A première vue, il peut sembler audacieux de considérer cette île comme un acteur majeur de la scène mondiale. Après tout, elle n'a jamais eu d'armée. Jamais fait feu sur un autre pays. Jamais conspiré contre un dirigeant étranger ou mené une guerre par procuration, ni prétendu être une puissance hégémonique d'aucune sorte. Mais comment, dans ce cas ,expliquer qu'elle ait marqué de son empreinte toute l'histoire occidentale ?
A six heures du matin, le premier régiment de soldats se tenait au repos dans le port. Un homme manifestement ivre traversa la foule et leva le poing, l'agitant en direction d'un soldat. Un autre fit tomber la cendre de sa cigarette dans le canon d'un fusil. Puis ils s'éloignèrent, ainsi que le reste de la foule. Ce furent les seuls actes de résistance.
Selon une plaisanterie locale, quand les astronautes quittèrent le pays, un habitant de Reykjavik leur demanda de transmettre un message en islandais aux hommes vivant sur la lune : « Vid aetlum … um annath » (je vous fais grâce de la phrase impossible à lire). L’astronaute, sans comprendre la signification de cette phrase, la mémorisa et la répéta dans l’espace à l’attention des extra-terrestres. Elle signifie : « Nous allons peu à peu prendre le contrôle de cet endroit ; ne croyez pas un mot de ce que nous racontons. »
Après chaque éruption, les récits concernant l'Hekla étaient aussi chaotiques et variés que le sol sur lequel il se trouve. Un poème anglais le surnomma la "prison éternelle de Judas", et les premières cartes de l'Islande indiquaient son emplacement par de gigantesques flammes. Selon le folklore islandais, des oiseaux semblables à des corbeaux attaquaient les visiteurs avec leurs becs en fer, protégeant ainsi un sommet fait de lacs de boues brûlantes et de geysers. Mais les visiteurs étaient aussi mythiques que les oiseaux. Pendant des siècles, personne n'eut le courage de grimper au sommet de l'Hekla et de le contempler de ses propres yeux.
En vérité, Snorri construisit son Edda à la manière d'un manuel scolaire, structuré comme un compte compte-rendu chrétien de la mythologie nordique. Il organisa habilement les récits de manière à ne pouvoir être accusé de contredire l'orthodoxie chrétienne. Les histoires des dieux nordiques y étaient relatées comme s'il s'agissait d'événements réels qui, avec le temps, avaient été exagérés jusqu'à se transformer en mythes.
Ce qui nous manque en main-d'oeuvre, nous le compensons par des volcans.