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Charles Bonnot (Traducteur)
EAN : 9782266339070
528 pages
Pocket (04/01/2024)
4.28/5   241 notes
Résumé :
James est catholique, et Mungo est protestant. Dans le Glasgow des années 1990, marqué par les guerres de gangs, les deux garçons devraient se haïr – pourtant, ils sont tombés amoureux.

Au cœur de ce monde hyperviolent, Mungo doit travailler dur pour cacher son amour interdit ; en particulier à son frère aîné, Hamish, chef de gang brutal, prêt à tout pour défendre l’honneur de sa famille.

Lorsque la mère de Mungo découvre la vérit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
4,28

sur 241 notes
Coup de poing en pleine face, les os du nez craquent, le sang coule.
Haine, violence, misère, frustration, privation voici le cocktail explosif de Mungo.
Mungo c'est un ado de quinze ans, qui n'a pas encore bien compris qui il est. Nous le suivons dans les mois décisifs de son adolescence, qui vont le faire grandir d'un coup, beaucoup trop vite.
Mungo, c'est avant tout une atmosphère, le Glasgow des années 90, protestants contre catholiques, une ambiance poisseuse de fin de pub, de trop de bière, de regards torves, …
Mungo jusqu'à présent subit, endure, les absences de sa soi-disant mère Maureen dite Mo-Maw, mère célibataire trop jeune, grand-mère à 34 ans, incapable de s'occuper d'elle-même, alors de ses trois gosses… D'ailleurs le plus âgé, Hamish est déjà parti, il n'est pas allé bien loin après avoir mis enceinte Sammy-Jo qui a quinze ans. Hamish c'est le chef de bande, le caïd qui règne sur son petit monde, qui est là pour casser du catholique à ses heures perdues et vit de trafics de drogue.
Jodie, elle, c'est la cadette, elle protège son petit frère, le nourrit comme elle peut grâce à son petit boulot de serveuse après les cours quand Mo-Maw les laisse se débrouiller tout seuls pendant des semaines. Jodie est révoltée par les déficiences de sa mère, et elle n'a qu'une envie, quitter Glasgow au plus vite en faisant des études supérieures.
Mon petit coeur a été broyé, laminé, réduit en miettes devant toute cette violence crue, cette brutalité pourtant si réelle, si tangible, cette si grande difficulté voire incapacité à aimer pour la plupart des personnages.
N'allez pas croire ici à une quelconque fiction, ce récit sonne trop vrai, trop juste pour avoir été complètement inventé. Les mots percutent, me laissent sonnée, groggy, titubante, au bord de la nausée.
Je ne vous ai pas encore dit un détail de taille, dès le début le compte à rebours est lancé, on sait que Mungo va vivre un cauchemar, lui qui n'est pourtant que candeur et naïveté. Mungo est innocent et tendre, et surtout amoureux. Mais il n'a pas compris que dans le Glasgow des années 90 on ne peut pas tomber amoureux impunément d'un garçon.
Ce Glasgow défavorisé des années 90 j'y ai mis les pieds, une courte journée, mais qui m'a laissée un souvenir indélébile. Des barres de HLM, du béton partout, pas un brin d'herbe, des jeunes de quinze ans livrés à eux-mêmes en pleine après-midi, complètement défoncés au pied d'une fontaine qui n'a pas vu d'eau elle non plus depuis longtemps, une misère incroyable. Des sortes de magasins-prisons, toute la marchandise et le gérant derrière des grilles pour se protéger des vols et de la violence. le thatchérisme a mis l'économie de l'Ecosse à plat, le tiers de hommes se retrouve au chômage, c'est la chute du modèle social et ouvrier qui était en place depuis un siècle… Les statues du patriarcat tombent de leur piédestal avec fracas, dans l'indifférence des élites anglaises, le modèle social est définitivement bouleversé, nombre de familles sont brisées, entre honte, perte de repères, grande pauvreté, horizon bouché qui empêche toute mobilité, de se projeter dans un ailleurs, un autre endroit, une autre vie.
Les sentiments sont si puissants, si justes, l'emprise du grand frère, la violence des normes sociales et physiques sont si oppressantes et si bien décrites, que je ne peux que penser que ce récit est en partie autobiographique.
Cependant Mungo n'est pas que noirceur, c'est parfois des respirations, des envolées de tendresse, des bouffées d'amour de Mungo pour sa mère, son frère et sa soeur, et bien sûr, James, celui qui décille les yeux de Mungo avec toute la patience d'un premier amour. le retournement de situation final m'a ravie.
Je n'ai pas lu Shuggie bain, du moins pas encore… Je vais avoir besoin de temps pour me remettre de ma descente aux enfers… Et puis, à tout hasard, un bon conseil, évitez de faire du camping au bord des lochs en Ecosse…
Malgré tout, une question reste sans réponse à ce jour, mais pourquoi ce livre aussi bouleversant n'a-t-il pas plus de lecteurs sur Babelio ? Vous savez ce qu'il vous reste à faire …
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Glasgow, années 1990.
Mungo, 15 ans, protestant, vit dans une cité ouvrière, dans l'East End.
Le jeune homme, dernier d'une fratrie de trois enfants, est doux, délicat, sensible. Pour l'endroit où il vit, c'est un diamant brut perdu dans la lie de l'humanité. Mungo a un grand-frère, Hamish, dit Ha-ha, un chef de gang ultra violent qui a réussi à asseoir son pouvoir dans la cité entre trafics en tous genres et les bastonnades en règle des cathos le samedi soir. Et puis il y a Jodie, à peine plus âgée que Mungo, brillante élève, qui joue le rôle de mère et prend soin de lui quand leur mère justement, Mo-Maw, alcoolique, disparaît des jours sans laisser de traces.
Mungo, trop délicat pour le milieu où il vit et les gens qui l'entourent, est un solitaire. Jusqu'au jour où, dans un pigeonnier, il rencontre James. James et ses cheveux d'or. Les deux adolescents tombent amoureux. C'est un amour homosexuel bien sûr mais le sacrilège est double dans ces faubourgs de Glasgow car James est catholique. Lorsque cette liaison est découverte, Mo-Maw décide d'envoyer Mungo passer un week-end, avec deux parfaits inconnus afin de faire de lui un « homme ».


