Citations de Edouard Zarifian (165)
L’”homme pressé” est devenu l’homme de tous les jours.
Heureusement, pour se redonner le moral, plutôt que de prendre un antidépresseur, on pourra se remémorer la phrase de Knock : "Toute personne bien portante est un malade qui s'ignore."
L'Etat ne contrôle rien car le médicament évolue dans un faux marché d'économie libérale.
Personne ne peut maîtriser l'anxiété au quotidien puisqu'elle est fonction des événements extérieurs sur lesquels un comprimé n'a pas d'action. Prétendre le contraire, c'est supposer que le comprimé modifie le comportement au point que l'on devienne complètement indifférent aux événements vécus. Ce n'est sûrement pas l'objectif recherché.
Admettre qu'il y a 20% de personnes âgées déprimées dans les "longs séjours" ne doit pas seulement permettre de dégager de nouveaux marchés pour les antidépresseurs ; elle doit inciter à analyser leurs circonstances d'arrivée et leurs conditions de vie dans ces "longs séjours", plutôt qu'à leur prescrire un antidépresseur jusqu'à leur mort.
Le bénéfice de la médicalisation de l'existence est surtout évident pour la Société. La diversion des révoltes, des rébellions contre l'injustice, des inégalités ou de la pauvreté et des insatisfactions personnelles vers le médical garantit la paix sociale. Le système de soins et le concept de psychotrope sont les soupapes de sécurité de la Société.
Dès qu'il s'agit de l'existence, au lieu de médicaliser, on devrait s'interroger sur les raisons de ces difficultés à vivre dans une société souvent invivable et poser les vraies questions concernant un monde décadent qui pousse la logique de son système économique jusqu'à l'absurde et au suicide.
Tout le discours médico-pharmaceutique tend à proposer une vision des troubles psychiques existentiels totalement séparés du sujet (personnalité, psychisme, histoire individuelle) et indépendants du contexte humain actuel. La cause est dans la tête ; la solution est le médicament, et si on rechute, ce n'est pas parce qu'en fait rien n'a vraiment changé après la disparition momentanée des symptômes, mais parce qu'il s'agit d'une maladie ) rechutes dont le traitement chimique doit être poursuivi très longtemps. CQFD.
Les soignants en psychiatrie sont de plus en plus conscients des conséquences de leur propre attitude sur les pathologies qu'ils traitent.
Le milieu du moment, la culture d'une époque sont largement responsables des formes d'expression des troubles psychiques. Leur variabilité en témoigne.
Comme le petit enfant sur son pot montre sa liberté à sa famille en acceptant ou en refusant de déféquer, le malade, affirme sa liberté ou sa dépendance en acceptant ou en refusant le neuroleptique. Le médicament devient alors objet de tractations, de menaces ou moyen de coercition.
... on trouve toujours plus malade que soi. Un malade délirant repère le délire chez son voisin en ignorant, par définition, superbement le sien.
Le médicament qui peut sauver n'est pas une image attribuée au psychotrope. Celui-ci véhicule plutôt des représentations mortifères. Les tentatives de suicide médicamenteuses n'y sont peut-être pas étrangères, même si les tranquillisants sont à la fois les médicaments les plus utilisés dans les tentatives de suicide et les moins souvent mortels lorsqu'ils sont absorbés seuls.
La Société ne contribue pas au bonheur de l'individu dans sa singularité, car ce n'est pas sa fonction.
Puisse la Science nous laisser décider seuls, encore pour quelque temps, de ce qu'est notre qualité de vie, notre bonheur et notre plaisir.
Les concepts de rechute et de récidive de la dépression permettent n'en doutons pas, de fidéliser une clientèle captive, qui, de surcroît, n'a pas voix au chapitre.
Les concepts de rechute et de récidive de la dépression permettent n'en doutons pas, de fidéliser une clientèle captive, qui, de surcroît, n'a pas voix au chapitre.
Le discours de la Science est devenu la nouvelle philosophie de l'homme et lui promet le bonheur. Surtout ne pas penser ; en cas de difficulté, la chimie fait oublier.
L'attitude de la Science consiste à dire "Je ne le crois pas puisque cela n'est pas possible" alors qu'elle devrait être "Je veux comprendre".
La tradition nomme "guérisseur" les illégaux qui sont peut-être efficaces et "docteurs" les doctes qui savent mais qui ne guérissent peut-être pas toujours. Tout bon médecin doit aussi avoir la vocation de guérisseur. Malheureusement, certains guérisseurs peuvent être parfois des charlatans.