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Edmond Baudoin (Autre)
EAN : 9782378803049
L' Iconoclaste (15/09/2022)
3.62/5   36 notes
Résumé :
J'ai chaque jour une idée plus nette
De ce qui se perd en chemin.
Depuis trente ans, le répertoire de Dominique A s'est imposé comme une référence de la chanson française.
Avec Le Présent impossible, nous le découvrons poète. On retrouve là son goût pour les paysages et la contemplation, son ironie et sa douceur, le regard lucide qu'il pose sur notre époque.
Orfèvre des mots, Dominique A capte les instants fugaces avant qu'ils ne s'estomp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique

Je ne connais que quelques chansons de Dominique A. En feuilletant ce recueil de poèmes, j'avais été charmée par quelques textes, et ce n'est qu'après achat que j'ai compris que Dominique Ané, c'était lui!

" J'écris des poèmes pour prolonger les moments et pensées éphémères ", écrit-il. C'est en effet ce que l'on ressent à la lecture. Une tentative pour capter le présent. Qui devient parfois impossible lorsque le passé l'absorbe ou quand il est difficile à transcrire par des mots. Il l'exprime fort justement, avec un certain humour:

" Quand je l'ai pensé
tout était clair

quand je l'ai écrit
plus du tout

- rien bu pourtant-

Ce qui nous traverse nous fuit

L'or devient plomb
tant il y a loin
de la pensée à la main"

J'ai été sensible à certains poèmes, évoquant un chat, une petite maison où il fait bon se réfugier, la femme aimée, ou critiquant la société de consommation. Il y a , comme dans ses chansons, un ton singulier, souvent nostalgique, une légèreté apparente que les vers courts et les strophes aérées renforcent.

Cependant tout ne m'a pas plu dans ce recueil. D'autres textes n'ont pas éveillé de sensibilité en moi. Et je n'ai pas tellement apprécié les dessins en noir et blanc d'Edmond Baudouin.

C'est en tout cas une rencontre intéressante qui me donne envie de découvrir davantage l'univers musical de Dominique A.
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L'Océan, Éléor, le Courage des Oiseaux, Immortels, Toute latitude, La Poésie, La Fragilité, le Temps qui passe sans moi, Parce que tu étais là, Par les lueurs, font partie des très nombreuses chansons de Dominique A, un auteur-compositeur-interprète que j'apprécie particulièrement.

Découvrir un recueil de poésie de Dominique Ané (est-ce de sa part ou de la maison d'édition L'Iconopop un choix pour marquer une distance avec le chanteur Dominique A ?) ne me paraît pas en soi surprenant, tant les textes de ses chansons sont pour la plupart imprégnées d'une certaine poésie, la musique en plus.

Si les contraintes d'écriture, si la structure rythmique d'une chanson ne sont pas celles d'un poème, il y a dans les textes de ce recueil de Dominique A(né) une inspiration qui s'ancre, légère, dans l'émotion, lui donne sa dimension et la laisse comme en suspension :

« La première chose que j'ai vue
c'est le carrelage
motif à trois couleurs
traçant le chemin
jusqu'à l'escalier

Je suis monté

et je suis resté en arrêt
à l'étage
face à l'eau qui s'étalait

j'ai pensé c'est l'endroit
pour mettre un crochet
aux années

Je suis redescendu
et j'ai marché lentement
sur le carrelage
pour l'habituer

Il a pris mes empreintes
pour mon retour »



Les lieux de l'enfance, les souvenirs, une maison en bordure d'un long fleuve, sur l'autre rive une ville à portée de regard, des passants anonymes, la somme des jours, et puis l'écriture, les poèmes nés de l'instant, dénués de sens d'entre les lignes, la lecture, une page tournée l'est souvent pour toujours.

Le Présent impossible, celui d'une jeunesse perdue, d'une lassitude, de l'incompréhension de ce que nous sommes devenus, d'une Terre que nous délaissons, la perception soudaine de ce que la vie trame, de ce qui nous rapproche du bout du chemin.