Et c'est ainsi que tout commence… le début du récit nous entraîne à la suite de Mungo et de ses deux étranges compagnons qui l'emmènent pêcher le saumon dans une contrée sauvage sur les bords d'un loch. Forcément, on sent bien que cette virée qui prend des airs de thérapie de conversion sauvage va mal tourner. Pour ma part, j'ai retrouvé l'ambiance du film « Délivrance » qui m'avait terrifiée… Puis flashback quatre mois auparavant, à l'époque où Mungo rencontre James. L'auteur alterne ainsi ces deux époques, nous permettant de remonter progressivement au point de jonction final et nous annonçant, dès le départ, que la liaison de Mungo et James a été découverte.

On se laisse prendre au suspense de Mungo qui très vite happe le lecteur. Tel un remake très « glasgowien » de « Roméo et Juliette », le lecteur connaît déjà l'issue mais la question est ensuite de savoir comment on en arrive là et ce qu'il va se passer ensuite pour Mungo, piégé seul entre deux hommes plus qu'inquiétants.

Le tour de force de ce roman très dense est ensuite bien sûr l'univers où nous emporte l'auteur. Douglas Stuart a grandi dans les faubourgs pauvres de Glasgow et le tableau qu'il nous dresse des lieux et des gens est d'un réalisme social incroyable, renforcé par une analyse psychologique des personnages pointue. La famille de Mungo et les voisins de l'immeuble offrent un tableau édifiant des gens qui vivent dans ces cités minées par le chômage, des communautés totalement broyées par la politique de Tatcher et la violence des guerres de gangs entre les catholiques et les protestants. Alcoolisme, filles-mères, zéro perspective d'avenir – sauf peut-être par les études quand les jeunes s'accrochent, délinquance, femmes battues… Pourtant, quelques rais de tendresse et d'amour éclairent parfois cette vision bien sombre. L'histoire d'amour entre Mungo et James est un ovni magnifique et terrible dans ce contexte.
Les lieux sont eux aussi parfaitement ancrés dans la réalité. Comme avec une caméra embraquée, le lecteur parcourt les rues glauques et défoncées des quartiers et terrains vagues, de même que les chemins sinueux et sauvages au bord du loch.

