Avec La foire aux fiancés, Dominique Fouchard qui signe ici son premier roman, nous dévoile l’amitié qui unit Germaine et Louise de 1913, jour de leur rencontre sur les bancs de l’école, au 20 décembre 1924, date à laquelle le cadavre de Louise est repéché dans la Seine, scène d’ouverture du roman.
On sait donc dès les premières lignes comment l’histoire va s’achever et on remonte immédiatement en 1913. On suit alors les deux fillettes âgées de 10 ans au moment où le monde entre en guerre, puis tout au long du conflit et dans ces années qu’on dit folles, où les hommes sont bien moins nombreux que les femmes. Un thème intéressant que j’avais croisé dans La brodeuse de Winchester de Tracy Chevalier.
La foire aux fiancés a réellement eu lieu, à l’initiative de l’Association de la jeunesse parisienne. En 1924, l’association met en place des bals en plein air, dont le but premier est de former des couples pour redonner à la France une forte natalité face au déséquilibre des hommes et des femmes dû au 1,3 million d’hommes morts lors de la guerre.
Dans ce roman, l’autrice nous plonge avec brio dans la guerre vue à hauteur d’enfant, un aspect très intéressant et assez peu abordé, et dans cet après-guerre meurtri où s’entrecroisent les destins de deux jeunes filles qui deviennent femmes à un moment où les hommes ne savent plus qui ils sont.
Dominique Fouchard brosse le tableau d’une époque hantée, elle nous fait vivre l’immense malentendu, l’immense difficulté des retours. Car après l’armistice, les rapports hommes/femmes changent.
Les femmes, qui ont gagné en liberté en l’absence des hommes, se confrontent aux hommes traumatisés par le conflit, parfois touchés dans leur virilité, ce qui aboutit ici au féminicide de Louise. Sans oublier les morts, la faim, le froid…
J’ai beaucoup aimé la plume très travaillée de l’autrice, les thèmes qu’elle aborde avec justesse et sensibilité, l’amitié entre Germaine et Louise et leurs personnalités. À leurs côtés, nous vivons des moments heureux mais surtout des événements difficiles.
L’assassinat de Jean Jaurès, puis le départ des hommes et donc de leurs pères à la guerre pour lesquels elles vont trembler. Le retour des hommes, les incompréhensions mutuelles, le mariage, la quête de liberté… autant de thèmes intéressants et bien traités.
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