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Critiques de Eduardo Fernando Varela (114)
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Patagonie route 203

Bienvenu en Patagonie, " le monde du bout du monde ", l'immense steppe de l'Amérique du Sud qui débute au sud de Buones Aires et se termine dans les fjords du détroit de Magellan et de la Terre de Feu. On va y faire un bout de chemin avec le mystérieux Parker, saxophoniste de son état, qui " transporte des fruits depuis les vallées jusqu'au port, en évitant l'espèce humaine".

Patagonie, un lieu qui a ses propres règles,

où l'humain est soumise aux mêmes conditions que la faune et la flore,

où la vérité est une question d'interprétation,

où la certitude et la notion de temps se brouillent,

et où La Logique suit son propre chemin.

Un vide primordial qui obéissant à ses propres règles modifient les causes et les effets, des bourgs qui changent de nom selon qui l'on rencontre, des adresses indiquées par un simple "Par là-bas, Par là-bas !", des personnages à l'humour et logique décalés avec qui vaut mieux ne pas faire le malin surtout si on a besoin d'eux, et des rencontres insolites comme un journaliste qui enquête sur des sous-marins allemands coulés pendant la deuxième guerre mondial, des neo-nazis fraîchement débarqués d'Allemagne de l'Est et même des cannibales....

Y débarque aussi L'AMOUR là où on l'attend le moins.....La Màyten, patronne d'un stand forain , mari dangereux, "Faites gaffe, la Patagonie, c'est pas pour n'importe qui, ça peut coûter très cher aux imbéciles," ET surtout éviter de monter dans les wagonnets du "Train Fantôme " dans les Fêtes foraines.........



Un road-trip à travers une contrée immense et perdue,

Un road-trip à travers l'âme des deux protagonistes qui s'emboîtent l'une dans l'autre presque à la perfection.

Un livre à la saveur exquise de l'Argentine et des romans argentins, avec un Parkercito compagnon idéal de voyage, qui vous guidera avec les étoiles au gré des caprices de la nature. Donc fortement conseillé de vous y embarquer le plus vite possible, vu qu'aussi pour le moment c'est le seul moyen de voyager, même si vous risquez de ne pas en sortir indemne, voir pas du tout, si par malchance vous croisiez la route du terrible assassin récemment arrivé d'Allemagne, Adolf Killer* 😁 !







"-C'est loin, Teniente Primero López ?

-Deux jours, s'il n'y a pas de vent. Tu files tout droit et demain tu tournes à gauche, tu traverses la colline, puis encore à gauche pendant une demi-journée, plus ou moins."



*Dans le texte....pas mon invention 😁.
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Roca Pelada

Le col de Roca Pelada ,un post- frontière dans La Cordillère des Andes. Un poste ne servant qu'à affirmer les symboles nationaux, délimiter les juridictions ,contrôler les bornes le long de la cordillère, dans une des régions les plus désertiques de la planète. Rien de bien fatigant , pour cette curieuse faune de personnages , une vingtaine d'hommes installé de part et d'autre de la ligne invisible, qui faute de travail , majoritairement s'épient. Leur seul moyen de contact avec la civilisation étant l'émetteur radio, et le train qui fonctionne un jour sur deux. À 5000 mt, dans une intense sensation de vacuité et de solitude au désarroi vertigineux, bercé de secousses sismiques , après la Patagonie* nous voici embarqué dans une nouvelle épopée aux confins du monde ,

« Ses milliers de kilomètres carrés étaient déserts, congelés dans l'espace, même si de temps à autre on apercevait un puma en quête d'une femelle, un couple de condors poursuivant un rongeur, une bande de lamas franchissant la frontière ou une renarde allaitant sa portée. Il pouvait aussi arriver qu'un mystérieux monticule de pierres surgisse du jour au lendemain, mais c'était plus rare. »

Comme dans son précédent livre Varela ne lésine pas sur l'humour.

Les types de l'autre côté sont des « carabouffants », des « vautours »…Les fameuses bornes portent chacune un double nom donné de chaque côté. Appelées « cailloux »dans leur jargon ils sont souvent source de majeurs disputes entre les deux garnisons, quand il ne sont pas occupés à se refiler de la farine proteinée riche en vers 😁, du sucre protéiné à base de fourmis, ou des patates séchées pourries….À qui peut mieux escroquer l'autre !



À Roca Pelada l'absurde et la logique sont des mots différents pour qualifier la même chose 😁! Mais le Pompon va être l'arrivée d'une femme en uniforme de l'autre côté de la frontière, en plus le plus haut gradé de tout Roca Pelada , ……Vera Brower 🤩, même son nom suffit à faire rêver……et elle n'est nullement une illusion d'optique provoquée par la distance dans l'atmosphère raréfié. Comme on peut l'imaginer Costa, notre lieutenant n'en dormira plus 😁, mais dommage, par pour la vraie raison pour laquelle on l'a envoyée dans cet endroit.



J'avais beaucoup aimé son précédent livre, et celui-ci est dans la même verve, sauf qu'ici on plane beaucoup plus haut, des altitudes propres à ces pays d'Amérique latine où les décharges d'orages et les amours peuvent être mortelles 😁! Varela à part une réflexion sur le sens de la Vie dans des circonstances particulières, sur l'absurdité des frontières et de l'univers très différent des nôtres des cultures anciennes, nous y offre aussi à nouveau des personnages intéressants, originales qui nous font sourire , comme l'insolent sergent Quipildor 😊et ses beignets, « le sorcier » qui mange des gravillons et s'exprime en plusieurs langues se contrefichant de l'Autorité dans ce No man's Land, les « tropicaux «  qui se saoulent à l'oxygène, et bien sûr notre lieutenant Costa le rêveur et son homologue ennemi Vera la coquine rouquine. Embarquez-vous sans hésiter 😊, une lecture agréable , dépaysante et désopilante et en prime du Suspens !



« Pour vous c'est des superstitions, pour moi aussi, mais pour eux c'était la vérité…..

– Et vous autres, vous savez où est la limite entre croyances et superstitions ?

– C'est pareil, ne cherchez pas de limites là où il n'y en a pas. La magie et la raison sont deux manières différentes de voir la même chose. »



Un grand grand merci aux Éditions Métailié et NetGalleyFrance pour l'envoi de ce beau livre.

