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Critiques de Dominique Cardon (17)
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1000 crayons pour la liberté d'expression

Quel beau recueil que celui-ci. Ce document rassemble des dessins réalisés au lendemain des attentats de Charlie hebdo. Majoritairement français, on retrouve des auteurs du monde entier. Touchant, révoltant et surprenant de voir comment la tristesse et le malheur peut engendrer un sursaut et un rassemblement sur une même idée : oui à la liberté d'expression.
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Qu'est-ce que le Digital Labor ?

Court livre - une centaine de pages - se composant d'une introduction, d'un chapitre écrit par Antonio Casili, « Digital Labor : Travail, technologies et conflictualités », d'un chapitre écrit par Dominique Cardon, « Internet par gros temps », et de la retranscription d'un débat entre les deux auteurs, Qu'est-ce que le digital labor ? est une introduction au "Digital Labor » par deux chercheurs français dont les sujets de recherche sont le numérique (ou du moins certains des aspects du numérique).



Le « Digital Labor » ne se traduit pas en langue française, sinon malaisément. La traduction littérale de « travail numérique » ne rend pas compte de tout ce que recouvre le Digital Labor.



Par exemple, lorsque un internaute sur un site ou une plateforme en utilise le système d'authentification reCAPTCHA (le déchiffrement de mots déformés), il contribue à la numérisation de textes du service propriétaire Google Books - en 2009, Google a fait l'acquisition de reCAPTCHA. Autrement dit, chaque fois qu'un internaute remplit un reCAPTCHA, il y a une création de valeur que Google capture et la tâche de cet internaute s'assimile à un travail pour lequel il n'est pas rémunéré.



Autre exemple plus près de nous : l'écriture de critiques, la correction des bibliographies, celle des résumés de livres et d'autres tâches sur un site comme Babelio entrent dans le cadre du Digital Labor. En effet, les babelionautes par leurs activités créent de la valeur, ne la capturent pas et ne sont pas rémunérés pour les tâches qu'ils accomplissent*.



Par exemple, lorsque les utilisateurs de Facebook, Instagram, ou d'autres plateformes postent de photos, des commentaires ou des Like, ces activités - des "liaisons numériques » - participent du Digital Labor.



Dans « Digital Labor : Travail, technologies et conflictualités », Casili revient sur la genèse de ce courant de recherche encore en émergence - il date de la fin des années 2000 avec une première conférence aux États-Unis en 2009**. Il précise ce que le digital Labor n'est pas et ce qu'il est - « Nous appelons digital labor la réduction de nos "liaisons numériques" à un moment du rapport de production, la subsomption du social sous le marchand dans le contexte de nos usages technologiques » (p. 13): autrement dit, c'est la « mise au travail de nos "liaisons numériques" » (p. 11) - et présente certains des enjeux forts liés au Digital Labor, à la sharing economy, au capitalisme cognitif et à des nouvelles formes d'aliénation et d'exploitation***.



Dans son « Internet par gros temps », Dominique Cardon change un peu la perspective par rapport à l'intervention de son collègue. Il rappelle la nature de l'esprit des pionniers de l'Internet et ce que la massification des publics d'Internet a changé par rapport à l'esprit des pionniers. Et dans une approche critique, il se demande « De quelle aliénation le Digital Labor est-il la théorie de l'exploitation ? (p. 74). En effet, comme Cardon l'explique, « Si les internautes « travaillent alors qu'ils pensent faire autre chose, il faut expliquer le mécanisme qui leur fait commettre une erreur si navrante sur le sens réel de leurs pratiques numériques » (p. 74). Cardon pointe quelques soucis faiblesses dans les arguments des tenants du Digital Labor tout en soulignant l'utilité d'un discours sur Internet qui soit plus proche des usages » (p. 78). Au final, Cardon préfère s'intéresser aux phénomènes d'intelligence collective à l’œuvre sur Internet davantage qu'aux questions d' « économisation » des pratiques numériques et de tout ce qui va avec (p. 53).



Enfin, dans le débat qui les réunit davantage qu'il ne les oppose, Casili et Cardon débattent de leurs contributions respectives, apportent des précisions et discutent de nouvelles notions comme le weisure ou le playbor ou de la critique de l'Internet, voire de sa radicalisation.



