L'Américaine lança les bras en l'air en signe d'exaspération.
- C'est comme pour obtenir mon permis d'exploitation. Je les ai demandés alors que j'étais en Californie. Ils m'ont répondu qu'aucun permis ne pouvait être délivré parce que je n'étais pas sur place en train de travailler. J'ai dit que j'allais venir ici pour faire une nouvelle demande. Ils m'ont répondu que je ne pouvais pas faire le voyage jusqu'ici sans permis de travail.
"Plus personne ne rend de comptes. Les gens s'assoient dans leur fauteuil et ils laissent les atrocités se commettre. On rase des forêts entières. On détruit des cultures, on jette au panier des traditions simplement parce qu'elles ne sont pas compatibles avec Internet. On élève les enfants en leur laissant croire que regarder la télévision est nécessaire à leur survie, et la seule culture qu'ils possèdent leur vient de la publicité." (10/18 - p.574)
"C'est toujours ainsi que les choses se passaient, de cette même manière, abrupte et inattendue, comme s'ils se trouvaient poussés soudain par une voix que nul autre qu'eux ne pouvait entendre. Le suicide était un grand péché, et sa conséquence certaine, une réincarnation sous une forme de vie inférieure. Mais choisir de revivre à quatre pattes pouvait être une solution tentante face à la seule autre possibilité : une vie sur ses deux jambes dans une brigade de travaux forcés chinoise." (10/18 - p.12)
Au départ de mon cheminement, j'étais triste et j'avais peur. Maintenant, je n'ai plus de tristesse. Et la seule peur qui me reste, c'est la peur de moi-même.
- Il est parti depuis combien de temps ?
- Pas très longtemps. Cinq, peut-être six ans. Mais il est en bonne santé.
"Si la Terre disposait d'un lieu et d'une saison où se forgent les âmes, c'était sûrement au Tibet, ici et maintenant, sous le clair de lune, en ces étendues sauvages d'altitude, par une nuit de printemps encore glacée." (10/18 - p.14)