#Rocapelada #NetGalleyFrance







* « Patagonie route 203 » , son précédent livre.

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Roca Pelada

Au terme des cent premières pages de ce roman, je n'aurais jamais envisagé de lui attribuer quatre étoiles, peut-être même pas trois, les longueurs, atermoiements, divagations des différents protagonistes devenant vraiment lassantes jusqu'à ce fameux déclic que j'ai connu dans bien des lectures, moment où toutes les perceptions basculent, où le grandiose chasse ce qui semblait n'être que confusion pour revêtir cette dimension exceptionnelle des grands romans.



Enfin, cette première de couverture magnifique tenait ses promesses et l'immersion dans l'absurde, la dérision, l'humour, la mélancolie, la nostalgie qui peuplent les pensées et actes des différents personnages, devenait un plaisir de chaque page non plus parcourue à la hâte mais lue avec délectation, relue même quelquefois.



Un homme, lieutenant d'un poste frontière, entretient une amitié spéciale avec son ennemi, homologue de l'autre poste, tous deux séparés par un no man's land qui sera le théâtre de nombreuses péripéties de ce livre. Le lieutenant ennemi est remplacé par une femme, une rouquine à la peau ambrée, au caractère puissant et l'histoire prend une tournure de roman d'amour dépassant largement le cadre de la bluette pour atteindre ces sommets de la relation physique et sentimentale qui peut unir un homme et une femme.



Mais, ce sont tous les autres personnages du livre qui apportent leur touche d'absurde, de dérision, d'incohérence ou de raison, avec toutes les limites du pouvoir lorsqu'il est exercé à plus de 5 000 mètres d'altitude, dans cette cordillère andine qui saisit les corps et les esprits.



Le merveilleux, le magique ont aussi leur place, qu'il s'agisse de découvertes archéologiques ou de la relation fusionnelle de quelques secondes entre le héros principal et une femelle puma qu'il avait eu l'occasion d'observer longuement à la jumelle durant sa gestation, s'interrogeant sur le devenir de sa portée.



Un train attendu durant des semaines, une locomotive folle, la terre qui bouge, les bornes qui se déplacent, les croyances et les sentiments qui se mêlent, tout cet ensemble contribue à la richesse de ce texte dense qu'il faut surtout lire jusqu'au bout en acceptant les longueurs et mises en place de la première partie.



C'est un beau roman de dialogues, de méditation, de poésie, d'amour, de réflexion philosophique sur les attentes des hommes et des femmes, leurs insatisfactions, leur quête perpétuelle de ce qu'ils ne parviennent pas à définir comme le bonheur, une notion qui échappe à l'esprit humain quand il navigue à la haute altitude de Roca Pelada.



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Patagonie route 203

Depuis qu’il a fui son ancienne vie à Buenos Aires, Parker sillonne la Patagonie à bord d’un camion dont il n’a pas les papiers, transportant des marchandises non déclarées pour le compte d’un obscur patron qui l’emploie illégalement. Sa vie errante s’écoule désormais au jour le jour, libre, solitaire et sans avenir, à éviter rencontres et axes fréquentés, si tant est que ce dernier terme puisse s’appliquer à ce territoire parmi les moins peuplés du monde. Contre toute attente, la route de Parker finit par croiser celle de la belle Maytén, malheureuse épouse d’un peu commode forain…





La grande originalité de ce roman vient d’abord de son atmosphère très particulière. Avec une ironie qui confine à l’absurde, l’auteur s’amuse à amplifier les caractéristiques de cette terre du bout du monde, nous la décrivant plus habitée par les vents que par les hommes, soumise à d’inimaginables caprices météorologiques et naturels, chichement parsemée de villages perdus aux noms grotesques. Les distances s’y expriment en jours de route. Les habitants, rudes et inhospitaliers, y gèrent imperturbablement le vide de leur existence, qu’ils remplissent d’occupations délirantes autant que de rumeurs et de légendes. Cadre, personnages secondaires, dialogues : tout concourt à créer un contexte surréaliste, où le lecteur, autant que Maytén et Parker, devra consentir à perdre ses repères pour pouvoir avancer.





Dans cette désolante immensité où rien n’a guère de sens et tout n’est qu’ineptie, les personnages principaux différent des autres en ce que, dépouillés de leur existence passée et perdus dans leur errance, ils continuent à chercher leur chemin et à s’accrocher à leurs rêves. Parker étreint son idéal de liberté, Maytén aspire à une vie de famille stable et paisible, et l’ami journaliste qu’ils croisent et recroisent ne cesse de se passionner pour une nouvelle chimère. Dans leurs trajectoires solitaires, ils se rencontrent parfois et par hasard, s’accompagnent un bout de chemin pour mieux se perdre ensuite, à la poursuite de destins aveugles que l’auteur rend par ailleurs cruellement ironiques.





Dès lors l’on comprend que derrière cette histoire de quête errante et désespérément solitaire dans un univers écrasant aux multiples vents contraires, c’est tout l’arbitraire et l’ineptie de la vie humaine que nous laisse percevoir l’auteur : une absence de sens que seuls viennent contredire, parfois, ces brefs et miraculeux instants où des êtres réussissent à se rencontrer pour de bon, ou, par chance, parviennent à réaliser le rêve d’une passion.





Voici donc un livre original, admirablement écrit et doté d’une vraie profondeur, où seuls un humour désespéré et quelques rares éclats de bonheur sporadique viennent éclairer une représentation bien sombre de la destinée humaine. Autant de qualités qui rendent cette lecture remarquable, malgré ce qu’il m’a parfois paru de longueurs ennuyeuses : il n’est pas si facile d’accepter de se perdre au royaume d’absurdie.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Roca Pelada

Un rocher pelé à 5000 mètres d'altitude dans la Cordillère des Andes, deux postes frontière de part et d'autre d'une ligne imaginaire et aléatoire, pour ne pas dire étrangement fluctuante comme sait en pondre notre droit international, et un lieutenant à la tête de chacun qui, ensemble, s'affrontent en copinant. Entre deux tournées de whisky ou deux tournois de football, c'est à qui tirera telle météorite de son côté de la frontière, ou repoussera les limites de son territoire de quelques centimètres en pissant le plus loin. Pour vérifier qu'on est bien le dernier à avoir pissé, chaque clan organise des expéditions secrètes régulières mais, la plupart du temps, il s'agit pour les « trouffions » des deux camps de trouver comment passer le temps.