Aussi, si le « portait de l'internaute en travailleur exploité »****, a priori votre portrait si l'on suit le digital labor, vous intéresse, la lecture de Qu'est-ce que le Digital labor ? constituera une introduction de choix à la question.



* Il n'est pas certain qu'ils accepteraient d'être payés pour le faire dans la mesure où leurs motivations ne sont pas pécuniaires.



** La conférence est The Internet as playground and factory dont les actes seront publiés sous le titre Digital Labor. The Internet as playground and factory, sous la direction de Trebor Scholz.



*** Un ouvrage majeur publié récemment sur le Digital Labor a pour titre Digital Labor and Karl Marx.



**** Ici : http://www.franceculture.fr/emissions/place-de-la-toile/digital-labor-portrait-de-linternaute-en-travailleur-exploite#, le podcast de Place de la toile présenté par Xavier de la Porte et consacré au Digital Labor.

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Des couleurs pour les Lumières

L'histoire des matériaux est aujourd'hui un domaine de recherche essentiel en archéologie et en histoire de l'art. Elle s'offre comme un angle d'attaque privilégié pour comprendre l'organisation des ateliers, les évolutions des styles, ainsi que les liens étroits entre la création artistique et la culture matérielle. Spécialiste de l'histoire du textile et des teintures, Dominique Cardon emprunte toutes ces voies dans son dernier ouvrage, mais de façon originale : l'histoire des techniques s'incarne ici en la personne d'Antoine Janot, teinturier de son état, héritier d'une dynastie d'artisans établie à Saint-Chinian, au XVIIIe siècle, dans le Languedoc.



On comprend que l'auteur se soit intéressée à cette figure tombée dans l'oubli : non seulement Janot écrivit plusieurs mémoires sur son art, miraculeusement conservés dans les archives départementales

de l'Hérault, mais il fut aussi l'instigateur d'une rébellion sans précédent contre l'arbitraire de Pierre Astruc, inspecteur royal des manufactures de draps de Saint-Chinian. Sorte de maître-chanteur népotiste, l'inspecteur obligeait par la contrainte les drapiers à teindre dans les ateliers tenus par des membres de sa famille, dénigrant et dénonçant les autres teinturiers pour les pousser à la faillite en déstabilisant les filières de commercialisation. La révolte d'Antoine Janot, qui porta l'affaire jusqu'à la cour de Versailles dans les années 1740, est en soi un épisode très étonnant de la résistance des artisans de province à l'administration royale. En l'occurrence, le Surintendant des Bâtiments Philibert Orry donna raison à Janot contre l'inspecteur indélicat, qui mourut aussitôt d'une attaque (et de dépit), en 1745.



Mais l'anecdote ne vaudrait pas sans l'analyse claire et inédite qui en est faite et sans les développements sur l'histoire de la teinture au XVIIIe siècle. C'est en effet toute l'économie de la France des Lumières qui transparaît dans ces pages, puisque le drap teint en rouge était exporté « au Levant », où il était très prisé et acheté au prix fort. le rouge, qui avait alors la préférence sur le marché, était une nuance de garance profonde et non l'écarlate « terne et affamé », que nous appelons couramment aujourd'hui vermillon. Résultat d'une teinture issue d'insectes (les cochenilles), ce « cramoisi » était obtenu grâce à des mordants dans les bains, c'est-à-dire des substances qui permettaient des tons différents d'une même couleur. Or les mémoires de Janot, qui expliquent la manière dont il procède pour se justifier auprès de l'administration royale, montrent le haut degré technique des ateliers de teinture à la veille de la révolution industrielle. Ils touchent autant aux savoirs chimiques qu'à l'histoire du goût ou à la symbolique des couleurs sous l'Ancien Régime. Les fac-simile des mémoires du teinturier, dont les échantillons de drap qu'ils recèlent ont été magnifiquement reproduits, sont ainsi par leurs seuls noms un véritable voyage dans le temps : « herbe nourrie », « prune modeste », « couleur de Prince », « perroquet foncé », « vert de Saxe », « feu orangé » « bleu d'agate » et « cire jaune »... Janot n'était pas en mal de poésie lorsqu'il rédigeait ses formules, qui allient rigueur scientifique et descriptions imagées de son labeur quotidien.



Par Christine Gouzi, critique parue dans L'Objet d'Art 561, novembre 2019
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A quoi rêvent les algorithmes : Nos vies à l'he..

