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Citations de Douglas Stuart (33)


Douglas Stuart
Il était si tard qu'il commençais à être tôt.
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Et voilà qu'une autre personne lui disait de quoi lui avait besoin, comment il devait se comporter, qui il devait être. Encore une personne qui ne le trouvait pas bien tel qu'il était.
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Mungo retira son anorak bleu et sentit le froid qui venait du loch. Il recula dans la nuit, s'élança et passa au-dessus des flammes. Quelque chose qui ressemblait à de la joie fit fondre la glace au fond de lui. Il suivit Gallowgate qui sautillait en rond et ils crièrent l'un et l'autre comme des fous. Les étoiles, le feu, le loch profond, tout lui sembla soudain être à sa place et l'espace d'un instant il oublia totalement Glasgow. Il oublia pourquoi on l'avait envoyé ici avec ces deux hommes. (p. 87)
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Ce fut alors que quelque chose changea pour Mungo. Ce n'était pas quelque chose qu'une mère pouvait faire oublier avec un baiser. Ce n'était pas un agresseur auquel un frère pouvait filer un coup de surin. Personne ne pouvait préparer un bol de bouillon pour oublier ça.
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Il avait l'impression de faire quelque chose de mal. Il avait peur que ça s'arrête.
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Chaque jour elle ressortait de sa tombe, maquillée et coiffée, et redressait la tête. Quand elle s'était ridiculisée la veille,elle se relevait, mettait son plus beau manteau, et faisait face au monde. Quand elle avait le ventre vide et que ses mômes avaient faim, elle se coiffait et faisait croire au monde entier qu'il n'en était rien.
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Ma mère dit que ça ne coûte rien de tirer fierté de son apparence.
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Nicola descendit du banc et lui tendit la main comme s'il l'avait invité à danser. Son assurance le terrifia. Elle lui fit traverser le chemin et le mena vers un coin boueux entouré d'épais massifs de rhododendrons. Il y régnait une obscurité lugubre. Sans la moindre hésitation, elle colla sa bouche à la sienne et le prit dans ses bras.
Nicola faisait une bonne tête de plus que James et Mungo dut se cambrer et se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre la bouche qui descendait aspirer la sienne. Elle avait une odeur de shampooing à la pomme et devait vivre dans une maison remplie de fumeurs. Il sentit le relief hérissé de ses bagues quand elle ouvrit la bouche aussi grand qu'un couvercle de poubelle. Mungo essaya de suivre ses mouvements et entama un compte à rebours à partir de mille. Il avait atteint neuf cent quarante-quatre quand elle le repoussa. Nicola se mit à lécher ses lèvres chocolatées comme s'il y avait un goût qui lui avait déplu. Elle l’observa dans la pénombre. La dernière lueur du jour qui mourait au loin accrocha l'éclat de ses pupilles.
(p.337-338)
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Mungo se concentra sur son reflet. Il se demanda ce que les deux hommes avaient reconnu en lui. Où se trouvait ce signal à bras qu'il ne voyait pas, qu'il n'avait jamais voulu envoyer ? Était-ce dans son regard qui ne croisait jamais vraiment le leur, qui s'abaissait, soumis ? Était-ce sa façon de laisser pendre ses mains à côté de lui, son poids porté sur une seule jambe ? Il voulait trouver ce signal et en couper la transmission.
