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3.76/5 (sur 34 notes)

Nationalité : Espagne
Né(e) à : Santander , 1979
Biographie :


Emilio Sánchez Mediavilla (Santander, 1979) est journaliste et cofondateur de la maison d'édition Libros del KO, il a travaillé à l'Agencia EFE, à La Opinion de A Coruña et au Condé Nast Traveler. Il a occasionnellement collaboré avec des médias comme El País, Vanity Fair ou Altaïr. En 2019, il a remporté le 1er Sergio González Rodríguez Chronicle Anagram Award pour Una datcha en el Golfo.

Source : Anagrama
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À l'occasion du festival Étonnants Voyageurs, Emilio Sanchez Mediavilla vous présente son ouvrage "Une datcha dans le Golfe" aux éditions Métailié. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2629645/emilio-sanchez-mediavilla-une-datcha-dans-le-golfe Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Le jeune Egyptien me rappelle ce guide américain juif qui, à Jérusalem, avait employé toute son ingéniosité à se gausser du récit musulman sur l'origine mythique de l'esplanade des mosquées. L'emphase avec laquelle un être profondément religieux démonte les croyances surnaturelles de l'autre foi me semble un signe incontestable de folie. Le moins qu'on puisse exiger d'un crédule, c'est une complicité avec les chimères d'autrui. Quand on croit aux fantômes, on ne peut pas rire des histoires de zombis.
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Entre les sunnites qui ont acclamé les blindés et les sunnites qui les ont subis il y avait les indifférents, ces jeunes dandys de l'élite, amateurs de voitures à grosse cylindrée et de Paolo Coelho, excellents animateurs des fêtes d'expatriés, drôles, charismatiques, soucieux du réchauffement climatique, dénonciateurs sur leur mur Facebook de la moindre injustice, sauf de celle qui leur permettait de garder leurs privilèges. Je me les imaginais comme ce play-boy libéral espagnol des années 30, peu croyant, pas du tout cul-bénit, connaisseur des avant-gardes artistiques européennes, qui se moque de l'esthétique martiale des hommes armés de la Phalange, mais qui respire avec soulagement quand Franco fait son coup d'État. Des gens comme H. qui, au milieu d'une fête, quand une certaine intimité s'était installée, disait des phrases comme : "Les chiites sont la majorité en quantité, mais pas en qualité." Ils parlaient des chiites avec ce même mépris avec lequel j'ai toujours entendu parler des gitans en Espagne.
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INDEX

