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Critiques de Elif Shafak (779)
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Sans en dévoiler davantage, le roman se découpe en trois partie. Une première est consacrée à la vie de Leyla, à travers son enfance, son arrivée à Istanbul, ses moments de joie et ses peines. C'est celle qui m'a intéressée, celle que j'attendais, aussi. Les deux autres portent sur l'après. Comment ses ami·e·s vont tout faire pour l'honorer après la mort. J'avoue avoir été peu réceptive à ces deux autres pans, qui représente tout de même la moitié de l'ouvrage. Si l'amitié et l'amour qui en ressortent sont beaux à lire, je me suis pas mal ennuyée.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Tequila Leila est une prostituée retrouvée morte un matin dans une benne à ordure. Pendant que son corps refroidit, son esprit s'évade et revient, minute après minute, sur les souvenirs de moments de sa vie, sans ordre ni chronologie, souvenirs d'enfance, de famille, d'amitiés, de goûts, d'odeurs. Le compte à rebours des 10 minutes et 38 secondes s'écoule peu à peu. En revenant sur son histoire, nous lisons surtout celle d'Istanbul et de la Turquie depuis la fin des années 1950. La profession de Leila n'est qu'anecdotique. L'essentiel de sa vie repose sur ses cinq amis, tous très différents mais qui sont unis par elle et pour elle. Le roman emprunte des chemins détournés pour nous raconter l'histoire d'une femme, de ses réussites et de ses échecs, de son destin à la fois banal, trivial, et hors normes. Même en connaissant l'issue, on cherche à comprendre la vie de Leila et on la suit dans les ruelles de la ville et les méandres de sa vie. J'ai apprécié l'absence de parti-pris narratif, l'originalité qui ne va pourtant pas de soi car la lecture n'est pas du tout ce à quoi on pourrait s'attendre et c'est agréable de s'y laisser surprendre.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Même si je ne lis pas tous les textes d'Elif Shafak, j'avais adoré "Le lait noir" consacré à la maternité et ses chausse-trapes. Et la magnifique couverture bleue m'a fait de l'oeil ...

Voici donc un texte qui commence par la fin : celle de Tequila Leïla, prostituée d'Istabul, assassinée.

Dans une première partie, nous remontons le cours du temps pour aller à la rencontre de celle qui s'appelait Leyla Afife Kamile en 1947 dans la ville de Van.Sa mère biologique Binnaz a été dépossédée de sa fille, pour devenir celle de la première épouse de son père, Haroun : Suzan. Victime de violence masculine non entendable par sa famille, Leyla fuit sa famille pour Istanbul où elle devient rapidement prostituée du bordel de l'Amère Ma.

Sabotage Sinan, l'ami d'enfance, fasciné par les codes secrets, Nostalgia Nalan, Jameelah, Zaynab122 la naine, qui lit l'avenir dans le marc de café et Hollywood Humeyra, la chanteuse seront ses fidèles amis à l'histoire aussi complexe que la sienne : identité sexuelle, poids de la religion, de la famille, attachement aux rites (qui peuvent être soutenant), exploitation de la femme, corruption, violence encore et toujours, maladies chroniques mal soignées ...

Dans la seconde et la troisième partie, ce sera la bataille des amis de Leïla pour qu'elle bénéficie d'un "enterrement" en cohérence avec son histoire et éviter le cimetière des abandonnés de Kylios. C'est une épopée loufoque et dangereuse, mais ses amis y arriveront et pour certains en paieront le prix.

C'est une réalité terrible et en même temps heureuse que nous dépeint l'auteure. Il y a beaucoup d'amour, de solidarité dans ces vies qui peuvent sembler désespérées (un mariage même avec un étudiant qui veut changer le pays comme tant d'autres), de force (le pouvoir du groupe, de l'amitié), Mr Chaplin, le chat, un poisson bleu ... et l'immunité des hommes dans un pays, une capitale où le sublime côtoie l'innommable, et où comme tant d'autres, la femme est utilisée, abusée. Le mot "féminicide" a encore de beaux jours devant lui.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Elle est en train de mourir, physiquement, mais son esprit vagabonde toujours dans les méandres de son passé. Pendant 10 minutes et 38 secondes, Leila revit les moments clé de son existence. Ses flashbacks se déclenchent par le souvenir d’une odeur, d’une ísaveur. Et c’est ainsi que nous allons découvrir qui fut cette femme, prostituée, maintenant au fond d’un container, au bout de sa vie.

