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Critiques de Donny Cates (127)
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Thor, tome 1 : The Devourer King

Cassge de genou et fin de l'univers

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Ce tome est le premier d'une nouvelle saison qui succède à celle écrite par Jason Aaron, se terminant dans King Thor avec Esad Ribić. Il regroupe les épisodes 1 à 6 initialement parus en 2020, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Nic Klein, mis en couleurs par Matthew Wilson, avec des couvertures réalisées par Olivier Coipel & Laura Martin. Il contient également une flopée de couvertures alternatives réalisées par Kris Anka, Stanley Lau, Arthur Adams, Jen Bartel, Nic Klein (*4), Mr. Garcia, Ron Lim, Matte Scalera, Ryan Stegman (*2), Woo Dae Shim, Ryan Brown (*2), InHyuk Lee, Esad Ribić, Gabriele Dell'Otto, Steve Skroce.



Et au sein des ténèbres se fit entendre le tonnerre, et courant derrière lui la voix rugissante du dieu fait roi : le vieux roi est mort. Mjolnir parcourt les cieux des mondes faisant entendre la voix tonnante du dieu roi, ceux de Vanaheim, Alfheim, Nidavellir, Jotunheim, Muspelheim, Svartalfheim, Heven, Niffleheim, la Terre. Le marteau traverse l'atmosphère terrestre et perfore la tête d'un monstre resté en arrière après la guerre des royaumes, terminant sa course par terre, aux pieds de Captain America et Iron Man. Ce dernier d'humeur facétieuse décide d'inscrire un mot au marqueur sur la pierre du marteau. Thor se tient sur Bifrost, Hugin sur une épaule, Munin sur l'autre, faisant remarquer à Sif qu'il vient de réaliser un lancer de marteau remarquable. Elle acquiesce tout en lui faisant observer qu'il n'est plus l'heure pour lui de faire tomber des géants, mais qu'il doit se consacrer à ses responsabilités de roi. Il acquiesce à son tour.



Mjolnir en main, Thor se dirige vers Asgard à l'extrémité de Bifrost et vers son trône. Il jette un coup d'œil à son marteau et découvre l'inscription de Tony Stark : Joli tir, profite de ta retraite ! Durant les mois qui se sont écoulés depuis la fin de la guerre des royaumes, il a fait reconstruire Asgard à son image, et le trône n'est plus de pierre comme celui de son père, mais de bois, une excroissance directe d'Yggdrasil l'arbre-monde. Au-dessus du trône sur le tronc qui se prolonge figure la rune Thurisae. Un symbole de la grande épine qui saillante d'Yggdrasil, un symbole à la fois de la défense et de la destruction. C'est son fardeau. Thor s'installe sur son trône et lâche Mjolnir qui tombe lourdement à terre. Il demande aux asgardiens présents de le laisser. Volstagg le volumineux s'avance vers lui et met un genou à terre devant son roi : il lui explique qu'il faut qu'il décide combien de tonneaux de bière il doit commander. Il s'arrête, relève la tête, regarde son roi et comprend qu'il vaut mieux qu'il se retire en emmenant les autres avec lui. Thor baisse la tête, mais une voix s'adresse encore à lui : Loki est resté dans la salle d'audience. Son demi-frère commence à l'asticoter lui demandant ce que ça fait d'être assis sur le trône de son père, de s'inquiéter pour le grand discours à prononcer bientôt devant tous les asgardiens, de devoir être une source d'inspiration pour eux. Thor lui demande s'il n'est pas de coutume de s'incliner devant son roi, ce que Loki fait à contre cœur, puis il se lève en reprenant Mjolnir. Loki lui demande si celui-ci ne devient pas de plus en plus lourd à soulever.



Il faut un peu d'inconscience pour succéder à Jason Aaron qui a pris place sur la série en 2012 et a terminé 7 ans plus tard, ayant réalisé une centaine d'épisodes, répartis sur 5 séries différentes, et 2 miniséries (Battleworld: Thors, Unworthy), mis en scène les personnages classiques de la série, en a créé de nouveaux, a déposé Odinson qui s'est révélé indigne de manipuler Mjolnir, et il l'a confié à Jane Foster et a terminé par un crossover à l'échelle l'univers partagé Marvel. Donny Cates a commencé à prendre de l'importance en tant que scénariste chez Marvel à partir de 2018 avec la série Dr. Strange, puis les séries Thanos, Venom, Guardians of the Galaxy et quelques miniséries. Il a vite capté l'attention du lectorat avec une écriture rapide et nerveuse, bousculant les personnages dans leur statu quo, et mettant à profit la richesse de l'univers partagé Marvel. Il agit de même pour cette série. Il reprend Thor où Aaron l'a laissé : un œil en moins, deux corbeaux en plus, et la lourde responsabilité d'être roi d'Asgard. Et c'est parti ! Le nouveau statut de Sif, le poids de Mjolnir qui laisse supposer que Thor redevient progressivement indigne de le manier, la chute de Galactus au beau milieu d'Asgard. Arrivé à la fin du premier épisode, Thor a changé d'apparence, de rôle, tout en conservant sa responsabilité de roi, avec l'intervention de plusieurs hérauts de Galactus dont Silver Surfer et Cosmic Ghost Rider, deux personnages que Cates a déjà mis en scène dans Silver Surfer : Black (2019) avec Tradd Moore, et Cosmic Ghost Rider (2018) avec Dylan Burnett. On n'est jamais mieux servi que par soi-même.



L'un des grands plaisirs à découvrir une histoire de Cates est qu'il est passé maître dans l'art de donner l'impression du changement, le changement réel dans le monde des comics et des héros récurrents étant impossible. En outre, il ne délaye pas ses idées et fait en sorte que l'intrigue progresse de manière significative à chaque épisode, et de manière spectaculaire de surcroît. D'un côté, il utilise des éléments très classiques et très souvent employés jusqu'à en devenir des clichés éculés. Dans le désordre : Galactus affamé, des hérauts pas très doués, le dilemme de l'emmener sur des planètes habitées parce qu'il n'y a que ça dans le coin, le fait que ce dévoreur de planètes est le seul à pouvoir sauver l'univers, un affrontement entre deux superhéros plutôt que d'essayer de se parler pour résoudre leur incompréhension, et même des zombies pour faire bonne mesure. Stop, n'en jetez plus, le plein de poncifs est fait. Au moins ces épisodes se lisent à bonne allure, et le spectacle est de grande ampleur.



Côté visuel, la couverture annonce la couleur, ou au moins la tonalité : Olivier Coipel ramène la majesté qu'il avait conférée au personnage dans sa série en 2007, avec un scénario de Joe Michael Straczynski. Il est visible que Nic Klein s'inspire de sa vision, en y intégrant également des caractéristiques d'Esad Ribić, dessinateur initial de la saison écrite par Jason Aaron à partir de 2012. Les contours sont tracés d'un trait assez léger, fin et élégant, à l'instar des deux autres dessinateurs. Klein utilise plus les aplats de noir qu'eux, ceux-ci étant souvent repris en couleurs plutôt que laissés d'un noir massif. Thor lui-même est plus massif, et même plus lourd dans ses gestes et ses attitudes, pour attester de la charge que fait peser sur lui la responsabilité de roi. Galactus est immense dans chaque case où il apparaît. Les personnages ont tendance à prendre des postures un peu théâtrales pour ajouter à leur majesté, pour souligner l'ampleur du drame en train de se jouer et l'importance des enjeux. Matthew Wilson fait une fois plus la preuve de la qualité de sa sensibilité pour apporter une palette de couleurs en phase avec le ton du récit pour en relever la saveur. Il se lâche pour faire éclater les énergies déchaînées par les combattants, avec des effets spéciaux spectaculaires tout en restant dans la tonalité des nuances choisies. Il apporte de la consistance à chaque surface détourée, et comble le vide des arrière-plans de nombreuses cases en particulier lors des combats, car Klein se focalise sur les personnages, comme Coipel et Ribić avant lui. Sans la maestria dont fait preuve le coloriste, le lecteur se lasserait vite de l'absence trop régulière de décors. Avec l'apport du coloriste, la narration visuelle atteint un niveau de densité satisfaisant.



Le lecteur est venu pour voir Thor dans des combats où il peut donner la mesure de son pouvoir gigantesque, et il est servi, aussi bien par les situations créées par Cates, que par la puissance visuelle des affrontements. Il se laisse porter par le niveau de divertissement, à la fois le spectacle, à la fois la progression rapide de l'intrigue, s'en s'offusquer que le scénariste lui resserve des situations souvent lues. Il peut également apprécier que le scénariste continue de construire sa continuité interne dans l'univers partagé Marvel en amalgamant dans la mythologie de Thor, des événements qu'il a raconté dans les autres séries qu'il a écrites auparavant, de Black Silver Surfer à une brève apparition de Cosmic Ghost Rider. En revanche s'il est allergique à ce genre de pratique (mettre en valeur ses propres récits, dans ce qui peut aussi se lire comme du nombrilisme), il risque de rapidement interrompre sa lecture. Enfin, Cates a bien compris qu'aucun changement n'est pérenne dans l'univers partagé Marvel. Du coup, il ne le prend pas comme un obstacle à ses récits, mais au contraire comme une liberté qui lui donne le droit de tout faire, puisque tout pourra être annulé par la suite. Il sait écrire ces libertés de telle manière à ce qu'elles ne soient pas ressenties comme des chocs artificiels, mais comme des provocations iconoclastes ayant du sens dans le cadre de la saison en cours. Difficile de résister à la provocation de Thor brisant deux doigts de Galactus, abîmant une icône inaltérable de l'univers partagé Marvel.



Une nouvelle saison de Thor, un nouveau ton dans l'écriture, différent de celui de Jason Aaron, en revanche une tonalité visuelle très proche d'illustres prédécesseurs. Sous réserve de ne pas être allergique aux caractéristiques de l'écriture du scénariste, le lecteur se laisse emmener dans un récit qui bouge et qui en met plein la vue, grâce au travail formidable du coloriste qui vient nourrir des dessins qui en ont besoin. Un démarrage en trombe et en fanfare.
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Venom, tome 3 : Absolute Carnage

Ce tome fait suite à Venom by Donny Cates Vol. 2: The Abyss (épisodes 7 à 12) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 16 à 20, initialement parus en 2019, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Juan Gedeon (épisode 16), par Iban Coello (épisodes 17 à 20), aidé par Zé Carlos (é20), avec une mise en couleurs réalisée par Jesus Aburtov (é16) et Rain Beredo (é17 à é20). Les couvertures ont été réalisées par Joshua Cassara (é16) et Kyle Hotz (é17 à é20). Ces histoires se déroulent concomitamment à Absolute Carnage (2019), par Donny Cates & Ryan Stegman. Les épisodes 13 à 15 ont été regroupés dans Venom: War of the Realms écrits par Cullen Bunn. Il comprend également les couvertures variantes réalisées par Ron Lim, Dave Johnson, Sunghane Yune, Lee Garbett, Will Sliney, Patch Zircher, Tony Moore, Jeehyung Lee, Khoi Pham, Ryan Bodenheim.



Eddie Brock marche dans la rue, pensant qu'il est enfin pleinement lui-même, séparé du symbiote extraterrestre, après avoir combattu des dragons et des démons. Les choses ne se sont pas vraiment améliorées pour autant puisqu'il a encore fallu qu'il prenne une part active dans une guerre entre des royaumes et des superhéros. Il rentre dans l'entrepôt où il habite avec son fils Dylan qui est malade et a de la fièvre. Eddie va devoir trouver un moyen pour gagner de l'argent et payer des médicaments : il décide d'aller offrir ses services de journaliste d'investigation au Daily Globe.



À l'issue des 12 premiers épisodes, le lecteur ne savait pas trop si Donny Cates reviendrait pour une deuxième saison, après avoir autant développé la mythologie associée au symbiote. La série avait effectivement pris une autre direction, avec un autre scénariste à sa tête. Finalement, malgré la prise en charge entre-temps de la série Thor chez Marvel, Donny Cates revient pour continuer son œuvre. Cet épisode peut se lire comme un récit presqu'autonome : Eddie Brock doit trouver de l'argent et cela le conduit à mener une enquête. Il n'est plus qu'un simple être humain, mais très costaud quand même et il fonce dans le tas. Juan Gedeon n'est pas Ryan Stegman : ses contours sont un peu plus râpeux, ses traits d'encrage sont plus irréguliers. Au fil des pages, le lecteur éprouve l'impression de voir l'influence de Matt Wagner dans la manière de représenter Venom, évoquant parfois le cuir de Grendel Prime, et celle de John Romita junior dans l'aspect massif de Brock. Ce premier épisode commence comme une aventure d'Eddie Borck en père (semi-)responsable, continue comme une enquête de dur à cuire qui fonce tête baissée en comptant sur sa force, sous influence de ce qu'il a été (à savoir Venom). En cours de route, le scénariste rappelle qu'il a ouvert l'horizon de la série avec Knull et que cet épisode fait office de réinsertion dans l'histoire au long court contre Knull.



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Épisodes 17 à 20 - Carnage (Cletus Kasady) est de retour et il a fait des petits Il se déchaîne dans l'asile Ravencroft. Face à lui, se trouvent Spider-Man et Venom (Eddie Borck réuni avec son symbiote). Dans l'entrepôt de Rex, Maker (Reed Richards) continue de construire sa machine pour extraire les codex, ces parties rémanentes du symbiote présentes chez les êtres humains qui ont servi d'hôte. Dylan Brock le regarde faire tout en demandant quand son grand frère Eddie va revenir. Il est bientôt rejoint par Normie, (Norman Harold Osborn, le fils de Lizz et Harry Osborn). Maker commence à enlever son masque pour leur parler, mais il le remet bien vite car il voit que sa véritable apparence leur fait peur. Maker indique que sa machine est prête et que Normie peut s'y installer. Dylan s'y oppose rappelant qu'il était convenu qu'ils attendraient Eddie pour le faire. Leur conversation est interrompue par l'arrivée de quatre porteurs de symbiote : Agony (Tess), Riot (le père de Sadie), Phage (Billy) et Lasher (Sadie).



Pas de surprise : Donny Cates transforme la série en annexe du crossover Absolute Carnage. Ça veut dire qu'il raconte des histoires annexes, des bouts d'affrontement qui viennent trouver leur place dans la trame plus complète du récit raconté dans les épisodes de la minisérie du crossover. Il devient vite apparent que Venom est plus occupé dans Absolute Carnage puisqu'il n'apparaît que très peu dans les épisodes 17 à 19. Ryan Stegman est lui aussi occupé à dessiner Absolute carnage, remplacé ici Iban Coello qui avait déjà dessiné les épisodes 7 & 8. Il détoure les visages d'un trait plus léger que Ryan Stegman, avec une impression de jeunisme pour les personnages, ce qui est normal pour Norman et Dylan, moins pour tous les autres. Il reprend les postures habituelles des individus recouvert par un symbiote : bondissant avec une anatomie rendue plus fluide et plus agressive. Les décors sont souvent génériques, et dessinés avec une régularité peu élevée, disparaissant pendant les combats, et pendant les moments émotionnels intenses. L'intérêt du lecteur s'en trouve diminué d'autant : il se dit que le scénariste a placé toute la matière du récit dans la minisérie concomitante. Il s'apprête à voir Maker et les symbiotes pourchasser les deux enfants qui vont s'avérer plein de ressources jusqu'à l'arrivée des adultes, pour le combat final qui va se dérouler dans la minisérie.



L'épisode 17 se déroule selon ce schéma, avec quelques cases sympathiques pour les symbiotes à l'attaque, et des réparties de Dylan qui montrent qu'il ne se laissera pas faire, et qu'il n'est pas intimidé dans son rapport à des adultes. De manière inattendue, Donny Cates surprend quand même son lecteur à la dernière page, avec un personnage qui sort de nulle part, jamais vu auparavant. Cates ne fait pas attendre son lecteur puisque ce nouveau personnage (Sleeper) raconte son histoire en 3 pages, et explique ce qu'il vient faire dans cette histoire. Le récit reprend alors son cours comme si de rien n'était : les deux enfants recommencent à échapper à leurs poursuivants et les symbiotes trouvent un nouvel hôte. Iban Coello gagne un peu en confiance, en particulier pour les deux garçons Normie & Dylan. Il n'hésite pas à exagérer l'expression de leur visage : le dégoût sur le visage de Normie quand Sleeper montre son hôte, la colère d'adulte de Dylan quand il s'adresse à Maker (pour un effet plutôt drôle), la parodie quand Dylan se pointe avec deux cartouchières croisées sur son torse et des grenades accrochées dessus, sans parler d'un flingue trop gros pour lui. Le dessinateur se montre aussi innovant en combinant les pouvoirs de Maker avec ceux du symbiote, pour des effets visuels originaux. Coello continue à s'investir dans les dessins avec un groupe de Carnages qui s'en prend à Scorpio dans l'épisode suivant, puis à Spider-Man (Miles Morales), malgré l'absence de décors. Il est également visible qu'il prend plaisir à définir l'aspect visuel de Sleeper, ainsi que les effets de pouvoirs sur Dylan Brock. Le lecteur ne peut que constater qu'effectivement ces épisodes de la série Venom ne portent pas très bien leur nom puisque le personnage principal est devenu Dylan Brock et que le rôle de Venom n'est qu'incident au travers d'autres symbiotes, et de la relation de famille entre Dylan et Eddie Brock.