Les hommes l'avaient regardé comme s'ils avaient su ce qui se cachait au fond de son âme, des choses qu'il ne s’avouait même pas. Ils connaissaient cette honte à laquelle il ne pouvait échapper, combien elle l'isolait et ils s'en étaient servis pour l'emmener loin de chez lui et lui faire tout ce qu'ils voulaient. (p.452)
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L’un des soldats fouillait trop délicatement une boîte à outils. Il était assis dans le godet d'une pelleteuse, aussi confortablement installé que dans un canapé neuf. C'était un grand type qui gardait ses cheveux châtains terne, longs sur les côtés et soigneusement biseautés devant ses yeux. Mungo savait qu'il lui arrivait d'avoir une prononciation distinguée – « ce que je dis » au lieu de « qu’est-ce je dis », « je lui fais » au lieu de « j’y fais » -, et que ça lui échappait quand il était fatigué. Il avait une mère fière et un père qui travaillait et qui n'avait pas quitté le foyer. Les autres se moquaient de lui pour cette raison. La voix d'Ha-Ha retentit au-dessus du gravier. « Oh Prince Charles ! Tu veux que j’t’amène une tasse de thé ou quoi ? Espèce de tarlouze. »
Les maraudeurs arrêtèrent ce qu'ils étaient en train de faire, craignant tous d'avoir été désignés comme déviants, d'être l'aberration au milieu d'hommes véritables. Ha-Ha tendit le doigt vers le jeune et secoua la tête devant une telle honte. « Secoue-toi, t'es pas en train de choisir une carotte à te carrer dans le fion. » Le garçon châtain balança la boîte à outils pour essayer de recouvrer sa virilité. Les autres gloussèrent et reprirent leur destruction des lieux, soulagés. Il n'y avait rien de pire que d'être dans une tarlouze, impuissant, aussi faible qu'une femme.
Mungo se cacha dans la cabine sombre d'une pelleteuse, loin du regard d'Ha-Ha. Il regarda le garçon virer à l'écarlate et éparpiller le contenu de la boîte d'un coup de pied rageur. Les autres ramassèrent toutes les armes et les outils qu'ils trouvèrent puis se mirent à éclater les vitres. Un garçon rougeaud balança un poteau sur la vitre d'une excavatrice. Le plexiglas émis un craquement satisfaisant.
(p.62-63)
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La capacité de Mango à aimer la frustrait. Son amour n'était pas altruiste, il ne pouvait simplement pas s'en empêcher. Mo-Maw avait besoin de si peu et il produisait tant que tout ça donnait l'impression d'un insupportable gâchis. Son amour était une récolte que personne n'avait semée et il mûrissait sur une vigne que personne n'avait entretenue. Il aurait dû se flétrir depuis des années, comme l'amour de Jodie, comme celui d’Hamish. Mungo avait tout cet amour à donner et il traînait autour de lui comme des fruits mûrs que personne ne venait ramasser.
(p.346)
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Quand ils étaient petits, il y avait une machine à sous dans le bingo préféré de Mo-Maw qu'elle surnommait « la baby-sitter ». Pour avoir la paix vingt minutes, elle leur donnait à chacun une poignée de pièces. Une fois qu'on l'avait glissé la pièce dans la fente, on l'entendait rebondir contre toute une série de rouages et tinter dans les entrailles de la machine. La chute prenait une éternité avant que la machine s'allume et vous aveugle avec ses néons de fête. Parfois, la pièce rebondissait tout le long de son interminable descente, puis ratait le dernier coche et ressortait. Hamish détestait ça, l'attente suivie de la déception, il embuait ses pièces et les frottait jusqu'à ce qu'elles brillent, persuadé que ça ferait la différence. Mais maintenant Mungo se contractait en attendant qu'une ampoule de dessins animé s'allume avec la même vivacité au-dessus de la tête de son frère. Il espérait que la pièce n'enclencherait rien et Mungo pourrait alors faire semblant de laisser tomber et le nom de James irait finir sa course sous le canapé.
« James Jamieson ? » Hamish secoua la tête. Puis ses lunettes remontèrent légèrement quand il fronça le nez, d’abord parce que ça lui revenait, puis parce que ça le dégoûtait. « Tu veux dire le p’tit papiste là ? » Toutes ses lumières clignotaient maintenant, il bondit et arma son poing.
Mungo se recroquevilla dans le fauteuil, il releva les genoux contre sa poitrine et brandit le bébé entre eux. Hamish essaya de l'atteindre malgré la petite fille hilare mais Mungo la déplaçait rapidement, comme un bouclier humain. « On est juste potes. On traîne ensemble, c'est tout. » Il criait presque. Hamish recula d'un pas, desserra les poings et le sang revint dans ses phalanges. Il se mit à faire les cent pas. Mungo savait qu'il fallait se taire tant qu'il ne lui avait pas parlé. Il n'osait pas abaisser le bouclier rieur. (p.352)
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Des bruits de pas dans le couloir, le crissement familier des lourdes chaussures en cuir, puis plus rien. La fine porte heurta le moraillon. Shuggie attrapa son manteau militaire et y glissa son corps humide.