« Leila commençait à comprendre que les sentiments de tendresse doivent toujours rester cachés, qu’ils ne peuvent être révélés que derrière une porte close et ne jamais être évoqués ensuite. »



Ce livre s’organise en trois grandes parties.

L’esprit : A ce stade, pendant que la vie quitte progressivement le corps de Leila, son esprit lui renvoie ses derniers messages. Savoir ce qu’elle a vécu, comment elle a vécu, étouffée par la tradition et la soumission. Recherche de la liberté, en quête d’évasion, qu’elle finira par trouver en fuyant à Istanbul. Une nouvelle vie. Un nouveau tournant… Et puis on fait connaissance avec ses cinq amis, aux noms si spéciaux : Nalan, Sabotage, Jameelah, Zaynab, Humeyra. Ils sont tous un peu écorchés, ils auront tous un rôle essentiel aux côtés de leur amie commune.

Le corps : Son esprit s’est éteint. Son corps sans vie est découvert et emmené à la morgue. Ses amis sont dévastés, la tristesse et son manque les submergent. Mais ils sont bien là. Ils sont sa famille, absente et dans le déni. Leur amitié est plus forte et ne cessera jamais de se renforcer. Jusqu’au bout et même au-delà… Ils sont prêts à tout, même dans l’extrême, pour Leila…

L’âme : Un seul mot peut résumer cette dernière partie : liberté…



Je suis devenue la sixième amie de Leila. Je me suis attachée à cette bande de copains, j’ai eu l’impression de les comprendre, de les écouter. Cette histoire est une vraie leçon d’amitié, de volonté, de courage et de renaissance. Ce roman a ce petit quelque chose qui m’a changée, qui instruit sur le mode de vie du pays, qui m’a touchée, j’ai eu du mal à partir, à le refermer. Mais je vais le garder très précieusement….



« Le chagrin est une hirondelle, dit-il. Un jour vous vous réveillez et vous vous dites, ça y est il s’est envolé, mais il n’a fait qu’émigrer dans un autre endroit, il se réchauffe les plumes. Tôt ou tard il revient se percher de nouveau dans votre cœur. »



https://littelecture.wordpress.com/2020/03/14/10-minutes-et-38-secondes-dans-ce-monde-etrange-de-elif-shafak/
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

J'ai beaucoup aimé ce roman dont je ne connaissaispas l auteure. Entre passé et présent, nous faisons la connaissance de Leila et ses 5 ami(e)s. Une histoire avec des moments durs, mais captivante dont l'un des principal sujet est l'amitié.

Un beau mais triste roman.

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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Elif Shafak, m’a conquis depuis longtemps. Ses romans se suivent et me procurent un enchantement toujours renouvelé. Ce roman qui ne déroge pas à la règle, qualifié dans la shortlist du Booker Prize 2019, conforte son statut de grande dame de la littérature contemporaine.



Leila, une prostituée de 43 ans, est assassinée dans une rue d’Istanbul. Son cœur s’est arrêté de battre mais son esprit a un sursis ; il continue de fonctionner durant 10 minutes et 38 secondes. Le temps qu’il lui faut pour rembobiner le film de sa vie, se remémorer des choses qu’elle se serait crue incapable de se rappeler, des choses qu’elle croyait oubliées à jamais.



Leila n’a jamais eu de vie normale. Née et élevée dans une maison où règnent le mensonge et l’hypocrisie, mortifiée par son père, elle s’affranchit des conventions sociales et de la bien-pensance et s’enfuit pour Istanbul ; la ville où finissent tous les mécontents et tous les rêveurs.

Si sa famille de Sang l’a bannie, cinq amis seront désormais sa nouvelle famille, une famille d’Eau. Une Eau qui peut laver les blessures de la vie et le chagrin amassés au fond d’elle.



Ce roman qui suinte la vie tourmentée et le destin tragique de Leila, n’est pas sombre pour autant. On s’attache vite à Leila, l’héroïne principale du roman. Mais on s’attache aussi à ses amis, différents les unes des autres, parfois truculents : Nalan le transsexuel, Humeyra la chanteuse de casino, Zaynab la naine, très pieuse mais diseuse de bonne aventure…



Grâce à sa belle plume, à la magie de ses mots, Elif Shafak nous gratifie d’un opus profond, poignant mais en même temps tendre, parfois loufoque, empreint d’humanisme.