Le lecteur se laisse prendre au jeu de cette nouvelle ouverture dans la mythologie associée au symbiote, à sa planète et à son dieu. Donny Cates utilise des ficelles très visibles : un nouveau symbiote dont l'histoire personnelle le met à part de la masse des autres, un destin extraordinaire pour Dylan Brock (mais juste une note d'intention, sans rien de concret), sans oublier les retrouvailles forcément émouvantes entre Dylan et son grand frère Eddie. Iban Coello continue de réaliser des pages entre grandes cases pour masquer le scénario décompressé, absence d'arrière-plans mettant en évidence que le lecteur regarde un personnage parler à un écran sans bouger, un manque certain d'impact (Maker n'est plus qu'un être humain avec une forme de crâne allongée, ce qui ne fait plus du tout peur), et une exagération assumée dès que les visages affichent de la douleur ou un soulagement intense (par exemple quand Dylan retrouve Eddie et qu'ils tombent dans les bras l'un de l'autre). Pourtant… pourtant la narration visuelle reste claire et immédiate d'accès, et le scénariste fait lui aussi un effort en donnant plus d'information que ce à quoi s'attend le lecteur. En particulier ce dernier apprend enfin qui sont les commanditaires de Maker, en l'occurrence pas un groupe générique de supercriminels, créé pour l'occasion, mais un groupe créé par Jonathan Hickman dans une série précédente.



Malheureusement, ces épisodes son bel et bien une annexe asservie à Absolute Carnage (de Cates & Stegman), avec des affrontements annexes pas très intéressants. Iban Coello n'est pas Ryan Stegman et ses dessins souffrent d'un manque d'inventivité et de substance à plusieurs reprises. Pour autant, le scénariste ne se contente pas de faire du remplissage pendant 5 épisodes, et se focalise sur Dylan Brock, pendant qu'Eddie Brock est monopolisé par Absolute Canrage. Il en profite pour continuer à nourrir la mythologie du symbiote (en particulier avec Sleeper) et pour faire (un petit peu) avancer son intrigue globale relative à Maker. La narration visuelle de Coello contient régulièrement quelques cases intéressantes qui récompensent un peu le lecteur de ce point de vue-là. Entre 3 et 4 étoiles en fonction de l'investissement du lecteur pour la série Venom.
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Redneck, tome 4 : Lone Star

Ce tome fait suite à Redneck Volume 3: Longhorns (épisodes 13 à 18) qu’il fut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 19 à 24, initialement parus en 2019, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Lisando Estherren, et mis en couleurs par Dee Cunniffe.



De nuit, sur une highway, le conducteur est sorti de son camping-car pour e soulager sur le panneau à terre indiquant que l'automobiliste quitte l'état du Texas. Alors qu'il vient de finir, JV Bowman s'est approché de lui par derrière et tord le coup du conducteur d'une seule main : il meurt sur le champ. Bowman relève la tête et parle aux trois vautours perchés sur un arbre sans feuille : il leur demande de prévenir leur maître qu'ils arrivent. July attend JV à une station-service désaffectée : elle a bien compris que JV a décidé de les emmener voir une connaissance, aussi dangereuse que susceptible de les aider. JV arrive en conduisant le camping-car du défunt. Il descend avec le cadavre sur son épaule, et il rentre dans la station-service pour recueillir son sang et commencer à le débiter. July le laisse travailler sur le cadavre et s'en va rejoindre William Bartlett. Il se trouve dans son fauteuil roulant, avec un foulard lui masquant le bas du visage. Perry est en train de lui faire la lecture à haute voix, d'un chapitre de La Route (2006) de Cormac McCarthy. July dépose un baiser sur le front de son époux et ressort de la pièce. Elle sort et s'agenouille dehors pour reprendre son souffle. Elle sent son enfant donner des coups dans son ventre. Elle se relève, sans voir un vautour sur la roue d'un tracteur.



Le crâne du vautour éclate, traversé par une balle tirée par Greg, sous l'emprise de l'alcool. Il demande à July si JV a bien tué le type, de telle sorte à ce qu'ils puissent se rendre au Mexique. Greg commence à mordre dans le vautour et July lui demande s'il va bien. JV Barlow arrive et leur dit qu'ils peuvent y aller. JV se remet au volant et ils finissent par passer la frontière. Quelques kilomètres plus loin, ils s'arrêtent devant un groupe de véhicules en demi-cercle. JV Barlow descend et dépose le cadavre de l'homme qu'il a tué devant les individus qui les observent. Leur meneur lui dit de s'agenouiller, et que les autres sortent du véhicule et fassent de même. Greg (portant Bartlett), July et Perry obéissent. Un autre homme ouvre un des compartiments du camping-car et il en tombe des dizaines de poches de sang. Les individus leur mettent un sac sur la tête, les attachent l'un à l'autre par une corde autour de la taille et leur disent qu'ils peuvent se mettre à marcher en avançant tout droit. Au bout de quelque temps, ils arrivent à la ville d'Asilo Del Muerto, l'asile pour les morts.



Le scénariste avait sorti la grosse artillerie pour le dernier épisode du tome précédent, et le lecteur se demande, comme pour chaque nouveau tome, quelle direction va prendre l'intrigue. À nouveau le groupe de vampires se retrouve réduit en début de tome : JV (Johnson) Bowman, Perry, Greg, July et William Bartlett en fauteuil roulant. Les auteurs prennent bien soin de rappeler dès la deuxième page que ces individus disposent d'une force surhumaine et qu'ils tuent des êtres humains : un dessin mangé d'aplats de noir, des formes simplifiées que ce soit pour les décors ou pour les personnages, un dessin avant tout efficace. Comme pour les tomes précédents, Donny Cates raconte son histoire en chapitre de 6 épisodes, formant une phase cohérente conséquente de son histoire. L'enjeu est de pouvoir ramener William Bartlett à un état de santé convenable et pour cela il faut la participation active et volontaire de celui qui l'a mordu et provoqué sa transformation en vampire. Pas de bol : ce n'est pas le premier venu et il n'est pas commode. Sa base d'opération se trouve dans une zone connectée à la Terre à un point d'un désert mexicain. L'artiste lui a donné un maquillage blanc sur le visage, évoquant une version simplifiée de ceux que l'on peut voir pour la fête des morts au Mexique, ainsi qu'un poncho qui semble recouvert de plumes de vautour.



L'artiste sait s'y prendre pour donner la sensation d'un endroit imprégné du folklore de la fête des morts version macabre, sans se montrer trop précis. Le lecteur note quelques sombreros, une poignée de visages avec des peintures, des tatouages tribaux, des maisons de fortune, et une végétation un peu différente. Pour cette dernière, il n'est pas possible de reconnaître des essences, les dessins ne présentant pas ce degré de précision. Mais il est possible de reconnaître des palmiers. Le lecteur observe également plusieurs animaux à intervalle régulier : les vautours sur des arbres décharnés, un lézard à proximité de la station-service désaffectée, un serpent dans le désert, une chauve-souris, encore des vautours, encore un serpent. Alors même que les dessins donnent l'impression d'un artiste limité techniquement, il installe une ambiance qui gagne progressivement le lecteur. Dee Cuniffe sait faire bon usage des dégradés de couleurs pour installer une ambiance, avec une teinte principale déclinée en nuances (bleu, rouge, marron, en fonction de la séquence et du lieu). Alors qu'il peut avoir une impression générale d'une apparence esquissée des dessins, le lecteur constate que le niveau de description est plus important qu'il n'y paraît, que ce soit pour les décors (la station-service, la hacienda, la crypte, le bar). C'est juste que par moment, Lisandro Estherren privilégie les arrière-plans vides de tout, contraste qui attire l'attention du lecteur.



Avec les différentes séquences, le lecteur peut se rendre compte de la compétence du dessinateur, en termes de mise en scène et de direction d'acteurs. Il ressent l'inquiétude de July dans l'enclos à l'extérieur de la station-service, en voyant Greg sous l'emprise de l'alcool avec une arme à feu dans une main, et une bouteille dans l'autre. Il ressent l'inquiétude que génère la silhouette noire à contre-jour de Carroña, en voyant les visages de JV, July et Greg. Il se fait une bonne idée de la confiance en lui de Carroña par ses postures détendues. Il peut observer le regard interrogateur de Perry quand Greg rentre avec son marcel maculé de sang. Il mesure la force mentale de Perry quand elle se fait obéir des habitants de Asilo del Muerto. Il peut voir la violence qui habite Evil quand il raconte son histoire personnelle. Cette manière de dessiner permet également de bien faire ressortir la nature monstrueuse des vampires, leur distance par rapport à l'humanité, leur force, leur violence, leur animalité. En cela, la narration visuelle se trouve parfaitement en phase avec un récit qui continue de prendre le point de vue des vampires.



Alors que la famille Barlow vivait retirée des affaires dans un coin paumé du Texas, l'enchaînement des événements a remis en cause leur relative tranquillité depuis le premier tome. Petit à petit, ils doivent renouer leurs connexions avec les autres vampires, et subir les pressions afférentes sur l'échiquier des pouvoirs. L'enjeu est simple : ramener Bartlett à un état de santé acceptable, mais le prix à payer est très élevé. Le scénariste continue de faire honneur au titre de la série en montrant des individus vivant en marge de la société, se livrant à des activités illicites, à commencer par tuer des citoyens innocents pour se nourrir de leur sang. Avec ce tome, Cates plonge toujours plus avant dans le folklore associé à ces vampires : une ville se trouvant dans un plan différent de celui de la Terre, deux autres vampires de premier rang (Carroña et Demus). Le lecteur qui est venu pour une histoire de vampire y trouve son content : individu avec une grande force, capacités surnaturelles, et même un trafic de sang avec un additif inattendu. Le scénariste ne fait pas semblant : le petit groupe de vampires (JV, Greg, July, Bartlett) se conduit bien comme des rednecks, fonçant souvent dans le tas. Cates a pris le parti de se focaliser sur la société des vampires, sans plus s'attarder sur les êtres humains, à l'exception d'Evil. En fonction de ses attentes le lecteur peut regretter que le récit ne porte pas plus sur les interactions entre vampire et humains, ou au contraire apprécier que Cates ne fasse pas semblant et ne se contente pas d'agiter 2 ou 3 vampires comme des épouvantails. À ce titre, le rituel de soin de Bartlett s'avère horrifique à souhait et éprouvant. Estherren réussit également très bien l'arrachage de langue, âme sensible s'abstenir.



Le lecteur se rend également compte qu'il s'est attaché aux différents protagonistes : JV en tant que responsable du petit groupe, July en tant que jeune mariée enceinte, Greg en tant que taiseux, Bartlett en tant que héros tragique. Il sent qu'il est émotionnellement impliqué dans leur devenir. Il ne peut pas s'empêcher d'admirer la prestance de Carroña, malgré sa manière de manipuler et de contraindre les individus. Il ressent une empathie sincère pour Evil (Gabriel Villalobos) malgré le carnage auquel il s'est livré dans le tome précédent. Il se retrouve complètement impliqué dans cette lutte contre le pouvoir en place. Il aura donc fallu 3 tomes pour que Donny Cates donne la pleine mesure de son intrigue, et pour que Lisandro Estherren trouve le bon équilibre entre un aspect brut de décoffrage et un niveau descriptif satisfaisant. Pour ce quatrième tome, le compte y est : le lecteur se mêle aux vampires et à leur pratiques sanglantes et violentes, inquiet pour le petit groupe de JV et curieux de savoir comment tout ça va tourner.
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Guardians of the Galaxy, tome 1 : The final..

Ce tome fait suite aux événements de Infinity Wars (2018, de Gerry Duggan & Mike Deodato). Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2019, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Geoff Shaw, avec une mise en couleurs réalisée par Marte Gracia, pour les épisodes 1 à 3, et par David Curiel pour les épisodes 4 à 6. Les couvertures ont été réalisées par David Marquez. Ce tome comprend également les couvertures alternatives dessinées par Ron Lim, Esad Ribic, Skottie Young, Steve Skroce Bernie Wrightson, Geoff Shaw, Mike Deodato, Matteo Scalera, Tom Raney, Gerald Parel (*2). Donny Cates & Geoff Shaw avaient déjà réalisé ensemble God Country (2017).



Quelque part dans le super-espace, à bord de l'Arche, Eros (Starfox), le frère de Thanos, s'adresse à une large assemblée composée de la Garde Impériale des Shi'ar, des Starjammers, et d'autres comme Silver Surfer, Adam Warlock, Rider, Beta Ray Bill, etc. Il leur indique que bien que de nombreux secteurs de l'espace soient en guerre, l'espoir est de mise car Thanos est mort. À ses côtés, se trouve le cadavre du titan, mais sans tête. Il indique que malheureusement, le règne de Thanos n'est pas parvenu à son terme. Il appuie sur un dispositif circulaire et il apparaît un enregistrement holographique de Thanos. Le titan explique qu'ils ne sont pas réunis pour entendre son testament, mais pour qu'il puisse leur dire qu'il avait établi des plans pour qu'après sa mort, sa conscience soit projetée dans un autre individu, afin qu'il puisse préparer son retour. La projection s'arrêt et Eros explique qu'il a réuni tous ces héros pour pouvoir constituer une équipe qui n'ait pas peur de se salir les mains. Mission : découvrir qui abrite la conscience de Thanos et l'exécuter. Dans l'assistance, Hepzibah prend la parole pour demander où sont les Gardiens de la Galaxie.



Dans la proximité de la base spatiale Knowhere, Peter Quill pilote le vaisseau spatial Ryder, avec ses côtés Groot, en train d'expulser des échardes de bois de son corps à un rythme régulier. Alors que Ryder approche de la zone de Knowhere, Quill se fait connaître à la radio, sans succès : Knowhere n'est plus à sa place. D'autres héros réagissent aux propos d'Eros. Beta Ray Bill fait observer qu'ils ne peuvent pas croire aveuglément les déclarations de Thanos. Silver Surfer (Norrin Radd) indique qu'il serait plus idiot de ne pas les prendre en compte que de les prendre en compte. Majestor Kallark abonde dans le sens de Silver Surfer. (Cosmic Ghost) Rider se dit qu'il aurait dû abattre bébé Thanos quand il en a eu la possibilité. Eros reprend la parole pour montrer sur un écran les individus les plus probables pour abriter la conscience de Thanos. Il indique que là maintenant tout de suite, ils doivent se concentrer sur Gamora pour l'assassiner. Phyla-Vell intervient pour abonder dans ce sens, mais elle est reprise par Moondragon (Heather Douglas) qui ne peut pas cautionner de tuer Gamora à cause des actes de son père, soutenue dans cette position par Rider.



Donny Cates (scénariste ayant le vent en poupe à ce moment) succède à Gerry Duggan qui a achevé ses épisodes des Guardians of the Galaxy par l'exercice d'un crossover en demi-teinte. S'il n'a pas le champ complètement libre (on n'imagine pas une équipe des Gardiens sans Peter Quill), le nouveau scénariste peut recomposer l'équipe. Par ailleurs, il a montré dans la série Venom (avec Ryan Stegman) qu'il dispose d'une solide connaissance de l'univers partagé Marvel, et qu'il sait trouver l'idée qui permet d'élargir l'horizon de la mythologie d'un personnage. Le lecteur se demande bien quelle direction il va choisir pour les Gardiens de la Galaxie. Cates choisit un point de départ déjà utilisé dans des histoires antérieures : Thanos est mort, mais son cadavre suscite les convoitises et certains de ses plans sont encore activés. Très vite, le lecteur peut apprécier la capacité de Donny Cates à mettre à profit la richesse de l'univers partagé Marvel, en particulier de ses personnages cosmiques. Il assiste à la participation des Starjammes (Ch'od, Corsair, Hepzibah, Raza Longknife), d'une quinzaine de membres de la Garde Impériale des Shi'ar, à la constitution d'une équipe de Dark Guardians (ceux qui sont prêts à tuer tout individu soupçonné d'abriter la conscience de Thanos), à l'arrivée du Black Order (Proxima Midnight, Ebony Maw, Corvus Glaive, Black Swan, Back Dwarf), et il identifie d'autres personnages cosmiques comme Firelord (Pyreus Kril), Darkhawk (Chris Powell), Quasar (Wendell Vaughn), Wraith (Zal-Del) Major Victory (Vance Astro).