Dans ce roman d'une acuité visuelle incroyable, sensuel, poétique et cru, Douglas Stuart pose les questions éternelles sur l'adolescence et la perte de l'innocence, le poids des origines et de la famille, le déterminisme social, la violence des préjugés, la misère des laissés pour compte…
Si quelques longueurs ont parfois freiné mon engouement, je les oublie illico en lisant les dernières pages, écrites comme on filme une scène dans ses moindres détails, et qui m'ont littéralement scotchée tellement je les ai trouvées belles...
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Les gars ne semblent pas nets et même si Mungo connait l'alcool et la dérive qui peut en découler, ces deux-là restent louches imbibés ou non, les gestes douteux, l'oeil torve, un air de rien que l'on pressent dangereux. Il faut dire que le jeune garçon ne les connait pas ces deux types auxquels sa mère l'a confié un week-end pour faire de lui un homme ; sa mère, elle qui ne soucie de ses enfants qu'un jour sur trente quand l'envie la ramène soudainement au bercail. Devenir un homme quand on a 15 ans et que l'on est différent, se heurter à l'intolérance, entrer dans le moule des convenances, ressembler à ceux du voisinage portés sur la bibine et sur les coups, à son frère ainé, petite frappe notoire adepte de la violence gorgée de testostérone, plier pour renoncer à James dont la nuque est si douce, les lèvres si chaudes.
Shuggie Bain abordait le Glasgow des années 80, Mungo poursuit sa route dans les années 90. Même franchise, même ton dénué de chichi. L'enfance se heurte à la réalité d'une violence sans nom où ceux qui devraient protéger brisent et laminent. le texte est âpre, beau, dérangeant, absolument époustouflant tant il maintient en ses lignes votre coeur broyé par le récit avant de l'écraser puis de le recracher meurtri. J'ai aimé Shuggie Bain, j'ai adoré Mungo. Texte aux mots justes, il se partage entre un présent douloureux et un passé dont chaque jour a malheureusement conduit à ce week-end au Loch.
Je ne peux que vous recommander cette redoutable lecture forte et ancrée dans le vrai.
Une lecture « coup de coeur ».

Lien : https://aufildeslivresbloget..
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Une histoire d'amour qui aurait pu être banale, sauf qu'elle n'est pas acceptable, à Glasgow, dans les années 1990. Cette histoire, c'est celle de deux adolescents, Mungo Hamilton, frère du chef de gang des « Billy Boys », Hamish, et de James, « fenian » du quartier ; l'un protestant, l'autre catholique ; l'un qui a une place à tenir, en lien avec sa filiation, dans « le » gang protestant des quartiers ouvriers de la plus grande ville d'Ecosse, particulièrement minée par les réformes Thatcher, le chômage et la pauvreté en découlant, l'autre, relativement plus libre familialement parlant, mais tout aussi socialement conditionné pour avoir du mal à accepter ses préférences sexuelles.

Une histoire à laquelle j'ai eu du mal à être réceptive, au départ, alors que je suis assez férue des romans du genre, la plume étant un peu trop lisse pour moi.
Et puis, j'ai fini par être ferrée par la touche solaire de Mungo, de l'amour qu'il partage avec James, au milieu de la noirceur qui l'entoure, celle de sa famille – mère alcoolique, devenue veuve et mère trop tôt, soeur brillante qui veut s'échapper de cette vie, frère pour qui la violence est le seul mot d'ordre –, celle de son milieu, qui n'accepte pas la différence, au point de mener le jeune homme dans une situation d'un sordide monstrueux, à laquelle il va devoir survivre, tant physiquement que mentalement.

Malheureusement, le dernier chapitre, que j'ai trouvé sacrément tiré par les cheveux en termes de circonstances trop hasardeuses pour être crédible, aura pas mal gâché tout le bien que j'avais fini par penser du roman.

