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Critiques de Eric Bulliard (10)
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L'adieu à Saint-Kilda

Août 1930... Les derniers habitants quittent Saint-Kilda, leur île tant aimée qui leur a apporté de quoi se vêtir, se nourrir et gagner quelques pécules durant plus de deux millénaires et qui pourtant a pris sauvagement tant des leurs au fil des ans. Le coeur lourd et l'âme blessée, ils s'en vont tenter de survivre dans un lieu tout aussi complexe, tout aussi austère et si peu familier : la civilisation du continent.



Avril 2014... Le narrateur, voyageur des temps modernes en quête d'aventure et de défi, accoste sur l'île et découvre avec passion les seuls habitants rescapés de la rudesse du lieu et des vents terrifiants : fous de bassan, macareux moines, fulmars boréals, mulots et moutons d'une souche vieille de près de 3000 ans. L'homme se plonge dans le coeur de l'île, dans les récits des ancêtres et les témoignages des Ecossais ayant bravé la houle de l'Atlantique Nord pour partager un bout de la vie des Saint-Kildiens.



19 Juillet 2022 aux aurores... J'attends impatiemment sur la jetée du petit port de Leverburgh sur l'ile de Harris. C'est le grand jour. J'ai soif de bout du monde. Les heures de bateau me permettent de quitter le monde confortable de mes passionnantes vacances dans les Hébrides extérieures et de remonter petit à petit le temps. J'avais pris le temps de lire, de m'informer et m'étais laissé séduire littérairement parlant par l'archipel si mystérieux et envoûtant de Saint-Kilda . En découvrant les premières côtes de Hirta, les frissons m'ont parcourue de haut en bas. J'ai su alors, avant même d'accoster, que je vivais un des grands moments de ma vie.



L'adieu a Saint-Kilda d'Eric Bulliard que j'ai dégusté à petites touches quatre mois après avoir découvert ce petit coin de terre fier et vaillant des Hébrides écossaises m'a remuée corps et âme. A travers la plume d'un autre, j'ai rencontré les insulaires de manière plus intime encore. J'ai frissonné avec les chasseurs d'oiseaux sur Stac an Armin, j'ai pleuré avec les McDonnald, les McLeod et les Gillies devant la dépouille d'un enfant qui ne verra pas ses cinq ans. J'ai attendu en vain l'arrivée des nouvelles du nouveau monde de mes cousins en quête d'un avenir meilleur. J'ai prié les dieux de la terre et de l'océan, secrètement, pendant que le pasteur John McKay nous instillait son poison religieux rigoureux et intransigeant.



Ce roman est un coup de poing, un coup de coeur, un coup d'âme et de passion. C'est la rencontre d'une terre que je semble connaître depuis toujours, qui m'attire et m'inspire en profondeur tout en me terrifiant.



"We can not return now. We can not return now.

We have all gone over. We have all gone over.

We are all sure-footed. We are all sure-footed.

But we fall."

Robin Robertson, Hirta Song



(Nous ne pouvons plus retourner désormais. Nous ne pouvons plus retourner désormais.

Nous avons tout surmonté. Nous avons tout surmonté.

Nous avons tous le pied sûr. Nous avons tous le pied sûr.

Mais nous tombons.)
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La cabine

- Dring.... Dring.... Dring...

(Silence...)

Coup de vent dans ce désert du Mojave qui emporte le son jusqu'à l'océan.



- Dring... Dring... Dring...

- Allo ?

- Bonjour Eric Bulliard, c'est Croquignolle !

Vous rappelez-vous ? Nous nous sommes rencontrés au Livre sur les Quais à Morges et nous avons parlé de notre voyage, à quelques années d'intervalle, à Saint-Kilda dans les Hébrides extérieures écossaises.



Je viens de terminer votre livre La cabine. J'ai plongé à vos côtés au coeur du désert du Mojave aux Etats-Unis. J'ai eu chaud. J'ai eu soif. J'ai attendu que quelqu'un m'appelle. Et le miracle s'est produit !



Je ne connaissais rien à cette histoire de cabine téléphonique. Je n'avais jamais mis le pied sur la côte ouest. Je n'avais pas rencontré Maria ni côtoyé Ron. Pourtant à travers vos mots, j'ai eu l'impression qu'ils m'étaient proches. Les déserts ont-ils la capacité d'effacer la distance, de tisser des liens et d'unir les âmes ?