Bien évidemment, le nombre de personnages donne un sacré travail à l'artiste pour les caser de manière lisible dans les cases, de reproduire fidèlement les particularités de leur costume. Geoff Shaw n'est pas George Perez, mais il s'acquitte de cette spécification de sa tâche avec les honneurs. Le lecteur a le choix de passer du temps pour identifier les uns et les autres, sourire de contentement quand il repère un superhéros inattendu au détour d'une case (par exemple Howard le canard), ou passer plus vite sur ces cases en se contentant de l'impression de foule bigarrée. En outre, Shaw réussit bien les dessins de groupe, avec les superhéros prêts à attaquer, à foncer dans le tas. Ces cases ne sont ni flamboyantes, ni minutieuses à l'obsession, mais elles sont efficaces. La mise en couleurs de Marte Gracia puis de David Curiel les complète avec compétence : accentuation des reliefs, établissement d'une ambiance lumineuse, effets spéciaux (les camaïeux pour l'espace et les énergies, les flammes de Rider, les explosions), distinction entre les différents éléments d'une case. Il arrive toutefois que le lecteur se rende compte de l'absence d'arrière-plan le temps d'une page par épisode.



Par comparaison avec la série Venom, Donny Cates choisit donc plutôt de faire fructifier les la richesse cosmique de l'univers partagé Marvel, plutôt que de développer de nouveaux concepts. Il met en évidence que Thanos mort reste en un enjeu pour de nombreuses factions aux objectifs différents et incompatibles. Il y a ses acolytes (Black Order) qui souhaitent récupérer son corps, ceux qui sont prêts à tout pour éviter son retour, et ceux qui essayent de trouver un juste milieu entre la menace potentielle, et le refus de recourir à des assassinats préventifs. Le lecteur retrouve à la propension du scénariste à rendre des valeurs morales aux superhéros. Déjà dans Cosmic Ghost Rider (2018, par Donny Cates & Dylan Burnett), il n'avait pas versé dans le massacre à tire-larigot, une direction pourtant naturelle au vu de l'identité du personnage. Peter Quill est bien un être humain normal, côtoyant des individus à la puissance de feu extraordinaire, habité par une forme de mélancolie, avec des compétences qui font de lui un chef reconnu. Geoff Shaw sait faire apparaître l'état d'esprit de Quill sur son visage, avec assez de nuance. Il en va de même pour Eros qui se retrouve à diriger les Black Guardians, même s'il prend moins activement part aux combats. Ces derniers sont très impressionnants car l'artiste sait concevoir des plans de prise de vue pour que leur déroulement soit lisible, et insérer des images mettant en valeur les prouesses physiques des combattants, avec des postures piochées dans les conventions visuelles classiques des récits de superhéros.



Donny Cates sait mettre à profit sa connaissance des personnages cosmiques Marvel et leur donner le minimum de consistance requise, soit par une phrase (les répliques de Rider), soit par leur motivation spécifique (par exemple pour Eros ou Zak-Del). Il fait également référence à des événements récents de l'univers partagé Marvel comme ceux survenus dans The Unworthy Thor (2017, Jason Aaron, Olivier Coipel, Kim Jacinto) et dans Death of the Inhumans (2018, Cates & Ariel Olivetti). L'intrigue peut se comprendre sans connaître ces références, mais elle acquiert plus de saveurs quand le lecteur en est familier. Le lecteur se rend compte qu'il se retrouve vite émotionnellement impliqué dans ce récit cosmique, à la fois du fait de l'enjeu (même s'il s'agit d'un énième retour de Thanos), à la fois parce qu'il peut comprendre ce qui motive les personnages, et percevoir leurs émotions.



Après un crossover de grande ampleur, Donny Cates & Geoff Shaw doivent proposer une nouvelle intrigue pour cette équipe de superhéros. L'artiste réalise des dessins qui utilisent souvent les conventions visuelles des superhéros, dans une narration claire, spectaculaire, et sachant gérer les nombreux personnages. Le scénariste met à profit les ressources gigantesques de l'univers partagé Marvel pour motiver la reformation d'une nouvelle équipe de Gardiens autour de Peter Quill. Il arrive à concilier des enjeux à l'échelle de la galaxie, avec des personnages qui sont plus développés qu'un unique trait de caractère, un costume et des superpouvoirs. Il raconte une histoire vive et enlevée, haute en couleurs, qui souffre par moment d'une trop grande distribution et d'une narration graphique manquant encore un peu de personnalité.
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Babyteeth, tome 1

"Babytheeth" Tome 1 de @Doncates et @GarryBoom chez @Snorgleux_ed



Synopsis Tome 1 : 



"Sadie Ritter, 16 ans, s'apprête à accoucher. Malgré le soutien de sa famille qui a accepté la situation, la jeune fille est tendue. Son bébé s'avère être l'antéchrist et se prépare à déverser la souffrance éternelle sur l'humanité."



Scénario : Donny Cates ;

Dessins : Garry Brown ;

Éditeur : Snorgleux Comics ;

Prix : 16.50 € ;

Commandez-le sur Excalibur Comics.



N'étant plus un réel novice des histoires imaginées par Donny Cates, il arrive (encore) à me surprendre et à m'émerveiller grâce à ce titre "Babyteeth". Imaginer, qu'une fille de 16 ans se retrouve enceinte par le "Saint-Esprit" et accouche d'un bébé, qui serait l'Antichrist, il y a de quoi à être interpellé et séduit par la suite. D'autant plus, qu'apprendre à gérer et à protéger, un être capable, par ses pleurs, d'ouvrir un portail inter-dimensionnel vers les Enfers, n'est pas chose facile, vous en conviendrez [...]



La suite de la chronique + petit bonus ici
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Hulk, tome 1 : L'écrasonaute

On a été mal habitué depuis la séquence « World War Hulk » car ce « Hulk, l'écrasonaute » et son scénario passe-partout sert surtout de prétexte pour voir ce qui plait : un Hulk saturé de rage détruire la quasi totalité de l'Univers Marvel.



Le trait d'Ottley, incroyablement puissant confère le punch nécessaire à cette entreprise « 100% baston » mais à la longue le scénario de Cates lasse, comme si à force jouer la surenchère permanente, les scénaristes avaient atteint leurs limites.



Gros biscotos ou pas, une aventure parfaitement dispensable donc !


Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Venom, tome 4 : Venom Island

Ce tome fait suite à Venom by Donny Cates Vol. 3: Absolute Carnage (épisodes 16 à 20) et à Absolute Carnage . Il contient les épisodes 21 à 25, initialement parus en 2020, écrits par Donny Cates, dessinés par Mark Bagley, encrés Andy Owens, et mis en couleurs par Frank Martin, avec l'aide d'Erick Arciniega pour les épisodes 21 & 22. L'épisode 25 contient également une histoire courte de 10 pages, écrite par David Michelinie, dessinée par Ron Lim, encrée par J.P. Mayer, et mise en couleurs par Erick Arciniega. Les couvertures ont été réalisées par Bagley (é21 à é24) et Ryan Stegman (é25). Les couvertures variantes ont été réalisées par Mark Bagley (*3), Gerardo Zaffino, James Stokoe, Ron Lim, Marco Checchetto (*2), Dave Rapoza, Clayton Crain (magnifique), Khari Randolph, Paolo Rivera, John Tyler Christopher, Skottie Young, Humberto Ramos, Rock-He Kim.



Eddie Brock est en train de se raser avec un coupe-chou, tout en repensant à ce qu'il a fait : sauver son fils, au prix de la fin du monde, car Knull arrive. La porte de la salle de bain s'ouvre : Dylan Brock entre pour indiquer que la voiture est arrivée et qu'il faut que son père accélère sinon il va être en retard. Eddie fait en sorte que son symbiote prenne l'apparence d'un costume noir, avec chemise blanche et cravate noire. Il sort sur le perron, accompagné de son fils, et salue Liz Allan et son fils Normie. Il dit au revoir à son fils qui ne lui prodigue aucune marque d'affection, et il monte dans la limousine noire avec chauffeur. Ce dernier est un androïde programmé. Une fois Eddie installé, les roues de la voiture se replient et elle s'envole. Une heure plus tard, ils sont arrivés au niveau du cercle arctique et Eddie aperçoit la montagne des Avengers, le corps d'un céleste décédé, utilisé comme quartier général par l'équipe.



Une fois la voiture garée dans le hall d'atterrissage, Eddie Brock en descend et il est accueilli par Captain America (Steve Rogers) qui l'emmène devant les autres Avengers : Iron Man (Tony Stark), She-Hulk (Jennifer Walters), Black Panther (T'Challa), Thor (Odinson), Captain Marvel (Carol Danvers), Ghost Rider (Robbie Reyes), Blade (Eric Brooks). Il est pris par surprise quand Thor s'adresse à lui pour le remercier pour sa vaillance pendant War of the Realms , il lui tend la main pour lui serrer, tout en lui proposant de combattre à ses côtés au sein des Avengers. Brock feint un malaise, parce que dans le même temps une nouvelle voix s'est fait entendre dans sa tête en plus de celle du symbiote Venom. Le symbiote Carnage s'adresse à lui. Il s'en tire en indiquant à haute voix qu'il est un peu prématuré pour lui de s'engager dans une équipe, alors qu'il lui faut plutôt s'occuper en priorité de Dylan. Captain America comprend et lui remet une carte d'appel en cas de besoin. Brock rentre chez Liz Allan qui l'héberge avec son fils, et il se rend direct dans sa chambre où il avale un tube de médicaments pour faire taire les voix dans sa tête. Il s'écroule sur son lit, assommé et commence à rêver : il a la vision de Dylan en train de se noyer, puis de Knull qui s'approche.



Après Absolute Carnage, le lecteur est content qu'Eddie Brock revienne au centre de sa propre série et s'occupe de ses problèmes personnels. Le scénariste peut reprendre le fil de son intrigue, avec l'arrivée prochaine du dieu primordial Knull. Mais avant cela, Eddie Brock doit s'occuper de neutraliser le symbiote Carnage qu'il porte en lui. En fonction de ses attentes, le lecteur peut trouver le temps long avant l'arrivée de Knull et considérer ce tome comme reculer pour mieux sauter, ou refourguer plus d'épisodes en attendant l'événement. Il se dit qu'il aurait été tout aussi simple pour Cates de se passer du retour de Carnage, du mini-événement avec les autres symbiotes, et d'avancer plus vite. Il constate d'ailleurs que Ryan Stegman, l'artiste qui avait lancé cette saison, n'est pas de retour après avoir dessiné Absolute Carnage, et qu'il est remplacé par un vieux de la vieille : Mark Bagley qui avait dessiné plus de 100 épisodes d'Ultimate Spider-Man de 2000 à 2011, et qui avant ça avait également été le dessinateur attitré de la série Amazing Spider-Man de 1991 à 1996, pour une soixantaine d'épisodes. Il bénéficie ici d'un bon encreur qui fait bien ressortir tous les détails, et d'une mise en couleurs moderne qui apporte plus de relief et de profondeur à ses cases. Néanmoins, sous le vernis, le lecteur retrouve les caractéristiques graphiques de cet artiste : des dessins réalisés rapidement, un peu fades, avec une maîtrise extraordinaire de l'art de s'affranchir de représenter les arrière-plans sans en avoir l'air.



Le lecteur peut aussi trouver qu'Absolute Carnage n'était pas si réussi que ça malgré les dessins de Stegman, et que ça fait du bien de revenir à l'histoire du personnage principal dans un cadre moins ouvert à tous les vents. La séquence de début laisse le lecteur entre deux eaux : Venom adoubé par les Avengers pour service rendu, on efface tout ce qui a pu se passer avant pour avoir Venom dans l'équipe, mouaif. Mais en fait les événements prennent une autre tournure, et le scénariste revient au personnage principal, ses soucis relationnels avec son fils, et puis les voix dans sa tête. Du coup, il ne s'agit plus d'un personnage uniquement défini par la couleur de son costume et ses superpouvoirs, mais d'un individu plus spécifique avec des problèmes qui n'appartiennent qu'à lui, et qui le rendent donc unique. Pour autant, la narration ne vire pas au mélodrame : elle reste dans le registre de l'action rapide et spectaculaire. Afin d'essayer de résoudre ses problèmes, Eddie commence par le plus gros : contenir Carnage pour éviter qu'il ne prenne l'ascendant sur son corps et se lance dans une série de massacres. Pour ce faire, il se rend sur une île déserte qu'il avait déjà visitée dans le numéro 347 de la série d'Amazing Spider-Man (1991) : Isla de Huesos. Comme à son habitude, Cates sait nourrir son récit avec la continuité du personnage, sans pour autant y être asservie.



Effectivement, le lecteur retrouve les caractéristiques graphiques marquées de Mark Bagley qui ne s'est pas transformé en Ryan Stegman. Pour autant, il reste un artiste de comics à la narration claire et efficace. Il est certes possible de trouver ses dessins un peu fades dans la perspective de sa carrière, mais ces épisodes pris pour eux-mêmes montrent un dessinateur avec une bonne sensibilité pour les expressions faciales indiquant les fluctuations de l'état d'esprit d'un personnage (par exemple les 12 cases en gros plan sur le visage d'Eddie, sur 2 pages en vis-à-vis en ouverture de l'épisode 12). Il ne dessine pas les décors en arrière-plan, avec une fréquence très élevée, mais quand ils sont présents, il ne se contente pas de formes génériques. Par exemple, les robinets du lavabo correspondent à un modèle très précis, de même pour les meubles de la cuisine de la demeure de Liz Allan, pour les armes stockées dans un bunker souterrain sur l'île, ou encore pour les conduits et les cheminées sur le toit où Dylan teste sa capacité à maîtriser le bout de symbiote qu'il a conservé en sa possession, en présence du chat Sleeper. En plus, cet artiste a un sens du spectaculaire qui fait mouche dans ses mises en scène : le travelling avant sur 5 cases de la largeur de la page alors que Carnage s'attaque à un cochon sauvage, la vrille de symbiote dans un coffret en bois, la cautérisation avec la lame d'une épée chauffée à blanc, et bien sûr l'attaque de dinosaure.



Donny Cates se révèle beaucoup plus à l'aise pour raconter une histoire à l'échelle d'un personnage. Il sait montrer ce qui motive Eddie Brock, ainsi que sa manière d'aborder les problèmes et de se lancer dans la l'action. Il dose son utilisation de la continuité avec un grand savoir-faire, pour qu'elle nourrisse son intrigue, sans devenir le centre d'intérêt principal, sans noyer un lecteur néophyte. Il écrit un récit de super(anti)héros au premier degré, sans aucune trace de condescendance pour le genre, avec une bonne connaissance de la mythologie de Venom, avec des idées pour la faire progresser, sans renier les éléments existants. Le lecteur prend plaisir à ce mélange de récit de survie contre Carnage, relevé par des armes variées pendant les combats, et un dinosaure (enfin un truc qui y ressemble). Le scénariste n'hésite pas à inclure des éléments narratifs typiques des pulps et des superhéros, en les mettant en œuvre au premier degré, pour un divertissement sympathique, qui n'oublie pas les personnages.



Après le succès (très) mitigé d'Absolute Carnage, le lecteur se dit qu'il préfère que le scénariste revienne à une histoire de moindre ampleur comme dans les 2 premiers tomes de la saison, où il s'était montré plus inventif et plus habile. C'est ici encore le cas, avec un combat entre Eddie Brock et Carnage qui a du sens et qui est spectaculaire comme le lecteur est en droit de l'attendre. Mark Bagley réalise une narration claire à défaut d'être originale. Même pour un lecteur un peu lassé par les raccourcis de l'artiste utilisés à maintes reprises pendant sa carrière, il apparaît que le dessinateur a passé du temps sur ses planches ce qui leur donne plus de personnalité, et que l'encreur et le coloriste complémentent les cases, leur insufflant un petit plus de personnalité, ce qui fait passer la narration de fonctionnelle à agréable.
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Guardians of the Galaxy, tome 2 : Faithless

Ce tome fait suite à Guardians of the Galaxy by Donny Cates Vol. 1: The Final Gauntlet (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 7 à 12, ainsi que l'annuel 1, initialement parus en 2019, écrits par Donny Cates. Il contient les couvertures originales de David Marquez, Mike Henderson, Patch Zircher, Geoff Shaw, ainsi que les couvertures variantes de Jen Bartel, Inhyuk Lee, Giuseppe Camuncoli, Chris Stevens, Declan Shalvey (*2), Cory Smith, Ron Lim, John Tyler Christopher.