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Alors on s'épie mutuellement, on observe la faune faute de flore et on en oublie de surveiller ce pour quoi on est là : que personne ne traverse la frontière par cet endroit qui n'est pas fait pour ça, car truffé de champs de mines sur lesquels mourir, et de cimetières indiens à piller. Une vie à peu près réglée jusqu'à ce que le lieutenant des « carabouffons », les « vautours » d'en face, soit remplacé par UNE capitaine loin d'être une bouffonne, à la chevelure flamboyante, au duvet caressant et aux yeux ensorceleurs. Il faudra tous les efforts du monde au lieutenant Costa pour garder ses esprits - mais pas sûr qu'il y arrive car, entre les esprits des morts qui hantent le lieu, et son régiment qui perd l'esprit à cause de ballons d'oxygène, il est dur de rester sain d'esprit.

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C'est un roman d'atmosphère, et d'une atmosphère particulière qui ressemble à celle de l'absurde. Ca ne l'atteint pas totalement, par chance pour moi qui le supporte mal, mais on nous fait bien comprendre que la logique et l'absurde sont les deux faces d'une même pièce. Et c'est vrai qu'il suffit parfois de pousser la logique jusqu'au bout pour se rendre compte de son absurdité. En cela, ce roman est réussi avec ses réflexions sur la notion de frontières et de bornes que l'on pose aux pays, aux peuples et à soi-même.

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C'est à la fois ce qui crée des dialogues par moment très drôle, et ce qui atteint ma propre limite de la crédibilité d'une histoire : j'ai du mal à croire qu'un lieutenant de l'armée puisse se laisser déborder autant par ses subalternes, malgré le décor et l'ambiance posés. du coup ces touches d'absurde ou d'exagération ont toujours le don, dans les romans, de me sortir un peu de l'histoire en la décridibilisant, devenant too much pour mes goûts personnels. Dans le même temps, je sortais d'un roman qui dépote un peu et j'étais toujours dans cette dynamique en ouvrant ce roman qui, du coup, m'a paru un peu lent surtout au début.

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Pourtant, entre la lenteur du début où j'ai frôlé l'ennui et le n'importe quoi de la fin où tout part à vau-l'eau qui m'a fait lever les yeux au ciel (mais qui fonctionne très bien avec l'histoire et l'ambiance), j'ai bien aimé les descriptions de l'endroit (« pour y accéder il était plus facile d'y descendre d'un nuage que de grimper la cordillère », « depuis quelques jours de gros nuages violet trônaient sur les cimes comme des oiseaux préhistoriques couvant leurs oeufs ») et les portraits des personnages, qui plantent le potentiel cocasse des situations lunaires ou de l'humour suintant des dialogues à suivre. Si bien que, très vite, cet enlisement dans la roche eh bien, je n'ai plus pu m'en défaire. Au milieu du roman j'étais dans l'ambiance : j'ai franchement ri des dialogues radio codés, et je me suis prise à aimer la relation secrète mais somme toute assez sensuelle entre deux personnages, sous la lune et les nuages.

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Un petit moment suspendu, en demi-teinte pour moi mais qui trouvera sans mal son public car les personnages et l'atmosphère continuent de s'accrocher au lecteur après qu'il a refermé le livre. Un livre comme un sortilège, envoutant dans sa langueur - il n'y a qu'une lettre qui le sauve de la longueur - et dans ses délires oniriques issus du manque d'oxygène et de ces feuilles de coca, que tout le monde mâchonne à tout va pour le supporter !
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Patagonie route 203

Sous la plume d'Eduardo Fernando Varela, la Patagonie est plus inquiétante qu'attirante. On y découvre des steppes poussiéreuses traversées par des routes interminables empruntées par des routiers qui, sous l'effet de la distance, dérivent sur les rives du temps qui n'a plus la densité habituelle.

L'immensité des paysages ainsi que le climat changeant condamnent à vivre comme des naufragés sur une île déserte, et Parker le routier clandestin assume cette vie comme une perpétuelle errance, de la même manière que les rares habitants de ce territoire hostile, «prisonniers de la géographie».



Ce pourrait être un texte complètement amorphe si l'auteur argentin ne reprenait pas les codes de la littérature sud-américaine avec tout son mysticisme qu'il n'hésite pas à tourner en dérision, sa réalité intermittente proche du fantastique onirique, et les conversations paresseuses souvent absurdes.

Dans ce paysage maudit où chacun a adopté une vision fatidique de l'existence, c'est bien à un voyage que nous convie Eduardo Fernando Varela, mais il n'a nullement le charme naïf qu'on prête à l'évasion. On navigue dans un monde romanesque à l'intense étrangeté où le dérèglement des repères spatiaux et temporels installe un sentiment chaotique, déstabilisant. Et surtout envoûtant pour qui n'éprouve pas de résistance face à ce type de littérature.



Malgré la narration flottante à certains moments, je suis impressionnée par ce premier roman qui célèbre une histoire d'amour comme une nouvelle terre ou un mirage dans ce territoire où on fait naufrage. L'auteur sonde de manière inattendue le sentiment amoureux avec tous ses ressorts naturels, en le faisant muer par des forces qui rapprochent, d'autres qui creusent les distances. Mais quelles chances donner à cette histoire qui flotte comme un rêve dans une Patagonie souveraine qui ballote ses habitants comme des herbes folles ?

Lecture savoureuse.
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Patagonie route 203

Un road trip saisissant à travers les grands espaces de Patagonie et une grande aventure humaine davantage qu'un voyage aux confins de l'Amérique latine même si les éléments naturels et les paysages grandioses sont présents encore qu'assez peu décrits.



Des personnages qui ne s'oublient pas, le héros principal bien sûr, Parker, fier de porter le nom d'une marque de stylos-plume, et celle qui sera sa compagne de voyage pour un bon bout de temps, Maytén. Des êtres cabossés par la vie, qu'il s'agisse de l'enfance, du mariage, du travail et d'autres activités.