Une lecture en demi-teinte : j'aurais pu me satisfaire d'avoir eu besoin de temps pour entrer dans l'univers de Mungo, je n'ai pas pu me contenter de son dénouement.
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Les héros de Douglas Stuart sont d'une humanité déconcertante, touchants et fragiles. Mungo ne fait pas exception à la règle : petit ange de Glasgow, il souffre mais il aime aussi, vivant presque simultanément l'horreur et le bonheur. Ciselée, la langue de l'auteur offre un écrin à un premier amour déchirant à la Roméo et Juliette et dépeint une ville bien triste (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/01/09/mungo-douglas-stuart/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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critiques presse (7)
LeDevoir
20 mars 2023
Après «Shuggie Bain», Douglas Stuart convie à une plongée aussi violente que poignante dans le Glasgow des années 1990.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaPresse
20 mars 2023
On l’attendait avec impatience, ce deuxième roman de l’Écossais Douglas Stuart. Et malgré la barre qu’il a placée haut avec Shuggie Bain (son premier titre), Mungo réussit à produire ce même enchantement tragique et irrésistible qui fait de ses livres des histoires inoubliables.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
07 mars 2023
En 2020, l’écrivain d’origine écossaise Douglas Stuart est entré par la grande porte sur la scène littéraire avec Shuggie Bain, lauréat du prestigieux Booker Prize. Mais selon nous, Mungo, son second roman, est encore meilleur...
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LesInrocks
02 mars 2023
Après “Shuggie Bain”, l’Écossais Douglas Stuart revient avec “Mungo”, portrait d’un adolescent fracassé sur fond de Glasgow, de misère et d’homophobie. Un fleuve d’amour, virtuose et politique.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LeMonde
27 février 2023
Traduit par la plume délicate d'Olivier Adam, Réfugié n'est pas mon nom aborde avec tact le thème de la migration, du point de vue de l'enfant exilé comme de celui qui l'accueille.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
09 février 2023
Auréolé du succès de « Shuggie Bain », l'écrivain écossais livre une nouvelle fresque, haletante et splendide.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeSoir
03 février 2023
Douglas Stuart prolonge dans un nouveau roman son tableau de la classe ouvrière de Glasgow autour de l’histoire d’amour entre deux ados, catholique et protestant.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Quand ils étaient petits, il y avait une machine à sous dans le bingo préféré de Mo-Maw qu'elle surnommait « la baby-sitter ». Pour avoir la paix vingt minutes, elle leur donnait à chacun une poignée de pièces. Une fois qu'on l'avait glissé la pièce dans la fente, on l'entendait rebondir contre toute une série de rouages et tinter dans les entrailles de la machine. La chute prenait une éternité avant que la machine s'allume et vous aveugle avec ses néons de fête. Parfois, la pièce rebondissait tout le long de son interminable descente, puis ratait le dernier coche et ressortait. Hamish détestait ça, l'attente suivie de la déception, il embuait ses pièces et les frottait jusqu'à ce qu'elles brillent, persuadé que ça ferait la différence. Mais maintenant Mungo se contractait en attendant qu'une ampoule de dessins animé s'allume avec la même vivacité au-dessus de la tête de son frère. Il espérait que la pièce n'enclencherait rien et Mungo pourrait alors faire semblant de laisser tomber et le nom de James irait finir sa course sous le canapé.
« James Jamieson ? » Hamish secoua la tête. Puis ses lunettes remontèrent légèrement quand il fronça le nez, d’abord parce que ça lui revenait, puis parce que ça le dégoûtait. « Tu veux dire le p’tit papiste là ? » Toutes ses lumières clignotaient maintenant, il bondit et arma son poing.
Mungo se recroquevilla dans le fauteuil, il releva les genoux contre sa poitrine et brandit le bébé entre eux. Hamish essaya de l'atteindre malgré la petite fille hilare mais Mungo la déplaçait rapidement, comme un bouclier humain. « On est juste potes. On traîne ensemble, c'est tout. » Il criait presque. Hamish recula d'un pas, desserra les poings et le sang revint dans ses phalanges. Il se mit à faire les cent pas. Mungo savait qu'il fallait se taire tant qu'il ne lui avait pas parlé. Il n'osait pas abaisser le bouclier rieur. (p.352)
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L’un des soldats fouillait trop délicatement une boîte à outils. Il était assis dans le godet d'une pelleteuse, aussi confortablement installé que dans un canapé neuf. C'était un grand type qui gardait ses cheveux châtains terne, longs sur les côtés et soigneusement biseautés devant ses yeux. Mungo savait qu'il lui arrivait d'avoir une prononciation distinguée – « ce que je dis » au lieu de « qu’est-ce je dis », « je lui fais » au lieu de « j’y fais » -, et que ça lui échappait quand il était fatigué. Il avait une mère fière et un père qui travaillait et qui n'avait pas quitté le foyer. Les autres se moquaient de lui pour cette raison. La voix d'Ha-Ha retentit au-dessus du gravier. « Oh Prince Charles ! Tu veux que j’t’amène une tasse de thé ou quoi ? Espèce de tarlouze. »