Annuel 1 - Donny Cates & John McCrea - À bord d'un énorme vaisseau spatial, Cosmo explique à un interlocuteur dans l'ombre ce que sont devenus les Gardiens de la Galaxie. Al Ewing & Yildiray Cinar - Au Tharg's Bar, Nova (Richard Rider) se fait payer un coup à boire par Quasar (Wendell Vaughn). Il lui raconte le génocide auquel il a assisté impuissant sur la planète des skrulls Kral. Tini Howard & Ibrahim Moustafa - Adam Warlock effectue une chute au travers de l'atmosphère de la planète Ryas. Il y est accueilli par un peuple qui voit en lui l'émissaire d'un dieu bienfaiteur qui les nourrit depuis plusieurs années. Zack Thompson, Lonnie Nadler et Filipe Andrade - Chris Powell éprouve la sensation d'être détaché de Darkhawk Il reprend conscience, prisonnier à bord d'un vaisseau où se trouve des Krees, des Skrulls et des Shi'ars.



Ça fait partie du jeu pour l'éditeur de coller un numéro annuel dans une série pour vendre un peu plus de papier. En fonction des séries et des auteurs, le lecteur se prépare à lire quelque chose entre le dispensable et le remplissage inutile. Ici, Donny Cates, le scénariste de la saison, écrit la première page et les deux dernières pour s'assurer de raccrocher le tout proprement à sa série, avec des dessins fonctionnels. Ensuite Al Ewing met le lecteur au courant des derniers faits et gestes de Richard Rider. Il a concocté une histoire de massacre qui met à profit une communauté de skrulls sortant de l'ordinaire déjà vue précédemment, et il confronte l'expérience de Rider aux convictions de Vaughn pour un résultat dramatique convaincant. Cinar réalise des dessins très agréables à l'œil. C'est ensuite au tour de Tini Howard de se dépêtrer avec un personnage difficile à bien écrire. Elle s'en sort avec les honneurs, mettant Warlock face à une ferveur religieuse constructive, avec une certaine malice, et des dessins très agréables d'Ibrahim Moustafa. Zack Thompson & Lonnie Nadler sont un peu moins convaincants en ce qui concerne Darkhawk, car il faut que le lecteur ait déjà un attachement affectif avec le personnage pour s'intéresser à son sort. De même les dessins de Filipe Andrade frappés d'une petite touche manga ne sont pas forcément du goût de tout le monde. Le lecteur comprend que ces trois parties servent soit de transition (Nova, Adam Warlock), soit de prologue à une nouvelle phase pour le personnage (Darkhawk).



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Épisodes 7 à 12 (dessins de Cory Walker, avec un dessin en double page de Geoff Shaw, un de Dylan Burnett, un d'Ariel Olivetti, et un de Tradd Moore) - Un détachement rassemblant la quasi-totalité des Nova Corps se tient devant la Cathédrale, un immense vaisseau de l'Église Universelle de la Vérité. La Cathédrale est ceinte d'un anneau de débris de petits vaisseaux spatiaux. Le commandant Markus est en contact avec l'état-major et indique que du renfort ne serait pas superflu. Il lui est répondu que seul Richard Rider n'a pas été convoqué, et qu'il est en permission pour se remettre. Une porte s'ouvre dans le flanc de la Cathédrale, et une silhouette encapuchonnée s'avance : le Patriarche, accompagné par deux gardes. Il intime aux agents Nova d'avoir la foi. Des tentacules d'énergie émergent du vaisseau, et se saisissent des agents Nova, les entraînant à l'intérieur du vaisseau, alors que leur esprit est possédé par une entité inconnue. Sur la planète des plaisirs Dolo-Mayan, Peter Quill est au lit avec Gamora. Alors qu'il se lève, Groot frappe à leur porte et rentre. Il emmène Peter et Gamora voir un message holographique. J'Son Quill s'adresse à fils Peter lui disant qu'il regrette d'avoir été un mauvais père et la transmission s'interrompt alors qu'il approche du vaisseau Cathédrale. Ses dernières paroles sont Aie la foi !



C'est donc déjà la fin de la saison écrite par Donny Cates qui s'en va reprendre la série Thor par la suite. Il mène à bien son histoire : le lecteur apprend qui est le Patriarche, la raison de sa venue à bord de la Cathédrale, le rapport avec l'Église Universelle de la Vérité. Donny Cates se montre très à l'aise tout du long pour mettre en scène les personnages associés à cette série : Star-Lord, Gamora, Groot, Rocket Raccoon, Magus et une dizaine d'autres. Il est évident qu'il connaît ses classiques, aussi bien les récits cosmiques de Jim Starlin sur Thanos et Adam Warlock, aussi bien la version des Gardiens de la Galaxie de Dan Abnett & Andy Lanning. Il a l'art et la manière de donner de la consistance à un personnage en une demi-douzaine de répliques, de manière à ce qu'il ne soit ni interchangeable avec n'importe quel autre, ni un simple dispositif narratif. Peter Quill remet en cause ses capacités de chef car il ne parvient plus à concevoir de stratégies viables. Gamora est un peu en retrait, mais est capable de prendre du recul sur son état d'esprit. Groot peut toujours parler et se montre à la fois bourru et attentionné. Rocket Raccoon continue d'être sarcastique et cassant : pourtant il est plus touchant que jamais. Le scénariste lui accorde plusieurs scènes et le dessinateur sait montrer sa terrible déchéance physique sans en faire une victime résignée pour autant. En 2 séquences, Donny Cates emporte le morceau pour Magus, contre toute attente. Le lecteur n'a que faire d'une version enfant de cette partie irrémédiablement maléfique d'Adam Walrock, et pourtant l'idée fonctionne parfaitement et le lecteur espère bien qu'il pourra retrouver ce personnage dans des aventures ultérieures. À ce stade, il ne boude plus son plaisir et apprécie ces aventures au premier degré, avec ces personnages improbables, entre superhéros classiques et héros de science-fiction légère, luttant contre une menace aussi floue que terrifiante. Le final est satisfaisant. Il apprécie même que Donny Cates s'autocongratule sans vergogne en s'autocitant avec un dessin en double page consacré à chacune de ses précédentes histoires : Death of the Inhumans (2018, avec Ariel Olivetti), Thanos wins (2018, avec Geoff Shaw), Cosmic Ghost Rider: Baby Thanos Must Die (2019, avec Dylan Burnett), Silver Surfer: Black (2019, avec Tradd Moore).



Cory Smith impressionne le lecteur dès la première séquence : le symbole de l'Église Universelle de la Vérité sur la coque de la Cathédrale, l'impression de gigantisme du vaisseau et les petites silhouettes des officiers Nova, la transformation progressive du symbole de l'Église Universelle de la Vérité, d'une sorte d'Ankh à un Oméga sinistre. L'artiste sait reproduire les apparences iconiques des personnages et des éléments de la série : les différentes formes de Groot (en particulier le grand échalas dégingandé avec ses cinq pics sur le crâne), le visage si particulier de Rocket Raccoon, les lapins anthropomorphes de Half-World, le cocon immédiatement identifiable, le petit Magus, le massif Drax, etc. Il crée également de nouveaux éléments comme la Cathédrale, l'imposant Méca (irrésistible, évoquant un Transformer vintage), les bestioles pleines de dents parmi lesquelles vit Magus. Il gère aussi bien les tête-à-tête, que les scènes d'action avec de nombreux personnages. Il prend le temps de concevoir des plans de prise de vue plus élaborés que de simples successions de champ et contrechamp pour les dialogues, et ses cases restent claires même quand il y a une vingtaine de personnages. Il varie ses découpages de planche en fonction de la nature de la séquence : bandes de cases rectangulaires sagement alignées, cases en insert sur un dessin plus grand, cases agencées en vitrail autour d'un dessin principal, dessin en pleine page ou en double page (mais sans systématisme). Le lecteur se rend compte que la mise en couleurs de David Curiel est d'un excellent niveau, à la fois pour en rehausser les reliefs et faire ressortir les différents plans au sein d'une même case, mais aussi pour l'intégration des effets spéciaux sans supplanter les traits encrés.



Cette saison des Gardiens de la Galaxie ne restera pas dans les annales de l'équipe du fait de sa brièveté. Par contre, elle constitue une excellente lecture pour les nouveaux et pour les anciens lecteurs. Pour les nouveaux, elle permet de prendre conscience de la richesse de la mythologie associée à l'équipe, de la viabilité de personnages aussi atypiques et hauts en couleurs, du potentiel infini d'intrigues cosmiques, de l'opéra de l'espace à la quête philosophique. Pour les anciens, ils retrouvent avec plaisir tout ce qui fait la spécificité de ces personnages, leur saveur, la dynamique de l'équipe qui fonctionne aussi bien à cinq qu'à une quinzaine. Il soupire d'aise grâce à la narration visuelle qui embrasse le côté coloré des comics, les visuels emphatiques et plein de force. Il constate que Donny Cates est un scénariste inspiré qui sait trouver des potentiels inexploités dans ces personnages, sans les altérer ou renier leur nature profonde.
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Venom, tome 2 : Abysse

Ce tome fait suite à Venom by Donny Cates Vol. 1: Rex (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant pour comprendre de quoi parlent les personnages. Il comprend les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2019, écrits par Donny Cates. Les épisodes 7 & 8 ont été dessinés et encrés par Iban Coello, avec une mise en couleurs réalisée par Andres Mossa. Ryan Stegman a dessiné les épisodes 9 & 10 et plusieurs pages du 11, avec un encrage réalisé par JP Mayers. Les autres pages de l'épisode 11 et l'épisode 12 ont été dessinés et encrés par Joshua Cassara. Frank Martin a été réalisé la mise en couleurs des épisodes 9 à 12. Les couvertures ont été réalisées par Ryan Stegman. Ce tome comprend également les couvertures variantes réalisées par Frank Cho, Humberto Ramos, John Tyler Christopher, Dave Gibbons (une parodie de sa couverture pour Watchmen 1), Ryan Stegman, Phil Noto, J. Scott Campbell, Bill Sienkiewicz.



Quelqu'un est en train de parler à Edward Brock, assis sur chaise avec des attaches l'empêchant de bouger. Il lui rappelle qu'il a sauvé le monde mais que personne n'en a cure. Il explique que la police avait établi un cordon autour de l'entrepôt dans lequel il gisait sans conscience, mais qu'il avait été récupéré par un groupe d'intervention spécialisé dans les symbiotes. C'est ainsi qu'Eddie se trouve neutralisé sur une chaise face à The Maker (Reed Richards, en provenance de la Terre 1610, celle des Ultimates). Maker lui indique que Brock a chevauché un dragon lié à un dieu ancien au-dessus de Manhattan. Brock ne se souvient pas avoir chevauché de dragon. Pour répondre à sa question, Maker explique qu'il souhaité avoir Eddie Brock comme prisonnier pour savoir ce qu'il a fait de l'échantillon qu'il avait prélevé sur le dragon et qui a été dérobé dans son laboratoire. Brock lui répond qu'il n'est pour rien dans cette disparition qu'il n'en a aucun souvenir. Maker indique qu'il travaille pour un groupement d'individus dotés de pouvoirs importants, et qu'il doit absolument leur remettre cet échantillon.



Brock explique qu'il n'a pris aucun échantillon, mais qu'il a tué le dieu Knull, qu'il s'est réveillé ainsi neutralisé dans ce laboratoire. Maker trouve cette information très intéressante : il suppute que c'est la réponse que lui a dictée le symbiote. Maker ajoute que quand le groupe d'intervention est entré dans l'entrepôt Venom en a tué 4. Maker explique qu'ils ont pu traquer Venom/Brock grâce à l'analyse de ses excrétions, la salive qu'il projette partout et qui est l'équivalent de déjections permettant au symbiote d'éjecter les matières exogènes qu'il absorbe, par exemples les balles d'arme à feu. Maker ajoute que les agents du projet Oversight ont fini par retrouver et neutraliser Eddie Brock à San Francisco. Cela s'est fait sur le porche de la famille Brock, sous les yeux les yeux Carl Brock (le père d'Eddie) et de Dylan Brock, un garçon. Eddie Brock finit par prendre conscience qu'il n'entend plus la voix du symbiote dans son esprit. Maker lui apprend que Flash Thompson (Agent Venom) est mort. Après avoir réglé ses affaires avec Maker, Eddie Brock décide de se rendre à San Francisco pour mettre les choses au point avec son père.



Le lecteur était ressorti enchanté du premier tome : Donny Cates avait repris Venom dans sa version classique, avec Eddie Brock et avait sondé la nature du symbiote ou plutôt ce que le fait qu'il s'attache à un hôte dit de l'organisation de la société de la planète (Klyntar) dont il provient. Venom avait pris une envergure inattendue, et Eddie Brock avait dû faire face à la matérialisation d'un dieu au-dessus de New York. Le lecteur se demande ce que Donny Cates va bien pouvoir défricher dans ce deuxième tome. En tout cas, il lui fait toute confiance pour le surprendre. Eddie Brock est donc immobilisé sur une chaise, ses pouvoirs neutralisés, et il est soumis à un interrogatoire par The Maker, individu très intelligent (Reed Richards quand même) et particulièrement manipulateur. Il s'agit de la version Utlimate du Reed Richards originel (Terre 616) qui a réussi à survivre à Secret Wars (2015/2016) de Jonathan Hickman & Esad Ribic. Le lecteur voit bien qu'il aurait pu s'agir d'un autre supercriminel, mais que Donny Cates se sert adroitement de l'intelligence de celui-ci pour jouer avec les certitudes d'Eddie Brock. Ce dernier se rend compte que Maker joue avec lui, mais lui donne aussi des renseignements fiables, et lui fait des révélations dont il peut vérifier la réalité. Il devient vite apparent pour lui que sa mémoire présente des trous, qu'il a oublié ce qu'il a fait pendant parfois plusieurs jours. Le lecteur se souvient qu'il en allait de même quand le costume noir prenait le contrôle de Peter Parker. Donny Cates n'introduit donc un nouvel élément sortant du chapeau, mais il développe un élément déjà connu d'une manière différente. Du coup la confrontation avec le père se fait sur la base de souvenirs non fiables, et donc de secrets de famille indiscernables pour Eddie Brock.



Heureusement que Donny Cates conserve une vision claire et en expansion du personnage, parce que le lecteur tique un peu en découvrant sur la couverture le nom de 3 dessinateurs différents. L'éditeur Marvel l'a en effet habitué à mettre un dessinateur de premier plan sur les premiers épisodes, puis à affecter un dessinateur moins expérimenté pour la suite. Les planches d'Ivan Coello ne dégagent pas la même fougue que celles de Ryan Stegman. Il réalise des dessins un peu au-dessus de l'ordinaire des comics industriels. Il varie régulièrement le découpage, pour que ces pages présentent une variété de surface dans la taille et la disposition des cases. Il se tire plutôt pas mal des séquences de dialogue, en en changeant les angles de vue, et en montrant les gestes et les déplacements de The Maker, par exemple quand il joue avec un scalpel dans la main. Du coup, les cases montrent des choses qui ne sont pas incluses dans les dialogues. Il sait insuffler l'énergie nécessaire dans les scènes d'action : la première apparition en dessin pleine page de Venom avec de la bave giclant et les vrilles s'élançant de son dos, l'évocation d'Agent Venom avec ses pochettes et ses 2 automatiques, ou encore la course éperdue pour s'échapper du complexe. Le lecteur sent que la narration visuelle a perdu de son exubérance, mais elle reste de bonne qualité.



Il retrouve donc avec plaisir Ryan Stegman pour deux épisodes et demi, ainsi que la mise en couleurs savante et sophistiquée de Frank Martin. Effectivement les dessins libèrent alors plus de saveur. Effectivement aussi, le lecteur peut détecter de ci de là l'influence encore bien visible de Todd McFarlane : en particulier pour les expressions de visage de l'adolescent Dylan Brock, avec ce qu'il faut d'émerveillement enfantin, d'émotions plus directes, moins filtrées que celles des adultes. Le lecteur observe également le visage d'Eddie Brock qui en dit long sur son état d'esprit du moment. Il sourit devant celui de Carl Brock qui semble plus être dans un registre de vieil homme renfrogné et hostile à son fils quoi qu'il puisse dire. Les apparitions de Venom sont aussi spectaculaires que ce qu'attend le lecteur : le symbiote sous forme de chien accompagnant Eddie, le symbiote remplaçant une porte toutes dents dehors, ou encore le symbiote avec sa tête pleine de dents. Ryan Stegman dessine dans un registre volontairement plus spectaculaire et plus débridé, ce qui s'avère être en phase avec les montagnes russes émotionnelles qui accompagnent les révélations et les découvertes d'Eddie Borck. Le décalage avec les dessins de Joshua Cassara est moins important qu'avec ceux d'Iban Coello car Cassara reste dans une représentation exagérée en termes de mouvements et de postures. Par contre, il perd la touche d'innocence ironique avec l'adolescent.