J'ai aimé votre manière d’apprivoiser la cabine, isolée sous un yucca brevifolia du Mojave tout en l'offrant au monde entier et à ses humains avides d'immensité...

Cette cabine téléphonique est une anomalie à l'ère d'internet et des téléphones portables.

Et les anomalies titillent mon imaginaire, intriguent mon intelligence et ravissent ma curiosité. Elle a malheureusement cessé de sonner en 2020, démantelée par ceux qui ne savent pas rêver. Mais elle continue de résonner dans le coeur des sages qui savent être fous.



Vous avez un vrai talent, M. Bulliard, pour décrire les ambiances de bout du monde, nous faire expérimenter le vent, goûter le silence et admirer la voûte céleste illuminée d'étoiles.



Merci Eric pour ce voyage au bout du monde, pour cette parcelle d'extraordinaire qui, sans vous, n'aurait jamais pu enrichir mon émerveillement.



(Silence...)

Sous le vent frais d'un jour d'automne valaisan.



- Dring... Dring... Dring…

- Allo ?

- Monsieur Bulliard, c'est encore moi. J'ai oublié l'essentiel :

La prochaine fois que vous vous envolerez vers de nouveaux territoires géographiques et littéraires inédits, partagez-moi vos aventures. Elles me ravissent et m'enchantent.

Ou alors, embarquez-moi avec vous ! Y aura bien une petite place dans votre valise.

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L'adieu à Saint-Kilda

Peut-on imaginer un endroit aussi perdu que cette île de St-Kilda ? C’est une terre tellement éloignée et inhospitalière qu’on se demande ce qui a pu pousser des hommes à s'y installer !

C'est un peu comme pour certains villages isolés de montagne, je pense par exemple à Derborence. Mais, en montagne, malgré tout, on peut quand même essayer de redescendre en plaine quand on se sent oppressé par le poids des sommets ! A St-Kilda, pas de possibilité de fuir puisque l'île n'est visitée par un bateau que deux fois par an.

Pourtant des familles vivent ici depuis des générations, soumises à l'autorité d'un lord écossais lointain, mais qui rappelle régulièrement son pouvoir, et du pasteur qui régit leur vie quotidienne. Elles survivent plutôt, se nourrissant des maigres produits de la terre, de l'élevage des moutons et des œufs des oiseaux de mer. A part quelques individus, personne ne pense que c'est peut-être mieux ailleurs.

Cela change à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle. En 1852, une trentaine de St-Kildiens partent en Australie. Malgré des passages de touristes, personne ne s’installe sur l’île dont la population baisse. En 1930, lors d'une réunion, miss Barclay, l’infirmière installée depuis quelques années, convainc les habitants qu’il serait préférable de quitter l’île. Le 31 mai, les trente-six derniers habitants écrivent donc une lettre au gouvernement pour pouvoir partir de St-Kilda.

C’est cette scène que nous présente le narrateur pour ouvrir le roman. Puis la narration fait de fréquents allers-retours entre cette année 1930, notre époque et différents moments de la vie de St-Kilda, avant de se clore au moment où les habitants quittent définitivement l'île trois mois après la scène du début.

Nous pouvons donc assister à différents épisodes de la vie de la communauté sur place, avec souvent des moments très durs ou avec la présence forte et contraignante des pasteurs. Nous suivons des habitants de l'île qui essaient d’émigrer vers l’Australie et qui parfois reviennent. Nous accompagnons le narrateur et sa compagne qui font partie d’un visage touristique sur l’île et qui découvrent les témoignages de sa vie passée.

Puis nous revenons à St-Kilda en 1930 pour suivre les préparatifs du départ des habitants et quand nous refermons le livre, comme eux, nous gardons une dernière image, celle d’un “doux adieu sans fin, jusqu’à ce que l’île, là-bas, tout au fond, ne soit plus qu’une tache, puis un point,, une poussière, puis s’efface derrière l’horizon d’un bleu sans pitié.” Finalement, nous sommes peut-être devenus des St-Kildiens... et nous avons de la peine à quitter "notre" île !
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L'adieu à Saint-Kilda