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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange





Née d’une mère analphabète qu’on lui a présentée comme sa tante, Leyla a grandi dans le mensonge. Celle qu’elle appelle mère étant la première femme de son père. Son père qui pense que sa malchance est due à un châtiment divin décide de se consacrer à la religion, voulant faire de sa fille disciple privilégiée. Pour fuir le destin que lui réserve sa famille, Leyla rejoint Istanbul et devient Tequila Leila. Employée dans un bordel durant des années, c’est son histoire qu’elle retrace à sa mort. Chaque minute qui la sépare de son dernier souffle est marquée par un souvenir, une rencontre.



Souvenir de son enfance, de ce qui l'a poussé à Istanbul et ses rencontres avec 5 personnes, ces 5 personnes qui se soucieront d'elle, de son esprit et de son corps à sa mort. 5 personnes qui, elles aussi, ont atterri à Istanbul pour fuir un destin qui ne leur correspondaient pas et se perdre dans une ville qui accueille et qui cache ceux qui ne collent pas au milieu dans



lequel ils sont nés. 



L'histoire de Leila est accompagnée de celle d'Istanbul ou semélangent les extrêmes communistes révolutionnaires, nationalistes, religieux. Une ville qui accueille beaucoup mais qui n’en ai pas pour autant douce et bienveillante. J’ai aimé l’histoire, et la place donnée à Istanbul, les personnages sympathiques et la manière dont leur histoire et leur rencontre sont décrites. Enfin j’ai apprécié la fluidité du texte sans pour autant être complètement emportée. Le style était peut-être trop lisse, il me manquait un peu d’image, de peps, quelque chose de plus oriental pour intensifier ce roman se déroulant à Istanbul



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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Première impression : la couverture, superbe. Rien que cet élément m’a poussée à l’achat.

Deuxième impression : le résumé. Surprenant, original, il m’a donnée envie de me plonger vite dans cette histoire.

Ressenti final : mitigée. Voici en quelques lignes pourquoi.

J’ai beaucoup aimé la première partie du livre, celle durant laquelle la personnage principale, Leila, fraîchement assassinée, se remémore des souvenirs marquants de sa vie. Ce n’est pas seulement un flash accéléré comme on pourrait l’imaginer, mais 10 minutes et 38 secondes, durant lesquels l’esprit fonctionnerait toujours, de souvenirs liés à des sensations, émotions ou odeurs que nous offre l’auteur, nous permettant de découvrir cette jeune femme dont le sort a mal tourné.

Plein d’ingéniosité, très poétique et tragique à la fois, écrit avec une jolie plume, cette première partie pourrait se suffire à elle même.

La deuxième partie est plutôt consacrée au corps et à ce qu’il en advient. Et ici, on change de registre ; ou comment des amis sont prêts à l’impensable pour rendre sa dignité à leur amie. Cette portion tend plus vers le tragi-comique, la situation étant tellement absurde et burlesque. On perd totalement la poésie et la beauté du début, comme si c’était un autre livre. J’ai été beaucoup moins emportée et touchée par ce passage qui tranche trop avec la première partie du roman.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Combien de temps l’esprit d’un mort reste-t-il en état de conscience ? Que se passe-t-il pendant ce laps de temps ?



La réponse à ces questions se trouve dans le nouveau roman d’Elif Shafak : 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange.



Tequila Leila, prostituée sauvagement assassinée est retrouvée morte dans une benne à ordures dans une rue d’Istanbul.



Commence alors le récit, écrit à la première personne du singulier. Durant ces longues minutes, Leila se remémore des souvenirs de son enfance, nous raconte ses 5 amis, des moments forts de sa vie. Une vie somme toute assez triste, semée d’embuches, d’épreuves, de violence. Une enfance volée où elle a subi des viols répétés à partir de 6 ans, une adolescence bousculée, un départ précipité à Istanbul pour essayer de vivre autrement, mieux. Mais c’est une descente aux enfers, le recours à la prostitution, les rafles, les clients fous et violents.



