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Critiques de Emmanuel Quentin (61)
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Dormeurs

Quelle histoire, bon sang mais quelle histoire !!

Grâce à l'opération Masse Critique, j'ai pu découvrir ce nouvel auteur qui m'a fait voyager dans les plus vastes mondes oniriques de son cerveau.

Pour un premier roman, là je dois dire que la barre est très haute ! Alors avant tout, je remercie bien chaleureusement Babelio et les éditions le peuple de Mü qui m'ont envoyé ce livre avec une petite note de la maison d'édition qui fait toujours plaisir.



Nous sommes en 2017, la crise économique a fait des ravages. Face à une population en détresse et en plein désespoir, Dreamland est la solution pour oublier le quotidien.

Que l'on rêve d'amour, de pouvoir ou que l'on soit à la recherche de frissons... la société Dreamland vend des rêves aux thèmes très variés.

Fredric Jahan, dormeur professionnel nous raconte son histoire. Comment il est passé d'une vie de galères à son intégration chez Dreamland. Ses rêves sont les plus convoités de tous. Il connaît le succès jusqu'au jour où ses rêves ne s'enregistrent plus.

Il ne rêve plus, il navigue entre le temps, l'espace et les corps. Dans ces différentes dimensions, il va connaître la peur. L'apparition répétée d'un homme mystérieux vêtu de rouge laisse la mort sur son passage et semble lui vouloir du mal.



J'ai adoré cette histoire du début à la fin ! L'auteur fait un mixte entre le roman d'anticipation et le thriller.

L'histoire, racontée à la première personne nous transporte dans un tourbillon où l'on navigue entre rêves et réalités à travers les époques. de plus, le style d'écriture de l'auteur est excellent.

Une réflexion sur la mémoire, l'imagination et le temps est abordée tout au long du livre.

Fredric, le personnage principal est attachant. Les personnages secondaires Aurélie, Balti et Johan le retoucheur de rêves, amis et collègues de Fredric ont chacun une place bien déterminée dans l'histoire. Leur personnalité est bien pensée et réfléchie. Même les personnages mineurs ont leur rôle. Pas de fioritures donc !



J'ai également aimé la manière dont la structure du livre est composée avec de temps à autres des impressions de mails, coupures de presse et autres éléments qui marquent un temps d'arrêt dans l'histoire et allègent la lecture.



La couverture du roman est sublime et illustre parfaitement l'ouvrage. le format du livre est idéal entre le poche et le broché.



Une magnifique découverte ! Emmanuel Quentin est un écrivain très prometteur que je compte bien suivre.

Amis lecteurs, foncez sur ce roman sans hésiter !
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Dormeurs

I have a dream.

Frederic Jahan pourrait décliner cette célèbre maxime à l'infini puisqu'il en a fait son gagne-pain. Vendant ses vagabondages nocturnes à une clientèle fortunée pour le compte de Dreamland, notre Frédo dézingue régulièrement les objectifs les plus optimistes pour caracoler en tête des ventes.

Rêveur pro qu'il est le gars, s'cusez du peu.

Faut croire qu'un vilain p'tit grain de sable aigri ait eu vent de son insolente réussite pour décider, tout de go, de se glisser dans sa tong en cuir pleine peau.

Non content de délivrer désormais une page vierge et donc totalement inexploitable de ses hauts faits nuiteux, notre doux rêveur se retrouve alors persécuté par une entité rougeoyante hostile tenant bien plus du loup affamé que du Petit Chaperon.



Un Dormeurs qui vous tient éveillé, c'est possible et désormais avéré.

Une vague filiation avec Total Recall et son Swhze, Schwase, raaaaah, Governator survitaminé, la comparaison s'arrête là.

A la frontière entre polar et futur fantasmé, ce Dormeurs surfe habilement sur moult genres avec la grâce et l'intelligence d'un Einstein multipliant le triple axel sur terrain pentu.



L'accroche instantanée, la construction diabolique et le style enivrant participent grandement à ce panard de lecture futuriste, enfin crois-je.

Quentin, en vil petit canaillou espiègle, n'aime rien moins que perdre ses lecteurs régulièrement invités à sortir les rames pour une démonstration, un brin stérile il est vrai, d'aviron sur sable fin, grain n°2 pour les amateurs.

Et c'est ça qu'est bon, ce sentiment d'être paumé complet pour finalement rester coi, à la limite de l'ébaubi, si, si, en tournant fébrilement les toutes dernière pages de ce thriller futuriste susceptible de combler le plus grand nombre.



4,6/5



Grand merci à Babelio et aux éditions le Peuple de Mü pour ce cauchemar éveillé !
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Dormeurs

Frédric Jahan est un looser. Sa vie défile sans qu’il en soit vraiment maître, jusqu’à ce qu’il intègre l’équipe des dormeurs de la société Dreamland… Qu’est-ce ? Vous allez me dire. Et bien, c’est tout simple. Dans un futur tout proche de nous, la crise de 2013 a entraîné un basculement de notre société et de ses citoyens dans le désespoir, la vacuité et une difficulté de vivre, tant économique que « psychique », pour la majeure partie de la population. On ne sait plus rêver, espérer, s’évader. Mais, Dreamland est là pour nous aider, en permettant à tout un chacun de s’approprier les rêves de dormeurs professionnels. Aventures et Frissons garantis ! Frédric est un as, à ce jeu-là ! Sa côte flambe et il fait engranger des recettes inouïes à la société. On s’arrache littéralement ses derniers rêves ! Jusqu’au jour où rien ne fonctionne plus : nuit après nuit, les enregistrements restent vierges. Et pour cause : il ne rêve plus la vie. Il vit ses rêves…



"Il m'arrivait souvent de faire des songes ultra-réalistes, de me réveiller avec la sensation fugace d'avoir réellement vécu ce que mon cerveau avait généré pendant mon sommeil. C'était normal, courant. C'était même pour ça qu'on me payait. Seulement cela restait fugace. A aucun moment, il n'aurait dû en être autrement."



Je ne vous en dirais pas plus, de peur de vous gâcher ce formidable roman.



Revenons en arrière et commençons par le début : ce petit rectangle de papier que je tiens entre mes mains. Déjà là ! J’étais séduite. Je ne sais pas si vous avez pris le temps de regarder la sublime illustration de couverture de Cédric Poulat. Honnêtement, non seulement elle est BELLE, mais elle est en totale adéquation avec le sujet du roman. Et c’est suffisamment rare pour être relevé, je trouve… Certaines « grandes » maisons d’édition devraient en prendre de la graine, au lieu de nous refourguer des photos extraites de banques de données, dont certaines servent déjà à illustrer d’autres romans (je ferme la parenthèse).