Donc, Donny Cates développe l'histoire personnelle d'Eddie Brock à partir du fait que le symbiote fait tout pour éviter la douleur à son hôte, y compris effacer certains de ses souvenirs. À partir de là, il est possible que le lecteur soit farouchement opposé à toute forme de rétrocontinuité même si elle découle de la nature même du personnage : dans ce cas-là il ne pourra pas apprécier ce deuxième tome. Il est aussi possible qu'il se laisse emmener par la logique interne du récit et son rythme, et qu'il remarque qu'Eddie Brock ne se met pas à pleurer à chaude larme en découvrant des drames de famille insoutenables. Ce parti pris dans l'acceptation des révélations évite au récit de verser dans la comédie de situation bon marché et mal jouée, et développe l'histoire personnelle d'Eddie Brock de manière organique et sensible, les révélations provenant de la nature même du lien qui unit le symbiote et son hôte, donc une situation découlant de la nature du symbiote.



Après une ouverture spectaculaire de la mythologie des symbiotes, Donny Cates focalise son attention sur les conséquences de la relation fusionnelle entre le symbiote et son hôte pour revisiter l'histoire personnelle d'Eddie Brock et y mettre à jour des secrets qui ne se limitent pas à tirer profit du choc émotionnel. Si le premier tiers du récit baisse en qualité narrative visuelle (tout en restant d'un niveau satisfaisant), il reprend de la superbe avec les 4 épisodes suivants, Ryan Stegman restant plus expressifs du fait de l'influence visible de Todd McFarlane.
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Venom, tome 1 : Rex

Ce tome est le premier d'une série consacrée à Venom, dans sa version Eddie Brock. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2018, écrits par Donny Cates, dessinés par Ryan Stegman, avec un encrage réalisé par JP Mayer, et une colorisation de Frank Martin. Les couvertures originales ont été réalisées par Stegman. Il contient également les couvertures alternatives réalisées par J. Scott Campbell, Aaron Kuder, Paul Renaud, Todd McFarlane (recolorisation d'une couverture ancienne), Paolo Rivera, Mike del Mundo, Sam Kieth, Jorge Molina, Humberto Ramos.



À la fin du premier millénaire, un groupe de soldats vikings essaye de défendre la porte d'entrée du palais Heorot, abritant la cour du roi Hroogar, contre un assaillant qui lance devant lui des vrilles noires. Eddie Brock se réveille en plein cauchemar, ne comprenant pas le langage de ces combattants, et réalisant que ce rêve fait en fait partie des souvenirs du symbiote Venom. Il se lève, discute un peu avec le symbiote, et prend les médicaments qui lui permettent de ne plus entendre la voix de Venom dans sa tête. Il se dit que le symbiote n'a plus toute sa tête, ce qui l'inquiète. La radio bricolée dans sa chambre capte un message de la police indiquant la présence de Jack O'Lantern non loin de là. Eddie Brock sort par la fenêtre, activant son costume de Venom pour aller se changer les idées. Sur place, il n'intervient pas dans la bataille, mais se positionne sur un toit voisin pour prendre des photographies, afin de les vendre à un journal, sa seule source de revenus. Quand Jack O'Lantern tire sur un policier en uniforme, l'esprit de Venom reprend le dessus et il neutralise Jack O'Lantern en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.



Alors que d'autres policiers arrivent sur les lieux, Venom s'apprête à crever les yeux de Jack O'Lantern avec ses doigts. Ainsi interrompu, il se relève. Il y a une spirale rouge qui est apparue sur sa tête; ainsi qu'une sorte d'icone d'araignée rouge sur sa poitrine, et il s'exprime dans une langue extraterrestre incompréhensible. Eddie Brock a complètement perdu le contrôle du symbiote, et éprouve la sensation que sa conscience se noie dans celle de l'extraterrestre. Une grenade vient se ficher dans la tête de Venom. Une main appuie sur le détonateur et la grenade explose, neutralisant le symbiote et l'entité qui avait pris son contrôle. Eddie Brock se relève difficilement et il découvre un individu devant lui qui en profite pour lui injecter un anesthésiant dans le cou. Il se réveille attaché à une chaise dans un entrepôt désaffecté, face à un ex-agent du SHIELD déclarant s'appeler Rex Strickland, pas le moins du monde impressionné par le symbiote Venom, et un peu déçu d'avoir récupéré Brock et pas Flash Thompson. Il lui parle d'un programme de super-soldats appelé Sym-Soldat.



En 2017, Donny Cates écrit plusieurs série qui le mettent sur le devant de la scène, d'abord en indépendant God Country (avec Geoff Shaw), Redneck (avec Lisandro Estherren), puis pour Marvel Comics avec la reprise de Thanos (avec Geoff Shaw) et de Doctor Strange (avec Gabriel Hernandez Walta). Du coup en 2018, les responsables éditoriaux semblent parier gros sur lui, en lui confiant cette série, mais aussi une minisérie sur le Cosmic Ghost Rider et la responsabilité des festivités pour célébrer l'anniversaire des 20 ans de Marvel Knights, sans oublier la mort des Inhumains, sachant qu'il continue à écrire ses séries indépendantes. Du coup, le lecteur éprouve un sentiment de curiosité à découvrir ce que ce scénariste va pouvoir faire sur un personnage secondaire, de quelle plage de liberté il va disposer. Il garde quand même à l'esprit que cette nouvelle série coïncide avec la sortie du film Venom (2018) réalisé par Ruben Fleischer, avec Tom Hardy dans le premier rôle. Il ne perd pas de temps, en évoquant la légende de Beowulf dans les 2 premières pages, puis en montrant Eddie Brock sans le sou et en conflit avec son symbiote, ce dernier manifestant une sorte de maladie qui le rend imprévisible. Le lecteur se retrouve accroché d'emblée, avec un épisode d'ouverture de 30 pages bien consistant. Il comprend également que Cates a choisi une démarche élargissant la mythologie du symbiote, plutôt que de se contenter de ressasser les mêmes éléments.



Le début du deuxième épisode est l'occasion de rappeler quelques faits sur la vie d'Eddie Brock, mais en 3 pages car il n'y a toujours pas de temps à perdre. Le troisième épisode contient la participation d'un porteur de costume avec une araignée dessus. Mais c'est à peu près tout ce que le scénariste accepte de sacrifier comme pages pour les points de passage obligés. Pour le reste, Donny Cates met Eddie Brock/Venom face à un adversaire en provenance directe de Klyntar la planète des symbiotes. Il utilise donc les faits principaux connus sur l'origine du symbiote pour envisager ses origines de manière plus large. Il se trouvera forcément des lecteurs très attachés à la continuité du personnage pour estimer qu'il y va trop fort avec un ou deux points de rétrocontinuité massifs, mais cohérents avec ce qui avait été établi auparavant, et présentant une logique satisfaisante pour un comics de superhéros. Même le cœur d'un lecteur réticent commence à chavirer quand le scénariste raccorde habilement l'histoire de la race des symbiotes à une histoire de Thor écrite par Jason Aaron, puis à Knowhere, le quartier général des Gardiens de la Galaxie. Donny Cates prouve ainsi qu'il connaît bien sa mythologie de l'univers partagé Marvel et qu'il sait en faire bon usage.



Ce tome commence donc sous les meilleurs auspices, avec le flux de pensée d'Eddie Brock dans les récitatifs qui permet au lecteur à la fois de se faire une idée de l'état d'esprit du personnage, et d'absorber des informations sur la situation. Il retrouve également Ryan Stegman qui avait réalisé des épisodes très percutants pour la série Superior Spider-Man de Dan Slott. En apparence, cet artiste s'inscrit dans la veine habituelle des comics de superhéros : de nature descriptive, avec une forme de réalisme, une exagération des mouvements des superhéros et des créatures surnaturelles, ainsi qu'un investissement limité dans le dessin des différents décors. Il bénéficie pour ces épisodes de la mise en couleurs impeccable de Frank Martin. Il utilise une palette de couleurs soutenues, avec des teintes riches et des dégradés sculptés pour augmenter le relief des surfaces, pour rendre compte de la source d'éclairage, et pour intégrer les effets spéciaux spectaculaires. Le lecteur remarque ainsi les couleurs un peu délavées pour la séquence d'ouverture dans le passé, la très belle mise en valeur des motifs rouges sur le corps du symbiote, l'extraordinaire sculptage du souffle de l'explosion de la grenade dans le premier épisode. Dans l'épisode 4, le lecteur détecte tout de suite le dispositif qui permet à Knull de s'isoler dans une bulle de noirceur, évitant au dessinateur d'avoir à représenter les arrière-plans. Pourtant, il ne ressent pas d'impression d'économie visuelle, car Frank Martin réalise des compositions chromatiques expressionnistes spectaculaires.



À l'évidence la délégation de l'encrage à JP Mayer a permis à Ryan Stegman de disposer d'assez de temps pour peaufiner ses dessins, ses compositions de case. Le lecteur retrouve toute l'énergie présente dans Superior Spider-Man, avec une influence de Todd McFarlane moins marquée (ou en tout cas mieux digérée) et une influence discrète de Mike Deodato. Venom est massif, avec des déformations gentiment horrifiques, une exubérance visuelle convaincante et entraînante, une expressivité formidable, un peu moins comique que les exagérations de McFarlane, pas tout à fait aussi horrifiques que les interprétations de Deodato. À une ou deux reprises, le lecteur ne pas s'empêcher de se demander comment un costume qui recouvre le corps d'Eddie Brock peut provoquer de telles déformations dans son anatomie, mais après une opération à cœur ouvert, il se laisse convaincre par la puissance de la licence artistique et n'y prête plus attention. L'artiste assure le spectacle du début jusqu'à a fin, avec des transformations remarquables, grâce au scénario qui s'appuie sur la dimension visuelle des comics, et qui donc en a intégrées régulièrement. Grâce aux dessins, le récit bascule dans un monde nocturne dissimulant des créatures monstrueuses. Ryan Stegman réussit à faire en sorte qu'Eddie Brock ne semble pas trop incongru parmi ces créatures. Il aurait même pu accentuer plus le décalage entre elles et le Spider-Man dans l'épisode 3.



Le lecteur se retrouve donc ainsi emmené dans un récit ambitieux réalisant un ajustement sur un aspect du symbiote, enraciné dans l'univers partagé Marvel sans en devenir abscons, entièrement généré par le symbiote. Au fil des épisodes, le lecteur peut regretter qu'Eddie Brock perde un peu de consistance, et éventuellement qu'une ou deux phases d'exposition soient copieuses. D'un autre côté, Donny Cates en donne pour son argent au lecteur, avec une logique convaincante pour le fait que le symbiote Venom ait besoin d'un hôte sur le plan psychologique, avec des scènes d'action spectaculaire et un enjeu de grande envergure, bien servi par des dessins dynamiques, prenant le meilleur chez Todd McFarlane et Mike Deodato, 2 artistes ayant forgé l'identité visuelle du personnage. 5 étoiles pour un récit d'aventures bien troussé.
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Death of the Inhumans

Ce tome comprend un récit complet qui nécessite un minimum de connaissances préalables sur les Inhumains. Il contient les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Ariel Olivetti et mis en couleurs par Jordie Bellaire. Les couvertures originales ont été réalisées par Kaare Andrews. Il contient également les couvertures alternatives réalisées par Javier Garrón, Russell Dauterman (*2), Greg Hildebrandt, Marco Chechetto, Aaron Kuder, Pepe Larraz, Mike del Mundo.



Il y a plusieurs millénaires de cela, les Krees (une race extraterrestre) ont essaimé les galaxies pour créer des soldats à envoyer dans leur guerre contre les Skrulls. Ils ont réalisé des modifications génétiques sur des êtres humains, des races extraterrestres (Incentaurian, Badoon, Kymellian, Wraith) pour créer des supersoldats. Mais l'Intelligence Suprême des Krees a prédit l'annihilation de leur empire, causée par le Roi de Minuit, un individu issu de ces expériences génétiques. Du coup, il avait déclaré l'arrêt immédiat des expérimentations, et la destruction de toutes les tribus d'individus génétiquement modifiés, à l'exception de 5. Au temps présent, les Krees ayant le pouvoir ont envoyé un message aux descendants des 5 tribus restantes : se joindre à eux ou mourir. Le message est gravé sur les cadavres de leurs victimes. À bord du vaisseau des Inhumains, Blackagar Boltagon (Black Bolt) note scrupuleusement le nom de chaque personne dont il voit le cadavre, en silence. Dans le même temps, il pense à Rome, au fait qu'elle ne s'est pas bâtie en un jour et aux circonstances dans lesquelles elle est tombée.



Blackagar Boltagon est tiré de sa tâche par Medusalith Amaquelin (Medusa) qui lui indique que le vaisseau arrive à destination et que son peuple a besoin de son roi. Il remet sa cagoule et sort du vaisseau pour rejoindre Crystal Amaquelin, Triton, Gorgon Petragon, Karnak Mander-Azur et Lockjaw. Ils pénètrent ensemble dans le bâtiment qui doit abriter le conseil des 5 tribus. Black Bolt a déjà pris sa décision quant à l'injonction des Krees : il ne compte ni mourir, ni se soumettre, mais déclarer la guerre. En pénétrant dans la salle de réunion, les Inhumains découvrent les cadavres des représentants des 4 autres tribus, en particulier de leurs reines la matriarche Oola Udonta, la reine Aladi Ko Eke, la première élue Onomi Whitemane, la déesse Avoe. Triton s'approche de la seule personne encore vivante qui communique par télépathie avec lui. Elle indique que le message a été laissé par un individu masqué appelé Vox. Elle rend l'âme et la bombe implantée en elle explose. Les Inhumains en réchappent de peu et Black Bolt comprend l'objectif réel de ce message. Ils remontent précipitamment à bord de leur vaisseau spatial pour regagner Arctilan.



En 2014, l'éditeur Marvel a mis les petits plats dans les grands pour donner plus de visibilité aux personnages de la race des Inhumains, avec une puis deux séries mensuelles, peut-être pour accroître la visibilité d'une communauté vivant à l'écart de l'humanité, peut-être dans l'idée de faire fructifier cette franchise au cinéma. Finalement en 2018, les 2 séries encore en cours Black Bolt et The Royals s'arrêtent au bout de 12 épisodes, et l'éditeur publie une minisérie annonçant leur mort dans son titre. Elle est écrite par Donny Cates, jeune scénariste à la popularité croissante chez Marvel en 2018, à la fois pour une série inventive comme Venom avec Ryan Stegman, à la fois pour un personnage improbable comme Cosmic Ghost Rider avec Dylan Burnett. L'œil du lecteur commence par être attiré par les couvertures de Kyle Kaare Andrews (par exemple auteur de Renato Jones) macabres et sinistres à souhait, que ce soit ce crâne avec les visages grimaçants de inhumains se reflétant sur le masque, ou les mèches de cheveux de Medusa qui sont représentées comme des ruisseaux de sang. Le lecteur apprécie également la rapidité du récit : dès le premier épisode le carnage a commencé, avec l'exécution de dizaines d'Inhumains, et la mise à mort des 4 reines, ainsi que la mort d'un inhumain de la famille royale.



Bien sûr, le lecteur n'est pas dupe : il sait que les personnages constituent le patrimoine de l'entreprise Marvel, et que cette dernière ne va pas jeter son capital par les fenêtres en réduisant son nombre de propriétés intellectuelles. Il sait aussi que pour régénérer l'intérêt de certains personnages, il peut s'avérer efficace de les retirer du devant de la scène, et de les laisser reposer quelques temps. Même si les personnages reviendront par la suite, un scénariste habile peut créer une tension narrative et capter l'attention du lecteur en le surprenant dans sa manière de faire. De fait, Donny Cates fait dans l'efficace : l'historique des Inhumains et des 4 tribus tient en 3 pages. Vient ensuite un dessin en double page montrant des cadavres flottant dans l'espace à proximité de la Lune. Le scénariste maintient un rythme soutenu avec la mort des 4 reines, l'apparition de l'ennemi Vox dans le premier épisode. Il garde son élan dans le deuxième épisode, avec Karnak servant d'envoyé plénipotentiaire devant les chefs Krees, et une mutilation aussi énorme qu'imprévisible. En assistant à cet acte sadique, le lecteur se doute qu'une partie de ce qu'il lit sera annulé ou effacé dans un proche avenir, voire avant la dernière page de la minisérie. Mais ça n'annule pas l'effet de surprise, ni la perspicacité du scénariste qui sait appuyer là où ça fait mal.