Les personnages sont attachants, celui de Leila notamment qui va devenir sous nos yeux une femme forte, courageuse, et ceux de ses 5 indéfectibles amis, Nalan, le transexuel, Jameela, jeune prostituée africaine, Zaynab122 femme arabe qui s’occupe du ménage au bordel, voyante à ses heures, D/Ali, jeune artiste communiste que Leila finira par épouser, Hollywood Humeyra, chanteuse qui fréquente des endroits glauques. Tous sont des écorchés vifs de la vie, des cas atypiques, des laissées pour compte, des marginaux exclus de la société qui survivent comme ils peuvent à Istanbul, plaque tournante, où ils sont tous venus dans l’espoir d’avoir une vie meilleure.



Les portraits sont magnifiques, malgré toute la blessure que l’on ressent à lire leur destin. C’est criant de vérité, odieux au possible, cela nous prend parfois aux tripes, l’écriture incisive de l’auteure accentue encore ce récit sombre, qui tente de s’éclaircir sur la fin.



Elif Shafak nous décrit la Turquie du XXe siècle, encore empreinte de sexisme, où la femme n’est nullement considérée comme un être humain, une Turquie homophobe, qui prône le rejet et l’humiliation de toute forme de différence. Elle excelle à nous raconter les sentiments, les histoires de ces filles, de ces femmes, leur vulnérabilité, leur peur, leurs douleurs. Après une première partie narrative très prenante « l’esprit », suivent 2 autres parties qui nous font vivre l’amitié avec un grand A.



Un roman original qui commence fort avec le corps de Leila morte dans une benne à ordures, et se termine en apothéose avec le lien de ses amis qui s’unissent, bravant divers dangers, pour l’amour de Leila afin de lui offrir une sépulture digne d’elle. On est emporté par le sujet, par l’histoire de Leila. On veut savoir pourquoi, comment, jusqu’où.



Un livre atypique très intéressant, qui ne nous laisse aucun répit de lecture, marquant par ses personnages forts. Je me souviendrais longtemps de Leila.

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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Elif Shafak est une écrivaine turque, dont j'apprécie la subtilité du discours. Elle choisit de donner la parole aux personnes mises à l'index dans son pays, les femmes, les gays, les Kurdes et bien d'autres, tous les opposants au régime en place, en général.



"10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange" prend vie sur un espace-temps original, le temps que met le cerveau à se déconnecter du corps après l'instant T de la mort clinique. Profitant de ces quelques minutes, Leila passe en revue sa vie et les circonstances qui l'ont conduite à la prostitution pour finir assassinée, jetée dans les détritus d'Istanbul. Divisé en trois parties, L'esprit, Le corps et l'Âme, ce roman déroule deux histoires différentes et complémentaires.



Dans la première, l'Esprit, grâce aux odeurs qui émanent de son environnement, comme Marcel Proust et sa célèbre madeleine, Leila se remémore les différentes étapes de son passé, ses proches avec leurs secrets inavouables et les abus de toute sorte qui l'ont conduite à s'en éloigner, choisissant le seul moyen de survivre pour une femme sans instruction, la prostitution. Au gré de rencontres particulières, elle se recompose une famille de cœur, une famille d'eau pour l'autrice, en tissant des liens d'amitié forts avec d'autres "parias" à son image. Certains portraits sont truculents et distillent un moment de légèreté appréciable dans les bas-fonds étouffants d'Istanbul.



Dans la seconde, Le Corps, se déroule une épopée macabre menée tambour battant par les cinq amis de Leila pendant laquelle j'ai un peu décroché. Hésitant entre rire devant le grotesque des personnages pourtant animés d'un projet louable quoique rocambolesque, et pleurer de perdre tout le fil d'une histoire remplie d'humanité et de poésie qui m'avait permis de cerner un beau portrait de femme volontaire.



Les points forts de cette histoire sont basés sur le thème général, l'amitié, la discrimination des êtres hors normes, ainsi que l'écriture, toujours aussi magistrale, pour faire vivre les quartiers d'Istanbul, même lors des maltraitances envers les exclus. En revanche, le bémol s'est imposé par les caricatures poussées à l'extrême des amis dans leur lugubre expédition nocturne. La dernière et courte partie, L'Âme, envolée lyrique sur le grand repos, l'esprit enfin en paix avec le corps, donne une chute magistrale au récit, mais n'a pas réussi à effacer ce qui m'a perturbée.



