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4.24/5 (sur 19 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Garnett, Kansas , le 23/08/1868
Mort(e) à : Melrose Park, Pennsylvanie , le 05/03/1950
Biographie :

Ses premiers écrits, pièces de théâtre et poèmes, influencés par Poe, Whitman, Shelley et Swinburne, parurent dès 1898.
Suite à la lecture des épigrammes de l'Anthologie grecque en 1909, Masters eut l'idée de composer un ensemble de plus de deux cents monologues constituant les prétendues épitaphes des habitants de Spoon River, village issu de la fusion imaginaire de Lewistown et de Petersburg, bourgades de l'Illinois. L'Anthologie de Spoon River brille par son surprenant mélange d'ironie et d'humanité avec ces confessions posthumes qui mettent en lumière les contradictions entre la moralité affichée de leur vivant par les villageois décédés et leurs véritables aspirations. L'amertume et la frustration, une violence vécue ou rentrée, le regret du non-vécu et les espoirs déçus donnent à cet ouvrage une tonalité unique qui en font un des chefs d’œuvres de la littérature des Etats-Unis .
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Bibliographie de Edgar Lee Masters   (4)Voir plus

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
PAULINE BARRETT

Presque l'ombre d'une femme après le bistouri du chirurgien
Et presque un an pour retrouver des forces
Jusqu'à l'aube de nos dix ans de mariage
Où j'étais à peu près moi-même.
Nous avons marché ensemble dans la forêt
Dans le silence d'un sentier d'herbes et de mousses,
Mais je n'ai pas osé te regarder dans les yeux.
Et tu n'as pas osé regarder dans les miens,
Tellement nous étions tristes – toi, tes premiers cheveux gris,
Et moi, l'ombre de moi-même.
De quoi avons-nous parlé ? Du ciel et de l'eau,
De tout et de rien, pour cacher nos pensées,
Et puis ton cadeau, des fleurs d'églantier
Pour enchanter notre dîner.
Pauvre coeur, c'est touchant de te voir lutter
Pour t'imaginer revivre l'ivresse.
Puis mon humeur s'est assombrie comme la nuit venait
Et tu m'as laissée seule dans ma chambre un moment,
Comme quand j'étais jeune mariée, pauvre coeur.
Je me suis regardée dans la glace, et quelque chose a dit :
"Pour ne pas bafouer la vie, ne pas tromper l'amour,
Il ne faut pas mourir à moitié."
Et je l'ai fait en me regardant dans la glace.
Cher, l'as-tu jamais compris ?
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BERT KESSLER

L'oiseau s'envolait vers le soleil couchant
Quand je l'ai blessé à l'aile.
Juste après la détonation, je l'ai vu monter,
Monter dans les éclats de lumière dorée,
Puis il a basculé, les plumes ébouriffées,
Quelque duvet flottant autour de lui,
Et il est tombé dans l'herbe comme un plomb.
Je me suis avancé, écartant les buissons,
Et j'ai vu une tache de sang sur une souche :
La caille gisait là, près des racines pourries.
Je n'ai pas vu les ronces quand j'ai tendu la main,
Mais quelque chose l'a mordue ou piquée, et elle s'est engourdie.
Alors, en un éclair, j'ai entrevu le crotale,
Ses yeux jaunes aux pupilles dilatées,
La tête arquée dans les replis de ses anneaux,
Un cercle de pourriture, couleur de cendre
Ou de feuilles de chêne palies sous d'autres feuilles…
Je suis resté de pierre en le voyant
Dérouler ses anneaux et ramper sous la souche,
Avant de m'affaisser dans l'herbe comme une chiffe.
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GEORGE GRAY

