Petite anthologie plaisante à lire et assez drôle sur les inventions imaginées par les poètes, les écrivains, les plasticiens, les cinéastes. Certains sont très célèbres : Boris Vian et son pianocktail, la machine à poème de Raymond Queneau, la machine à gloire de Villers de l’Isle-Adam. Et encore Jules Verne (bien sûr), Italo Calvino, Borges, Jules Allais, Da Vinci (évidemment), le plasticien Reutersvärd, l’illustrateur William Heath Robinson, Jean-Luc Godard et son film Alphaville. D’autres sont totalement inconnus ou oubliés et sont ici fort justement rappelés.
Le genre de lecture qui stimule l’imagination …. Et l’on se surprend à rêver d’une machine improbable, qui corrigerait l’une ou l’autre petite imperfection du quotidien ou qui nous ferait gagner du temps. Du temps qu’on pourrait alors consacrer au rêve, ou à la lecture, bien sûr.
Deux petits reproches : les illustrations sont on ne peut plus sommaires et m’ont laissé indifférentes. J’avoue néanmoins mon insensibilité à l’art graphique et mon inculture dans ce domaine. Et l’absence de bibliographie. Maintenant cette absence se justifie … puisque certaines de ces inventions sont imaginées par l’auteur lui-même. Pourrez-vous les démasquer?
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Des nouvelles ciselées dans le réalisme, la fantasmagorie, l’humour ou l’absurde.
Une langue subtile, douze textes concis, comme retenus à la lisière du trop.
Des chutes claires, surprenantes et simples.
J’ai particulièrement apprécié « Hugh Williams » et « Journal d’une lectrice de journaux ».
A lire sans précipitation, une nouvelle par jour, pour un plaisir étendu mais non dilué.
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Il est difficile de donner une cote pour ce type d’ouvrage, tout comme il n’est pas évident d’en faire une réelle critique.
Ces propositions (souvent) loufoques pour la lecture alternative de livres est amusante; elles stimulent notre imagination et bousculent notre habitude de lecture linéaire, tout autant que notre (éventuelle) dévotion maniaque à l’égard du livre-objet. Elles ouvrent des perspectives nouvelles, donnent des idées à partager avec des amis lecteurs ou, pour les profs de lettres, une inspiration sans borne pour désacraliser la lecture avec les élèves.
Réjouissant.
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Ce livre extrêmement drôle me donne plein d'idées pour améliorer ma bibliothèque ou glisser des surprises dans les livres de ma bibliothèque municipale (mais je connais les bibliothécaires, en général ils enlèvent les marque-pages qu'on laisse dans les ouvrages !). J'ai passé un bon moment
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Critique de Bernard Quiriny pour le Magazine Littéraire
Parmi tous les écrivains argentins d'aujourd'hui, Eduardo Berti est sans doute l'héritier le plus fidèle de la tradition du fantastique et du texte bref issue des Borges, Bioy Casares et Cortázar. Érudit, malicieux, il joue d'ailleurs sans se cacher avec ces références prestigieuses et la mythologie qu'elles charrient, comme dans son roman Tous les Funes, bâti autour d'un chercheur nommé Jean-Yves Funès, spécialiste des personnages nommés Funes qui fleurissent chez Borges, Quiroga, Augusto Roa Bastos ou Bioy Casares... De même, les merveilleuses miniatures de La Vie impossible (une collection de micro-nouvelles sur des artistes bizarres, des livres rares et divers phénomènes fantastiques) n'étaient pas sans rappeler les « anecdotes » qu'adorait Borges . Rien d'étonnant, donc, si Eduardo Berti continue dans cette veine avec L'Inoubliable, douze nouvelles où éclatent de nouveau son imagination labyrinthique et son talent de conteur. Plus que dans le sillage de Borges (encore que nombre de thèmes du livre possèdent des résonances borgésiennes, comme l'obsession du savoir total ou l'éternel retour du même), c'est peut-être dans celui de Bioy Casares qu'il faut situer ces textes, à cause de leur décor populaire, de leurs personnages modestes et de leur narration directe, dans un style net et coulant. Ici, pas de métaphysiciens, de lettrés bibliophiles à la Borges ou de références littéraires ; Eduardo Berti propose certes des personnages de lecteurs compulsifs qui n'auraient pas déparé dans Fictions, mais ce sont de simples lecteurs de quotidiens (« Journal d'une lectrice de journaux »), dont le goût pour les nouvelles fraîches se dérègle et qui finissent par vouloir lire la presse du jour en entier, croyant que ce qui n'est pas imprimé n'existe pas... Idée derrière laquelle on retrouve du reste un motif classique chez cet auteur - directement issu, pour le coup, des fictions borgésiennes -, celui de la différence entre le réel et son récit, entre le monde sensible et ce qu'on en dit. Ailleurs, Berti s'essaie brillamment à la nouvelle à chute (« La copie », sur la méprise et l'imitation en art), joue sur un mode policier avec le thème de la coïncidence (« Hugh Williams », sûrement le chef-d'oeuvre du recueil, où il met en scène une série de naufrages maritimes dont l'unique rescapé, étrangement, porte toujours le même nom, à des siècles de distance), retrouve dans « Formes d'oubli » sa vieille passion du tango (il y a consacré plusieurs documentaires télévisés) et manipule toutes sortes de motifs familiers pour les amateurs de fantastique et de nouvelles argentines - le même et l'autre, le cycle, la fatalité, etc. Difficile de résister au charme de ces inventions brèves où l'auteur montre qu'il est possible de perpétuer la tradition ou, ce qui revient au même, que celle-ci est inépuisable, en tout cas quand celui qui s'en empare est, comme ici, digne des grands maîtres.