« J'ai chaque jour une idée plus nette
de ce qui se perd en chemin »


Même si les poèmes n'ont pas tous la même portée, ce recueil de Dominique Ané m'a beaucoup plu. Poèmes en vers libres, sans ponctuation, détachés les uns des autres, on sent en chacun d'eux l'instant qui les a vu naître. En retour, la restitution de belles images, fragiles, évanescentes et pourtant bien réelles.


« Il n'est écrit nulle particulièrement
sur le sol
que les pieds ne peuvent s'y poser

La terre n'a pas de mots
pour barrer un chemin

La route accepte toute empreintes
mais ne garantit pas
qu'elle y demeure

Et nous serions
riches d'un sol ?

Riches ou pauvres
nous partons un jour
sans rien

à peine si le sol
s'en aperçoit »



Une mention aux très belles illustrations en noir et blanc d'Edmond Baudoin - scénariste et dessinateur de nombreuses bandes dessinées - qui accompagnent à merveille les poèmes (le contraire de la couverture du livre dont la conception graphique laisse à désirer, tout comme l'absence de pagination).

.
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Quand on aime les chansons de Dominique A, c'est mon cas, « Le Présent Impossible » ressemble à s'y méprendre à un album sans musique. Dès le début de ma lecture, sa voix m'accompagne, je lis et je l'entends, sa voix m'est si familière depuis 30 ans maintenant.

Les textes de chansons de Dominique A sont parfois insaisissables, ils échappent à donner un sens. Qu'est-ce donc que « Le courage des oiseaux » pour reprendre un de ses plus anciens et célèbres titres ? On peut simplement savourer ses mots pour ce qu'ils sont, tout comme rien n'oblige à connaître le solfège pour apprécier la musique. On ne sent pas une volonté d'obscurité, seulement certains textes (poèmes et chansons) restent rétifs à toute interprétation, surtout jusqu'à l'album « Tout Sera Comme Avant » et dans plusieurs pages de ce livre.
Après ce disque, il arrivera de plus en plus souvent au fur et à mesure des albums, que ses chansons ressemblent à de petites histoires. « Vie Étrange » paru en 2020 en est le parfait exemple, ou « Brouillard d'un train » dans ce recueil.
Si on a lu ses autres livres, ou ceux dont il est le sujet, certains poèmes prennent sens, font écho par exemple avec des villes de sa vie, Provins, Nantes, Rezé. On reconnaît le musicien qui va de ville en ville, les concerts et les cuites se suivent et parfois se ressemblent. « Ville un jour détruite », c'est Saint-Nazaire sans aucun doute, au lendemain d'un concert arrosé. Ce qu'il en dit est juste. C'est parfois écrit comme une confidence, un secret dévoilé en quelques mots. le poème « Cet homme » quant à lui est surement lié à l'actualité et à son engagement dans l'association Des liens.


Les poèmes réunis dans « Le Présent Impossible » ont une cohérence, ils semblent dessiner une autobiographie, par petites touches un portrait s'anime au fil des pages, un portrait honnête, sans flatteries ni coquetteries, comme les silhouettes dessinées par Edmond Baudoin qui ornent quelques pages de ce livre.
Quelle différence finalement entre ces textes imprimés sur les pages d'un livre et ceux que l'on lit avec plaisir dans les livrets de ses albums ?
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Avoir un coup de coeur pour une maison, pour son carrelage, la vue sur mer à l'étage, y entrer à pas de loup comme dans l'oeuvre intimiste du délicat auteur-compositeur. Dominique A nous offre ses poèmes. Ils évoquent des souvenirs comme ceux que peut receler une maison, empreints de brume, de nostalgie ; ils évoquent l'écriture, les retours impossibles ; ils sont un pas de côté, un regard d'artiste posé avec douceur, parfois ironie, sur la société, sur ses semblables, sur l'époque, sur un chat, sur les oiseaux, les paysages de campagne ou celui de villes tristes – La tristesse des villes imprime sur les gens dont la tristesse imprime les villes. Il est touchant lorsqu'il dit écrire comme un enfant et nous fait ici découvrir un peu plus son univers. Ce recueil de poèmes est comme une parenthèse partagée avec un ami, dans les rues d'une ville où nous errions plus jeunes, une ville triste que nous rêvions de quitter ou une ville où, étudiant, nous refaisions le monde, nous traînions dans un café ou dans les librairies.
Et hop, dans mon sac avec le Déversoir d'Arthur et Les Ronces de Cécile. J'aimais ses chansons, j'aime sa poésie. Comme Dominique, mon sac est rempli de livres, promesses de jolis vagabondages.