Et quel bonheur quand le contenu est à la hauteur ! Emmanuel Quentin nous offre là un roman d’anticipation, doublé d’un thriller/polar où sévit un tueur en série, dont la particularité est de perpétuer ses crimes d’une époque à l’autre : du XVIIième siècle à nos jours. Le rythme est soutenu et la structure du roman, qui a l'originalité de contenir, des extraits de mail, autant que des bribes de chanson ou d’actes notariés, nous embarque de rêves en réalités, jusqu’au dénouement, un peu trop rapide à mon goût, mais bon, cela reste un jugement personnel qui ne sera sans doute pas partagé par tous.



Un grand merci à Babelio et ses opérations masse critique pour ce livre. Je n’oublie pas de remercier non plus les éditions le peuple de Mû. Je vais m’empresser de jeter un œil à leur catalogue car cela a vraiment été pour moi une découverte, tout autant que celle de l’auteur, dont j’attends le prochain avec impatience.
Lien : http://page39.eklablog.com/d..
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Où s'imposent les silences

Quand Matthieu, étudiant flemmard, reconnaît en 2036 sur un tableau remontant à la Renaissance deux des membres de sa famille...

Quand, à la même date, un flic mis à l'écart après la grande pandémie qui a divisé le monde en autant de morts que de survivants est contacté pour faire la lumière sur un cadavre pour le moins étrange...

Quand une femme se sent piégé dans un endroit figé où elle semblerait être la seule à pouvoir bouger...

Quand, immédiatement captivé, on tourne fébrilement les pages pour essayer de savoir où ces trois destins vont vous mener... il est alors trop tard pour revenir en arrière, l'auteur vous ayant, à l'instar de Matthieu, catapulté dans d'autres univers que vous découvrirez d'abord étonné, fasciné et ensuite absolument révolté lorsque un quatrième personnage entre dans cette danse de mondes parallèles. C'est Dimitri, à qui la "Loi" dictatoriale à volé parents, enfance et identité...



Un roman SF avec des inflexions de thriller au style d'écriture sans détours et cependant recherché, au rythme soutenu, sans temps mort et de l'action richement vivifiante.

Emmanuel Quentin vous permet néanmoins de reprendre votre souffle aux moments où il vous laisse admirer -pendant quelques instants seulement- les paysages que son imagination a su faire germer ou encore quand Dimitri prend la parole.

Une histoire de contrastes et de questionnement sur l'absolutisme belliciste et la sujétion, sur le libre-arbitre et la liberté, sur des mondes aux attraits ou désagréments très différents et l'homme qui, éternellement, sournoisement, cherche à maîtriser et dominer.



On n'obtient pas toutes les réponses aux questions qu'on se pose et il y a peut-être quelques invraisemblances (je suis une grande dubitative en matière de "voyages dans l'espace-temps), or, cette fois-ci j'étais tellement dans les ailleurs de l'auteur que là-dessus je préfère m'imposer au silence.
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Replis

Ce que j’ai ressenti:



« Et regarde aujourd’hui: tout le monde aspire à l’immortalité mémorielle. »



C’est l’ultime but des Hommes, l’immortalité. Vaincre le temps, vaincre l’existence, vaincre au mépris de tout, cette poignée d’années aléatoires qui nous ait impartis. Quitte à se prendre pour des dieux, quitte à dénigrer le Vivant, quitte à y laisser un champs de ruines sur la planète…La seule raison de tout ça, c’est vaincre l’inéluctable: la mort.



Replis, c’est visionner une approche de cette immortalité plausible grâce au concept de l’Assimilation. Dans un futur proche apocalyptique et ravagé, l’Homme a réussi à contrer la fatalité de la mort, en transférant l’âme du parent dans celle de son enfant. Sauf, que cette fusion n’est pas au goût de tout le monde, et que ce genre de pratique n’est pas sans risques. Daniel Sagnes, refuse catégoriquement de se soumettre à cette expérience, étant donné la haine qu’il voue à son géniteur. Le gouvernement en place, en a décidé autrement, puisque ils ne peuvent se permettre de perdre l’élément-clef de leurs travaux de recherche. La traque peut alors, commencer…



Dans un monde corrompu et totalitaire, sur des terres à feu et à sang, et au milieu du chaos et de la misère, on est projeté au cœur d’une Guerre sans pitié. C’est le monde d’Après, avec un air irrespirable de désespoir et de cendres, des intelligences artificielles et des drones omniprésents, des vidéos virales et des clouds minés, des vérités digitales et des mensonges trafiqués, des secrets Défense et des attaques armées, dans un besoin constant de sensationnalisme et de mille et une théories du complot. « Ne croyez pas tout ce que l’on vous raconte… », c’est le moins qu’on puisse dire, puisque certains s’évertuent à vous balancer des fake news à-tout-va!…



On est vraiment lancé dans une espèce de réalité sombre contaminée par la violence et la tromperie, et ce maigre espoir d’avancée scientifique est un Mal beaucoup plus destructeur que ce qu’on pourrait croire…



C’était une lecture intéressante, qui fait réfléchir sur les valeurs de la transmission, de la liberté et de l’éthique. C’est un thriller énergique avec un héros qui détone, et suscite des sentiments contraires. C’est déstabilisant parfois, cet univers de rage et de paranoïa mais, cette forme de contrôle par l’État est peut-être encore plus flippante…Je vais donc tenter un Repli(s) en terre verdoyante, après cette virée désenchantée, et vraiment, tant pis, pour l’immortalité! N’allez pas croire tout ce que l’on vous raconte, il y en a qui se passerait aisément de cette envie de survivre par-delà le temps, si c’est, à ces conditions…



« Le temps n’adoucit rien. Il s’écoule avec une lenteur assassine. »
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Au royaume des vivants

Certains auteurs, des petites bites, nous offrent à travers leur polar une enquête. Emmanuel Quentin, lui, n'est pas de ceux-là, car ce n'est pas une, ni deux, ni trois, mais 4 enquêtes qu'il te propose. Le tout dans une certaine de pages. De là à dire qu'il en a une grosse, voici un pas que je ne franchirai pas.



Un privé hypocondriaque se voit offrir une enquête qu'il délègue à son assistant sarcastique. L'occasion pour lui de se replonger dans de vieilles affaires non résolues.