Le lecteur plonge donc un jeu de massacre dont il n'est pas dupe, mais bien construit, avec des conséquences pour les personnages qui souffrent du fait la méchanceté sadique de ce qu'ils subissent, car ça les atteint personnellement. Pour mettre en images ce carnage, Ariel Olivetti a choisi de dessiner de manière traditionnelle, avec des contours détourés par des traits encrés, et non comme il a pu le faire auparavant avec une forme de couleur directe à l'infographie. Il utilise un trait fin et sec pour détourer les formes, ce qui donne une apparence fragile à certains personnages, mais qu'il contrebalance avec la mise en place d'aplats de noir qui viennent donner du poids aux cases. Très rapidement, le lecteur constate que l'artiste s'intéresse plus aux personnages qu'aux décors. S'il éprouve un doute à ce sujet, les 8 pages consécutives dépourvues de fond dans l'épisode 4 lui fournissent l'occasion d'en avoir le cœur net. Il fait l'effort de représenter les environnements les plus importants au moins le temps d'une case par page, comme par exemple le bâtiment devant abriter le conseil des 5 tribus, quelques couloirs et salles du vaisseau des Inhumains (avec des dimensions gigantesques), la plaine où Medusa, Gorgon, Karnak et Crystal vont chercher un allié, ou encore les couloirs et salles du laboratoire des Krees où se déroule l'affrontement final. Jordie Bellaire (coloriste dont le talent lui fait mériter le titre d'artiste) a pris le parti de combler les fonds de case par des camaïeux assez basiques, à base de dégradé progressif de la couleur dominante. Il s'agit d'un habillage qui ne permet pas de masquer le vide.



La narration visuelle d'Ariel Olivetti est claire et efficace, avec des plans de prise de vue simples. Il y a un certain nombre de cadrages allant du plan poitrine au très gros plan, dès que le récit passe dans une phase de dialogue, avec des postures ordinaires qui ne constituent pas un langage corporel révélateur de l'état d'esprit des personnages. De même, le registre des expressions de visage reste assez réduit, entre la neutralité, la colère, la résignation, la pugnacité, sans beaucoup de nuances. Du coup la narration visuelle donne une impression un peu plate, avec peu de moments qui ressortent pour leur caractère spectaculaire, horrifique ou émotionnel. Par exemple, les cadavres flottant dans l'espace à proximité de la Lune ne présentent pas de caractéristiques à même de susciter de l'empathie ou du dégout chez le lecteur. Au fil des séquences, le lecteur retient la présence physique de Vox, le calme inaltérable de Karnak face aux chefs Krees, la page de mutilation (pas très graphique, mais horrible du fait de son pragmatisme), ou encore le langage des signes utilisés par Black Bolt. Le lecteur peut comprendre que l'artiste n'ait pas souhaité abuser du sensationnalisme avec des cadrages aux perspectives exagérées, ou des gros plans répugnants, mais il finit par ressentir un manque de spectaculaire pour des événements sortant pourtant de l'ordinaire.



Donny Cates raconte l'extermination annoncé des Inhumains, avec un rythme soutenu et une inventivité qui tire sa richesse de l'utilisation intelligente des éléments de la mythologie des Inhumains, tout en restant intelligible par le plus grand nombre. Le lecteur est séduit par la dérouillée que leur flanque Vox et les Krees, et par les conséquences des batailles (même s'il garde au fond de son esprit leur caractère forcément éphémère). Au fil des épisodes, il ressent le manque d'ampleur de la narration visuelle qui semble rester trop froide par rapport à ce qu'elle raconte. Il voit bien aussi que le scénariste revient à un schéma narratif très classique pour terminer son récit dans les 2 derniers épisodes. Le lecteur ressort de cette minisérie avec un sentiment partagé entre un jeu de massacre bien organisé, des dessins un peu plats, et une fin convenue.
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Redneck, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2017, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Lisandro Etherren, et mis en couleurs par Dee Cuniffe.



Un peu à l'écart d'une bourgade appelée Sulphur Springs, dans l'est du Texas, il y a une maison isolée qui abrite une famille très particulière. Oncle Bartlett est en train de réfléchir à ce qu'il est et d'où il vient, tout en se sifflant une bière qu'il a décapsulé avec les dents dont de très longues canines. À ses côtés la petite Perry est en train de jouer avec ses poupées, tout en écoutant les pensées de son oncle. Slap (le fils de JV), Greg et Seamus sortent en trombe de la maison. Ils ont décidé d'aller passer une soirée en ville. JV (le père de Slap) les invective en leur criant dessus qu'il ne leur a pas donné son accord pour qu'ils sortent. Ils n'en ont cure et partent en 4*4, pour aller un bar à nénés. JV s'assoit sur les marches du porche et se plaint de leur attitude à Bartlett, tout en affirmant que s'ils tuent quelqu'un, il est hors de question qu'ils remettent un pied dans la maison.



Oncle Bartlett finit par se décider de se rendre également en ville pour servir de chaperon. Il retrouve les 3 jeunes (60 ans chacun) dans une ruelle derrière un bar alors qu'ils se font agresser par 5 jeunes humains. Il réussit à faire peur aux délinquants, mais devant lui se dresse Père Landry qui l'asticote en lui rappelant ce qu'il risque s'il agresse quelqu'un et en raillant la mère de Slap. Bartlett ne peut pas laisser passer ça. Le lendemain, il se réveille sur le porche de la maison des Bowman alors que le soleil se lève. Il découvre avec horreur le corps de Slap pendu à l'arbre du jardin, et tous les bovins éventrés.



Dans cette deuxième moitié des années 2010, mois après mois, l'éditeur Image Comics publie de nouvelles séries comme s'il suffisait de se baisser pour en trouver. Celle-ci s'avère aussi originale que les autres, mélangeant vampires et Sud des États-Unis. Dans un premier temps le lecteur peut y voir une similarité avec la série American Vampire de Scott Snyder & Rafael Albuquerque, mais cette impression s'estompe rapidement. Donny Cates établit rapidement qu'il s'agit d'une petite communauté de vampires comprenant une dizaine de membres, sur 4 générations. Le récit permet de comprendre que ces créatures ont trouvé comment vivre discrètement, en se nourrissant de sang bovin, et en utilisant 2 êtres humains (Phil & Evil) pour effectuer les tâches du quotidien ne pouvant se réaliser que de jour. Le scénariste ne s'étend pas trop sur les règles de la vie de ces vampires, si ce n'est qu'ils boivent du sang, qu'ils brûlent quand ils sont exposés à la lumière directe du soleil, que certains d'entre eux peuvent disposer d'une capacité extraordinaire, Perry qui lit dans les esprits, ou Granpa qui peut prendre la forme d'une chauve-souris anthropomorphe. En outre, leur cycle de vie est plus long que celui des êtres humains, Bartlett ayant été transformé peu de temps après le siège de Fort Alamo (du 23 février au 6 mars 1836).



Au cours de ces 6 épisodes, le lecteur n'en apprend pas beaucoup plus sur les vampires en eux-mêmes. Oncle Bartlett explique que ses souvenirs deviennent vagues et qu'il a perdu tout intérêt dans la conduite des affaires humaines. Le scénariste intègre le fait qu'une poignée d'humains est au courant de l'existence de ces créatures : la famille Landry, et les 2 serviteurs des Bowman. La jeune Perry essaye d'en apprendre plus sur l'histoire des Bowman et de Bartlett en lisant dans l'esprit de ce dernier, mais elle se heurte à son manque de coopération. BJ et Bartlett sont avant tout préoccupés par le fait de ne pas se faire remarquer. Ils ont vécu des années au cours desquelles les vampires étaient pourchassés et ils n'aspirent qu'à cette forme de tranquillité paisible dans laquelle leurs besoins vitaux sont satisfaits aisément, sans qu'ils ne se fassent remarquer, sans qu'ils ne doivent craindre d'être démasqués. Cette petite vie bien réglée vole en éclat à cause d'une nuit de biture. Le pire est qu'oncle Bartlett n'a aucune idée de ce qui a pu se passer. Une partie des vampires est persuadée que des humains ont mis à mort Slap. Ce genre de comportement exige des représailles immédiates, sanglantes, et de grande ampleur.



Dès la couverture, le lecteur a un aperçu assez clair : des dessins chargés en traits noirs apportant de la texture et du relief. Ce dessinateur intègre une touche d'exagération dans les morphologies, rendant les personnages plus marqués plus expressifs, tout en réalisant des traits de contour un peu lâches pour une représentation de la réalité un peu décontractée. Cette approche fonctionne bien pour dépeindre cette petite communauté de vampires. Effectivement, ils sont à l'opposé d'individus attachant une importance à leur apparence, s'habillant de vêtements pratiques et déconnectés de tout phénomène de mode : jeans, teeshirts, chapeau de cowboy pour JV, chemise informe, casquette de baseball, etc. JV Bowman est gras du bide, avec un pantalon remonté un peu trop haut, et de belles bacchantes. Son visage est marqué par l'âge, environ la cinquantaine, la lassitude, et une vague forme d'inquiétude. Néanmoins dès qu'il soupçonne Bartlett d'être parti en vrille et d'avoir provoqué la mort de son fils, le lecteur voit la rage monter en lui. Bartlett est plus filiforme, mais tout aussi dégingandé, avec un teeshirt informe et une casquette vissée sur la tête, arborant lui aussi une belle paire de moustache. Le lecteur constate que son visage reste très expressif, provoquant une réelle empathie. Le dessinateur s'amuse bien à montrer à quel point ce personnage est dépassé par les événements et encaisse mauvaise nouvelle après mauvaise nouvelle.



Le reste de la distribution de personnages exhale tout autant de saveur. Les jeunes vampires de 60 ans ont effectivement une apparence de très jeunes adultes, avec une dégaine qui ne respire pas une intense activité intellectuelle. Le père Landry déplace sa masse imposante et s'en sert pour intimider ses interlocuteurs. Perry ressemble à une fillette d'une dizaine d'années, avec de grands yeux curieux de tout, et une silhouette très mince. Le lecteur découvre Granpa ratatiné sur son fauteuil roulant au grenier, décharné et à moitié masqué par la pénombre. Le lecteur a vite fait de s'attacher à ces individus bruts de décoffrage, à l'allure simple. Ils évoluent dans des environnements décrits avec plus ou moins d'implication par l'artiste en fonction des scènes. Le lecteur découvre la vieille bâtisse en bois des Bowman, avec son porche muni d'un rocking-chair bien sûr. Il peut voir les veines du bois, ou en tout cas des traits figurant les veines du bois, la fenêtre de l'étage condamnée par des planches, une guirlande Noël pour éclairer la nuit, l'escalier en bois pas très bien entretenu pour descendre au sous-sol, la chambre à l'étage encombrée comme un grenier.



Par la suite, le lecteur se rend au comptoir du Lonestar bar, sort dans la ruelle derrière, pénètre dans l'église de Sulphur Springs, ou encore parcourt les rues de la ville. Effectivement, Lisandro Estherren représente plus ou moins de détails dans les cases, en fonction de s'il souhaite que le lecteur se focalise plus sur les personnages. Au plus long, les arrière-plans demeurent vides pendant 4 pages d'affilée. Dee Cuniffe fait le nécessaire pour maintenir une teinte particulière pendant ces moments, et accompagne discrètement les impacts. Cette variation du degré d'implication dans la dimension descriptive des dessins n'est pas trop pénalisante pour l'immersion, parce que l'artiste privilégie l'impression globale au détail, à chaque page. En outre, il sait créer des visuels impressionnants régulièrement comme une vache égorgée, un arbre au pendu, un établissement de restauration en proie aux flammes, la maison des Bowman prise dans les faisceaux croisés des véhicules des citoyens et de la police, etc. Le lecteur se retrouve donc entraîné par la narration visuelle dans ce coin des États-Unis, aux côtés de cette famille dysfonctionnelle. De son côté, le scénariste déroule son enquête qui repose sur les souvenirs enfouis de Bartlett de cette fameuse nuit. Pendant qu'il essaye différentes solutions pour se souvenir, la violence des représailles augment de plusieurs niveaux. Le scénariste étire à la fois la situation conflictuelle en ville, et à la fois la recherche des souvenirs de Bartlett pour pouvoir caser la présentation d'une partie du passé de ce dernier. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut apprécier d'en apprendre plus sur le passé, ou trouver que Cates n'étoffe pas vraiment les personnages, et se repose trop sur les rebondissements mécaniques de son intrigue.



Ce premier tome propose une histoire de vampires ayant fini par trouver un mode opératoire leur permettant de profiter de leur vie éternelle sans être inquiété par les humains. Les dessins rugueux et âpres de Lisandro Estherren transcrivent bien ce mode de vie sans paillettes ni éclat. Ils montrent bien également la violence qui tache, brutale, sans une once de romantisme. Le déroulement de l'intrigue fait durer le suspense quant à ce qui s'est vraiment passé, ce qui finit par se voir. 4 étoiles pour un bon début, un peu délayé.
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Crossover, tome 1

Voilà une série qu’il me tardait de lire en VF tant la VO m’avait enthousiasmée. D’autant plus qu’elle est écrite par le grand @dcates !! J’ai donc sauté sur l’occasion qu’elle fasse partie des titre dans l’opé à 10€ pour la relire en VF.

Et déjà quelle claque visuelle par la cover choisie, elle est juste sublime. Après niveau scénario, quelle idée de dingue de faire débarquer dans notre monde tous les supers héros de nos comics (méchants compris). Ça met un bazar monstrueux aux conséquences cataclysmiques. On débarque donc après le chaos dans une société qui essaye de se réinventer et où les comics shop sont les lieux honnis de tous. Franchement c’est très bien écrit et ce tome 1 pose de bonnes bases pour la suite de l’histoire. J’ai également adoré revoir tous les personnages des précédents comics de Donny Cates. J’ai hâte de lire la suite pour voir où il veut nous emmener. Côté univers graphique, c’est beau, maîtrisé et offre pléthores de cassage de rétine page après page. Le chara-design, les scènes d’action, le découpage de l’histoire, tout fonctionne parfaitement bien en symbiose pour un rendu final au top, permettant une immersion jouissive dans cet univers. C’est donc un grand oui pour moi.



Note T.1 : 5/5.
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Redneck, tome 1

Je n'ai pas trop aimé l'histoire de cette famille de fermiers vampires un peu déjantés et très bouseux. Cela tournera très vite au gore dans un règlement de compte sans fin. On ira de névroses en bagarres haineuses dans la fureur et le sang.



Bref, ce récit horrifique à la sauce texane n'a pas du tout capté mon attention. A noter que la particularité des vampires texans est de boire le sang des vaches. Avec cela, on comprendra pourquoi le Texas n'est pas vraiment très aimé de ce côté-ci de l'Atlantique.

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Silver Surfer : Black

Cette aventure est de celles qui cherchent l’omnipotence, les failles entre les mondes, la rupture du temps et la genèse des astres… de ces combats cosmiques qui voient créer et détruire des soleils, broyer des dimensions et renaître après la mort. Le surfer est théoriquement immortel et tout puissant, doté de la puissance cosmique et son affrontement originel avec le dieu des Ténèbres s’inscrit dans une boucle/paradoxe du grand-père. En revenant à l’Aube des Temps il génère son propre destin, sa propre condamnation tout en cherchant sa rédemption, traumatisé par les infinités de vies que Galactus lui a fait prendre. Il est toujours compliqué pour les héros cosmiques d’intéresser les lecteurs sur des préoccupations humaines (la dualité Norin Radd/Héraut de Galactus) mais cet album parvient à rendre acceptable ce conflit intérieur et cosmique qui fait du Silver-Surfer une cosmogonie à lui tout seul puisque son voyage sera à l’origine de sa propre existence, de celle de son maître mais aussi de l’itinéraire de Knull et Ego. Totalement syncrétique, Cates semble parvenir à rattacher de façon cohérente tout ce qui a été fait sur le surfer auparavant, comme ces références au « cancer » qui dévore Radd dans le magnifique Requiem que lui ont offert Straczynski et Ribic.

Avec la fraîcheur de la jeunesse Donny Cates, Tradd Moore et Dave Stewart proposent avec ce one-shot un classique immédiat dont on reparlera sans doute dans quelques décennies. Que l’on aime/connaisse ou pas ce personnage si particulier, le Silver Surfer est le seul qui permette de telles odyssées graphiques alliées à la profondeur des thèmes philosophiques de la SF la plus exigeante.[...]



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Thanos, tome 2 : Thanos gagne

Volume 6 de la collection "Printemps des comics" avec un recueil concernant Thanos et une mini-série "Thanos gagne".