Le carrelage

La première chose que j'ai vue
c'est le carrelage
motif à trois couleurs
traçant le chemin
jusqu'à l'escalier

Je suis monté

et je suis resté en arrêt
à l'étage
face à l'eau qui s'étalait

J'ai pensé c'est l'endroit
pour mettre un crochet
aux années

Je suis redescendu
et j'ai marché lentement
sur le carrelage
pour l'habituer

Il a pris mes empreintes
pour mon retour
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L'auteur Dominique Ané nous entraîne à travers son chemin parcouru depuis l'enfance dans sa maison aux souvenirs étranges... Des questions, incertitudes ou certitudes rythment son parcours atypique mais dans lequel on se reconnaît !

Iconopop raisonne bien à nos oreilles et berce nos pensées... Les illustrations en disent long sur l'image de notre vie d'aujourd'hui comme un livre ouvert dont nous tournons une page chaque jour en évitant de la froisser.

Réflexion modeste d'une lectrice novice enthousiasmée par la découverte de ce style d'écriture qui marque bien son temps!.

Notre époque témoigne amplement de cet état d'esprit aussi moderne qu'enrichissant. On ressent cette forme de liberté dans laquelle il puise son inspiration grâce à la nature, à son sens de l'observation contemplatif ...

Bravo !
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critiques presse (1)
Liberation
13 septembre 2022
L’auteur-compositeur-interprète montre plus qu’il ne signifie, tente une lecture du passage de l’existence. Il «ébauche une lumière», sans affectation, conscient que «ce qui nous traverse nous fuit».
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Mes livres se sont envolés
une fois dans leur vie de livres
Ils auront quitté la terre ferme

Dans un virage
Ils se sont écrasés au sol
certains sont écornés

J'ai presque l'impression
d'entendre l'un d'eux dire
"j'ai mal"

Pourvu qu'on n'apprenne pas
que les objets souffrent aussi
pourvu qu'on n'apprenne pas
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Dans l'encadrement
tu te tiens
droite
et tu appelles le chat
absent ce matin

Assis à la table
je te regarde de profil
et je pense qu'il va falloir
quitter ce moment
comme tant d'autres
sans y être jamais
préparé
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La petite maison

I.

Je viens de temps à autre
dans la petite maison

En entrant j'ai l'impression
de lui rendre visite

Je l'ai meublée
j'y dors parfois

Il n'y a pas d'arbres autour
pas de jardin

Elle est un lieu pour s'isoler
où je suis le seul vraiment

Elle accueille cette solitude
elle en prend soin
comme de toutes celles
qu'elle a déjà
irriguées

Elle écoute
les rires enfouis en elle
les pleurs séchés

les quelques mots encore vibrants
entre ses murs

2.

Quand je sors de la petite maison
je vais un peu plus bas
le long de la rivière

Sous les arbres
des bancs
font signe

Je les ignore
pour un coin d'herbe
un endroit de lumière et d'eau
avant la tombée du jour

On entend les voitures
sur le pont
la ville est quelque part là-bas

Le livre que j'ai apporté
n'en sait rien
et moi j'ai oublié

comme j'oublie tous les livres
à part ceux lus ici

Puis je retourne
à la petite maison

j'entre et je cherche
un signe même infime
qui me dise
qu'elle m'attendait

3.