Refermant ce roman, je me suis trouvée démunie de toute l'émotion que j'avais pu accumuler depuis que j'avais fait la connaissance de Leila et de sa vie, comme si ses turbulents amis me l'avaient arrachée, me laissant le cœur froid, presque indifférent face à un destin qui ne peut que bouleverser, sans apitoiement. C'est une impression bizarre, suffisamment dérangeante pour me gêner et ne pas pouvoir déterminer si j'ai aimé ou pas ma lecture, sans toutefois pouvoir l'oublier.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Et si tout ne s'arrêtait pas après notre mort ? Si la fin était en réalité le début d'un implacable compte à rebours... 10 minutes et 38 secondes au sablier.



10 minutes et 38 secondes, c'est tout ce qu'il reste à Tequila Leila avant que son étoile ne s'éteigne. L'occasion de remonter le temps, de revenir à la vie dans un souffle agité, de pleurer, de rire, d'aimer et de souffrir à chaque sursaut mémoriel du cerveau. Tequila Leila, le rayon de soleil d'Istanbul, naît sous la plume d'Elif Shafak et renaît dans le cœur du lecteur. Elle laisse une empreinte si forte qu'un seul désir reste en tête : savoir enfin ce qui lui est arrivé ! Chaque page défile comme un grain de sable tombant inévitablement sur la dune du sablier.



Tequila Leila, c'est le rayon de soleil d'Istanbul, il peut brûler, les nuages cherchent sans cesse à le cacher et le ternir mais il finit toujours par réchauffer l'âme des voyageurs. Alors les pages défilent, la lecture s'enflamme... 10 minutes et 38 secondes. On dirait que pas une de plus ne s'est écoulée depuis que j'ai refermé ces pages.



Il me semble que le temps s'est arrêté au soleil d'Istanbul, que je reconstitue dans ma mémoire. Tant de thèmes abordés avec délicatesse et pudeur. La famille, premier rouage du mystère Leila.

De qui est-elle l'enfant ? Et finalement, de qui sont tous les orphelins d’Istanbul ? Révolutionnaires ou réactionnaires, religieux ou blasphémateurs perpétuels, vierges ou putains, tous crament sous l'incandescence d'Istanbul. Ni de l'Orient, ni de l'Occident, ils sont les enfants de personne.

Les révolutionnaires froissent le pavé en criant, les américains se glissent dans l'ombre d'une ruelle à bordels, les travestis chantent l'amour perdu et font boire les pères de famille au night-club.



Et puis il y a Charlie Chaplin, le chat sourd. Il observe la ville se débattre contre les étaux qui l'enserre. Il attend patiemment sous le soleil de plomb que les femmes viennent lui ouvrir leur sanctuaire pour un peu d'eau et de poisson. Indifférent au temps qui passe, il n'y a pour lui pas de 10 minutes et 38 secondes qui vaillent la peine.

Comme une incarnation métaphysique, Charlie Chaplin a neuf vies pour se réinventer, et ainsi recommence Istanbul. Les 10 minutes et 38 secondes se sont écoulées, ce monde étrange est resté.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Un livre difficile à noter pour moi car si la première partie "l'esprit" m'a emballée, le seconde "le corps" m'a terriblement ennuyée. En fait, c'est comme si ces 2 parties avaient été écrites par des auteures différentes.



L'esprit: c'est l'esprit de notre héroïne, Leila, retrouvée morte dans une benne à ordures. L'esprit de Leila continue de fonctionner précisément 10 minutes et 38 secondes suite à son décès et nous emmène, de sa naissance à sa mort, au fil de ses souvenirs. J'ai beaucoup aimé ces flash back, très bien amenés. Les liens avec les odeurs. Son enfance auprès de cette famille aux nombreux secrets, aux nombreux abus. J'ai moins aimé les 5 chapitres de 2-3 pages dédiés aux 5 amis de Leila (un peu courts pour s'y attacher, un peu longs pour les ignorer).



Le corps

La seconde partie est complétement différente. Il s'agit d'une sorte de rocambolesque périple mené par ses 5 amis. Je me suis vraiment ennuyée dans cette partie, en fait, je ne vois même pas ce qu'elle est venue faire là, je trouve qu'elle gâche cette très belle première partie. Idem pour l'écriture, que j'ai beaucoup appréciée dans la première partie, mais alors dans la seconde... les descriptions des actions de chacun des 5 amis à chaque moment de leur périple (l'ami no 1 qui conduit, le no 2 qui s'assied à l'arrière, le no 3 qui perd sa pioche, le no 4 qui picole, le no 5 qui pleure... et rebelotte pour l'action suivante), pas compris du tout.