Cet essai très court et très vulgarisateur a pour but de rediriger vers des bases plus informées les craintes que le grand public ressent à l'égard des algorithmes et des masses de données privées stockées et traitées par voie informatique : les big data. Il est intéressant de noter que ces craintes sont de deux natures contradictoires : d'une part, en redoutant un excès de puissance et de rationalité des nouveaux moyens de calcul, l'on est effrayé par un contrôle totalitaire de l'individu, d'autre part, l'on « s'indigne[...] qu'Internet permette aux idées extrémistes, aux thèses conspirationnistes et aux prêches fondamentalistes de rencontrer un public sur le réseau » (p. 101).

Une critique politique bien fondée devrait partir de l'usage déjà présentement fait et détourné des statistiques et du quantitatif comme fondement de l'évaluation notamment des politiques publiques ainsi que de tant d'autres domaines de notre quotidien ; elle devrait aussi saisir la circonstance préalable que les algorithmes opèrent, actuellement encore, selon quatre modes coexistant et divergeant de classification de l'information numérique : la popularité, l'autorité, la réputation et la prédiction. Ces quatre modes (illustrés au ch. Ier) sont à la fois responsables d'erreurs interprétatives et contestables quant aux valeurs politiques et au type de société qui les sous-tendent et qu'ils promeuvent. Les trois ch. suivants : ch. 2 « La révolution dans les calculs », ch. 3 « Les signaux et les traces », ch. 4 « La société des calculs », sont consacrés globalement à développer en parallèle ces deux ordres de critiques. Bien que l'essai se proclame sociologique et visant à une critique politique, le technicisme du sujet que ne sait dissiper un propos trop succinct empêche une prise de distance suffisante à l'analyse sociologique ; de ce fait, à part quelques aperçus exemplaires et pratiques, la démonstration reste incomplète, ne serait-ce sur la question de savoir la puissance réelle de ces calculs et la validité de leur postulat (philosophique) comportementaliste radical. La métaphore des « rêves » des algorithmes contenue dans le titre, n'est pas non plus suffisamment argumentée.

Les algorithmes sont-ils redoutables ou à peine efficaces dans le marketing ? Seront-ils effectivement effrayants dès que techniquement plus sophistiqués, ou bien leurs limites sont-elles pour ainsi dire ontologiques ? Une intervention législative – à supposer qu'on parvienne à en déterminer les finalités juridiques – peut-elle advenir autrement qu'ex post, quand les « dégâts » sont déjà faits ? Jusqu'à quel point leur opacité – technologique, commerciale – est remédiable sans que la divulgation du fonctionnement (et des buts) n'entraîne la truandise des acteurs qui possèdent leurs propres intérêts à modifier des données qui sont devenues les ressources économiques d'une nouvelle industrie – à l'instar des hydrocarbures dans la précédente révolution industrielle ?
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Culture numérique

J'ai lu ces derniers mois plusieurs livres sur les questions autour du numérique, que ce soit d'un point de vue technologique ou plus politique. J'avais notamment bien aimé La face cachée d'internet de Rayna Stamboliyska et surtout Cyberstructure : l'Internet, un espace politique de Stéphane Bortzmeyer, deux livres dont je vous avais parlé ici à l'époque.



Dans le même esprit, je viens de lire Culture numérique du sociologue Dominique Cardon, dont le résumé me semblait prometteur :



" L'entrée du numérique dans nos sociétés est souvent comparée aux grandes ruptures technologiques des révolutions industrielles. En réalité, c'est avec l'invention de l'imprimerie que la comparaison s'impose, car la révolu­tion digitale est avant tout d'ordre cognitif. Elle est venue insérer des connaissances et des informations dans tous les aspects de nos vies. Jusqu'aux machines, qu'elle est en train de rendre intelligentes. Si nous fabri­quons le numérique, il nous fabrique aussi. Voilà pourquoi il est indispensable que nous nous forgions une culture numérique. "



Si le résumé me semblait prometteur, je dois dire que le livre a largement répondu à cette promesse, je crois même qu'il a dépassé toutes mes attentes.



Dominique Cardon développe son propos à travers six grand chapitres :



Dans le premier, “Généalogie d'Internet”, il retrace l'histoire de l'informatique et surtout d'Internet.