Seul l’un des locataires avait réellement remarqué son arrivée chez Mme Bakhsh. L’homme rosé et l’autre aux dents jaunes avaient été trop aveugles ou trop cuits pour s’en soucier. Mais ce premier soir, alors que Shuggie mangeait une entame de pain de mie beurrée sur son lit, on avait frappé à sa porte. Le garçon était resté silencieux un bon moment avant de se décider à ouvrir. L’homme qui se tenait sur le seuil était grand, costaud et sentait le savon au pin. Il avait à la main un sac plastique rempli de douze canettes de blonde qui tintaient les unes contre les autres comme les cloches d’une église lointaine. Il tendit une grosse patte calleuse, dit qu’il s’appelait Joseph Darling puis offrit le sac au garçon en souriant. Shuggie essaya de dire Non merci poliment comme on le lui avait appris mais quelque chose chez cet homme l’intimidait alors il l’avait laissé entrer.
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Je peux vous demander un service ?
Un autre ?
Si elle vous demande si vous l'aimez, vous pouvez lui dire oui ? Elle le mérite.
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… Non, bonhomme. Ils ne prennent pas leurs jambes, leurs bras ou leur nez. Ils ne prennent rien parce que ce n’est pas leur corps qui rejoint Dieu. C’est leur esprit. »
Shuggie eut l’air soulagé. L’infirmière vit un poids quitter ses épaules. Il tourna sur ses talons cirés et suivit le parfum d’Agnes au bout du couloir. Il s’arrêta devant la double porte. « Alors si le corps ne va pas au paradis, ça ne fait rien si un autre garçon lui a fait quelque chose de mal dans un local à poubelles, n’est-ce pas ? « . (page 246.)
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Lizzie prit une profonde inspiration et la retint le plus longtemps possible avant de parler. « Quoi qu’il en coûte, Agnes, accroche-toi, même si tu ne le fais pas pour toi, même si c’est juste pour eux. Accroche-toi. C’est ce que font les mamans ». (page 251.)
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La sirène de la houillère ne retentissait plus mais, poussés par la mémoire musculaire d’une routine perdue, ils rentraient tout de même à la maison à l’heure de la débauche sans avoir rien accompli ni gagné autre chose qu’un ventre plein de bière et un dos courbé par l’inquiétude.
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« Est-ce que les gamins de l’école te cognent toujours ? » […]
« Je les ai dénoncés au père Barry. Je lui ai demandé qu’ils arrêtent. 

Mais il m’a juste fait rester après la cloche pour me faire lire des trucs sur les saints persécutés. »

(Globe, p.181)
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Il aimait rôder seul dans l’obscurité et observer les bas-fonds. C’était de là que sortaient des personnages burinés par la ville grise, mis au pas par des années de picole, de pluie et d’espoir. Son gagne-pain avait beau être de transporter les gens, son passe-temps favori restait de les regarder.
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Chaque jour à cinq heures et quart tu dévalais la rue pour venir à ma rencontre, propre comme un sou neuf. Je demandais à ta maman que tu sois impeccable. Elle me disait, "Wullie, c'est bien utile tous ces salamalecs ?" Mais c'est bien la seule chose que j'y aie jamais demandé de faire. Un homme doit être fier de sa famille. Mais les gens, ils s'en foutent de ça, aujourd'hui, pas vrai ?" Les doigts tatoués de Wullie étaient enchevêtrés pour tenter de contrôler sa colère. Ça me faisait tant de joie de pouvoir être fier de toi. Je voyais bien qu'ils étaient jaloux, à leurs fenêtres, avec leurs tronches d'enterrement. Des hommes et des femmes, adultes, jaloux d'un petit bout de vie si brillant. Moi, je rigolais quand ils me disaient que ça allait te gâter.
- Tu as bien agi, papa. J'étais heureuse.
- Ah ouais ? Alors quelles raisons t'as d'être si malheureuse maintenant ?
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