Quoi qu'il en soit, je retenterai volontiers une lecture de cette auteure, Elif Shafak, car j'ai trouvé l'idée de ce roman excellente, ainsi que son écriture dans la première partie.



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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Lu dans le cadre du jury Grand Prix des Lectrices Elle 2020, catégorie roman



« De même que l’amer peut se dissimuler sous le doux, ou l’inverse, dans tout esprit il y a une trace d’insanité, et dans les profondeurs de la folie luit un grain de lucidité ».



Monsieur Chaplin, flâneur nocturne trouve la porte close. Il attend patiemment devant…

Sa maîtresse est partie rejoindre le bleu, l’harmonie et la liberté.

Pendant, 10 minutes et 38 secondes, temps au cours duquel le cerveau aurait une activité post-mortem, coincée dans une benne à ordure car assassinée, Leila, prostituée expérimentée sur les rives du Bosphore, va revenir sur les moments de son enfance et sa destinée de femme.

C’est le récit d’une multitude de malentendus de l’existence et des combats d’une vie.

Cette fille d'Anatolie, qui n’appartient ni à sa mère ni à son père, s’insurge contre les conventions, les préjugés, les croyances, habitée par la méfiance.

Elif Shafak dresse le portrait d'une femme obstinée, libre qui fait de sa vie un combat.



« Même si tu te crois en sécurité ici, ça ne veut pas dire que ce soit l’endroit qui te convienne, riposta le cœur. Parfois c’est là où tu te sens le plus à l’abri que tu es le moins à ta place. »



Ce personnage rayonnant, a suivi son cœur lors de sa naissance : elle avait l’odeur des anges qui ne voulaient pas la libérer, a hésité à rejoindre le reste de l’humanité. Sa naissance présageait donc l’avenir : elle deviendra une âme rebelle.

La honte, la culpabilité, le mensonge, le silence, les traditions et superstitions, l'obscurantisme et le patriarcat, la brutalité des hommes vont déterminer la vie de Leyla.

Elle ne croit pas au dieu de son père qui a choisit l’honneur et a décidé de consacrer sa vie à répandre la crainte de dieu car « C’est une affaire grave de croire quelqu’un ».



Cette femme déterminée et courageuse va s’enfuir pour Istanbul où elle choisira sa famille constituée de marginaux tellement humains : Nalan, l’ouvrier transsexuel, Jameelah l’africaine exilée, Zaynab122, la naine tasséomancienne, Humeyra, la chanteuse en fuite car violentée par son mari.

Les bannis de cette cruelle société turque vont se battre dans une seconde partie pour la dignité de Leyla et lui offrir l’inhumation qu’elle mérite. Car comme tous les maudits elle doit se retrouver dans le cimetière des abandonnés.



L’auteure, féministe qui lutte pour les droits des hommes contre ce pouvoir obscurantiste d’Erdogan, elle-même exilée, décrit une Turquie qu’elle a du quitter dans un roman jugé obscène par les autorités. Elle dresse un magnifique portrait de femme et raconte avec élégance ces minorités.



Cette première découverte d’Elif Shafak m’a donnée envie de lire ses autres romans qui sont à l’origine de son exil.

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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Ce roman débute par un meurtre.



Pas de suspens de ce côté-là, on sait que notre héroïne finit dans une benne à ordures, dans une ruelle sordide d’Istanbul.



Sauf que le lecteur se retrouve d’emblée aux côtés de l’esprit de Leila, notre héroïne morte. On comprend alors que le titre représente le laps de temps entre la mort biologique et l’extinction définitive de l’esprit qui occupait jusqu’alors les lieux. L’extinction ou sa libération vers d’autres cieux, une autre dimension ou même le néant, selon les croyances de chacun.



Minute après minute, chapitre après chapitre, Leila se remémore des instants de sa vie, depuis sa naissance jusqu’au tournant tragique de son destin. On découvre alors ce que fut le début de sa vie dans un petit village d’Anatolie (la partie asiatique de la Turquie), sa famille, ses secrets, ses tourments, ses mensonges, le poids de la religion et le déshonneur.