Je me suis demandé une bonne partie du récit où voulait m'emmenait l'auteur, et la réponse est : me mener en bateau. Mais avec talent, car une fois la révélation finale faite, on tente de se remémorer les moments où l'on s'est fait avoir, de repérer les indices disséminés çà et là.

C'est aussi rempli de clins d'oeil et de références à d'autres oeuvres et certaines thématiques chères à la science fiction.

Difficile d'en dire plus sans manquer de dévoiler le pot aux roses, et même si le principal de ce texte concerne une enquête, la SF a bien toute sa place.



Un bon moment de lecture, un voyage littéraire - littéralement aussi - dans les genres de l'imaginaire comme sait nous offrir l'éditeur à prix doux.

Cela fait quelques textes courts de l'auteur qui me plaisent, reste à me lancer dans ses romans.
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Dormeurs

Mais ça ne va pas dans la tête d'Emmanuel Quentin de nous faire lire une histoire pareille ? Comment fait-on pour dormir en paix désormais ? Comment ne pas avoir peur de voir des choses dans nos rêves et de se dire que, peut-être...



Bonne nouvelle pour toi, ce roman est désormais épuisé, tu ne gratteras pas sur tes heures de sommeil pour le terminer au plus vite. Seconde bonne nouvelle, tu ne pesteras pas sur l'auteur non plus qui va te faire flipper de rêver, c'est toujours cela de pris !

(L'auteur étant publié chez Mnémos, 1115 éditions et Pocket, j'espère que l'un d’eux va se bouger les fesses et le rééditer)



Fredric Jahan fait partie de la cohorte des exclus suite à une crise sans précédent (ce point sera le seul bémol du roman, ce point n'étant pas développé, mais l'histoire haletante permet d'oublier ce manque). Les lendemains déchantent et quoi de mieux que vendre du rêve en ces temps sombres ? Du vrai rêve, fourni pas des dormeurs professionnels pour la fange des élites. Fredric rejoint ce club très fermé et devient la poule aux oeufs d'or. Jusqu'à ce que...



Alors, qu'est-ce qui fait que c'est un roman haletant ? Le talent pardi. Ayant lu tout ou presque mon Emmanuel Quentin, je peux te certifier que tu peux acheter ses bouquins sans problème, c'est du bon. Mais dans le cas présent, je m'attendais tout de même avec ces Dormeurs à une petite désillusion, c'est tout de même son premier roman ! Las, l'auteur ne m'accorde même pas cela.

Emmanuel Quentin nous rend ses personnages réalistes, il sait mener son intrigue, distillant ici et là quelques pistes, quelques traquenards pour te tenir en haleine. Pire, son thriller SF va prendre des tournures dont je n'osais m'imaginer. Il est fort ce bougre.



Une question demeure : son personnage s'appelle-t-il Fredric en hommage à un certain Freddy ? Non, c'est ce que je pensais, mais après interrogatoire de l'auteur, il s'agit d'un hommage à Fredric Brown, un auteur qu'il apprécie fortement. Autre point, quelques allusions à une de ses futures nouvelles, Céder la place, me semblent présentes, un clin d'oeil par anticipation ?



Dormeurs est un roman que je prendrai sûrement plaisir à relire dans quelques années (lors de sa réédition ?) pour le disséquer et voir tous les indices posés ici ou là.



Je remercie chaleureusement Emmanuel Quentin de m'avoir donné la version électronique de ce roman. Il m'avait accordé une interview il y a quelques mois, n'hésite pas à y jeter un oeil : https://lechiencritique.blogspot.com/2021/11/emmanuel-quentin-lecriture-comme.html
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Où s'imposent les silences

Emmanuel Quentin est un jeune auteur publié depuis quelques années par une petite maison d’édition de grande qualité, Le peuple de Mu. Je vous avais déjà parlé de Dormeurs, voici donc son deuxième roman Où s’imposent les silences, dans un genre assez différent : là où Dormeurs mêlait complètement science-fiction et thriller, ce texte se rapproche davantage du récit d’anticipation, avec des quelques touches de polar. Je salue encore une fois au passage les magnifiques couvertures qui ont été dessiné pour ce roman.



D’où que vous veniez, quelle que soit votre Terre d’origine, êtes-vous sûr de vouloir lire les lignes qui suivent ? De vous entendre résumer une histoire en quelques mots sous prétexte qu’ils vous éclaireraient sur son contenu ? Voulez-vous vraiment savoir ce que recèlent ces pages ?

Soit. Sachez donc que vous allez partir à la rencontre d’un étudiant confronté à un tableau de la Renaissance pour le moins anachronique, d’un flic enquêtant sur un cadavre improbable, et d’une femme amnésique se réveillant dans un champ désolé. Trois personnes rattrapées par le déséquilibre des mondes.

Si votre Loi vous y autorise, ouvrez ce livre, avant que ne s’imposent les silences. (résumé de l’éditeur)



Autour de l’année 2036, trois destins se croisent et se recroisent à travers les époques, toutes sont liées mais elles ne le savent, et le lecteur lui-même devra dévorer ce roman pour le comprendre. Et ce pour le plus grand plaisir de l’auteur qui s’amuse à brouiller les pistes, à nous balader en plein désert ou dans une œuvre d’art pour mieux nous éblouir. J’ai été, une fois encore, estomaquée par la maîtrise littéraire d’Emmanuel Quentin qui, d’une plume poétique mais pourtant efficace, parvient à nous entraîner dans son univers sans qu’on puisse lâcher le roman avant de l’avoir fini. Les personnages sont complexes, finement dessinés; le monde est crédible, d’une poésie superbe qui se retrouve jusqu’à l’illustration de couverture ; le scénario est maîtrisé, sans nous laisser sur notre faim, jusqu’au bout.



Bref, une belle histoire, pleine de bruit et de fureur, qui nous fait réfléchir sur la guerre et le totalitarisme, avec nuance.
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Dormeurs

J’ai dévoré ce roman en quelques soirs, partagée entre la nécessité de le finir, et l’envie de le faire durer … Et puis j’ai tourné la dernière page. J’ai laissé passer un moment, quelques jours, avant de me décider à vous en parler.



Dormeurs est une lecture inhabituelle pour moi : sa moitié SF m’attirait, tandis que son autre moitié polar me faisait peur … Et j’avoue que je n’étais pas hyper rassurée le soir, imaginant que l’homme en rouge allait se pointer chez moi. Mais j’en suis sortie vivante, et satisfaite d’avoir découvert ce bon roman !



