Interview par Jenn Guerrieri
- Pour vous apprendre à me hair, il faudrait que vous sachiez m'aimer. Mais votre cœur ne crie pour personne, milord.
(...)
- Non, tu as raison, Emilia, chuchote-t-il à mon oreille. Il hurle seulement pour toi.
J'ai voulu patiner avec mon cœur, mais tu l'avais entre tes mains.
Glacé, mon coeur ne le sera plus jamais. Mais si le tien venait un jour à se frigorifier. Compte sur notre amour pour le réchauffer.
Au commencement de notre histoire, le destin perfide créa le serpent et le papillon, puis les sépara. Il donna à l’un les ténèbres et à l’autre la lumière afin que leurs âmes jumelles puissent un jour se retrouver, attirées par leur opposé.
Le destin cruel appela ces ténèbres « haine » et la lumière « amour ».
Je l’attendrai.
Peu importe sa vie, sa mort m’appartient.
S’il le faut, je la chercherai à travers tous les cercles de l’enfer durant des milliers d’existences pour la retrouver.
Et elle m’attendra dans chacun de ces abîmes, durant des milliers de vies jusqu’à ce que je la retrouve.
Oui, elle le fera.
Les soupirs de plaisir que je compte bientôt lui arracher seront les prémices d’une jouissance éternelle.
Celle que je lui refuse dans cette réalité, celle que je lui offrirai dans l’autre.
Puisqu’elle est désormais assez puissante pour me succomber, et que je suis devenu trop faible pour lui résister.
Ce lien entre nous est si fort, si puissant qu'il fait hurler nos deux âmes en un simple regard échangé. Néanmoins, personne ne semble les entendre. Personne à part nous. Et tout ça commence à me rendre fou.
J'espérais qu'en m'éloignant le plus possible de la piste pendant les grandes vacances, je pourrais panser mes blessures. Mais la glace ne cicatrise pas en été. Elle se fissure, se transforme, évolue. Jusqu'à ressusciter sous les premiers flocons d'hiver.
On dit que le deuil ne nécessite rien d'autre. Je crois que c'est faux. Il a besoin d'un but. d'un objectif. Quelque chose qui lui fera ouvrir les yeux le matin en remerciant le ciel que ça ne soit pas un gâchis.
Peu importe que je n'aie ni ceinture ni destination. Du moment que tu me laisses être ton passager.
Jamais je n’avais pris quelqu’un avec des griffes rétractées. Je n’ai toujours su que lacérer, déchirer, forniquer jusqu’à saigner. Et voilà que tu m’as appris à aimer. Aimer. Un mot que je peine encore à prononcer.