Plus d’une fois j’ai étudié
Ce marbre gravé pour moi -
Une barque, voile ferlée, à l’ancre dans un port.
Cette image, en réalité, n’indique pas le terme,
Plutôt ma vie.
Car l’amour m’a tendu les bras, et j’ai craint d’être déçu ;
Le chagrin a frappé à ma porte, et j’ai eu peur.
L'ambition m'a fait signe, et je n'ai pas osé courir le risque.
Pourtant je n’ai cessé de chercher un sens à ma vie
Et maintenant je sais qu’il faut hisser la voile,
Prendre le vent du destin,
Où qu’ils portent la barque.
Trouver un sens à sa vie peut conduire à la folie,
Mais une vie dépourvue de sens, c’est la torture
De l’inquiétude, du vague à l’âme - une barque
Qui aspire à la haute mer et qui a peur.
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George Gray

Plus d’une fois j’ai étudié
Ce marbre gravé pour moi
Une barque, voile ferlée, à l’ancre dans un port
Cette image, en réalité, n’indique pas le terme,
Plutôt ma vie.
Car l’amour m’a tendu les bras, et j’ai craint d’être déçu
Le chagrin a frappé à ma porte, et j’ai eu peur.
Pourtant je n’ai cessé de chercher un sens à ma vie
Et maintenant je sais qu’il faut hisser la voile,
Prendre le vent du destin,
Où qu’ils portent la barque.
Trouver un sens à sa vie peut conduire à la folie
Mais une vie dépourvue de sens, c’est la torture
De l’inquiétude, du vague à l’âme
Une barque qui aspire à la haute mer et qui a peur.
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Franklin Jones
Avec une seule année de plus
j'aurais pu terminer ma machine volante
et devenir riche et célèbre.
Je trouve donc très bien que l'ouvrier
qui devait me sculpter une colombe
ait sorti quelque chose qui ressemble plutôt à un poulet.
Car la vie, qu'est-ce d'autre
que naître et courir la basse-cour
jusqu'au jour où tombe la hache ?
Sauf que l'homme a un cerveau d'ange
et voit la hache venir dès le premier jour !
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CASSIUS HUEFFER


On a gravé sur ma pierre ces mots :
"La vie lui fut douce et les éléments si mêlés en lui
Que la nature, debout, pourrait dire au monde entier :
Ce fut un homme."
Ceux qui m'ont connu sourient
En lisant ces phrases creuses.

Mon épitaphe aurait dû être :
"La vie ne lui fut pas douce
Et les éléments furent si mêlés en lui
Qu'il fit la guerre à la vie
Et en sortit les pieds devant."
Vivant, je n'ai jamais pu supporter les mauvaises langues.
Maintenant mort, je dois souscrire à une épitaphe
Gravée par un crétin.
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« Où sont Elmer, Herman, Bert, Tom et Charley, le veule, le fortiche, le clown, le poivrot, le bagarreur ?
Tous, tous dorment sur la colline.

L’un est mort de la fièvre,
l’autre brûlé au fond d’une mine,
l’autre tué dans une rixe,
le suivant a rendu l’âme en prison
et le dernier est tombé d’un pont
en trimant pour femme et enfants.
Tous, tous dorment sur la colline.

Où sont Ella, Kate, Mag, Lizzie et Edith,
le coeur tendre, l’âme simple, la criarde, la fière, la vernie ?
Toutes, toutes dorment sur la colline. »
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Andy le veilleur de nuit

Avec mon manteau espagnol
mon vieux chapeau mou,
mes souliers enveloppés de feutre,
Tyke, mon chien fidèle
et mon bâton noueux de noyer blanc,
j’allais de porte en porte sur la place
muni de ma lampe-tempête.
Les étoiles de minuit tournoyaient dans le ciel,
la cloche de l’église tintait doucement au souffle du vent,
les pas fatigués du vieux Doc Hill
sonnaient comme ceux d’un noctambule,
et au loin un coq chantait.
À l’heure qu’il est, un autre veille sur Spoon River,
comme d’autres veillèrent avant moi.
Et nous voici, le vieux Doc Hill et moi,
là où personne ne cambriole
et où le veilleur est inutile.
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Tu as levé les yeux et vu Jupiter
Trônant à la cime du pin géant.
Et puis tu as baissé les yeux et vu
Mon fauteuil vide se balancer au vent sous le porche solitaire.
Courage, mon amour.
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Spoon river — Edgar Lee Masters
Où sont Elmer, Herman, Bert, Tom et Charley
le veule, le fortiche, le clown, le poivrot, le bagarreur ?
Tous, tous dorment sur la colline.