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L'écrivain est un conteur dont la mémoire est avenir. L'exil lui donne sa langue à habiter et la vie des gens à inventer. Les vrais lui échappent. Et d'autres, rêvés, surgissent un jour, pour de vrai. Le réel rencontre l'imaginaire et nous dit le secret d'une identité. Envoûtant, subtil et puissant.
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j'ai été particulièrement touchée par les situations décrites. Et pourtant, l'idée de suivre une cinquantaine de témoignages différents, dont il faut préciser que ce sont des témoignages romancés car le livre est bien un roman, ne m'enchantait guère. Ce sont toutes ces voix qui vont de la lectrice de l'hôpital au seul infirmier, en passant par la secrétaire médicale, qui donnent une âme au service de soins palliatifs du CHU. On perçoit à la fois la dureté du travail mais aussi les conditions particulières qui font que les infirmières ont beaucoup plus de temps à consacrer à chaque patient. Je pense que même si, comme moi, vous n'êtes pas particulièrement friand des romans hospitaliers, celui-ci vous touchera car c'est aussi, à mon avis, un livre sur l'humanité, porteur d'un optimisme qui fait du bien: l'homme n'est pas toujours un loup pour l'homme. Chacun y trouvera une histoire qui le touchera particulièrement, une histoire d'amour peut-être ou au contraire, celle d'une mère qui refuse jusqu'au dernier moment de revoir son fils.
Il n'est pas certain qu'Eduardo écrive à nouveau en français puisqu'il explique que cette fois, les témoignages recueillis lors de sa résidence étaient en français et qu'il lui est apparu vite artificiel de les traduire, mais il pourrait tout à fait le faire: sa langue est simple mais pas simpliste et agréable à lire. Si vous avez l'occasion d'entendre Eduardo parler de son roman, je vous conseille d'y aller, il parle très bien de son expérience dans le service palliatif et on sent que cela l'a profondément marqué.
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La vie impossible c'e sont des nouvelles. Ou plutôt des historiettes. Une trentaine de nouvelles plus ou moins absurdes. Parfois, des faux miroirs, d'autres fois, des situations grotesques. Certaines amènent le sourire aux lèvres et font réfléchir. D'autres sont à savourer.
Elles parlent de tout, des personnes, des livres, de la communication... Elles sont les différentes visions d'un monde utopique ou cauchemardesque. A noter une belle postface d'Alberto Manguel.
Ces nouvelles se lit très vite, en taille elles varient entre une demi-page et 2 pages. Dès qu'on a 15 secondes ou une minute (voir deux), on peut en lire une. C'est tellement foisonnant, qu'on ne peut le résumer, il faut le lire ! Un peu de folie de temps en temps, ça fait du bien !
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Nous voilà avec trois frères qui écoutent le soir dans le salon des histoires, contes que leur pére leur raconte.
Archiviste au Congrès, bien que celui-ci soit fermé à cause de la dictature. Nous sommes en Argentine et l'on croise des tantes vieilles filles, un ex boxeur devenu serrurier mais qui va peut être reprendre les gants, de jeunes garçons qui essaient de comprendre ses mystères de vies et de famille. Un peu long mais de bons passages. Un univers qui fait étrangement pensé à Onetti.
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Plutôt rigolo, c’est dommage que cela soit si répétitif. Malgré tout, entre deux lectures plus sérieuses ce n’est pas désagréable. Je ne vais pas en garder un souvenir impérissable mais ça se laisse lire. C’était moins désagréable que The dead letter society en tout cas.
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Une superbe découverte d'un écrivain qui m'était jusqu'alors totalement inconnu. Eduardo Berti entrelace avec brio la difficulté d'écrire à travers une biographie romancée de Joseph Conrad et la relation père/fils. Cette dernière qui s'appuie sur les secrets et la difficulté de communiquer est symbolisée par la réflexion autour de l'exil et du choix de la langue. Je ne peux que recommander d'aller lire ce livre les yeux fermés (enfin c'est une expression hein...?).
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L'inoubliable? Un véritable régal!! Les nouvelles d'Edouardo Berti sont "argentiques". "Les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens des Incas et les Argentins descendent des bateaux", dit un proverbe argentin.
Nous voilà donc en partance.
Ailleurs mais ici. Demain mais maintenant. Le objets parlent, les hommes sont habités par les objets, les objets entrent dans les hommes, le retour prend le pas sur le partir. ..L'univers de Berti tangue et vogue de monde en monde. Le tango est bien plus qu'une danse, ..« la vida es una milonga »!!! N'oubliez pas !
Astrid SHRIQUI GARAIN
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Attention, ne vous attendez pas à rencontrer Louis de Funés dans ce livre d’un jeune auteur argentin. Un vieux professeur de littérature, professeur Funés, quitte Paris pour aller à un colloque à Nantes. Ce roman nous entraîne sur les traces d’un nombre impressionnant de personnages littéraires dont le nom est Funés. Du Funes de Borges à celui de Cortazar. Un voyage dans la littérature mais aussi une recherche d’identité pour cet homme. Se mêlent l’histoire de l’Argentine, de l’Espagne et de la France de l’après guerre, à travers les personnes qu’ils rencontrent lors de ce voyage, que ce soit un contrôleur proche de la retraite, un taxi, une poète, un médecin, des collégues universitaires.; Chacun va nous parler de son histoire, de sa vie. Une écriture plaisante sur ces êtres qui s’interrogent sur la littérature, sur l’amour, sur la vie. On pense quelquefois à Vila Matas mais avec beaucoup plus de légéreté. Un livre qui donne envie de découvrir d’autres livres, de cet auteur ou des auteurs qu'il cite.
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