Bon, il est temps de vous en dire plus …



Nous sommes plongés dans les rêves de Fredric Jahan, qui devient dormeur professionnel pour la grosse entreprise Dreamland : dans un futur peut-être pas si lointain, on peut acheter des rêves de qualité pour pallier sa propre absence d’imagination et de rêve. Alors qu’il était inapte à tout autre travail, Jahan se révèle très vite bon rêveur, et ses rêves s’arrachent d’un bout à l’autre de la Terre.



« C’était une véritable voie ouverte à l’originalité pour peu que les personnes qui s’y investissaient voulussent se montrer créatives, spontanées, et imprévisibles. Certaines qualifièrent notre profession de dixième Art. C’était exagéré. Mais une chose est sûre : nous avons tout mis en œuvre pour que nos rêves ne fussent pas des rebuts de conscience, des déchets nostalgiques, ni des scories d’ambitions mal contenues. Pour nous, il s’agissait avant tout de créer, d’allier la combinaison naturelle d’images issues de l’activité psychique pendant le sommeil à la perfectibilité de l’imagination. »



Tout se passe bien, jusqu’à une nuit où il se retrouve propulsé non pas dans des rêves mais dans les souvenirs bien réels d’un vétéran de la guerre du Vietnam. Son univers bascule au fur et à mesure que ses nuits se perdent dans un cauchemar sans nom, et dans lesquelles rôdent un meurtrier sans pitié, habillé de rouge … La frontière entre réalité et rêve devient de plus en plus tenue, jusqu’à perdre le lecteur lui-même.



Mené avec un tempo parfait et dans un style impeccable, ce roman nous fait passer des sueurs froides à des éclairs de compréhension au fur et à mesure où l’auteur livre des explications. A équidistance entre polar et science-fiction, Emmanuel Quentin nous offre un roman parfait, qui distrait mais fait aussi réfléchir à l’importance des rêves. Un coup de chapeau aux alternances récit / rêve qui nous entraînent magnifiquement à la suite du héros dans les méandres de la conscience.



« Il en est des rêves comme de la vie. Comment les traverser, comment les affronter ? On peut être endormi et se rêver poète, espion, astronaute, plongeur, aventurier, voyageur le long des côtes, sur la route, sombrant dans n’importe quel abîme ou contournant les obstacles. »



Je vous laisse sur cet extrait de la quatrième de couverture qui donne parfaitement le ton de ce très bon roman, publié aux éditions Le peuple de Mû.
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Mutrae

Une planète inconnue, un vaisseau échoué, un xénomorphe ?

Non, juste trois explocréateurs nous livrant le fruit de leurs imaginations fécondes !



Casque sur les oreilles, je me plonge dans Mutræ qui nous narre l'histoire de Mutræ justement (le monde est bien fait)(même si je pensais que c'était le nom de la planète !) dont le vaisseau s'écrase sur une planète non référencée à la végétation luxuriante. En attendant les secours, il explore la flore environnante pour tomber derrière un rideau de verdure sur ...



Mutrae est un livre trois en un.



Trois en un car c'est déjà un Beau Livre : couverture cartonnée, papier de qualité, pleins d'illustrations couleurs, un CD, un site. Bref, on parle depuis des années des livres augmentés et en voilà une espèce rare et en voie d'extinction. Tu en as pour ton fric et ça, c'est cool.



Trois en un par sa structure aussi. On commence par une nouvelle. Puis nous avons le droit à un carnet d'exploration avec des croquis et des cartes. Et enfin un making-off avec une bio et des explications des trois compères.



Trois en un car il s'agit surtout d'un livre de trois auteurs : un texte d'Emmanuel Quentin, accompagné d'illustrations de Pascal Casolari et une ambiance sonore inventée par Emmanuel Régis.



L'écriture de Quentin, visuelle et pour qui connait l'auteur ne sera pas déçu du voyage, permet de suite une immersion sur cette xéno-jungle. Et comme souvent chez l'auteur, nous avons le droit à une pirouette finale. Seul bémol, c'est beaucoup trop court. Surtout lorsque tu ne lis pas le détail du bouquin avant de t'y plonger. La dernière page tournée, j'ai fait les yeux ronds en me disant, mais il y a encore plein de pages, c'est quoi ce bordel !



Je ne suis pas un lecteur qui visualise lorsque je lis, je me fais une idée générale de l'univers, mais jamais dans les détails. Les illustrations sont au diapason du texte et m'ont permis de m'immerger plus encore sur cette planète, me faire voir les détails plutôt que les ombres.



Le son m'a plus chiffonné. Déjà je préfère lire dans le silence, mais j'ai décidé de jouer le jeu. Et le texte est très clair sur cette planète, le silence règne. Alors pourquoi une bande son ! Mais les explications de l'auteur à la fin m'ont permis de réaliser ce que je n'avais pas remarqué lors de mon écoute. Et donc j'ai eu un autre regard sur cette bande son, surtout avec ce zigomar pondant une planète silencieuse. Il m'a l'air du genre taquin cet Emmanuel Quentin. (A sa place, j'aurais aussi décrit que cette planète était plongée dans le noir complet, histoire de bien emmerder le monde !)



À la fin, on a une vision des différents processus créatifs ayant conduit à cet oeuvre, le pourquoi des choix. Un vrai must.



Ce livre fait partie du projet Ruines, et qui n'est pas fini encore côté livre car Emmanuel Quentin m'a dit que le trio avait une "suite" sur le feu qui s'intitulera Sonja. Mais il faudra attendre encore quelque temps, difficile de réunir les trois loustics avec leurs plannings chargés.

Et on dirait que les auteurs ont entendu par anticipation ma critique sur la longueur, car il y en aura plus... Patientons donc.

Et en attendant, il parait qu'il reste encore quelques exemplaires de ce Mutræ.
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Où s'imposent les silences

Livre vite abandonné, car je n'ai pas accroché.

Mais il faut signaler une particularité qui peut-être vous séduira : édité en 2017, ce livre évoque une pandémie mondiale, causée par un virus se concentrant "sur les voies respiratoires de ses victimes après des symptômes grippaux classiques". Cela peut suffire à saluer l'œuvre en question.
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Naufragés de l'espace

10 ans d'éditions Critic, dix textes ?

Non huit !

Dommage, j'ai préféré les deux qui manquent !



P.-J. Hérault, une trentaine de romans, un vieux de la vieille du space opera, habitué du Fleuve noir, mais inconnu de ma part. Les éditions Critic ont entrepris de rééditer sa bibliographie et pour les 10 ans de la maison, de lui rendre hommage à travers 8 plumes de jeunes talents. 10 ans, 8 textes, va comprendre...