Le sucre est la cocaïne halal. L'extrémisme de la beauté. Les chameaux ont toujours l'air heureux. Ne pas confondre chameau et cordage en araméen. Si les Palestiniens étaient chiites, Israël n'existerait pas. Autrefois tout le monde baisait avec tout le monde. Dieu est un calcul de probabilités. Des vierges en miel butinées par des abeilles à contre-jour. Je me souviens d'avoir bombardé la Géorgie. Les jours de beau temps, on voit l'Arabie saoudite. Ce pourrait être Miami Beach. Tout ça, c'était la mer. En Occident vous confondez la liberté et le nihilisme. Combien de chances j'ai de tomber sur un iPhone dans le désert ? Bahreïn est une île et vous n'avez pas d'échappatoire.
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La nervosité de sa voix et la loquacité de son récit semblent contredire son rétablissement. L'invasion, les arrestations d'amis et de parents, la persécution de la police, les menaces de mort reçues sur les réseaux par des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, le cri de ses enfants lui demandant de faire taire l'hélicoptère qui survolait leur maison, la peur aux check-points des soldats saoudiens. Il n'échappe à tout cela que lorsqu'il voyage en dehors du pays ou quand, de retour à Bahreïn, il se remémore quelques-uns des endroits qui l'ont le plus impressionné. II aime l'Andalousie non comme un territoire revendiqué à reconquérir, mais comme un rappel de ce que sa culture peut atteindre lorsqu'elle n'est pas occupée à s'autodétruire. De ce passé lointain il ne mythifie pas les conquêtes, mais l'architecture, les arts, les poètes. Également la cohabitation religieuse.
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Dans le jardin il y avait un bar en bambou, genre paillotte de plage. Chaque invité était obligé de servir à boire pendant un moment. Je critiquais toujours ce genre d'idées, mais je découvrais ensuite les avantages d'avoir à ma disposition un défilé loquace de la faune expatriée : des ingénieurs galiciens qui baragouinaient en arabe avec l'accent des Rías Baixas, des stagiaires françaises du centre culturel de l'ambassade, des étudiants saoudiens en escapade pour le week-end, des hôtesses de l'air philippines des Emirats arabes, des étudiantes soudanaises, des Libanais qui idéalisaient la nuit de Beyrouth, des Algériens mariés puis divorcés avec des Ecossaises indépendantistes à la chevelure frisée, des artistes bahreiniens qui exposaient leurs œuvres dans des cliniques d'orthodontie, des écologistes syriennes véganes qui travaillaient dans des entreprises pétrolières, des artistes canadiennes cabotines qui avaient troqué l'anonymat à Berlin pour les applaudissements et la reconnaissance dans le microcosme bahreinien, des Serbes qui essayaient de faire classer patrimoine mondial par l'Unesco les tumulus funéraires de la civilisation disparue de Dilmun, des Egyptiens spéculateurs de terrains gagnés sur la mer qui portaient des chemises moulantes qui soulignaient leurs mamelons, des Espagnols conseillers du ministère du Tourisme, des Bahreïniens de Riffa qui arrivaient en dérapant avec leur Porsche, des Druses divorcées, des photographes argentins obsédés par le yoga, des constructeurs greco-chypriotes qui roulaient les joints comme s'ils tissaient des tapis en soie. Restaient hors de ce défilé et de ces fêtes les garçons du parc et les amis bahreiniens qui jamais de leur vie n'étaient allés dans un bar et qui me demandaient parfois quelle sensation cela faisait de boire un verre de vin.
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Le Gulf Hotel d'Adliya abritait le seul magasin d'alcool de Bahreïn, divisé en deux rayons différenciés : l'un pour les esclaves, à l'esthétique de hangar dépouillé - sol noir, caisses empilées dans un certain désordre, éclairage ténu - et l'autre "pour le reste", expatriés et Arabes, qui se déployait luxueux et attrayant comme une boutique design. Ici, la climatisation était plus forte et la lumière plus intense (avec différentes intensités et couleurs pour la cave à vin vitrée et le cellier à vodka), la gamme de produits beaucoup plus variée et chère, les employés à la caisse enregistreuse beaucoup plus obséquieux avec le client. Chacun avait sa propre porte d'accès et de sortie, ce qui assurait aux deux mondes de ne pas se mélanger. J'avais coutume d'aller au rayon des esclaves, car la bière y était moins chère ; à la caisse, au moment de payer, mon imposture éclatait au grand jour : j'étais là avec mon pack de 24 grandes canettes d'Efes Pilsen, alors que les hommes esclaves - je n'ai jamais vu une seule femme dans le magasin "pauvre" - n'emportaient qu'une ou deux canettes chacun. Tout le monde avait ses boissons enveloppées dans des sacs noirs, genre sacs-poubelle. Dans la partie noble, où tu avais parfois envie de rester des heures à flâner, tu avais tes boissons enveloppées dans des sacs de couleur crème au logo de l'hôtel : comme les sacs noirs, ils étaient opaques, pour ne pas blesser les sensibilités rigoristes. La viande de porc aussi était cachée. Les supermarchés vendaient ce produit dans des rayons à l'écart, hors de la vue, comme le rayon porno des anciens vidéoclubs. Il y avait des caissières qui détournaient le regard, épouvantées, quand elles voyaient un paquet de bacon s'approcher d'elles sur le tapis roulant noir. Quand le commis qui mettait les courses dans des sacs s'en apercevait, il utilisait l'un des sacs comme un gant et il se jetait rapidement sur le bacon pour le passer lui-même au-dessus du code-barres et l'éloigner de la vue de la caissière, qui souriait, reconnaissante et soulagée. Ce geste me paraissait simple et beau. Je me sentais tellement embarrassé que j'ai arrêté d'acheter du porc.
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Il y avait la prière qui s'écoute dans la solitude et le silence, en voiture ou dans le jardin de la maison ; la prière dans le port de Budaiya, lorsque le soleil disparaissait à l'horizon de l'Arabie saoudite, produisait une autre forme d'étrangeté ; quelques amis se réunissaient alors en cercles de chaises blanches en plastique pour prendre le thé. Le matin, sur la terrasse du Layali, on entendait la prière sur un bruit de fond de jet-ski, un homme fumait la chicha à la table d'à côté, il y avait un jardinier au regard vague et un groupe de putes philippines en train de déjeuner. La plupart du temps, la prière était un klaxon de plus au milieu des bruits caractéristiques de la ville, un klaxon cosmique ; à mesure que les bruits de la ville allaient en s'éteignant, la prière gagnait en intensité. Sa version la plus brute était celle de l'appel à la prière de l'aube, entendue dans le lit au milieu d'un silence absolu, un murmure de foule qui s'approche : la première fois, j'ai cru qu'il s'agissait d'une manifestation qui progressait vers la maison, et j ai pris peur. Depuis, elle ma toujours fait l'effet d'une cérémonie secrète pour ressusciter les morts.
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Nasser* veut installer un mode de vie sain dans la population, dit-il dans une vidéo promotionnelle de l'épreuve de triathlon de Bahreïn. Sa véritable obsession, c'est le triathlon. Il a monté l'équipe Bahrain Endurance 13 Triathlon, dans laquelle concourt le médaillé d'or olympique britannique Alistair Brownlee. Fort de cette expérience, il a obtenu de plusieurs entreprises publiques qu'elles investissent environ quinze millions d'euros dans l'équipe de cyclisme Bahrain Merida, où courent des figures mondiales comme lon Izagirre et Vincenzo Nibali. Bahrain Merida a débuté au Tour d'Italie 2017. Sa première victoire a été obtenue par Nibali le 23 mai, dans l'étape reine de la course, sur les pentes du Stelvio. Le jour même où, dans la nuit, la police bahreïnienne a pris d'assaut le village de Diraz : une victoire d'étape, 5 morts et 286 détenus.