Le second chapitre, “Le Web, un bien commun”, il présente les caractéristiques du World Wide Web, souvent confondu avec Internet dont il n'est pourtant qu'un des composantes, certes la plus connue et probablement la plus utilisée de nos jours.



Dans la troisième partie, “Culture participative et réseaux sociaux”, l'auteur nous présente des théories sur la sociologie des réseaux sociaux, et leurs enjeux.



Le quatrième chapitre, “L'espace public numérique” suit le même schéma mais s'intéresse cette fois aux questions politiques et aux rapports entre numérique et démocratie.



La cinquième partie, “L'économie des plateformes” traite comme son nom l'indique des questions économiques : modèle économique des plateformes numériques, impacts sur nos sociétés, etc.



Le sixième et dernier chapitre mêle enfin les questions technologiques, politiques et éthiques en évoquant le sujet des Big Data et des algorithmes.



Comme ce découpage l'indique, l'auteur adopte des points de vue pour parler du numérique et aborde le sujet par des axes différents : technologique, historique, sociologique, politique, économique, philosophique, etc.



Cette approche pluri-disciplinaire est pour moi le gros point fort de ce livre : celui lui permet d'être à la fois aussi complet que possible sur les sujets évoqués qu'accessible aux non-initiés.



Cet ouvrage est à mes yeux le manuel parfait à destination de celles et ceux qui veulent acquérir ou développer leur culture numérique, c'est-à-dire comprendre les enjeux et les problématiques autour du numérique.
Lien : https://zerojanvier.fr/2019/..
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A quoi rêvent les algorithmes : Nos vies à l'he..

Thèmes abordés : statistiques et sociologie ; modalités d'exploitation du big data. Esprit critique face aux statistiques.



L'ayant intitulé « à quoi rêvent les algorithmes», Cardon nous laisse espérer un côté spéculatif, mais ce n'est pas le cas. Autre revendication qui m'a laissé sceptique : l'auteur prétend : « le propos de ce livre n'est pas mathématique, il est pleinement politique », p14. Il est vrai qu'il nous encourage à rester critiques face aux chiffres du web et aux "parcours balisés" que le web nous suggère, mais à mon sens il reste loin d'un regard politique.



Pour un livre qui parle de chiffres, je déplore le manque de rigueur. Un exemple : tout au début, il expose quatre catégories de calcul numérique (sic), basées sur quatre principes - popularité, autorité, réputation et prédiction. Il prétend que ces approches se situent respectivement à côté, au-dessus, dans et au-dessous du web. Eh bien, cette tentative de les situer me semble arbitraire … ou alors pas argumentée.

Ci-dessous un lien sur Télérama – une interview avec l'auteur.

http://www.telerama.fr/idees/les-algorithmes-sont-ils-vraiment-tout-puissants,133304.php





Notes de lecture :

** Une sur-concentration de l'attention autour de certaines infos via le nombre de vues, p91

** La distribution selon la loi de Pareto à 20% d'une population 80% des biens à repartir est devenue sur le web une répartition plus inégalitaire : elle donne à moins de 1% des acteurs 90% de la visibilité, p95 (chapitre La sécession des excellents)

** En page 67 : le filtrage du newsfeed effectué sur Facebook (Edgerank) : d'un côté, c'est FB qui filtre via son algorithme ; de l'autre côté c'est l'internaute utilisateur de FB qui filtre via son paramétrage. Résultat, « une bulle », autrement dit « l'enfermement volontaire » dans une bulle d'affinités

** La prédiction n'est qu'une estimation statistique, il n'y a pas de théorie sous-jacente ; on parle de corrélation sans cause, p51

** « C'est parce que nous sommes prévisibles que les calculateurs calculent bien ». Internautes de tous les pays, déjouez les anticipations des algorithmes !

** En guise de conclusion, page 83 : « le développement d'une culture des algorithmes devrait nous aider à interpréter la manière dont ils façonnent nos représentations ».

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A quoi rêvent les algorithmes : Nos vies à l'he..

Un bon essai sur ces algorithmes qui façonnent nos vies à travers le web et les réseaux sociaux... Une explication bienvenue qui permet d'acquérir une distance critique avec les ranking et autres classements de l'information... Laisse songeur face à toutes ces traces que nous laissons et qui servent de base au big data... Un brin complexe parfois mais pose une bonne base de réflexion...
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A quoi rêvent les algorithmes : Nos vies à l'he..