L'occasion pour moi de découvrir les thématiques de l'auteur et peut-être de me frotter à ses oeuvres plus tard ?

Même si l'approche antimilitariste me plait, comme le fait de trouver des voies différentes pour régler les conflits, ou voir son voisin de manière empathique, on reste dans l'ensemble dans le classique du classique. Cela manque de flamboiement, de modernité.

Le point commun des textes : le space opera, et se retrouver "seul" dans l'espace avec comme angle d'approche l'absurdité de la guerre.

J'attendais beaucoup de cette anthologie, de par les noms des auteurs et de ce que j'avais pu lire d'eux, mais je n'ai quasi jamais été entrainé dans les différents récits.





Circuit fermé, de Camille Leboulanger

On entre de plein cœur dans le cœur du sujet avec un naufragé perdu dans l'espace, seul dans sa combinaison spatiale avec pour seul fin, sa fin prochaine. Il se retrouve là après un combat entre les forces terriennes et des renégats à la vision différente sur l'avenir des Terriens.

Sur la thématique de l'absurdité de la guerre et du fait que l'on tourne, toujours en rond, j'ai eu l'impression que l'auteur a brodé son récit par rapport au twist final et que cela manquait un peu de force, de consistance.



Attendre l’aurore, de Emmanuel Quentin

Un vaisseau se fait "attrapé" par ...

Un texte intriguant qui le restera jusque la fin. Cet enlèvement dont ils sont les victimes et l'univers qui s'y attache est très étrange, à tel point que je n'y ai rien compris. Pas mauvais, mais je n'ai pas réussi à voir où voulait m'emmener l'auteur.



La cinquantième, de Marianne Stern

Une pilote vétérante, véritable légende vivante, revient d'une mission qui a falli lui coûter la vie. Sur la station, les remords et la culpabilité d'un autre accident qui a blessé son amour refoulé. Culpabilité, lassitude envers cette guerre qui n'en finit pas et désir d'en finir...

Rien de nouveau sous le soleil, tout cela est bien fleur bleue et n'arrive pas à sortir des sentiers battus du Space opéra et de la SF militaire.



Retour à Altamira, de Thibaud Latil-Nicolas

Un vaisseau rempli de réfugiés demande la permission d'accoster. Refus des autorités qui répondent : partez ou mourrez. L'exécutant des basses besognes refusent les ordres.

Un sujet d'actualité qui semble traiter de manière assez classique mais qui prend peu à peu plus de consistance et prendre des chemins moins balisés. Même si j'ai trouvé cela un peu trop bienveillant, la possibilité d'une société autre qu'inhumaine fait tout de même du bien. Et la fin réserve son lot de surprise.

Bien aimé au final. Et c'est le seul texte "social" qui fait le parallèle avec notre droit d'asile qui devient peau de chagrin.



Les indésirables, de Luce Basseterre

Je connaissais Luce Basseterre par une nouvelle parue chez 1115 éditions. L'occasion d'en découvrir plus.

Un vaisseau en rade à cause de sa propulsion. Un prisonnier étrange. Et une station fantôme.

Construit autour de la révélation, lorsque celle ci arrive, elle atteint son but : elle surprend.

Cependant, comme tout est axé dessus, le lecteur ne peut qu'attendre l'explication pour comprendre mais il reste à mon sens des zones de floues dans cet univers.



Mésaventure, de David Gallais

Un mécano antimilitariste doit dépanner un vaisseau militaire. Choc des générations, choc idéologique pour ce texte légèrement humoristique et invraisemblable.

De l'esprit Pulp avec une pirouette finale qu'on voit venir de loin, mais l'histoire est tellement cocasse que l'on a envie de découvrir le comment.

Assez rare de voir s'affronter dans un même récit bas du front (les bidasses) et mous du bulbe (les anti-militaristes, (mais j'ai lu très peu de SF militaire...).

Au final, j'ai passé un bon moment de lecture, ce qui n'était pas gagné d'avance. Donc bravo à l'auteur.



Le lien, de Audrey Pleynet

Deux ennemis se retrouvent isolés sur le même vaisseau. Deux visions du monde, deux modes de vie différents et cependant, peut être, un lien...

Une belle histoire qui tient le lecteur en haleine pour savoir où est le loup. Mais rien de très original non plus et la chute, bien que m'ayant surprise ne m'a pas fait d'effet wouah. Un peu plus de concision n'aurait pas été pour me déplaire.



Bételgeuse z-1, de Romain Benassaya

Bételgeuse, futur, un chasseur de prime est sur la piste d'une criminelle (?)

En peu de pages, l'auteur arrive à nous créer un univers plausible. Dommage que la fin soit si vite troussée et va à l'encontre de ce que l'on connaissait du protagoniste et de sa psychologie.



Lu dans sa version papier, j'ai un petit conseil à donner aux éditons Critic : certains de vos lecteurs sont vieillissants, leur vue baisse, donc attention à la taille de la police...



Avis réalisé suite à une opération Masse critique Babelio.



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Où s'imposent les silences

C'est vrai ça, où s'imposent les silences ?

Dans les bibliothèques, paraît-il, et comme l'auteur est bibliothécaire et que l'histoire commence dans ce lieu...

Mais est ce dû plutôt à l'inanité de ce roman que le silence s'impose ?



Voilà un roman que j'ai lu sans savoir de quoi il retournait, juste du fait d'avoir lu et apprécié des nouvelles de l'auteur. Et bien m'en a pris. Un texte qui m'a emmené là où je ne pensais pas aller et même après avoir compris certains trucs, d'autres me réservaient des surprises. Et dès les premières pages, j’étais pris dans les filets de l'intrigue à cause d'un bout de papier !

Un roman assez dur, très dur par moment, l'auteur réussissant à faire ressentir l'impossible que je ne peux vous dévoiler. Et sombre aussi. On pense parfois à "et si cela se serait passé différemment". Mais ailleurs est-il meilleur ? Dur et sombre, assurément, mais aussi un peu d'espérance de lendemain, si tu décides de ne pas suivre à la lettre la loi qui te dicte ce que tu dois, ou ne dois pas faire.



Un thriller SF original dans sa manière d'aborder les thématiques récurrentes et d'affronter certains sujets difficiles. Une narration découpée pour perdre le lecteur dans ses trames parallèles.

Texte écrit en 2007, son épidémie sonne juste après l'apparition du covid. Et la révélation sur les origines de cette pandémie a de quoi faire rire, jaune, les lecteurs d'aujourd'hui.