La Leila adulte est une prostituée, une citoyenne de seconde zone, une indésirable pour sa famille et la société bien comme il faut. Son esprit nous raconte au fil des chapitres comment elle en est arrivée là. Comment et pourquoi elle a quitté sa famille et un avenir tout tracé, comment elle a atterri dans la rue des bordels à Istanbul ? Qui sont ces cinq amis qui tiennent tant à elle, quelle a été leur histoire à eux ? D’où viennent-ils et pourquoi sont-ils aussi des indésirables ?



A travers ces six personnages, on part à la rencontre de vies, de lieux, de tragédies différentes.



Comme à son habitude, Elif Shafak fait preuve de beaucoup de douceur dans sa narration, autour de thèmes pas franchement mielleux. Profondément humaniste, elle contrebalance tous les travers de la société turque par des valeurs réconfortantes. La noirceur peut être repoussée par la lumière et l’espérance.



Le poids des traditions et de la religion, la rigidité, l’intolérance, la répression, le jugement, les lois, le rejet, la misère, la souffrance... tout cela est jugulé par la force et la chaleur de l’amitié et l’amour. Un îlot de réconfort dans une tempête en furie.



Toutes ces vies ballottées ont remué mes émotions. Le samsara de l’existence est comme un fleuve déchainé qui emporte tout sur son passage, rendant chaque minute, chaque seconde comme un rêve éphémère et déjà oublié. L’être humain s’échine à se pourrir la vie et celle de ses congénères en inventant tout un tas de règles morales aussi rigides que destructrices, des principes ridicules qui ont pourtant le pouvoir de briser des vies. Il suffirait pourtant de distiller dans ce monde un peu plus de souplesse, de tolérance et de bienveillance. Cette bienveillance existe déjà, certes, par petites touches, et c’est ce qui rend la vie de certains plus tolérable, mais ce n’est pas assez.



Elif Shafak signe ici un roman en faveur du droit des femmes, toutes en général, et les prostituées en particulier, dans un pays (la Turquie) où tant reste encore à faire. (Et pas que la Turquie d’ailleurs).



Bonne lecture.
Lien : https://lebouddhadejade.blog..
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Je ne connais pas l'auteure. En fait je n'ai jamais lu, à ma connaissance, d'auteur turc. Partons à la découverte !

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"10 minutes et 38 secondes" : l'auteure imagine que pendant cette durée, même si notre corps est mort, notre esprit tourne encore et se remémore certains souvenirs.

L'auteure va égrener minute après minute, des épisodes de la vie de son héroïne, Leila, femme turque, dont le corps va être retrouvé dans une poubelle suite à son assassinat.

C'est original, mais un peu décousu. Je ne sais pas si c'est ça qui a fait que j'ai eu quelque mal à m'attacher à cette héroïne, bringuebalée par la vie, par le patriarcat, par un monde arriéré mais très actuel de domination. Il m'a manqué un je ne sais quoi pour être touchée.

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Au final j'ai trouvé la 2e partie (les amis de Leila se liguent pour lui offrir une cérémonie mortuaire comme elle aurait aimé ou comme ils voudraient pour elle) plus relevée par ses personnages atypiques. En fait je serais bien restée avec ce groupe bancal mais attachant.

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Donc une lecture en demie teinte pour moi, mais un roman intéressant.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Il y a longtemps que je veux lire Elif Shafak et découvrir un de ses romans alors j’ai sauté sur l’occasion avec la publication de son dernier roman 10 Minutes 38 Seconds in this Strange World. Il faut dire que le résumé est vraiment intriguant !



Leila vient de mourir et dans la première partie du roman, nous suivons les dix minutes qui suivent sa mort. Pendant 10 minutes, sa vie va défiler et elle va nous raconter ses souvenirs : son enfance, son arrivée à Istanbul, sa vie au bordel en tant que prostituée, sa rencontre avec ses amis…. Dans la seconde partie, on suit les gens qui ont connu Leila et qui se confie. C’est un beau portrait de femme que signe ici l’auteure.



Tous les personnages sont attachants : Leila bien sûr mais aussi tous les personnages qui gravitent autour d’elle. Leila est une jeune femme forte, naïve parfois mais tellement drôle et audacieuse. Elle m‘a fait sourire très souvent et je l’entends encore dire « Darling ». Son histoire est aussi parfois très touchante, notamment son enfance ou certains passages peuvent être difficiles.