Un essai passionnant qui détaille les mécanismes des algorithmes de la mesure d'audience à la recommandation prédictive en passant par le pagerank et le nombre d'amis.

Les algorithmes chiffrent le monde, le classent et prédisent son avenir.

Un essai essentiel pour prendre conscience de nos comportements et des conséquences numériques sur ce qui nous est montré sur nos sites préférés.



Une vulgarisation nécessaire aujourd'hui.
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Culture numérique

Une remarquable introduction aux lois sociales d’un monde régi par les algorithmes.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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A quoi rêvent les algorithmes : Nos vies à l'he..

Essai très interessant sur le risque politique des bigdata et des entreprises qui les manipulent et les commercialisent ...
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La démocratie internet

Le Printemps arabe et le rôle d'Internet dans ces évènements sont plus qu'anticipés dans cet essai hyper intéressant !
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Atlas du numérique

Les cartographies du numérique se suivent mais ne se ressemblent pas. En 2021, Tristan Mendès France et le graphiste Quintin Leeds faisaient paraître "Internet, une infographie" au CNRS édition. Un atlas d'une centaine de pages illustrées compilant des données assez générales sur les usages de l'internet. Un petit livre détaillant les grands chiffres de l'internet (le trafic, les câbles, les usages…) sous une forme simple et lisible, mais peu problématisée. Une synthèse faite de camemberts, de diagrammes tentant de nous faire comprendre l'évolution des réseaux sociaux, la puissance des acteurs du numérique, l'évolution de la musique en ligne, la montée du cybercrime… Le petit livre livrait une synthèse très convenue, assez illustrative, réservée aux plus jeunes.



Ce n'est pas le projet de "L'Atlas du numérique" dirigé par Dominique Cardon, Sylvain Parasie et Donato Ricci qui paraît ce jour aux Presses de SciencesPo. Dans un format parfaitement identique, les deux livres ne se ressemblent pas du tout. Dans le livre de SciencesPo, le choix des micro-sujets est plus circonscrit (46 seulement), mais chacun est livré avec une analyse précise et des représentations souvent complexes, inspirées de la recherche, signées de l'Atelier de cartographie de SciencesPo. Ici, les visualisations originales servent la réflexion. Si toutes ne sont pas toujours réussies, elles puisent au meilleur de la recherche et se lisent parfois, comme des micro-essais. Ici, plus qu'un panorama, les cartes augmentent le propos, lui apporte de la complexité, comme par exemple, la carte du coût mensuel d'accès à internet dans le monde, les diagrammes de l'emploi du numérique, ou celles sur le genre et la notoriété des chaînes youtube ou sur le signalement et la suppression des contenus. Derrière sa promesse de simplicité, "L'Atlas du numérique" se révèle un objet étrange, composite, complexe, sophistiqué, dont la lecture n'est pas si simple - et pas seulement parce que la police de caractère est bien souvent trop petite. Un outil d'analyse qui part dans beaucoup de directions... Et qui montre que la représentation peut venir soutenir la réflexion plus que la synthétiser.
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Culture numérique

"Big data, web, logiciels libres et communs, réseaux sociaux, open data, algorithmes..." Autant de mots que l'on connait sans forcément bien savoir de quoi il s'agit (en tout cas, pour ma part).



A travers cet essai chrono-thématique, l'auteur donne à découvrir l'Histoire d'internet, de sa création à ce qu'il est devenu aujourd'hui. On y apprend des anecdotes sympathiques sur des personnalités plus ou moins connues de tous et de toutes, comme on découvre d'autres personnes moins connues et sans qui, pourtant, internet ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui.



Gros plus pour le sommaire clair et limpide, ainsi que les parties "à voir, à lire, à écouter" de chaque fin de chapitre: un corpus d'articles, de vidéos ou de textes pour approfondir les point abordés dans la partie précédente.
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Culture numérique

C'est un livre construit à partir d'un cours enseigné à Sciences Po. Il est en effet très "pédagogique" et donc parfois aussi un peu basique sur certains points. Il n'en reste pas moins essentiel. En particulier, le paradigme proposé — parler de culture numérique — rompt avec les approches plus traditionnelles : ici, les technologies sont abordées comment faisant partie de ce que nous sommes, et c'est un bon (le seul bon?) début.
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Culture numérique

Dominique Cardon est professeur de sociologie à Sciences Po, et assure depuis plusieurs années un cours sur la culture numérique – ce sont ses talents de pédagogue qui font d’ailleurs toute la valeur de Culture numérique, la version écrite et remaniée de ses cours – qu’on lit de surcroit comme un roman !