Au final, un texte dont je ne m'attendais à rien et qui a réussi à me surprendre agréablement.



Seule incompréhension, pourquoi une réédition grand format au lieu du poche ?
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Replis

Un jeune homme reçoit la plus belle des propositions, avoir une relation fusionnelle avec son père, et refuse... Pourquoi ?



Second roman de l'auteur que je lis sans savoir de quoi il retourne, bonne idée ou pas ?

Ai-je tenté un repli après quelques lignes ?



Daniel Sagnes est monteur vidéo travaillant pour l'État. Son rôle est de faire de la propagande en faisant dire aux images ce qu'elles ne sont pas. C'est le monsieur Photoshop de la vidéo. Comme le personnage de 1984, nous sommes aussi en pleine dystopie dans quelques dizaines d'années. Un monde apocalyptique après une hécatombe végétale ayant eu des effets dévastateurs sur la vie. La science a tout de même fait une percée significative : la possibilité de transfert de la conscience dans la tête de sa progéniture.



Encore un roman sur des lendemains qui déchantent comme je les aime, plein de cynisme et de misanthropie. On rigole, jaune, noir et je me suis bien marré avec les répliques du personnage principal.

Emmanuel Quentin nous parle du mensonge, des fake news vidéos auxquels nous aurons de plus en plus dans quelques années. C'est un véritable page turner, un thriller efficace lu en deux jours. Encore un auteur qui fait baisser cruellement ma productivité au boulot... Un auteur à éviter si tu travailles dans une centrale nucléaire...

Un bémol cependant, la fin est un peu trop rapide, j'aurai aimé rester un peu plus dans ce monde. Mais bon, si on veut du rabe, c'est que le plat est bon.



Ne me reste que Dormeurs à lire de l'auteur, mais comme il n'a pas fait d'effort pour choisir un éditeur avec format numérique, moi je vais aller dormir afin de récupérer les heures de sommeil que l'auteur m'a volé.
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Naufragés de l'espace

Huit histoires composent ce recueil.



Leur point commun est de cibler des vaisseaux en difficulté. Mais chaque histoire est unique et bien ficelée.



J'ai beaucoup aimé lire ce qui s'apparente à des nouvelles à chute.



Nous trouvons un homme perdu dans l'espace avec très peu d'oxygène et qui va voir toutes ses certitudes disparaitre. Un homme voit son engin s'écraser dans un lieu inconnu où tout ce qui vit est réduit aussitôt en esclavage.



Une héroïne dont les exploits de pilote pèsent depuis trop longtemps. Un autre bien décidé à tenir parole auprès de sa femme ou encore, un homme aux pouvoirs étranges.



Ma préférée est "Mésaventure" principalement en raison de la présence de deux varans en tant que personnages principaux ce qui est original et fonctionne bien. Il y a ainsi un mélange d'humour et d'action réjouissant.



Mais toutes étaient intéressantes et notamment "Retour à Altamira" que j'ai lu comme une image à peine décalée de la manière dont nous refusons les réfugiés. Ou encore "Le lien" qui est un appel à l'entraide inter espèces.



Ce qui unit indéniablement ces récits c'est l'écriture, qui a chaque fois bien que différente, arrive à souder sans fausse note, l'ensemble.



Mais c'est aussi les valeurs. Les héros, malheureusement plus d'hommes que de femmes, sont bien souvent seuls mais ils portent des idéaux et sont prêts à se battre et même à perdre pour garder ce qui est important pour eux.



Il ne me reste plus qu'à découvrir l'œuvre de P.-J. Hérault à qui est dédié ce beau livre.



À lire !




Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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Où s'imposent les silences

À la manière de multiples « Twilight zone », on suit des personnages différents plongés dans des mondes « autres ».

On est sur Terre, mais…

Parfois le monde échappe profondément aux règles physiques ordinaires comme l’écoulement du temps.

Parfois le fantastique, l’inconnu fait irruption dans un réel très proche.

(Il y a même une pandémie. Pas celle du COVID-19. Une pandémie bien plus grave, mais c’est troublant).

Parfois une société régie par une Loi. Une Loi jamais détaillée dans son contenu. Une Loi implacable. Une société en lutte contre l’autre l’ennemi.

Une société qui pervertit ses enfants sans doute, mais surtout ceux des autres. Ceux de l’ennemi. Ultime abjection.

Un monde un peu orwellien.

Une réflexion appropriée sur le conditionnement.



Ces tranches, ces personnages se rejoignent dans une trame qui traverse les dimensions et le temps.

Chaque dimension est puissamment imagée.



Le récit alterne avec le dosage adéquat des phases d’introspection, de contemplation, d’histoire personnelle des personnages, de suspens, de mystère…

Comme Matthias, on est un peu perdu surtout que de façon abile la trame principale n’est pas forcément celle qu’on croit ….Ah j’en dis trop !



En bémol, j’ai été cueilli à froid par une fin que j’ai trouvée précipitée.

C’est cependant un très bon roman, parfois grave, pour s’échapper.
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Dormeurs

Dormeurs, c’est quoi cette chose ? Un roman d’anticipation, comprenez de la science – fiction qui se passe dans un futur plus ou moins proche et qui se rapproche (avec inquiétude quelque part) d’une réalité possible. Ce roman ne se réduit toutefois pas que à ça, si il y a énormément de réflexions sur la société, sur ce que peut générer le profit à tout prix, les conséquences d’une technologie usée de manière éhontée ou encore tout un revers psychologique des rêves et de ce qu’il cache de plus profond en vous. Il y a aussi tout une partie polar/thriller psychologique, définissez le comme vous le souhaitez, tout est que le roman est quelque part effrayant mais surtout très haletant ! Cela donne envie, n’est ce pas ?



La crise extrême de 2013 a entraîné l’effondrement de tout un système économique rôdé mais instable. Les conséquences furent désastreuses. 2017, la seule échappatoire d’une société économiquement détruite dont les rêves, les espoirs, et le bonheur semble pour beaucoup un bien lointain souvenir, se résume à une entreprise prolifique : Dreamland. La société a profité d’un filon extrêmement porteur, ce manque de bonheur, ces malheurs et ces déprimes qui envahissent et viennent gâter toute une population qui ne sait plus se divertir sans s’évader dans les rêves d’un autre. Les Dormeurs, ces êtres dont les rêves sont vendus à tout va sont devenus de véritables célébrités.