D'autres acteurs viennent porter une note d'absurde, un journaliste fantaisiste à la recherche d'U-Boots improbables qui auraient pu trouver refuge en 1945 sur les côtes argentines, des néo-nazis pas si méchants que çà, deux employés d'une fête foraine, et des habitants de ces contrées, peu diserts, incapables de donner des renseignements cohérents jusqu'aux noms des villages qu'ils habitent ou pas.



Dans son périple, conduisant celui qui est sans doute le héros majeur du livre, un camion au chargement douteux allant de simples fruits à des marchandises bien moins régulières, en passant par ce qui fait le campement complet de Parker, celui-ci réalise de multiples rencontres, dont celle éblouissante de Maytén, mal mariée à Bruno, le propriétaire de la fête foraine.



Malgré l'espace immense, la route droite, la clémence de l'été, les choses avancent lentement et ce que certains peuvent percevoir comme des longueurs m'a paru installer et préparer progressivement une fin inéluctable que j'aurais souhaitée plus soignée.



C'est un beau roman, une belle histoire, vers le sud, puis le nord, une romance portée par les éléments, le vent, la mer, le sable, les étoiles et par une écriture hardie et percutante qui emporte très vite le lecteur dans le camion de Parker, qu'il voudrait lui aussi ne pas quitter.
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Patagonie route 203

Il y a le pays où l'on n'arrive jamais, et il y a celui que l'on ne quitte jamais : la Patagonie.

Parker, chauffeur routier, n'abandonnerait pour rien au monde ces immensités arides et désolées, inhospitalières et sublimes, "son plaisir à traverser des villages et des hameaux où les gens étaient destinés à croupir jusqu'à la mort et à les abandonner à leur sort". Au volant de son camion dont la cargaison n'est pas toujours réglo, il sillonne en tous sens les routes secondaires de Patagonie pour éviter la police. Son camion est son refuge, ces espaces infinis sa zone de confort. Solitaire, il limite au maximum les contacts avec les autres représentants de l'espèce humaine, jusqu'à ce que sa route croise celle de Mayten, la jeune et belle épouse d'un forain brutal.

Mayten, elle, rêve de s'échapper de ce désert et de vivre dans une grande ville : "En observant l'espace qui l'entourait, elle se dit que la cage qui l'emprisonnait était vaste, sans barreaux, ni portes, ni fenêtres, infinie. Une cellule où elle pouvait se mouvoir à volonté, mais d'où elle ne pourrait jamais s'échapper. C'était la plus terrible des prisons, dont les murs s'étendaient à perte de vue et au-delà. Elle se demanda ce qu'étaient devenus ses rêves et ses espoirs, son ambition de quitter pour toujours ces solitudes et de vivre dans une ville avec de vraies rues et des immeubles, des gens marchant sur les trottoirs sans devoir se protéger des bourrasques et toujours chercher un abri".

La rencontre, l'amour, la fuite. Voilà les deux tourtereaux embarqués dans un road-trip surréaliste, dont le seul but semble être d'échapper à la vengeance d'un mari jaloux. Mais pour aller où, et pendant combien de temps ? Entre Mayten qui rêve de Buenos Aires et Parker agrippé à sa vie d'ermite, il y a l'amour et la fuite, mais ensuite, la séparation ou les concessions ?

"Patagonie route 203" est un roman onirique et envoûtant, qui nous immerge dans un voyage erratique, absurde et improbable. Au coeur d'une région à la fois infinie et oppressante, balayée par un vent invraisemblable, on suit des personnages tourmentés mais peut-être pas aussi égarés qu'on pourrait le croire, on assiste à des rencontres improbables dans des villages aux noms tout aussi surréalistes, à des dialogues et situations absurdes et savoureux. Solitude et promiscuité, noirceur et humour, le mélange est lui aussi improbable, mais réussi. Un magnifique premier roman.



En partenariat avec les Éditions Métailié.
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Patagonie route 203

La sensation que le temps existe autrement en Patagonie en lisant ce roman dépaysant et venteux. Bienvenue à bord du camion de Parker, ancien saxophoniste qui charge et décharge des fruits sur les bateaux mais en passant par les routes secondaires, n’étant pas très en règle. Trajet qui dure des semaines. Pas grave si tu es perdu. Tu demandes ton chemin et on te répondra que tu roules deux jours tout droit puis lundi tu tournes à gauche, etc. Des dialogues à la Raymond Devos. Le soir, il descend le lit du camion avec table de nuit et même lampe posée et autres surprises. On va croiser un peu toujours les mêmes personnes, vu qu’ils sont peu nombreux à fréquenter ces mêmes routes comme ses rendez-vous réguliers avec un journaliste qui prospecte sur des choses étonnantes. Il va tomber amoureux d’une femme mariée qui lui donne rendez-vous dans un train fantôme. Parker, homme libre qui fuit l’humain et les villes, vous fera faire un splendide voyage dans la steppe patagonienne. Un mélange de beaucoup d’auteurs que j’aime. Et encore un lu grâce à Bookycooky et à viou1108. Alors quand je l’ai vu passer à Masse critique... merci également aux éditions Métailié pour leur envoi.
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Roca Pelada

Quelque part dans la cordillère des Andes, peut-être bien aux confins de l'Argentine et du Chili ou de la Bolivie, il y a le col de Roca Pelada (« roche pelée » en VO), perché à près des 5000m d'altitude. Autant dire qu'à ces hauteurs quasiment inhumaines, les êtres vivants sont peu nombreux : un puma, des guanacos et quelques hommes. Parmi ces derniers, de rares autochtones et deux détachements de soldats. Oui, deux, car à Roca Pelada, ce milieu de nulle part, passe la frontière, avec donc un poste et des gardes de chaque côté. Dans ce désert du haut du monde, c'est le minéral et le magnétique qui règnent, s'exprimant à travers volcans, geysers, orages, secousses sismiques, électricité statique. Un environnement hostile où les hommes ne sont pas à leur place, encore moins les nouvelles recrues d'un des deux postes, tout juste arrivées de leur plancher des vaches tropical chaud et humide, et victimes du mal de l'altitude.



Il ne se passe pas grand-chose à Roca Pelada, où les commandants de chaque camp tuent le temps en scrutant l'horizon infini à la jumelle à la recherche d'éventuels contrebandiers, en répertoriant des bornes frontière (que les uns et les autres déplacent furtivement pour gagner quelques mètres carré de territoire), et en faisant repeindre à la chaux la ligne de démarcation.



