "Rien" ? Mais c'était un peu sec. Alors je répondais: "Je ne sais plus", ce qui n'arrangeait pas davantage mes affaires. Comme disait David Lynch, les gens veulent des explications à tout, mais acceptent très bien que leur vie ressemble à n'importe quoi.
Je suis un auteur tout simplement, au sens large. (Dominique Ané)
La peur est mon pays. Peut-on l’écrire au titre du lieu de naissance sur la carte d’identité ?
Ce qui marque le plus une personne, ce ne sont pas tant ses expériences passées que les paysages dans lesquels elle a vécu. (phrase de Kazuo Kamimura citée p.77).
Acquis
Je retiens peu des jours passés
et je veux bien
retenir encore moins
Mais qu'on n'en déduise pas
que je n'ai rien appris
J'ai chaque jour une idée plus nette
de ce qui se perd en chemin