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Citations de Dominique Lapierre (221)


A cette époque, la Cité de la joie ne comptait qu'une dizaine de puits et de fontaines pour soixante-dix mille habitants. La fontaine la plus proche de Paul Lambert se trouvait au bout de sa ruelle, à la hauteur d'une étable à buffles. Le quartier s'éveillait quand il s'y rendit. C'était, à chaque aube, la même explosion de vie. Des gens qui avaient passé à dix ou douze dans un réduit infesté de rats et de vermine renaissaient à la lumière comme au premier matin du monde. Cette résurrection quotidienne commençait par une purification générale. Là, dans les ruelles noyées de boue, au bord du flot pestilentiel d'un égout, les habitants de la Cité de La joie chassaient les miasmes de la nuit par tous les rites d'une toilette méticuleuse. Sans dévoiler une parcelle de leur nudité, les femmes parvenaient à se laver entièrement, depuis leurs longs cheveux jusqu'à la plante des pieds, sans oublier leur sari. Puis elles prenaient le plus grand soin à huiler, peigner et tresser leur chevelure, avant de la piquer d'une fleur fraiche trouvée Dieu sait où. A chaque point d'eau, on voyait des hommes se doucher avec une boite de conserve, des gamins se frotter les dents avec des bâtonnets de margousier enduits de cendre, des vieillards se lisser la langue avec un fil de jute, des mères épouiller leurs enfants avant de savonner vigoureusement leurs petits corps nus, même dans le froid mordant des matins d'hiver.
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Eux aussi avaient fui leur campagne pour le mirage de Calcutta. Ils offrirent aux Pal une galette toute chaude et balayèrent un coin du trottoir pour leur permettre de s'installer près d'eux. L'hospitalité de ces inconnus réchauffa le cœur du paysan. Sa famille serait en sécurité en leur compagnie, le temps qu'il trouve un travail. Il avait appris une rude leçon cet après-midi là. " Puisque dans cette ville inhumaine des hommes se tuent à la tâche, ce serait bien le diable si je ne parviens pas à prendre la place d'un mort."
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Il s'avança dans la travée entre les lits et la trouva en train de laver les plaies d'un homme encore jeune, si maigre qu'il ressemblait à l'un de ces morts-vivants découverts par les Alliés dans les camps nazis. Toute sa chair avait fondu. Seule subsistait la peau tendue sur les os. La religieuse lui parlait doucement en bengali. " Je n'oublierai jamais le regard de cet homme, dira Lambert. Sa souffrance se changeait en surprise, en paix, la paix d'un être aimé." Sentant une présence derrière elle, Mère Teresa se retourna. Elle vit la croix de métal du prêtre.
- Oh, Father, s'excusa-t-elle humblement, que puis-je faire pour vous ?
Paul Lambert se sentit terriblement gêné. Il venait d'interrompre un dialogue dont il percevait ce qu'il avait d'unique. Les yeux exorbités du mourant semblaient supplier Mère Teresa de se pencher à nouveau sur lui. C'était pathétique.
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Sa tignasse frisée et ses rouflaquettes qui rejoignaient les pointes tombantes de ses moustaches, son torse court et râblé, ses bras musclés et ses jambes un peu arqués lui donnaient l'air d'un guerrier mogol. Hasari Pal, trente-deux ans, n'était pourtant qu'un paysan, l'un des quelque cinq cents millions d'habitants de l'Inde de ces années-là qui demandaient leur subsistance à la déesse Terre. Il avait construit sa hutte de deux pièces, en torchis et couverte de chaume, un peu à l'écart du village de Bankuli, au Bengale occidental, un état du nord-est de l'Inde trois fois plus vaste que la Belgique et aussi peuplé que la France. Son épouse Aloka, une jeune femme au teint clair et à l'air séraphique, l'aile du nez percée d'un anneau d'or et les chevilles ornées de plusieurs bracelets qui tintaient à chaque pas, lui avait donné trois enfants. L'aînée, Amrita, douze ans, avait hérité les yeux en amande de son père et la jolie peau fruitée de sa mère. Manooj, dix ans, et Shambu, six ans, étaient deux solides garçons aux cheveux noirs ébouriffés, plus prompts à chasser les lézards à la fronde qu'à guider le buffle dans la rizière familiale.
Vivaient aussi au foyer du paysan son père, Prodip, un homme sec et buriné, le visage barré d'une fine moustache grise ; sa mère, Nalini, une vieille femme voûtée et ridée comme une noix ; ses deux frères cadets, leurs épouses et leurs enfants, soit en tout seize personnes.
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Mais la grève est une arme pour les riches, reconnaîtra douloureusement Hasari Pal. Les plus belles résolutions ne tiennent pas longtemps quand vous avez un ventre tordu de crampes par la faim et la tête aussi vide que la peau d'un cobra qui vient de muer. Ces brutes de propriétaires le savaient bien. Ils savaient que nous craquerions très vite.
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Depuis qu'il était lui-même plongé dans la misère du tiers monde, Max avait révisé bon nombre de ses idées de riche sur la manière de résoudre les problèmes des pauvres.