Un jour, survient un grand chamboulement : le commandant Gaitan, de la Ronde des Confins (côté ouest de la frontière) annonce à son homologue Costa, de la Garde-Frontière (côté est), qu'il va être remplacé. Dans cet univers pétrifié, c'est là une surprise de taille, qui devient carrément coup de théâtre quand Costa réalise que le nouveau commandant est une femme, la capitaine Vera Brower.



Commence alors entre Costa et Vera un jeu de chat et de souris, l'un cherchant à découvrir la mission secrète de l'autre. Mais entre ces deux officiers appartenant (en théorie) à des armées ennemies, la frontière va (en pratique) se brouiller...



Dans ce roman hypnotique (aah, le mal des montagnes et ses vertiges...), on assiste à des scènes et des dialogues surréalistes, absurdes, savoureux. Les corps et les âmes sont mis à rude épreuve par le manque d'oxygène, parfois victimes d'hallucinations, et fantasment sur un retour vers le monde d'en-bas, animé, mouvant, réel. Entre rigidité militaire et sensation d'être en permanence détaché des contingences matérielles et temporelles, le col de Roca Pelada est le lieu improbable des questionnements existentiels sur le sens de la vie et même sur l'amour. Un paradis (ou un enfer, c'est selon) à l'écart et à l'abri du monde : « Quand Gaitan aurait réalisé ses aspirations dans la plaine, elles se changeraient vite en routine et perdraient leur magie, tôt ou tard il reviendrait vers les hauteurs de Roca Pelada où le passé et le présent étaient des idées aberrantes qui libéraient les hommes de leur mémoire. Ce n'est qu'en retournant dans la cordillère qu'il pourrait jouir de sa mer et de ses femmes exubérantes, son poisson frais, son air marin et ses vagues ».



Malgré quelques longueurs, un beau roman profond, drôle et magnétique.



En partenariat avec les Editions Métailié.
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Patagonie route 203

Comme nombre de ses lecteurs, j’ai roulé avec un énorme plaisir dans le camion de Parker, allant livrer ses cargaisons clandestines de mangues et bananes vers un bateau par ailleurs déjà parti.





Le bouquin qui tombe à pic pour se changer le fond d’écran. Telle Cendrillon, je fus pantouflifiée à merveille, je m’enfonçai en Patagonie sans coup férir. Quel plaisir de s’engouffrer en hâte dans la cabine du camion pour se protéger des rafales de vents mythologiques et poussière déchainée des grandes plaines, se laisser couler dans sa chaleur et le petit bordel ambiant fait de bouteilles de bière et de vieilles cassettes pourries.





Misanthrope de premier choix, Parker séduit aisément car il livre sans vergogne et en temps réel sa météorologie mentale, notamment ses conversations sans concession avec lui-même dans son rétroviseur, quand il a deux mots à se dire bien envoyés.





Les dialogues avec ses congénères sont excellents, on se marre à tous les coups. Sûrement dû au fait que ses interlocuteurs sont le plus souvent aussi teigneux et peu loquaces que lui, tout en savourant sans se l’avouer cette occasion quasi inespérée d’échanger quelques phrases avant qu’une bonne bourrasque ne renvoie bouler chacun à sa solitude.





Ça ne loupe jamais, quand Parker pose une question , il est assuré que l’autre va lui répondre à côté, sauf à croire que le vrai sens d’un dialogue repose sur une réinterprétation systématique de la question.





Noms de lieux loufoques et qui plus est changeants au gré de l’interlocuteur, à aucun moment Parker ne sera certain d’être sur la bonne route ou d’être arrivé au bon endroit, car chacun a sa propre version du toponyme local.

Pensant être arrivé à «Jardin épineux», le premier habitant qu’il croise lui dit qu’il fait erreur , ici c’est «Le Succulent», à moins que ce ne soit «Mule morte»?...

Pour la même question , Parker aura donc à peu près autant de réponses différentes et contradictoires que d’interlocuteurs, chacun jouant avec ses nerfs en toute innocence, parfois même par compassion pour lui rendre espoir. « Oui oui j’ai bien vu des caravanes de fête foraine passer, ils sont partis à gauche toute. Attends, à moins que ce soit à droite … ? Toute façon si tu vas tout droit tu peux pas les louper ».



Parker pique aussi un bon coup de nerf chaque fois qu’un autochtone le prend pour un gars de la Ville : « ah tous les mêmes ces portègnes [habitant de Buenos Aires] ! », lui, le vieux loup des sables qui roule sa bosse depuis des années dans les chemins de traverse avec les étoiles comme ciel de lit et qui déteste la ville plus que tout.



Une petite baisse de régime en 2e partie, son histoire d’amour avec Mayten fait peut-être perdre un peu de peps au récit, le pathos inévitable des sentiments faisant tomber l’humour comme poire en automne.



Quoiqu’il en soit, un excellent bouquin que je vous recommande chaudement, hyper visuel, avec une grosse louche d’humanité et de bonnes rasades de rigolade.

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Patagonie route 203

Il flotte un air persistant de douce folie dans ce roman, de par les personnages souvent mal embouchés, les étendues éventées de steppe ponctuées parfois de barbelés, mais surtout la pérégrination incessante en Patagonie du personnage principal, Parker, saxophoniste et misanthrope à la fois, reconverti dans la philosophie solitaire du camionneur après avoir fui Buenos Aires. Sa mission, et il l'a acceptée en conscience, consiste à sillonner de long en large la Patagonie, de préférence par les routes annexes pour éviter les contrôles et les gens, au volant de son camion option camping-car pour les pauses longues durée. Censé répondre au trafic de fruits organisé par son patron véreux, on pourrait se demander s'il n'a pas plutôt pour mission de trimballer son saxophone posé sur le siège passager - dont il tire sporadiquement quelques notes enrouées, tant les rendez-vous sont élastiques. Ça ne serait pas plus incongru que ça, en tout cas guère plus que son rendez-vous mensuel avec le journaliste sans frein comme sa voiture, en quête de sous-marins nazis, ou sa rencontre de l'amour dans un train fantôme, « Il voulait retrouver la réalité de cette scène dans le train fantôme, absurde par moments, dont il ne se rappelait que quelques détails ». Entres autres, car le récit navigue de manière erratique sur des situations à la lisière de l'insensé et du conte moderne, où les personnages croisés sont des numéros autant que les routes, où les indications de chemin se font à la louche d'un bon sens très autochtone : « Vous continuez tout droit, le jeudi vous tournez à gauche et à la tombée de la nuit tournez encore à gauche, tôt ou tard vous allez arriver à la mer ». À se demander parfois si tout ça n'est pas un rêve, chose que Parker est parfois amené à faire depuis les profondeurs troubles de sa solitude. Les dénominations de lieux participent aussi à la fantaisie généralisée, la Patagonie se visite en passant par Saline de la Désolation ou Pampa del Infierno ou encore Salar Desesperacion, tout en croisant des nandous et des guanacos sous une météo caractérielle, au gré de descriptions minutieuses, avec une écriture à la fois souple et profonde dès qu'il s'agit de réflexions, et des dialogues directs, souvent inamicaux et tranchants, à l'image des rencontres d'humains hirsutes dans la sauvagerie de la pampa.