Il commence par publier en 2010 La démocratie Internet, en 2015 un ouvrage – en collaboration avec le sociologue Antonio Casilli – intitulé Qu’est-ce que le digital labor ?, puis la même année À quoi rêvent les algorithmes. Nos vies à l’heure des big data. Culture numérique constitue donc à la fois la synthèse de ses travaux sur le numérique, et une formidable introduction à tous les aspects culturels du numérique : histoire, identité, politique, économie…



Pourquoi lire un ouvrage consacré à ces questions ? comme le dit l’auteur dans son introduction : puisque le numérique introduit des évolutions économiques, politiques, intellectuelles ou encore psychologiques dans notre société, il constitue une culture à part entière, à laquelle il vaut mieux se familiariser pour en devenir acteur·ice[1] – et non dupe – : décodons donc cette culture, nous dit-il, et apprenons à coder !

Pionniers du numérique : des bombes et des hippies



C’est d’une indispensable généalogie d’Internet que part Cardon : et cette généalogie n’est pas sans intérêt pour mettre en relief la tension idéologique qui, aujourd’hui encore, gouverne nos usages du numérique : à la fois militaire et libertaire !



Le premier ordinateur, en 1945 – l’ENIAC – a été conçu par l’armée américaine en vue d’effectuer des calculs de balistique [2] ; de la même manière en 1969, l’ARPANET, premier réseau d’ordinateurs connectés, a été l’œuvre de l’ARPA [département de la défense américaine] afin qu’une potentielle attaque atomique soviétique ne puisse avoir raison des données de l’armée par la magie du réseau, décentralisé. Les universitaires ne tardent pas à s’approprier l’outil, et mettent en place un système de RFC [Request For Comment], textes collaboratifs et circulants qui sont à l’origine d’un processus public de discussion, scientifique et technique. Cela entraîne, pour le sociologue, deux conséquences : le développement de la notion de logiciel libre, ainsi qu’une forme de gouvernance autorégulée spécifique à Internet – aujourd’hui mise à mal dans nombre de régimes autoritaires, et jusque dans certaines “démocraties”.



L’ordinateur personnel – non plus outil de commerce, d’administration ou de guerre – est imaginé puis inventé dans les remous des mouvances hippie et hacker – d’abord dans le Whole Earth Catalog, magazine et bible hippie, puis dans les clubs de fabrication informatique de Menlo Park, où de jeunes gens [3] inventent l’Apple 1 et l’Alto 73 – cette dimension collective est plusieurs fois soulignée par Cardon. Il y voit un trait propre à l’organisation de la culture numérique : « Internet est un outil collaboratif qui a été inventé de façon coopérative » [p. 37] Elle prolonge l’imaginaire hippie de la communauté idéale, choisie et porteuse de renouveau social – la première communauté numérique, en 1985, The Well, est d’ailleurs une communauté hippie, adossée au Whole Earth Catalog.



Au début des années 80, résume Cardon, trois communautés investissent le réseau : 1. les militaires 2. les ingénieurs 3. les hackers, hippies et passionnés. Pour autant, il serait selon lui hasardeux de mythifier l’origine hacker du réseau : le hacking « encourage une relation intime, virtuose et inventive avec le code informatique » [p. 40], et les hackers forment une sorte d’aristocratie fondée sur le mérite, dont l’homogénéité sociale est aujourd’hui incontestable.



La suite à lire sur litteralutte : https://www.litteralutte.com/manuel-de-survie-en-milieu-numerique/
Lien : https://litteralutte.com
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Culture numérique

Un texte passionnant qui balaye l'ensemble des éléments de la culture numérique et qui pousse à la réflexion. J'ai pu faire des rapprochements avec le texte de Claire Belisle sur la lecture numérique et donc l'analogie entre la révolution des technologies du numérique et la révolution qu'a été l'arrivée de l'imprimerie.



Passionnant donc et surtout indispensable.
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A quoi rêvent les algorithmes : Nos vies à l'he..

Ouvrage intéressant sur le big data et les techniques qui en découlent pour impacter notre quotidien.
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