Frédric Jahan est un de ces Dormeurs, l’un des plus créatifs, celui qui rencontre le plus de succès A défaut de réussir dans un autre domaine, celui-ci semble fait pour lui, la chose n’est cependant pas facile, cloisonnement, opérations, préparations psychologiques, comptes à rendre au PDG, intimité dévoilée mais le poste est tellement bien payé. Et puis un jour, les rêves s’effondrent et ce sont les cauchemars qui prennent le pas sur le sommeil de Frédric. Ce dernier se retrouve dans la peau d’un ancien vétéran du Vietnam, d’un jeune paysan pauvre et affamé ou encore d’un enfant meurtri par les lubies d’une mère psychologiquement abîmée. Dans chacune de ses vies empruntées ou vécues à la sauvette, un homme habillé en rouge et au visage masqué sévit. Il s’agit d’un meurtrier commettant des crimes atroces et violents. Le plus troublant, c’est que les souvenirs de ces personnes semblent bien réelles tout comme un lien étroit entre le Cardinal et la réalité semble exister. Frédric se pose alors des questions et tente de comprendre ce que ce cardinal lui cherche au pays des songes.



« Aussitôt de retour dans l’espace, je sondai les cartes disponibles susceptibles de me mener sur le terrain du Cardinal. Il n’en restait qu’une. Ce monstre avait bien balisé le terrain. Il possédait de l’avance sur moi, connaissait apparemment tous les rouages de l’espace, en usait et en abusait. Depuis combien de temps y sévissait-il seulement ? Combien d’identités avait-il adopté en tant que simple spectateur ? Combien en avait-il dépossédé de leur conscience ? »



Ce futur proche dépeint par l’auteur n’est pas si surréaliste et c’est ce qui le rend assez effrayant. Il nous fait réfléchir sur plusieurs points, à plusieurs échelle, une société qui se perd de plus en plus loin, les risques de la nanotechnologie, les méandres du cerveau et de la psychologie. Quel risque ? Quelle limite ? Il y a tout un panel de la psychologie, d’univers dans les songes qui embrouillent les personnages eux – mêmes mais surtout le lecteur, on oscille entre la vie réelle et le monde onirique, la distinction se faisant parfois difficile, un lien toujours étroit existant avec la vie réelle, l’auteur nous perd pour mieux nous rattraper au compte goutte des révélations qu’il donne. C’est assez profond, recherché et dynamique, il faut suivre le mouvement sous peine de se perdre un peu plus qu’il ne faudrait pour suivre où l’auteur veut nous amener, il balade clairement son lectorat jusqu’à… Ah mais non lisez – le pour en savoir plus !



« Je crie. Elle tente de m’attraper mais je m’agrippe aux montants de mon lit. Alors, avec une énergie déconcertante, elle se jette sur moi et mords à pleine dents mes doigts tétanisés. »



L’auteur met en scène dans ce capharnaüm psychologique, tout une ribambelle de personnages forts et qui revêtent chacun une importance particulière. Guettez mes amis !



Frédric Jahan n’est plus à présenter, un Dormeur au succès reconnu qui se perd malgré lui dans des cauchemars de plus en plus réalistes.



« L’adrénaline s’était invitée dans mes veines. Elle était si présente que j’en oubliais les coups qui pleuvaient en cadence avec mon rire démentiel. Nous devions former un bien joli couple, enlacés de la sorte, Big Ben et moi. »



Johann est un technicien informatique qui manipule, coupe, restructure, édulcore les rêves des Dormeurs et plus spécifiquement ceux de Frédric. C’est un as dans la culture (si on peut appeler cela comme tel) Playboy (oui, oui le magazine).



« Si on le lui avait demandé, je suis sûre qu’il aurait pu donner le pourcentage de rousses s’étant exhibées depuis la création du magazine. »



Aurélie et Balti sont d’autres Dormeurs, grands amis de Frédric, des personnages indispensables à la sérénité psychologique de notre héros. Et pourtant… Le Cardinal, l’homme en rouge, le meurtrier psychologiquement dérangé, sanguinaire et violent, est loin d’être un enfant de cœur.



« L’homme en rouge danse sur scène avec des corps empalés sur des pics à roulette. Au gré de la musique, il esquisse des pas qui se veulent emplis de grâce quand il passe de l’un à l’autre. »



Et il y en a tellement d’autres, pour certains malgré leur intrusion succincte dans l’histoire, ils restent indispensables.



Quant au style de l’auteur, c’est à la fois brute et sexy, on est loin d’un style édulcorée, c’est franc et direct, l’auteur ne manipule par l’enjolivement mais plutôt un réalisme parfois dérangeant, mais toujours percutant. Brute parce qu’il y a des scènes violentes, sanglantes et dérangeantes.



« Je me suis écorchée les coudes et les genoux. Suite à ma violente chute, je saigne de la tête. Les cheveux, les graviers et le sang mélangés forment une pâte visqueuse par endroits. – C’est bien mon chéri, tu es un brave petit. »



Sexy parce que le sexe a aussi sa place dans ce roman. Ici on s’éloigne du romantisme et de l’amour avec un grand A, c’est plutôt cru mais tellement bien introduit dans le corps du texte que sans ces passages, le roman n’aurait certainement pas eu la même saveur.



« Tout commença à aller de travers lorsque, après l’avoir pénétrée et exécuté une série de va-et-vient, Barthas ne se laissa plus guider par son seul désir.(…) Il se demanda quelles bites célèbre avaient bien pu passer dans le sexe de Cassandra. »



« Enfin, Fredric, tu penses qu’on ne peut pas s’en délecter à l’avance au même titre qu’on attend avec impatience de retrouver sa belle pour la lui faire goûter par tous les trous. Oh excuse ma vulgarité »



Il y a aussi cette ambiance particulière alimentée par des extraits d’échanges de mails, d’actes notariés, de musique diffusée à la radio, de notes ou de retranscriptions policières. Tout est que l’auteur manipule les mots avec aisance et fluidité, j’avais peur de quelque chose de complexe avec des mots savants, et bien non ! L’auteur sait parfaitement nous embarquer avec lui dans son univers, sans trop nous baratiner d’un vocabulaire « scientifico-complexo-savant », il y a de la matière, ne vous détrompez pas, le récit demande une certaine concentration pour le suivre car les environnements, les personnages, les époques, etc. sont nombreux et très variés. Si vous avez une mémoire de poisson rouge, là je ne peux plus rien pour vous, vous vous perdrez sûrement dans les songes introspectifs ou non de Frédric !