Irrésistible roman aux vagues contours allégoriques et à la silhouette onirique de conte, il m'a plongé dans un univers drôle, piquant, addictif et parfois absurde, au cœur d'un road-movie déjanté dans un paysage de caractère. Le trip y est plutôt long, le rythme du voyage plutôt lent, mais on peut aussi estimer que la fin arrive trop vite.
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Patagonie route 203



— C'est loin, Teniente Primero López ?

— Deux jours, s'il n'y a pas de vent. Tu files tout droit et demain tu tournes à gauche, tu traverses la colline, puis encore à gauche pendant une demi-journée, plus ou moins.



Voila un des dialogues savoureux lu dans le billet de Booky qui m’a fait faire de « Patagonie route 203 » une priorité parmi les priorités. Merci Idil pour cette découverte parce que des voyages comme ça, je veux bien en faire plus souvent.



Parker, pour échapper à son passé et à la nature humaine traverse la Patagonie du nord au sud et de l’est à l’ouest au volant de son camion pour livrer quelques marchandises plus ou moins déclarées.

Bon, le chronopost local n’est pas tout à fait au point car l’ami Parker peut avoir quelques semaines, voir quelques mois, de retard dans ses livraisons tant il prend le chemin des écoliers pour éviter au maximum le risque de côtoyer ses semblables ou d’être contrôlé par la gendarmerie. Il faut dire à sa décharge que les dernières versions GPS laissent à désirer :

« Vous continuez tout droit, le jeudi vous tournez à gauche et à la tombée de la nuit tournez encore à gauche, tôt ou tard vous allez arriver à la mer ». J’adore !!!

Une panne, un mécanicien, une fête foraine, le forain, la femme du forain et en route pour un voyage nous menant dans des bleds aux noms peu engageants.

Au fil des kilomètres, nous allons croiser toute une bande de déjantés semblant tout droit sortis d’une pub Jacques Vabre El Gringo ou d’un western façon Sergio Léone, prêts à rendre chèvre un Parker à la zenitude genre Lino Ventura dans ses grands moments.



Ce n’est pas le genre de bouquin qui fait qu’en tournant la dernière page on sait qu’il va nous poursuivre quelques temps ou toujours mais le moment passé sur la route est vraiment excellent. Bien écrit ou bien traduit voir les deux j’ai été embarqué par ce road trip aux dialogues alternant la vanne froide, pince sans rire et le petit coup de tendresse échappé par inadvertance du à une seconde de relâchement du gros dur, du lourdaud ou du neuneu de service.

Besoin d’évasion ? Venez vous attacher à la familia Parker.

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Patagonie route 203

Une excellente lecture où les paysages et la météo accompagnent Parker, ce camionneur en fuite sur les routes de Patagonie.



Un livre étonnant et onirique. Les éléments de la nature y sont comme la vie et les sentiments.



J'ai aimé que l'auteur entremêle les sentiments de ses protagonistes dans ce grand "tout".



Le vent est omniprésent et fait souffler le chaud et le froid sur l'histoire. Comme quand on fait du vélo, selon que le vent nous pousse, ou au contraire, quand celui-ci est en vent contraire et que l'on n'avance pas d'un pouce.



Ce livre nous imprime des images oniriques et on sent bien chez l'auteur qu'il a déjà travaillé pour le cinéma.



Cette lecture laisse en moi des tas de beaux instantanés, des images qui trottent encore et encore dans ma petite tête : le parc d'attraction, le train fantôme, la plage, les routes infinies, le camion et son installation maison, le désert de sel, les villages presque fantômes ...



Et que dire des personnages qui traversent cette histoire, de la belle Mayten dont Parker aura un vrai coup de foudre, à ce journaliste bizarre cherchant toujours l'improbable, aux jumeaux péruviens qui sont des aides précieuses pour Bruno le patron de la fête foraine et mari de Mayten. Et j'en passe vous aurez le plaisir de les croiser sur la Route 203.



Une belle histoire d'amour, très différente des romans à l'eau de rose mais qui nous offre tout une foule de sensations qui tourbillonnent en ces temps moroses.





Merci NetGalley, Merci Eduardo Fernando Varela et merci aux Editions Métaillié pour cette envolée livresque qui m'a fait tutoyer les étoiles au sommet des montagnes de Patagonie !



Quant à vous je ne peux que vous inciter à ne pas avoir peur et de monter à bord du camion de Parker comme l'a fait Mayten pour vivre intensément la vie au milieu du vent et les étoiles !



#Patagonieroute203 #NetGalleyFrance


Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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Patagonie route 203

Amateurs de  paysages lointains , de « road trip » et  d’histoire d’amour fou, ce livre est pour vous 

Si, en plus , vous êtes passionné par l’Amérique du Sud ,ses grands espaces et sa littérature ( Coloane,Garcia marquez,Rulfo,Sepulveda), vous serez ravis de partager la route avec Eduardo Fernando Varela



Départ Buenos Aires avec le mystérieux Parker et son camion, direction le Sud et la Patagonie 

Son camion, outil de travail mais aussi lieu de résidence  parfaitement aménagé lui permet pendant des jours et des semaines de parcourir ces régions pas très hospitalières de l’Amerique duSud

Le voyage est plus long que prévu car Parker a un passé pas très net et préfère éviter les grandes routes

En chemin , il va rencontrer Mayten , la foraine, qui disparaît avec son cirque et son affreux mari

Commence alors un long voyage joliment déjanté pour retrouver l’amour de sa vie

Sur le chemin, des personnages originaux  et   hauts en couleur, tous perdus au milieu de nulle part .Je vous laisse les découvrir

Les péripéties se succèdent .Retrouvera-t- il Mayten?