*Nasser ben Hamed al-Khalifa, le plus jeune fils du roi, le "play-boy".
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Adliya était une capsule en marge du reste du pays, et l'hôtel une tour de verre qui pendant les mois d'été transpirait des taches de vapeur comme la porte d'un sauna. Si tu avais de la chance et que tu tombais sur une chambre dans les étages supérieurs, la vue était formidable : des immeubles, des minarets, des terrains vagues, des autoroutes, les jardins du palais royal, le tout enveloppé parfois de cette brume sale de chaleur, de sable et de pétrole. A l'entrée de l'hôtel, il y avait un hall avec le sol en marbre, des colonnes dans le style baroque néo-babylonien et des lampes versaillaises. La propreté des couloirs relevait de l'obsession, frôlant la paranoïa, comme il correspond au luxe entretenu par des esclaves qui frottent sans interruption des sols de marbre blanc qui brillent comme des étangs. C'était le genre d'hôtel dans lequel descendent l'ambassadeur du Koweit le temps que les travaux de l'ambassade soient finis - m'a confié l'agent d'entretien bengali -, des hommes et des femmes d'affaires, certaines familles saoudiennes en vacances et beaucoup de marines américains. Par fois, tout ce petit monde se croisait au bar du Sherlock Holmes, le pub irlandais : le Saoudien en qamis, I'Américain bodybuildé et la prostituée philippine. [...] Le Sherlock était une cave gigantesque et sombre où plusieurs écrans de tailles variées retransmettaient toutes les ligues d' Europe et du golfe Persique. II était inévitable de détourner ses yeux de la Premier League pour s'intéresser aux matchs de la ligue saoudienne, que personne d'autre ne regardait : des joueurs d'une maladresse attendrissante, des supporters en qamis dans des gradins presque vides. Le saumon qu'on y servait était d'un orange de jus en poudre Tang, la serveuse éthiopienne nous connaissait par nos prénoms, le mac des putes philippines faisait un peu peur lorsqu'il jouait seul aux fléchettes, les groupes de marines criaient autour du billard comme des adolescents en voyage de fin d'année, quand bien même ces voyages les emmenaient parfois dans des destinations aussi peu appétissantes que l'Irak.
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Ce jour-là, il m'a raconté qu'il était le fils d'une mère sunnite et d'un père chiite-ou sushi, contraction de l'anglais sunni et shia-, mais qu'il était athée, comme ses parents. Il a été le premier à me dire cette phrase : "Avant, ma mère portait des mini-jupe", qui m'a ensuite été répétée tellement de fois par tellement d'amis que j'en suis venu à croire que c'était une sorte de légende urbaine que jamais personne n'avait pris la peine de vérifier. Puis il a ajouté, avec un mélange de colère et d'envie: "A Bahrein, dans les annees 60, tout le monde baisait avec tout le monde". Il buvait avec anxiété et affectait un enthousiasme guindé, qui ressemblait assez à de la tristesse. Il avait cette pointe de fragilité et de distance des Bahreïniens laïques, cette angoisse si réelle, si éloignée de la pose européenne, de celui qui n'a aucune place dans son pays. "C'est comme vivre dans la maison des Virgin suicides : vous ne savez pas ce que c'est d'avoir vingt ans dans une île du Golfe."
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