En bref, dans ce roman, il est question de pouvoir neuropsychologique, de science -fiction, d’anticipation, de polar et de thriller psychologique. Un cocktail absolument efficace pour vous « shooter » jusqu’à la dernière page.
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Au royaume des vivants

J’étais intriguées par les romans courts proposés par les éditions 1115. J’aime beaucoup l’imaginaire quand il me propose des littératures avant-gardistes et audacieuses, et cet éditeur a l’air de proposer des textes de ce type. Je me suis donc lancée dans « Au royaume des vivants » d’Emmanuel Quentin. Alors qu’en ai-je pensé ?



C’est étrange comme ce petit livre d’un plus de 120 pages est bien équilibré. Je crains toujours que les romans courts aient du mal à bien planter leur univers et à avoir un rythme trop rapide. Dans Au royaume des vivants, l’auteur nous propose un texte bien dosé qui nous plonge dans un monde futuriste délicieusement rétro. S’il est aisé de mener ses affaires à travers le monde grâce à des portails qui permettent de voyager d’un bout à l’autre du monde en un clin d’œil, une partie de la population reste sur la touche. Dominique Serin, détective privé, est l’un d’eux, et c’est fâcheux dans son métier. Le rythme est soutenu via les multiples enquêtes du roman. C’est fou ce qu’on peut faire en une centaine de pages.



En effet, on ne s’ennuie pas un instant dans cette histoire à tiroirs. Évidemment, les différentes enquêtes sont liées, mais c’est la manière dont c’est fait qui est intelligente. L’auteur utilise habilement des éléments de science-fiction pour créer des fausses pistes, des impasses et des culs-de-sac qui nous laissent perplexes. Rien ni personne n’est vraiment ce qu’il semble être à première vue, et chaque fois que nous croyons savoir où nous allons, un nouveau rebondissement vient brouiller les pistes. Nous suivons une banale histoire à première vue, avec une femme qui soupçonne son mari d’être volage. Dominique enquête également sur de vieilles disparitions dans des circonstances étranges.



Le roman embrasse les codes du roman noir avec un détective privé désabusé, mais ajoute une touche burlesque qui imprègne chaque page et crée des images mentales amusantes. Dominique Serin, le détective hypocondriaque, adopte la posture classique des enquêteurs hantés par un passé sombre. Curieux mais traditionaliste, il forme un bon duo avec son assistant. Son apprenti est son contraire, avec des gouts voyants et des difficultés pour être vraiment discrets. Leurs interactions sont très drôles. Les personnages plus secondaires, même s’ils apparaissent de manière succincte, sont très bien caractérisés. L’univers a quelque chose de très rétro qui le rend charmant.



Le récit nous happe tellement que le dénouement semble presque précipité. Le twist final donne du sens à de multiples indices disséminées le long du récit par petites touches, comme si de rien n’était. On passe même dans un registre plus sombre et très original. Dommage qu’il n’y ait pas eu quelques pages de plus pour détailler les événements. Mais c’est vraiment pour chipoter que j’écris ces lignes, c’est vraiment bien fait.



« Au royaume des vivants » est une réussite. Ce court roman de science-fiction teinté de roman noir est parfaitement équilibré et bien rythmé, avec des enquêtes multiples liées de manière intelligente. L’auteur Emmanuel Quentin utilise avec habileté des éléments de science-fiction pour créer des fausses pistes et des culs-de-sac qui nous laissent perplexes. Les personnages sont bien construits, avec une touche burlesque qui crée des images mentales amusantes et des interactions drôles. Le twist final est très original et bien amené, même s’il aurait mérité quelques pages de plus pour être développé.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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La faculté des idées noires

A quoi cela sert d'avoir 26 mains si elles sont toutes de GAUCHE ! (Groupement Abracadabrant et Ubuesque de la Chienlit Harmonieuse des Ecrivains)



Cadavre exquis. Même si j'avais déjà entendu cette expression, je pensais benoîtement qu'il s'agissait d'une référence aux enquêtes policières. Que nenni, la préface soigne mon ignorance et me donne la clé de compréhension : il s'agit d'une œuvre collective où chaque auteur écrit un chapitre en ne prenant connaissance que de celui qui le précède. L'éditeur nous conte comment l'idée à germer dans l'équipe des éditions 1115.

Me voilà déjà conquis après seulement deux pages mais j'avoue avoir un faible pour cette micro maison d'édition : des couvertures léchées, des auteurs de talents et un prix mini mini (2€ en epub, 10 en papier). De quoi se faire plaisir tout en découvrant certains auteurs. Mais trêve de compliments, que vaut ce texte où 13 auteurs mêlent leurs plumes.



Au nord, c'étaient les corons

La terre c'était le charbon

Le ciel c'était l'horizon

Les hommes des mineurs de fond…

Voilà qui commence bien, pauvreté dans un territoire peu exploré, mais de suite on part à la capitale.



Voilà une sorte de Harry Potter pessimiste, absurde et burlesque. Pas de place à la morosité, tir à vue dès qu'elle approche en sortant l'artillerie lourde du rire. Seul hic, le burlesque et moi ne sommes pas amis. Terry Pratchett m'emmerde à l'extrême et c'est le cas ici. Pas un livre pour moi, pas mon style. Le premier chapitre avec son humour plutôt noir m'avait emballé, puis la déprime est arrivé face aux aventures abracadabrantes.

J'ai bien aimé tous les acronymes du bouquin, pleins d'imagination, surtout le GUD, le Groupuscule d’Ultras Demeurés, j'aime bien qu'on se moque des bas du Front.

Déçu donc de cette lecture dont j'attendais autre chose, mais je ne peux que saluer l'idée de faire ce cadavre exquis. En outre, chaque chapitre s'ouvre sur une petite illustration bien sympathique.
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Céder la place

Une très bonne nouvelle courte, concise et complètement bluffante dans sa mise en place.

Vous savez bien que ce format est "casse-gueule" . Un excellent écrivain est celui qui arrive à maîtriser ce format. Et là, je dis chapeau!



J'ai rencontré l'auteur plusieurs fois, et toujours au même endroit, le salon de l'imaginaire à Ménétrol : les Aventuriales. Un personnage sympathique et intéressant.

J'avais déjà lu son précédent ouvrage Où s'imposent les silences (que j'ai déja trouvé très bon). Et puis il me restera à lire "Replis" que je lirais cet hiver.



Si vous voulez un plaisir condensé et concentré, précipitez vous sur cette nouvelle, il y a tout ce qu'on aime, 20 pages d'une tension croissante, tendue comme un arc.
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