Où finira cette étrange aventure?Mystère.

Premier roman réussi.

Aventure et amour , sans oublier la fantaisie et l’humour

Un livre bien sympathique pour oublier un peu le quotidien pas toujours rose

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Patagonie route 203

Aaah les bains de mer : un peu de mal à y rentrer au début (La vache, elle est froide !) ; puis d’un seul coup on s’y fait (Viens, elle est bonne) ; et au bout d’un moment, on s’y ennuie (Allez, je sors). Lire Patagonie route 203 de Eduardo Fernando Varela – traduit par François Gaudry – fut un peu comme un long bain de mer d’automne pour moi.



L’analogie est en effet parfaite : un brin compliqué au début d’entrer dans ce livre, le temps de s’habituer au style particulier de l’auteur, à ses paragraphes longs comme des routes argentines sans fin et à cette atmosphère particulière créée par la magnificence de ce no man’s land du bout du monde.



Et puis on s’y fait et j’avoue m’être laissé totalement embarquer dans le camion de Parker et dans cette errance permanente sur les routes désertes de la pampa qui séparent la Cordilière de la mer, là où toute distance ne se compte qu’en jours de route. J’avoue avoir été séduit par cette ambiance intimiste parfaitement restituée par Varela, qui donne envie de se poser le soir venu, au pied du camion lorsque la maison mobile de Parker a pris place, meubles devenant campement le temps d’une nuit ou un peu plus, près de la Pampa de Infierno, au kilomètre 560 de la route 203.



J’ai apprécié l’arrivé de Maytén dans la vie de Parker, foraine bovariste en attente de son prince qui la fera rêver pour quelques temps encore. Et puis il y a ces rencontres et ces dialogues loufoques, ubuesques, drôles, avec les – rares – personnes que croise Parker, autochtones économes de mots, journaliste chasseur de sous-marin nazi ou chef de gare sans train.



Malheureusement, il ne se passe pas grand-chose le long de ces routes, et on tarde à en voir le bout. Pas désagréable donc, loin de là. Mais le sentiment d’être un peu passé à côté d’un livre pourtant souvent louangé et déjà couronné.
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Roca Pelada

Cette lecture je l'ai faite sur ma liseuse, je me la suis offerte car j'avais lu cet auteur et j'avais très apprécié son premier livre : Patagonie route 203 (vous pouvez cliquer pour revoir l'article sur mon blog).



Se lancer dans cette lecture c'est accepter que la nature, l'atmosphère, le vent, l'altitude et les montagnes soient au coeur de l'histoire.



Sur Roca Pelada les conditions atmosphériques sont extrêmes, à plus de 5000 mètres d'altitude les hommes ne sont plus pareils... Ils doivent s'adapter au maximum.



Deux camps militaires opposés campent là, sur ce sommet au milieu de nul part à la ronde des confins.



Deux détachements de militaires y stationnent et s'observent mutuellement.



Tout semble très très calme. Les chefs ne s'affrontent pas vraiment, ils sont ici et essayent de réaliser leur mission pour le mieux.



L'auteur nous parle ainsi de ces hommes qui s'observent et dont les ordres et les missions ne sont pas très très clairs.



Défendre des bouts de frontière et des cailloux... L'auteur fait alors rentrer dans son roman, l'absurdité, il délivre aussi finalement un message de fraternité.



La vacuité de l'existence est mise à l'honneur également.



Et puis, dans ce roman, il y a un homme et une femme et chabadabada… Ah non pas tout à fait…



Les histoires d'amour ne sont pas toujours vécues de la même façon d'un côté et de l'autre…Qui va s'en apercevoir avant l'autre ?



Le commandant Costa est le personnage principal du roman et Veira Brower la cheffe du camp adverse. Ainsi, omme son habitude, Eduardo Fernando Varela va nous parler d'amour et de désir par un prisme masculin, celui de Costa.



Si ce roman m'a moins enthousiasmé que le premier de l'auteur, j'ai passé un moment hors du temps, au milieu de nul part, en compagnie du lieutenant Costa et j'ai aimé l'atmosphère particulière et décalée de cette histoire et surtout de me mettre dans la tête de cet homme.



Les personnages secondaires sont bien étranges et ont des comportements drôles et étonnants. Oui on a du surréalisme dans ce roman.



Un roman d'atmosphère où la nature en impose aux hommes, qui s'adaptent ou qui n'y arrivent pas et tentent de fuir ...



Mais il n'est toujours pas facile de se fuir soi même, non ?



Quant à moi, je vous invite si vous le voulez (ou pas) en "absurdie" sur le col de Roca Pelada, en compagnie du commandant Costa et des autres !



A vous de voir si vous allez vous adapter, ou si vous allez fuir ;-)
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Roca Pelada

« Ne fais pas attention à moi, je suis d’une autre planète, je vois toujours des horizons où tu dessines des frontières ».

Postée par Idil, cette citation de Frida Kahlo qui accueille le lecteur à Roca Pelada, ne m’a pas laissée d’autre choix que de me précipiter sur ce livre. J’avais déjà adoré mon errance en Patagonie sur la route 203, premier bouquin d’Eduardo Fernando Varela, là j’ai été saisi par le vertige dû non pas aux 5000 mètres où culmine le col de Roca Pelada mais par le fond.



Roca Pelada dans la cordillère des Andes. De la roche, des volcans, désert de pierres, des airs de rien. Altitude de croisière, 5000 mètres. L’oxygène se fait rare là où passe une ligne imaginaire qu’on appelle frontière. Qui dit frontière dit gardes frontière. Quelques hommes d’un coté, quelques hommes de l’autre, garants de la sécurité de leurs pays, chargés de surveiller… de surveiller.