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Il avait appris une rude leçon cet après-midi-là.
"Puisque dans cette ville inhumaine des hommes se tuent à la tâche, ce serait bien le diable si je ne parviens pas un jour à prendre la place d'un mort."
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En échangeant Vérité contre Réconciliation, l’Afrique du Sud accomplit le miracle de sortir de l’apartheid sans le bain de sang annoncé par tous les prophètes de malheur. Une transition pacifique exemplaire conduisit le pays de la répression et de l’injustice à la démocratie, à la liberté et à l’égalité. Ce fut un exploit sans équivalent dans l’histoire des conflits entre les hommes. Et une exceptionnelle leçon d’humanité offerte à la planète entière.
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Le charbon ne change pas de couleur quand on le lave. ce qui ne peut être guéri doit être enduré.
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Ici, tu ne peux rien cacher. Même pas la couleur de ton âme.
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Un pays capable de tant de partage est un exemple pour le monde.
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n'ecoute pas le mal, ne voies pas le mal, ne dis pas le mal.
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La loi du Talion - "œil pour œil, dent pour dent" - ne pouvait conduire qu'à un monde d'aveugles, estimait-il, et l'on ne change pas les convictions d'un homme en lui tranchant la tête, pas plus qu'on n'insuffle l'amour dans un cœur en le transperçant d'une balle. La violence engendre la violence. Gandhi voulait transformer les hommes par l'exemple du bien, et les réconcilier par la volonté de Dieu au lieu de les diviser par leurs antagonismes.
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La loi du Talion - "œil pour œil, dent pour dent" - ne pouvait conduire qu'à un monde d'aveugles, estimait-il, et l'on ne change pas les convictions d'un homme en lui tranchant la tête, pas plus qu'on n'insuffle l'amour dans un cœur en le transperçant d'une balle. La violence engendre la violence. Gandhi voulait transformer les hommes par l'exemple du bien, et les réconcilier par la volonté de Dieu au lieu de les diviser par leurs antagonismes.
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Le choc. Le choc d’une odeur. Une odeur qui nous saisit dans les premières toilettes de Pologne où nous faisons halte. Une odeur entêtante de désinfectant qui ne nous abandonnera jamais tout au long des treize mille kilomètres de notre périple. C’est d’abord avec les narines que s’appréhende le monde communiste.
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A Johannesburg et dans toutes les cités industrielles de la nouvelle Afrique du Sud, les Boers sont en effet devenus des petits blancs que les chefs d'industrie britanniques traitent sur le même plan que les noirs. Les uns et les autres forment deux prolétariats parallèles engagés dans une même course pour la survie.
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Sa conduite quant à lui s'inspirerait de l'antique maxime de Confucius: "Connaitre le bien et ne pas le faire n'est que lâcheté."
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Certes, la doctrine de l'apartheid qu'il va progressivement expliquer à ses électeurs et le national socialisme ne sont pas de même nature. Mais l'un et l'autre sortent du même chaudron d'insatisfactions nationales et de souffrances économiques.
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C'est une gymnastique de l'esprit qui m'aide à faire silence,expliquera-t-il,à trouver le vide en Dieu.Si Dieu a le temps pour m'écouter,il en a forcément pour m'aimer.
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L'origine de ce voyage fut un pari. Il fallait avec 10 000 francs joindre deux continents, aller d'un océan à l'autre. Le pari fut gagné.

Un jour dans notre classe de première du lycée Condorcet on vint nous parler d'une bourse de voyage qui devait nous préparer à notre existence d'homme. Je sautai sur l'occasion.

S'engager à partir seul, entreprendre Une étude dans une contrée lointaine, n'utiliser qu'une somme modique : telles en étaient les merveilleuses conditions. Nous devions consentir à toutes les difficultés d'une aventure physique, morale, intellectuelle. Elle promettait d'être passionnante. Il ne restait qu'à la réaliser. Mais d'abord partir.

En 1950 il semble ne pas y avoir de lois de l'aventure. Ce qui passe pour impossible devient possible. Le véritable obstacle n'est plus la nature mais les hommes. L'immensité d'un océan ne compte plus dans sa traversée. Ce qui compte c'est le monsieur qui d'un trait de plume, derrière son bureau, vous inscrira sur le rôle d'équipage d'un navire. Ce monsieur est bien gardé. Mais on le trouve quand même ; il suffit d'un peu de veine.

C'est ainsi qu'après des dizaines et des dizaines de démarches, des heures d'attente dans les bureaux, je me trouvai une nuit dans un compartiment de troisième classe en route pour Rotterdam, d'où mon cargo appareillait le lendemain.
In Le Monde 22 juillet 1950
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