Les maraudeurs arrêtèrent ce qu'ils étaient en train de faire, craignant tous d'avoir été désignés comme déviants, d'être l'aberration au milieu d'hommes véritables. Ha-Ha tendit le doigt vers le jeune et secoua la tête devant une telle honte. « Secoue-toi, t'es pas en train de choisir une carotte à te carrer dans le fion. » Le garçon châtain balança la boîte à outils pour essayer de recouvrer sa virilité. Les autres gloussèrent et reprirent leur destruction des lieux, soulagés. Il n'y avait rien de pire que d'être dans une tarlouze, impuissant, aussi faible qu'une femme.
Mungo se cacha dans la cabine sombre d'une pelleteuse, loin du regard d'Ha-Ha. Il regarda le garçon virer à l'écarlate et éparpiller le contenu de la boîte d'un coup de pied rageur. Les autres ramassèrent toutes les armes et les outils qu'ils trouvèrent puis se mirent à éclater les vitres. Un garçon rougeaud balança un poteau sur la vitre d'une excavatrice. Le plexiglas émis un craquement satisfaisant.
(p.62-63)
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Nicola descendit du banc et lui tendit la main comme s'il l'avait invité à danser. Son assurance le terrifia. Elle lui fit traverser le chemin et le mena vers un coin boueux entouré d'épais massifs de rhododendrons. Il y régnait une obscurité lugubre. Sans la moindre hésitation, elle colla sa bouche à la sienne et le prit dans ses bras.
Nicola faisait une bonne tête de plus que James et Mungo dut se cambrer et se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre la bouche qui descendait aspirer la sienne. Elle avait une odeur de shampooing à la pomme et devait vivre dans une maison remplie de fumeurs. Il sentit le relief hérissé de ses bagues quand elle ouvrit la bouche aussi grand qu'un couvercle de poubelle. Mungo essaya de suivre ses mouvements et entama un compte à rebours à partir de mille. Il avait atteint neuf cent quarante-quatre quand elle le repoussa. Nicola se mit à lécher ses lèvres chocolatées comme s'il y avait un goût qui lui avait déplu. Elle l’observa dans la pénombre. La dernière lueur du jour qui mourait au loin accrocha l'éclat de ses pupilles.
(p.337-338)
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Mungo se concentra sur son reflet. Il se demanda ce que les deux hommes avaient reconnu en lui. Où se trouvait ce signal à bras qu'il ne voyait pas, qu'il n'avait jamais voulu envoyer ? Était-ce dans son regard qui ne croisait jamais vraiment le leur, qui s'abaissait, soumis ? Était-ce sa façon de laisser pendre ses mains à côté de lui, son poids porté sur une seule jambe ? Il voulait trouver ce signal et en couper la transmission.
Les hommes l'avaient regardé comme s'ils avaient su ce qui se cachait au fond de son âme, des choses qu'il ne s’avouait même pas. Ils connaissaient cette honte à laquelle il ne pouvait échapper, combien elle l'isolait et ils s'en étaient servis pour l'emmener loin de chez lui et lui faire tout ce qu'ils voulaient. (p.452)
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La capacité de Mango à aimer la frustrait. Son amour n'était pas altruiste, il ne pouvait simplement pas s'en empêcher. Mo-Maw avait besoin de si peu et il produisait tant que tout ça donnait l'impression d'un insupportable gâchis. Son amour était une récolte que personne n'avait semée et il mûrissait sur une vigne que personne n'avait entretenue. Il aurait dû se flétrir depuis des années, comme l'amour de Jodie, comme celui d’Hamish. Mungo avait tout cet amour à donner et il traînait autour de lui comme des fruits mûrs que personne ne venait ramasser.
(p.346)
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Douglas Stuart nous parle de son nouveau roman « Mungo »
James est catholique, et Mungo est protestant. Dans le Glasgow des années 1990, marqué par les guerres de gangs, les deux garçons devraient se haïr – pourtant, ils sont tombés amoureux. Au coeur de ce monde hyperviolent, Mungo doit travailler dur pour cacher son amour interdit; en particulier à son frère aîné, Hamish, chef de gang brutal, prêt à tout pour défendre l'honneur de sa famille. Lorsque la mère de Mungo découvre la vérité, elle décide de l'envoyer pour une partie de pêche au bord d'un lac, en compagnie de deux hommes au passé trouble, qui ont promis de faire de lui un homme, un vrai. Là, dans la solitude des forêts de l'Écosse profonde, Mungo va devoir apprendre à se battre pour survivre et gagner sa liberté.
Après le succès phénoménal de Shuggie Bain (plus de 1million d'exemplaires vendus dans le monde), Douglas Stuart nous offre un roman social somptueux et déchirant: le portrait d'un jeune homme solaire, épris d'amour et de liberté, dans un monde empoisonné par la haine et l'intolérance.
Traduit de l'anglais (Écosse) par Charles Bonnot
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