Autant dire qu’à cet endroit ravitaillé par les corbeaux locaux, il n’y a rien à faire d’autre que d’observer les quelques signes de vie laissés par les aigles, condors et autres pumas pas encore contaminés par la bêtise du mâle de l’altitude. Oui bêtise puisque pour justifier de sa présence, le soldat qui surveille le néant doit s’occuper et quoi de mieux pour s’occuper et travailler pour la patrie que d’essayer de rogner de la terre au pays voisin. Saine occupation que de déplacer régulièrement les bornes marquant son territoire .

A la cérémonie des « cons d’or » pas de doute, tous les nominés seront gagnant, quel que soit le coté de la ligne où ils seront nés.

A force de n’avoir rien à surveiller, ils s’épient essayant de savoir ce que l’autre coté prépare. Une invasion ? Des beignets ?

Si la routine militaire bat son plein, l’arrivée de la capitaine Vera Brower va quelque peu chambouler le quotidien mais bon, je vais pas raconter le bouquin.



Eduardo Fernando Varela nous donne l’occasion, à travers ce roman, de réfléchir sur le bien fondé d’avoir le droit de circuler à tel ou tel endroit suivant l’endroit où l’on est né. Sur l’absurdité des hommes qui acceptent de se retirer du monde, de la vie, en ayant pour mission d’entretenir la peur de l’autre, le repli sur soi des fauves que nous sommes qui pissent dans tous les coins pour marquer leur territoire. Petits pissous entre parenthèses que nous, « oxydantaux », n’hésitons pas à aller faire ailleurs quand il s’agit d’aller piller les sols lointains mais que nous n’acceptons pas de la part de gens qui veulent seulement vivre (mais c’est une autre histoire, je sais)…

Petite réflexion aussi sur les limites que nous nous mettons dont nous sommes seuls responsables et sur la prise de conscience que la liberté dont nous nous targuons n’est que conditionnelle.

Si j’ai préféré l’humour et les dialogues savoureux de son précédent bouquin, le sourire s’invite régulièrement au fil des pages.

Merci à Idil pour, une fois encore, la piste de lecture bien étoilée.
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Roca Pelada

Une frontière au milieu de la cordillère. Maladivement méfiant (et un peu jaloux), le Lieutenant Costa épie ceux d'en face, les carabouffons de la Ronde des Confins qui eux ont de beaux uniformes et un train qui n'oublie pas une fois sur deux de les ravitailler, alors que lui a hérité du sergent Quipildor puni pour récidives et d'une bande de tropicaux incorporés par erreur et ne supportant pas l'altitude.



Et Costa surveille la frontière, si les bornes n'ont pas été déplacées par ceux d'en face pour leur voler quelque mètres carrés ou une météorite. Mais parfois il retrouve à la borne frontière Gaitán, le lieutenant d'en face, qui lui offre une cigarette et ils causent et Costa se demande si Gaitán n'est pas son seul ami quand celui-ci lui annonce qu'il a demandé sa mutation. Qui va le remplacer?????



Plus proches de la stratosphère que du niveau de la mer, paroles et pensées affaiblies par un air raréfié, c'est avec tendresse et empathie qu'on suit ces militaires ainsi fragilisés, leur quête de bonheur qui pourrait bien n'être ni en bord de mer, ni dans l'opulence mais dans ce coin perdu de l'altiplano.



J'ai adoré dés les premières lignes cette prose qui n'arrête pas de nous surprendre, y retrouvant l'humour sous jacent d'Echenoz, le décalé de Bojangles, la délicatesse de Decoin.
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Patagonie route 203

Ce que j’ai ressenti:



« Il faut qu’on fasse quelque chose. »



Pourquoi ne pas partir en road-trip pour la Patagonie, emprunter des chemins de traverse, éviter un peu les gens, autant que possible, se remplir de solitude et temps hantés, se laisser charmer par le paysage voire un joli sourire, se laisser surprendre par les rencontres que la vie nous réserve…Pourquoi ne pas rouler au gré du vent, de l’envie, des intersections aux noms étranges, prendre des détours, tester des indications improbables, s’éloigner des villes et de la civilisation…S’offrir à la méditation, au minima, aux étoiles, au désert, au néant. Essayer de vivre autrement. Fuir ou se retrouver dans le même temps au milieu de cet espace immense et désertique. Il faut qu’on fasse quelque chose, c’est parler de ce magnifique premier roman, de sa force évocatrice et de cette errance troublante, de son originalité et de sa mystérieuse route 203…



« J’ai l’impression qu’on s’est perdus », lui dit soudain la voix dans le miroir.



J’ai été envoûtée comme un voyage inoubliable, à mi-chemin entre rêves et réalité. Le sable et les étoiles qui te collent à la peau, les mannequins et les fantômes qui te poursuivent, et le silence et le vide qui t’obsèdent…C’est un lieu de perdition mais aussi d’infinie beauté, une certaine forme de bonheur inattendu, à bord d’un camion…Il règne en ces pages, une sorte d’attente miraculeuse, de langueur douce et cette route prend des allures de réflexions intenses sur la vie et ses drôles de surprises. Que ce soit l’amour qui s’invite, une histoire, un fantôme, un sous-marin ou encore une catastrophe, tout semble pouvoir arriver sur cette route et pourtant, le paysage défile indifférent, aride et sauvage devant nos yeux. Et je me suis laissée aspirer par ces étendues infinies, par la liberté grandiose qui s’y déploie, par la poésie d’Eduardo Fernando Varela….C’est vertigineux!



« Fais gaffe, la Patagonie, c’est pas pour n’importe qui, ça peut coûter très cher aux imbeciles. »



Je vous conseille vivement ce bout de route avec Parker, Maytén et tous les autres personnages un peu fous qui cherchent tous un « quelque chose » de plus, sur ce morceau de steppe maudite, loin de tout…Alors si le soleil et le désert vous attire irrésistiblement, les étoiles à perte de vue et quelques manèges effrayants de fête foraine ne vous rebutent pas, si partir sans point de départ ni d’arrivée ne vous fait pas peur, si jamais vous vouliez un temps fort de lecture, il va vous falloir parcourir cette route. La 203. Puissiez-vous la trouver, y trouver aussi ce que vous cherchez, à moins que ce ne soient quelques humains-mi-spectres qui vous trouvent, mais je n’en dis pas plus…Je vous laisse faire ces rencontres et découvrir les mystères de la Patagonie….




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