Le contexte historique est très bien dépeint en arrière-plan de l’intrigue : en Turquie où j’ai appris beaucoup mais aussi le contexte international où l’on assiste à l’assassinat de Kennedy ou encore la lutte de Martin Luther King via Leila et les journaux d’époque qu’elle lit.



C’est aussi une autre vision de la Turquie. Quand je pense à ce pays, je suis très loin d’imaginer les bordels, les transsexuels… On sent une société bien complexe, où tradition et modernité s’opposent, Europe et Orient, Islamique et Athée.



Enfin je suis conquise par la très belle plume de l’auteure et la construction de ce roman qui comprends récit dans le récit et qui fonctionne à merveille. Cela m’a rappelé parfois les contes des 1001 nuits. Je lirai sans hésiter d’autres romans d’Elif Shafak car j’ai passé un excellent moment avec celui-ci.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Troisième roman d’Elif Shafak que je lis, « 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange » retrace le destin de Leila, depuis le moment de sa mort dans une rue d’Istanbul pendant 10 minutes & 38 secondes.

Ce laps de temps suffit à retracer les moments importants de sa courte vie, depuis son enfance dans un village anatolien jusqu’à son arrivée dans la capitale, la rencontre avec chacun de ses amis.

Elif Shafak est une conteuse née, elle prend le lecteur aux tripes avec des personnages aux destins atypiques, confrontant de face la Turquie ancestrale, traditionnelle et patriarcale à la Turquie moderne.

Une lecture sympathique dont j’ai, néanmoins, de loin préféré la première partie – la deuxième manquant, à mes yeux, justement de l’incroyable talent d’Elif Shafak à raconter de belles histoires.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Magnifique livre, comme tous ceux d'Elif Shafak! Puissant et émouvant! Une belle histoire de vie,d'amitié et de cette Istanbul si pittoresque!
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Tequila Leila, meurt assassinée à Istanbul en 1990, à l’âge de 43 ans. L’auteure construit sa narration autour d’une idée (non confirmée scientifiquement) qui prétend que le cerveau aurait une activité post-mortem de 10 minutes et 38 secondes pendant lesquelles Leila se remémore les événements marquants de sa vie. Nous nous immisçons dans le quotidien d’un famille Turque musulmane avec tout le poids des traditions qui rythment sa vie. La condition de la femme, dés la naissance y est inférieure à celle de l’homme. Leila, subit rapidement des outrages sexuels de son oncle qui seront ignorés par son père au nom de l’intérêt supérieur de la famille. Revendiquant une liberté de vie qu’elle ne pourra obtenir en restant chez elle, elle s’enfuit à Istanbul où son activité dans un bordel lui permet de survivre. La description de sa vie, des ses rencontres avec cinq amis qui lui resteront fidèles, son mariage heureux mais bref avec D/Ali, artiste révolutionnaire illustrent très bien les conditions de vie à Istanbul dans la deuxième moitié du 20ème siècle. La seconde partie du roman, après l’écoulement des 10 minutes et 38 secondes voit les cinq amis se regrouper pour offrir à Leila une inhumation digne qui lui a été refusée par sa famille et la société. L’intérêt de cette partie fantaisiste animée par ces « pieds nickelés » amis de Leila est moindre, mais on peut y voir un souci de compensation de la triste fin de Leila par des marginaux solidaires, bien vivants et faisant preuve d’une grande humanité dans un monde qui leur est plutôt hostile.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Livre coup de cœur

Istanbul. Tequila Leila est allongée dans une position inconfortable.

Il faut dire qu’il s’agit du fond d’une benne à ordures. Se pourrait-il que sa vie se termine déjà ?

Avant que tous ses organes ne deviennent que matières inertes, son cerveau lui envoi des souvenirs au hasard.

Des souvenirs d’odeurs, de fragrances qui lui rappellent des moments de vie et la rencontre de ses quelques vrais amis.

Ces 10 minutes et 38 secondes seront ses dernières dans ce monde.

Ce livre est tellement bien écrit.

C’est un livre difficile sur la condition des femmes.

Plus particulièrement dans un pays ou la religion est si prégnante.

Au fil des chapitres, j’ai été heureux de ses moments de bonheur et triste de ses peines.

Leila, une femme parmi tant d’autres. Un être humain avec toutes ses émotions complexes.

J’ai eu envie de l’accompagner dans son dernier voyage.

Donne-moi la main, Leila, avant que tu ne t’éteignes.

A lire absolument.

@lireetlivres
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