Il est tard
un disque joue
au centre la pièce

J'essaie
de ne pas boire trop vite
car le temps prend facilement le pouls
de l'alcool

Dehors
la nuit se désengage
mais la rue
dans le virage de la maison
reste à l'affût

le jour y a glissé
sans s'attarder

A l'intérieur
chaque mur
m'étreint
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La mesure

Il reste du temps
dans la grande pièce à l'air vide

Au centre
un petit tas de paille
parsemé d'épingles

Les radiateurs claquent
le vent joue son morceau

Ici ce sont les esprits
qui invoquent les vivants
un volet frémit
un oiseau entré fait sa ronde

On prend là
la mesure d'une vie
au son de portes rétives
de placards qu'on peine à fermer
La récolte fut-elle bonne ?
dur à dire
trop tôt

Et même si la ruine menace
sous le grand toit bâché
je garde au moins pour écrire
intactes
mes mains de vingt ans

La tristesse des villes
imprime sur les gens
dont la tristesse imprime
sur les villes
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Ce chat n'est pas å nous
mais vient nous visiter
tous les jours

Il nous a choisis
la maison et nous
l'odeur

Le matin il est là
posté dans le jardin

Il entre
choisit la chambre
et dort
toute la journée

Nous, nous sommes pris
dans l'élan des jours
l'étau des tâches
inquiets
affairés

seulement apaisés
par la présence
du chat qui dort

et dès qu'il sort
des heures durant
nous l'espérons

(Le chat qui dort)
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Videos de Dominique A (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Dominique A
Brigitte Giraud et ses invités, Didier Castino et Nine Antico.
Oh les beaux jours ! est heureux d'accueillir à Marseille la lauréate du prix Goncourt 2022, Brigitte Giraud. Si cette récompense suprême l'a particulièrement mise en lumière ces derniers mois, elle est l'autrice depuis 1997 d'une oeuvre conséquente – romans, récits, recueil de nouvelles – que ce rendez-vous privilégié avec elle nous propose de découvrir.
Au cours de ce grand entretien, il sera aussi question de sa passion pour la musique, particulièrement pour Rachid Taha, qui lui rappelle son adolescence dans la banlieue de Lyon, où ils ont grandi tous les deux ; du chanteur et écrivain Dominique A, complice de longue date, dont elle a édité un texte et que nous sommes allés interviewer pour l'occasion ; de son lien à l'Algérie, son pays natal (elle est née à Sidi Bel Abbès en 1960), et de la manière dont les relations complexes entre l'Algérie et la France continuent de jouer un rôle dans nos sociétés. L'écrivaine évoquera également l'adolescence et la difficulté à trouver sa place dans un monde fragilisé et, bien sûr, le deuil, thème qui parcourt son dernier roman, Vivre vite. Plus de vingt ans après ce drame intime, elle y fait le récit, à partir d'une succession d'hypothèses qui interrogent intelligemment la notion de destin et de choix, des événements qui ont précédé la mort en 1999 de son mari, Claude, dans un accident de moto alors qu'il allait chercher leur fils à l'école.
Sur le plateau de la Criée, Brigitte Giraud a souhaité s'entretenir avec deux auteurs dont elle apprécie le travail et les engagements, tous deux marseillais : l'écrivain Didier Castino, par ailleurs professeur à Marseille, et l'autrice, dessinatrice et réalisatrice Nine Antico. Une rencontre passionnante avec une écrivaine dont la langue au tempo musical sonde avec émotion les fractures du temps et celles des âmes, car, dit-elle, «l'intime, la décence, c'est ce qui relie au collectif».
À lire (bibliographie sélective) — « Vivre vite », Flammarion, 2022 (prix Goncourt). — « Nous serons des héros », Stock, 2015. — « Avoir un corps », Stock, 2013. — « Une année étrangère », Stock, 2009 (prix du jury Jean Giono). — « L'amour est très surestimé », Stock, 2007 (prix Goncourt de la nouvelle).
Un grand entretien animé par Olivia Gesbert et enregistré en public le 27 mai 2023 au théâtre de la Criée, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
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