Ce sont cinq des 362 personnages de ce recueil, chacun héros d’un de ses 362 poèmes.

Doc Hill

À toute heure du jour et de la nuit
j’arpentais les rues, allant ici et là,
soignant les pauvres frappés par la maladie.
Savez-vous pourquoi ?
Ma femme me détestait, et mon fils allait à la dérive.
Je me suis donc tourné vers les gens, pour déverser mon amour.
Comme il m’était doux de voir les foules sur les pelouses le jour de mes funérailles,
et de les entendre murmurer leur amour et leur chagrin.
Mais, ô mon dieu, mon âme a tressailli, à peine capable de se tenir au bastingage de la nouvelle vie,
quand j’ai vu Em Stanton derrière le chêne
qui abrite ma tombe
se cachant, elle et sa peine !

Ils sont tous couchés dans le cimetière de la petite ville de Spoon River, au bord de la rivière du même nom. Tous ces récits s’entremêlent, ils se connaissaient tous peu ou prou, formant un réseau narratif d’une ampleur enthousiasmante.

Andy le veilleur de nuit

Avec mon manteau espagnol
mon vieux chapeau mou,
mes souliers enveloppés de feutre,
Tyke, mon chien fidèle
et mon bâton noueux de noyer blanc,
j’allais de porte en porte sur la place
muni de ma lampe-tempête.
Les étoiles de minuit tournoyaient dans le ciel,
la cloche de l’église tintait doucement au souffle du vent,
les pas fatigués du vieux Doc Hill
sonnaient comme ceux d’un noctambule,
et au loin un coq chantait.
À l’heure qu’il est, un autre veille sur Spoon River,
comme d’autres veillèrent avant moi.
Et nous voici, le vieux Doc Hill et moi,
là où personne ne cambriole
et où le veilleur est inutile.

Peu à peu, en lisant ces textes possédant chacun sa petite part de transcendance par dessus un bon vieux morceau d’humain, se reconstitue à la fois cette ville américaine début vingtième siècle avec son ambiance typique et les sentiments et passions liant chaque communauté d’êtres humains.

Sonia la Russe

Née à Weimar
d’une mère française
et d’un père allemand, savant, professeur,
orpheline à quatorze ans,
je suis devenue danseuse sous le nom de Sonia la Russe.
À Paris j’ai fait les Boulevards,
maîtresse d’une flopée de ducs et de comtes,
et plus tard de rapins et de poètes.
À quarante ans, finie, je me suis dirigée vers New-York.
Sur le bateau j’ai fait la connaissance du vieux Patrick Hummer,
plein de verdeur malgré sa soixantaine
qui s’en retournait chez lui après avoir vendu
un plein bateau de bétail dans la ville de Hambourg.
Il m’a amenée à Spoon River et nous avons vécu ici vingt ans — on nous croyait mariés !
Ce chêne près de moi est le rendez-vous favori
des geais qui babillent tout le long du jour.
Pourquoi pas ? Car ma poussière même rit
en pensant à cette affaire drôle qu’est la vie.
Minerva Jones

J’étais Minerva Jones, la poétesse du village,
la risée des rustauds de la rue
à cause de mon corps lourdaud, de mon oeil qui louchait et de ma démarche dandinante. Mais ce fut bien pis encore quand «Butch» Weldy
m’eut prise à l’issue d’une chasse brutale.
Il m’a laissée à mon sort chez le docteur Meyers,
et j’ai sombré dans la mort, sentant le froid me gagner depuis les pieds,
comme quelqu’un qui avance pas à pas dans un ruisseau glacé.
Quelqu’un ira-t-il au journal du village
rassemble dans un livre les vers que j’écrivais ?
J’avais si soif d’amour !
J’avais si faim de vie !
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