Bon on ne va pas se mentir : c'est bourrin à un point à peine imaginable. Thanos, le titan de la Mort, bah faut son Thanos et ça cartonne des héros, peuples, mondes à tour de bras.



Heureusement qu'il y a un peu de fond car sinon l'histoire n'aurait que peu d'intérêt.



Justement la trame est simple mais donne un peu de corps au titan psychopathe et il y a floppé de clins d'œil pour les fans assidus de Marvel.



C'est aussi le point faible de ce tome : si vous n'avez pas un peu de bagage, fuyez ce récit qui n'est pas absolument pas une bonne entrée en matière pour découvrir les comics. Ballot pour une opération qui vise, justement, à initier des lecteurs à de nouvelles séries ^^



Bref, un bon moment pour un lecteur assidu de comics sinon passez votre chemin.
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Thanos, tome 2 : Thanos gagne

Ce tome fait suite à Thanos, tome 1 : Le retour de Thanos (épisodes 7 à 12) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Une connaissance superficielle du personnage suffit pour apprécier le récit. Il comprend les épisodes 13 à 18, initialement parus en 2018, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Geoff Shaw avec une mise en couleurs d'Antonio Fabela. Il comprend également le numéro annuel 1, paru en 2018, composé de plusieurs histoires courtes réalisées par différents auteurs.



Galactus, Odin, Thor, les inhumains, les Avengers, Silver Surfer, ils le savent tous : les batailles sont sans fin. Elles perdureront après eux, et à la fin Thanos gagne. Sur la planète Chitauri Prime, la bataille fait rage entre ses plus puissants habitants, l'atmosphère étant si froide que les gouttes de sang congèlent en pleine atmosphère et sont ramassées ensuite par les habitants pour nourrir leurs enfants. Il y a cinq heures, Thanos est arrivé sur Chitauri Prime et a commencé à massacrer tout le monde. Commençant à y voir clair, Thanos se rend compte que le roi est blessé allongé à ses pieds. Il a le malheur de supplier Thanos : celui-ci lui écrase le crâne sous sa botte. Il s'installe sur le trône et contemple le champ de bataille jonché de cadavres de Chitauri. L'un d'entre eux prend le risque de s'approcher de lui pour lui annoncer une nouvelle : un ennemi d'une puissance extraordinaire fonce droit sur la planète. Son arrivée est une question de minutes. Toujours assis, Thanos apprécie la pluie de sang, les gouttelettes étant devenues plus nombreuses avec l'arrivée de cet ennemi. Il s'agit d'un cavalier à la tête enflammée, chevauchant une moto cosmique, avec des chaînes de flamme virevoltant autour de lui, et faisant feu avec un fusil laser dans chaque main.



Rider écrase tout le monde sur passage, éventre l'armée qui s'était positionnée devant le stade où se trouve le trône. Il arrête son engin au pied de Thanos et le salue. Il indique à Thanos qu'il faut qu'il vienne avec lui. Thanos l'envoie paître indiquant que Mephisto n'a qu'à se déplacer en personne s'il veut lui parler. Rider indique qu'il se trompe sur la personne qui l'a envoyé, et il commence à se lancer des explications confuses. Thanos ne se montrant pas très compréhensif, Rider décide de le neutraliser avec ses chaînes de feu, et il l'emmène sans plus de cérémonie. Thanos se retrouve ainsi devant le Roi Thanos.



En 1973, dans le numéro 55 de la série Iron Man apparaît un nouveau personnage créé par Jim Starlin. Il devient rapidement l'ennemi de Captain Marvel après s'être emparé du cube cosmique, puis d'Adam Warlock après avoir réuni les 6 gemmes de l'infini. En 2012, le personnage apparaît dans les crédits de fin du film The Avengers de Joss Whedon. Il devient la menace principale des films Infinity War (2018) et Endgame (2019) des frères Russo. En parallèle, Jim Starlin réalise une série de nouveaux récits consacrés au personnage, à commencer par THANOS : LA REVELATION DE L'INFINI (2014). Pendant ce temps-là, Marvel confie le personnage à Jonathan Hickman pour les Avengers, puis à Gerry Duggan pour les Gardiens de la Galaxie. Le lecteur sait donc qu'il ne va pas lire une aventure de la version du personnage fidèle à la vision de Jim Starlin, mais une aventure correspondant à son évolution post films Avengers. Le scénariste commence par une page évoquant la mortalité ou la finitude des superhéros, puis le titre en gros en double page sur fond cosmique, et c'est parti pour le massacre. Il a donc choisi de laisser de côté l'aspect romantique du personnage pour se concentrer sur l'individu qui gagne, et il gagne en massacrant ses opposants. Dans les épisodes 2 et 3, le scénariste évoque rapidement la mise à mort de quelques superhéros de premier plan par Thanos, sous la forme d'une case avec un commentaire du narrateur omniscient. C'est donc l'histoire d'un individu à la puissance colossale, à la volonté inflexible, à l'absence totale de remord. Lorsque le Rider fait usage de son regard d'expiation sur Thanos. Ce dernier prend grand plaisir à revoir toutes les souffrances qu'il a pu infliger, sans en éprouver le moindre effroi, la moindre repentance.



L'histoire raconte comment King Thanos à la fin des temps fait appel à une version plus jeune de lui pour pouvoir combattre le dernier ennemi : le Déchu. Le premier épisode fait office de prologue : le combat sur Chitauri Prime pour pouvoir montrer qui est Thanos, un combattant implacable et sans état d'âme. Le second épisode met face à face King Thanos et Thanos pour que le second prenne la mesure du premier. Le troisième épisode permet d'étoffer un peu l'environnement de King Thanos. Les quatrième et cinquième montrent le combat contre le déchu. Tout du long, Donny Cates a intégré des surprises. Il raconte son histoire avec une pointe de cruauté, mais aussi une pointe de sarcasme, rendant la lecture très agréable. Dans un premier temps, la narration visuelle de Geoff Shaw est claire mais vaguement fade. Les superhéros sont dessinés en tout petit dans la première page. Thanos est massif à souhait, mais sans dimension romantique vénéneuse, sans l'emphase habituelle. Le lecteur remarque plus la qualité de la mise en couleurs : les camaïeux pour les fonds cosmiques, les paillettes rouges pour les gouttelettes de sang figées dans l'air de la planète, la trace de feu du Rider qui contraste avec le bleu très clair de sa roue avant, le magnifique rougeoiement de ses chaînes. Par la suite, il habille les dessins dans des compositions qui nourrissent les décors, qui installent une ambiance particulière (le tout violet & pourpre du dernier épisode), dont les effets spéciaux font bouillonner les scènes de combat.



L'arrivée tonitruante de Rider change le regard du lecteur : pour commencer un dessin occupant les deux tiers de la page magnifique d'exagération, puis le chemin que se fraye Rider au travers de l'armée, tout en flammes. Ça continue avec Thanos chargé des chaînes de Rider. En fait, les dessins de Geoff Shaw font preuve de la même violence que le récit de Cates, et de la même forme d'humour entre sarcasme et moquerie. Avec cet état d'esprit en tête, les dessins acquièrent une toute autre saveur. King Thanos est massif sur son trône et la silhouette élancée de Rider à ses côtés semble rieuse. Il est impossible de ne pas sourire alors que Thanos soulève Rider du sol, en le tenant par le crâne, et qu'il s'agite dans tous les sens. L'association des dessins et des couleurs donnent une majesté imposante à la demeure de King Thanos, qui n'est autre que le cadavre d'un personnage bien connu. L'arrivée du Déchu est fracassante. L'intervention de Maestro (Hulk dans une forme tyrannique) impressionne par sa force et son esprit dompté. Le combat final est aussi sauvage que cruel, avec en contrepoint les minauderies d'un personnage spectateur. Passé un premier temps d'adaptation, le lecteur prend la pleine mesure de l'adéquation des dessins Geoff Shaw au scénario de Donny Cates, et de ses saveurs subtiles.



Tout du long de ces 6 épisodes, Donny Cates met à profit la liberté narrative qui lui est autorisée. Ça commence avec Rider, ça continue avec King Thanos, puis avec l'identité du Déchu. Ça culmine dans l'épisode 16 avec les 13 pages consacrées à l'origine de Rider. Le lecteur peut se demander si l'histoire avait vraiment besoin de ça, mais il prend un tel plaisir à l'inventivité de cette histoire qu'il savoure les dessins et oublie bien volontiers que le scénariste tord la personnalité originelle du superhéros qu'i a choisi pour transformer en Rider. C'est à la fois drôle et dramatique, spectaculaire et amusant (le dessin en pleine page de Galactus et Rider chargeant droit devant eux). Donny Cates a l'art et la manière d'insuffler une énergie entraînante dans ses histoires et de construire un monde avec une logique interne, même si elle met un peu à mal les caractères des personnages. Après cet épisode, impossible de résister à la tentation de lire Cosmic Ghost Rider avec Dylan Burnett. Puis après cette histoire, il va se jeter sur tout le reste écrit par Donny Cates : Silver Surfer : Black avec Tradd Moore, Guardians of the Galaxy avec Geoff Shaw, Venom T01 avec Ryan Stegman, Thor avec Nic Klein.



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Annuel 1 - Thanos supervise l'entraînement de Gamora (par Donny Cates &Geoff Shaw). Une courte histoire sympathique pour le monologue de Rider. Thanos rend visite à un jeune garçon de banlieue pavillonnaire à chaque anniversaire (par Chris Hastings & Falviano). Une fable rigolote et légère. Thanos confectionne un nouveau cadeau pour la Mort (par Kieron Gillen & Andre Aurojo). Une idée imaginative mais qui manque de macabre pour avoir de l'impact. Thanos arrive sur une planète de mignonnes créatures choupinettes qui l'accueillent à bras ouvert (par Katie Cook & Heather Breckle). Une esthétique de dessin animé pour très jeunes enfants pour un conte d'une belle noirceur. Thanos aide une vielle femme à traverser la rue (par Ryan North & Will Robson). Un autre conte bien noir et cruel. Thanos massacre la divinité d'un peuple aimant et en paix (par Al Ewing & Frazer Irving). De magnifiques dessins pour un conte à nouveau bien cruel.



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Pour une première histoire pour l'univers partagé Marvel, Donny Cates montre que les possibilités sont infinies : il écrit une histoire originale cruelle, violente et drôle, avec des dessins efficaces, et plus savoureux qu'il n'y paraît de prime abord.
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Redneck, tome 3

Ce tome fait suite à Redneck Volume 2: The Eyes Upon You (épisodes 7 à 12) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier pour comprendre l'historique des relations entre les personnages, ainsi que leurs motivations. Il comprend les épisodes 13 à 18, initialement parus en 2018, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Lisando Estherren, et mis en couleurs par Dee Cunniffe.



Bartlett se souvient de l'année 1966, à Austin au Texas, quand il avait rencontré July Bell, une charmante rousse. Bartlett se limait les dents, et ils ne se voyaient qu'à la nuit tombée, ce qui lui permettait de lui cacher sa véritable nature. Apprenant qu'elle avait un cancer incurable, il avait décidé de la mordre et de la transformer. Elle en avait été horrifiée, et il avait fui prenant conscience de ce qu'il lui avait imposé sans son contentement. Au temps présent, Bartlett fuit dans le désert, avec Perry dans ses bras. Cette dernière est dans un état catatonique : elle ne parle plus, ni à haute voix, ni directement dans l'esprit de Bartlett. Ils sont au milieu de nulle part et le soleil se lève implacable, sans aucun abri à perte de vue. Bartlett sent qu'il va mourir bêtement comme ça, sans pouvoir sauver Perry. Il entend le bruit d'un gros véhicule qui s'avère être un blindé à roue. Le blindé s'arrête et il en sort deux individus en tenue noire, avec des casques. Il s'agit de JV et d'un autre vampire. Ce n'est pas aujourd'hui que les vautours mangeront à leur faim.



Dans une grande demeure avec un énorme terrain autour, Rebecca (Becca) & Winny, deux adolescents, sont en train de se regarder un film d'horreur avec des loups garous. Winny commence à fumer un petit pét, sous le regard désapprobateur de Becca qui en tire quand même une latte. Ils sont interrompus par un énorme bruit : un blindé vient d'éventrer la clôture de la propriété. Becca se précipite au fond du salon pour se saisir d'un fusil. Elle lance un revolver à Winny et elle se précipite à l'extérieur. Ils voient le blindé s'embourber dans une énorme pièce d'eau. Il émerge du blindé un individu nu avec du sang sur la peau. Il lève les bras en l'air et déclare abruptement : ne tirez pas, je suis un vampire. Étrangement, personne ne réagit, mais tout le monde continue de tenir en joue le nouveau venu. Cet instant est interrompu par l'arrivée d'un femme appelée Belly qui ordonne aux personnes présentes de baisser leurs armes. En effet s'il agit vraiment de vampires et qu'ils sont blessés, ils sont les bienvenus. Elle relève alors sa capuche et révèle son visage et sa belle chevelure rousse, tout en indiquant son nom.



Le lecteur était resté un peu sur sa faim avec le tome 2 : des vampires qui s'étripent entre eux, des rednecks caricaturaux, et des dessins un peu trop lâches pour pouvoir se projeter dans les différents environnements. Malgré tout, cette histoire de vampires a un petit goût différent qui peut donner envie d'y revenir. La première page présente une vue d'une rue d'Austin, pas très soignée en termes de détails descriptifs, mais avec une sensation tangible de milieu urbain. Quelques pages plus loin, le lecteur titube dans le désert aux côtés de Bartlett : il ressent la chaleur écrasante et l'absence totale de tout endroit où s'abriter. Il est impossible d'échapper au soleil. Alors que l'artiste continue à dessiner avec un degré de simplification significatif dans ses représentations, l'arrivée du blindé dans la mare est convaincante dans sa manière d'écraser une partie de la grille de clôture. Le lecteur se rend compte qu'il sourit en voyant une évocation d'une bataille avec des vikings, ou plusieurs personnages en train de danser dans une discothèque. Il sourit encore en voyant un couple dans son lit après l'amour, en vue de dessus, puis un deuxième. Il se sent ému en regardant une cérémonie de mariage. Il en retire l'impression que le scénariste a écrit des scènes plus variées que dans le tome 2 et que Etherren continue de dessiner avec une forme de décontraction qui ne rend pas ses cases plus précises, mais qui apporte une touche de légèreté à l'histoire.



La représentation des personnages présente également un degré de simplification auquel s'ajoutent des touches caricaturales. L'artiste aime bien donner des yeux ronds aux protagonistes, ainsi que des expressions de visages exagérées. Certaines formes de visage ne semblent pas naturelles, avec en plus de petits traits secs pas très précis pour y ajouter un peu de volume. Dans le même temps, les postures des personnages s'inscrivent dans un registre naturaliste, sans exagération comique. Cela donne une impression parfois un peu étrange, tiraillée entre des tronches marquées, et des gestes normaux. D'un autre côté, chaque personnage se reconnaît facilement, et le lecteur peut comprendre que ces vampires qui ont vécu au-delà de leur temps normal soient marqués par les décennies, voire les siècles. Au global, la narration visuelle semble mieux équilibrée dans ce tome que dans le précédent, les idiosyncrasies d'Estherren faisant plus sens. Il raconte l'histoire avec une forme légère d'exagération qui ne nuit pas pour autant à la tension dramatique. Il rend peut-être plus supportables les scènes les plus cruelles ou sadiques. Il s'en tient à des cases sagement rectangulaires, alignées en bande, ajustant leur nombre et leur taille en fonction de la séquence. C'est ainsi qu'il réalise 2 pages avec 16 cases chacune lors de l'évocation de brefs souvenirs. La mise en couleurs est professionnelle avec une utilisation discrète des nuances pour rehausser légèrement les volumes et les reliefs, et faire se détacher les différents plans. Dee Cunnife réalise un travail en phase avec les dessins, sans être mémorable.



Après le final explosif du tome précédent, le lecteur retrouve Bartlett et sa protégée dans une situation catastrophique, la mort approchant à grand pas. Le lecteur sait qu'il ne peut pas trop parier sur la suite, car le scénariste a introduit assez de personnages pour pouvoir en sacrifier plusieurs tout en continuant la série. Il sait aussi que la vie de ces vampires n'est pas un long fleuve tranquille et que des ennemis ancestraux ou nouveaux peuvent surgir à tout moment. Il se demande donc dans quel direction le scénariste va développer son récit. Il choisit de se focaliser sur ce qu'il reste du clan Bowman, et de montrer les conséquences de leurs actions, ainsi que de continuer à raconter la vie personnelle de plusieurs d'entre eux. Le barouf du tome précédent risque d'attirer l'attention, et les Bowman ont besoin de trouver un sanctuaire. Finalement, cela ne s'avère pas si difficile que ça, mais une surprise les attend. Le lecteur se rend compte qu'il a fini par s'attacher à Bartlett et qu'il est bien content d'en apprendre plus sur July Bell. Il voit bien également que Donny Cates a décidé de mettre de côté plusieurs autres personnages principaux, comme JV Bowman et Perry. Il n'est guère surpris quand il est question d'un parlement des vampires. Finalement il existe bien une organisation des vampires, avec des anciens qui s'assurent que certaines règles soient respectées. En cela, Cates ne fait pas preuve d'originalité, car c'est un dispositif présent dans de nombreuses sagas de vampires. La mise en scène de ce parlement est d'ailleurs assez squelettique, sans grand intérêt si ce n'est d'édicter une sanction pour ces Bowman trop remuants. En termes de folklore vampirique, la cérémonie de mariage est plus réussie et plus intéressante.



Donny Cates met à profit la liberté que lui donne le fait d'être propriétaire de ces personnages pour surprendre le lecteur avec un ou deux développements de l'intrigue qui n'auraient pas été possibles avec des personnages appartenant à DC ou Marvel. Il continue aussi de donner de la consistance aux personnages, essentiellement au travers de leur histoire personnelle. Pour commencer, le lecteur en apprend plus sur July Bell et sur l'histoire de sa relation avec William Bartlett. À cette occasion, le lecteur peut à nouveau se rendre compte que son empathie vis-à-vis de Bartlett croît progressivement et qu'il peut se retrouver dans certains de ses états d'esprit. Même si JV Bowman occupe moins le devant de la scène dans ce tome, pour lui aussi, le lecteur ressent de la sympathie et de l'empathie pour la situation dans laquelle il se retrouve face à Ingrid. Le scénariste le surprend avec une séquence consacrée à Greg et une autre à Seamus, leur conférant plus de personnalité au travers de leur relation amoureuse respective, dans une forme adulte sans être limitée à une relation sexuelle. La dernière séquence s'avère tout aussi touchante d'un point de vue émotionnel, et se termine pas une scène d'action tellement forte que le lecteur sait qu'il reviendra pour le tome suivant.



Après un tome 2 manquant de consistance pour les personnages, le lecteur revient quand même passer un moment avec ces vampires aux mœurs un peu rustres. Il se rend vite compte que les auteurs ont amélioré leur narration que ce soit pour la diversité du scénario ou pour la capacité des dessins à montrer ce qui se passe. Du coup, le lecteur se rappelle qu'il avait commencé à développer un peu plus que le minimum d'empathie pour les personnages, et que Donny Cates passe à un nouveau chapitre dans son récit, plus intriguant, peut-être rassuré par sa capacité vivre de son écriture, du fait de son succès sur des séries Marvel en parallèle.
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Cosmic Ghost Rider : Bébé Thanos doit mourir !

"Cosmic Ghost Rider : Bébé Thanos doit Mourir" de @Doncates et @dylrburnett dans la collection 100% @MarvelFR chez @paninicomicsfra



Synopsis : 



"Frank Castle, le Ghost Rider héraut de Thanos dans un lointain futur, est désormais libre. Il décide de kidnapper le Titan Fou encore bébé pour l’élever loin de la violence et le soustraire à son destin... mais rien se passe comme prévu !"



Scénario : Donny Cates ;

Dessins : Dylan Burnett ;

Collection : 100 % Marvel ;

Éditeur : Panini Comics ;

Prix : 16.00 € ;



Que peut donner l'association entre Frank Castle aka le Punisher, Ghost Rider et un bébé Thanos ? Un sacré gros bordel, certes, je vous le concède, mais surtout, ce magnifique et déjanté comics qu'est "Cosmic Ghost Rider" du duo Donny Cates et Dylan Burnett chez @paninicomicsfra.



Nous retrouvons donc ici notre Frank Castle adoré qui, après avoir bien servi Galactus, puis pactisé avec le Diable, afin de devenir un Ghost Rider, et enfin, ployé sous le joug de Thanos, s'est enfin décidé à mourir et profite, en tout cas, il fait de son mieux, de son séjour au Walhalla (oui, vous avez bien lu). Sauf que rien ne se passe comme prévu, car Franky reste Franky et n'arrête pas de, comment dire ça, défoncer, non, éclater, non, martyriser, oui voilà, les grands Héros que compte en son sein le paradis des Vikings. Chose qui va légèrement mettre le big Boss, le taulier du lieu, en rogne. Bah, oui, Odin, ne peut pas tolérer que ses petits gars soient malmenés. Il va donc inciter Franky à reprendre du poil de la bête et à remonter sur sa moto céleste, afin de trouver une solution au cas Thanos. Suite à ça, dans la tête de notre Franky, une idée va germer : kidnapper le bébé Thanos et lui apprendre à ne pas aimer la violence!! Putain le con, c'est comme demander à Deadpool d'être normal, vous voyez donc le problème!! Ça va naturellement partir en free-style total, pour notre plus grand plaisir.



C'est donc, un one-shot haut en couleur que nous offre ici Donny Cates et Dylan Burnett. C'es dynamique, burlesque, fou, sanglant, poilant et tellement jouissif, que le lecteur est facilement happé par la folie du personnage et de sa quête totalement foireuse. Kidnapper bébé Thanos, pour le mettre dans le droit chemin et l'empêcher d'aimer la violence. Lorsque l'on connaît les penchants de Frank Castle, on se dit que s'est forcément mal partie, car, comment éduquer un enfant, comme Thanos, déjà un rien agressif, dans l'amour et la bienveillance, lorsque l'on ne sait plus trop ce que c'est et qu'à chaque pas, on se retrouve à vivre des situations de plus en plus tendues ? C'est sur cette opposition que repose, avec brio, le scénario de cet opus et qui sera le leitmotiv du début jusqu'à la fin. Cette impression de vouloir bien faire pour changer le cours des événements de la part du Punisher est touchante, car il est persuadé qu'avec une bonne intention ça peut marcher et régler tous les problèmes. On attend juste, avec le sourire, voire le rire aux lèvres, à chaque page tournée, le prochain bémol qui viendra perturber sa bonne intention et le plonger toujours plus loin dans le désespoir de ne pas y arriver. D'autant plus, lorsque l'on voit à quel point, il n'est aidé par personne, surtout pas par bébé Thanos, qui en rajoute même une couche, avec ses questions bien trop profondes pour son âge. On a l'impression de vivre une comédie burlesque spatiale, bien que le sujet de base soit sérieux et grave, mais qui ne dénature pas l'âme même du scénario. Ce n'est pas du mauvais burlesque, c'est adroitement fait et c'est tout ce qui donne envie de lire jusqu'au bout les aventures de Franky The Nurse.



Tout cet imbroglio est mis magnifiquement en lumière par les dessins de Dylan Burnett et par la colorisation de Geoff Shaw, qui sont de toute beauté. En effet, on est happé dans un kaléidoscope de couleurs plus flash que les unes que les autres et qui nous entraîne dans la quête infernale de notre Frank Castle adoré. C'est beau, c'est dynamique, ça brûle dans la rétine et c'est tout simplement bon. Dylan Burnett par son talent, arrive parfaitement à faire vivre les personnages que son compère à créés. C'est donc une parfaite osmose entre le scénario et les dessins que nous pouvons retrouver dans ce comics.



Je vous conseille donc de découvrir les aventures de Frank Castle en tant que nounou de bébé Thanos, dans cette aventure loufoque, burlesque et totalement déjantée.



Note : 18/20.



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God Country

Ce tome comprend une histoire complète indépendante de toute autre. Il contient les 6 épisodes, initialement parus en 2017, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Geoff Shaw, et mis en couleurs par Jason Wordie. La quatrième de couverture comporte des commentaires flatteurs formulés par Michael Moreci, Phil Hester, Brian Michael Bendis, Mark Waid, Terry Dodson, Babs Tarr, Christopher Sabela et Tim Seeley. En fin de recueil se trouvent les couvertures alternatives réalisées par Gerardo Zaffino (dont une en hommage à Savage Dragon d'Erik Larsen, et une autre en hommage à Spawn de Todd McFarlane), Dylan Burnett, Ian Bederman et Nick Derington. Le récit s'ouvre avec une citation de Cormac McCarthy, tirée de Méridien de sang.



L'histoire est racontée et commentée par une discrète voix désincarnée, comme s'il s'agissait d'une histoire de famille passée de génération en génération. Elle parle d'une époque reculée, de faits anciens s'étant déroulé au Texas. Au temps présent, Roy Quinlan arrive à avec sa femme Janey et sa jeune fille Deena, devant la maison de son père Emmett, au volant de son pickup. Ils en descendent et Roy Quinlan va discuter avec le shérif. Ce dernier lui explique que son père a été retrouvé errant au bord de la voie rapide, totalement désorienté. Il a frappé le policier venu l'aider, à la mâchoire et il a fallu le maîtriser. Il suggère à Roy que son père serait peut-être mieux en maison de repos, où un personnel soignant pourrait lui apporter l'aide nécessaire à une personne atteinte d'Alzheimer. Roy Quinlan s'insurge contre cette idée et pénètre dans la maison. Son père se lance dans une colère furieuse, ne reconnaissant personne, et exigeant de savoir qui ose s'introduire dans sa maison. Dehors la fillette prend peur et va se réfugier dans les bras de sa mère. Le shérif les quitte.



Janey Quinlan indique à son mari Roy qu'elle souhaite retrouver une vie normale, sans avoir à s'occuper de la charge de son père malade. Elle prend sa fille Deena avec elle et elles montent dans le pickup pour retourner chez elle. Roy Quinlan reste seul pour s'occuper de son père. Alors qu'il rentre dans la maison, la pluie commence à tomber. Peu de temps après, un voyageur est attaqué par une meute de loups dans la ville voisine. Une tornade s'approche et manque de faire chavirer le pickup que conduit Janey Quinlan. La foudre s'abat sur la chambre où se repose Emmett Quinlan, la tornade fait des allumettes de la maison. Janey Quinlan est revenue avec sa fille pour qu'elles se mettent à l'abri de la tornade. Une silhouette spectrale enténébrée s'approche de Deena, mais elle est pulvérisée avant de l'atteindre par Emmett Quilan maniant une épée de 2 mètres de long.



À l'automne 2017, sortent coup sur coup 2 récits écrits par Donny Cates : celui-ci et Redneck 1, dessiné par Lisandro Estherren. Dans le même temps, il est embauché par Marvel sous contrat exclusif, pour écrire Doctor Strange. En regardant la couverture et même après avoir lu la quatrième de couverture, le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre comme récit. Il remarque d'épisode en épisode que la distribution de personnages est assez restreinte : les 4 membres de la famille Quinlan, l'épée Valofax, et 3 déités Aristus, dieu de la guerre, du sang et de l'honneur, Attüm, dieu du royaume de Toujours, et Balegrim. Le récit repose sur le fait qu'Emmett Quinlan a reçu une épée qui est en fait la déesse de toutes les épées, et qu'elle est réclamée par la déité qui l'a forgée. Il est hors de question pour Emmett Quilan de rendre l'épée car Valofax lui a rendu l'intégrité de son esprit, débarrassé des effets de la maladie d'Alzheimer. Il s'en suit plusieurs affrontements épiques qui vont l'emmener jusque dans la dimension et le royaume d'Attüm. C'est donc un récit à la croisée du fantastique et du drame familial.



Geoff Shaw a déjà travaillé avec Donny Cates, pour Buzzkill et pour The Paybacks. Le lecteur apprécie vite la conviction avec laquelle il représente les différents environnements. Le premier épisode fait la part belle aux paysages de cette région désertique du Texas, et il peut y voir la flore caractéristique, ainsi que le relief, et même quelques représentants de la faune comme des lapins. Il peut laisser courir son regard à perte de vue, constater la faible densité de la végétation. Il bénéficie de plusieurs vues extérieures de la maison d'Emmett Quinlan, une construction en bois, un peu artisanale, ce que confirme le personnage dans une discussion, car elle a été construite par le grand-père de Roy. Plusieurs séquences se déroulent à l'intérieur de la maison, et là aussi le lecteur peut voir chaque planche de bois, chaque latte de parquet, ainsi que l'agencement simple des pièces. S'il ne peut pas se faire une idée générale du nombre de pièce et de leur disposition, il est convaincu de leur authenticité chaque fois qu'il y pénètre. À proximité de la maison se trouve une éolienne pour fournir de l'énergie, et la clôture de piquets typique.



Cette histoire est l'occasion de plusieurs affrontements destructeurs du fait de l'emploi de l'épée Valofax, et de la nature divine de l'ennemi d'Emmett Quinlan. Geoff Shaw impressionne par sa capacité à utiliser ces grands espaces pour donner de la latitude d'évolution aux personnages : grands moulinets avec l'épée, ampleur de la destruction causée par les coups portées, sans perdre l'échelle de taille donnée par les éléments du paysage. Les dimensions de Balegrim, puis d'Attüm ne présentent pas beaucoup de caractéristiques visuelles, mais suffisamment pour ne pas se réduire à une scène de théâtre sans décor. Les déités se présentent sous une forme anthropomorphe avec une haute stature élancée et une armure antique. Les êtres humains normaux adoptent des postures naturelles, et effectuent des mouvements normaux, cohérents avec la situation, posés quand il s'agit d'une discussion banale, rapides dans les situations de danger. Shaw sait faire exprimer des émotions nuancées par le biais des visages. Le lecteur apprécie en particulier le langage corporel de la fillette Deena, cohérent avec son âge. Il ajoute des zones de petits points pour souligner le relief des visages, leur donnant également un air un peu plus grave. Le coloriste Jason Wordie effectue un bon travail, accentuant le relief des surfaces par le biais d'un jeu sur les nuances d'une teinte. Il apporte des textures à différents types de surface, par exemple pour le bois. Il aide à faire ressortir les surfaces les unes par rapport aux autres, et il sait utiliser les effets spéciaux avec pertinence, sans écraser les traits encrés.



Les pages de Geoff Shaw & Jason Wordie permettent au lecteur de se projeter dans cette région un peu isolée du Texas, de ressentir le calme de cette zone, de visiter la maison d'Emmett Quinlan, et de se sentir le jouet des forces déchaînées pendant les affrontements titanesques. Donny Cates raconte une histoire assez originale. Il est donc question d'un dieu ayant forgé une épée personnification divine de toutes les épées, et, à ce titre, dotée d'une conscience capable de communiquer avec les personnages. Le lecteur ne pense pas forcément à Stormbringer, l'épée d'Elric de Melniboné (personnage de fiction créé par Michael Moorcock) car elle n'apporte pas le même destin funeste et elle n'absorbe pas les âmes. À une ou deux reprises, il voit bien que le scénariste s'en sert comme artifice narratif bien pratique pour modifier l'issue d'un affrontement ou d'une discussion. Le scénariste ajoute une touche sinistre à l'épée avec la manière dont elle a été forgée. Même si elle parle, Valofax n'est pas vraiment un personnage à part entière. L'enjeu du récit repose à la fois sur le destin de ce panthéon et sur l'intérêt personnel d'Emmett Quinlan. La voix qui commente les événements se vite assez rare. Elle apporte une touche de destin puisque les événements se sont déjà produits, et quelques commentaires sur la personnalité d'Emmett, mais sans insister comme un narrateur omniscient peut le faire parfois.



Plus qu'un récit fantastique, il s'agit d'un drame très humain. Emmett Quinlan voit en l'épée le moyen de retrouver sa dignité, de recouvrer ses capacités physiques et mentales dont la maladie d'Alzheimer l'a privées. Cela constitue une motivation très parlante pour le lecteur. Le prix à payer pour Emmett Quinlan est de tout détruire sur son passage, de porter le combat jusque chez l'adversaire quitte à ne pas en revenir. De la même manière que la maladie le condamne à une déchéance physique et intellectuelle, la possession de l'épée le contraint à se battre pour la conserver, et pour protéger ses proches, pour éviter qu'ils ne rejoignent le rang des dommages collatéraux. Dans le même temps, le lecteur peut y voir la métaphore de la lutte contre la maladie. Le lecteur peut également apprécier l'ironie du récit qui inverse les rôles, faisant du père âgé le héros d'action, alors que le fils doit se retrouve dans une position intenable, à rester pour protéger sa famille alors même qu'il n'en a pas les capacités physiques.



Donny Cates et Geoff Shaw racontent une histoire beaucoup plus personnelle que ne le laisse supposer la couverture, et le genre dans lequel elle s'inscrit. Sous des dehors de combats physiques contre des dieux peu cléments, le récit évoque la vieillesse, la maladie, la difficulté pour une famille de rester unie, en regardant la vie comme une lutte sans cesse recommencée.
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