Ce roman donne un bref aperçu de l’histoire des habitants de St-Kilda, principalement l’émigration d’une trentaine de personnes en Australie en 1852 et l’évacuation des derniers habitants de l’île en 1930. J’ai trouvé que l’auteur présente bien les enjeux et les difficultés auxquels sont confrontés les habitants de cette île, que cela soit dans leur quotidien, dans leur relations avec le monde extérieur ou dans les deux situations citées précédemment. J’ai pu avoir de l’empathie pour les personnages grâce aux multiples émotions que l’on peut retrouver dans le livre. Celles-ci sont souvent exprimées de manière détournée comme, par exemple, la phrase suivante qui exprime la tristesse (les larmes) de Finlay Gillies suite à la décision des habitants de quitter l’île (p. 18) : « Ses yeux asséchés par les fumées de tourbe n’y ont pas résisté ». Il faut avouer que me plonger, le temps de ce livre, dans l’histoire de cette population qui avait son propre mode se vie m’a remuée bien plus que je l’aurais pensé.

Au niveau du style d’écriture, la ponctuation m’a paru un peu singulière au début : une phrase a parfois beaucoup de virgules (ce qui m’a fait en relire plusieurs avant d’en comprendre le sens), mais cela donne un certain rythme à la narration (ce qui est une bonne chose, non ?). Autre particularité à relever : une phrase (ou un mot) est parfois répétée plusieurs fois dans un chapitre et cette répétition m’a donné la sensation d’entendre sonner le glas.

Pour finir, je dois avouer que la lecture de ce livre est liée à certains mots ou certaines images qui ont une emprise presque "magique" sur moi. Peut-être que vous, aussi, avez déjà vécu cela : lorsque vous croisez quelque chose (ou quelqu’un) que vous connaissez (ou semblez reconnaître) et que, le temps d’un souvenir ou d’une nostalgie, tout semble s’arrêter d’un coup et votre esprit vous emmène ailleurs. C’est ce qu’il se passe pour moi quand je "vois" St-Kilda. Mon cerveau a dû intégrer un radar naturel qui attire mes yeux vers tout objet portant le nom ou ayant des images de cette île. Je n’y suis jamais allée et, pourtant, mon esprit s’obstine à s’accrocher à ces falaises. Comme l’a écrit l’auteur dans "L’adieu à Saint-Kilda", c'est « Le voyage d’une vie ». Une phrases qui permet des interprétations multiples : Est-ce le voyage qu’entreprend un touriste une fois dans sa vie ou, pour les St-Kildiens qui ont quitté l’île en 1930, le voyage qui laisse derrière lui l’histoire de toute une vie ?
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La cabine

"les déserts peuvent rendre fous mais ici la folie n'existe pas, la normalité non plus. Ici vous existez et c'est déjà beaucoup".

cette citation tirée du livre résume bien ce qu'apporte cette fameuse cabine téléphonique dans le désert de Mojave que Ron, jeune homme en quête de la réalisation de ses rêves, mettra à la portée du monde entier avec la naissance d'internet.

les personnes de tous âges, tous horizons qui l'utilisent soit à distance soit en s'y rendant ont l'impression d'être dans le centre du monde et d'y être accueillies quel que soit ce qu'elles expriment. nous sommes à l'aube d'un nouveau monde où l'on communiquera plus mais qui fera bien moins rêver.

ce livre met aussi en lumière comment sous prétexte de protéger, avec des méthodes simplistes et sans concertation, on enferme ceux que l'on veut protéger [ cf protection de la réserve naturelle]

ce livre est porteur de rêves dans son contenu et son style et même la fin du rêve demeure poétique. j'aurais souhaité un peu plus d'importance donnée au personnage de Marie.
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La cabine

Le jeune Ron, de son vrai nom Gordon, habite un quartier tranquille de Phoenix, Arizona. Grand rêveur et utopiste dans l’âme, il tombe un jour sur le texte écrit par un inconnu dans une fanzine d’un groupe de rock. L’auteur de l’article y évoque une cabine téléphonique au milieu de nulle part, dans le désert de Mojave aux Etats-Unis et donne même le numéro…



Fasciné par cette histoire, Ron appelle alors le fameux numéro pendant un mois, plusieurs fois par jour, sans réponse. Ses amis se prennent aussi au jeu et lancent des appels jour et nuit. Ron commence à enregistrer ses tentatives, au cas où quelqu’un décrocherait enfin. Ces coups de téléphone virent à l’obsession, le coupant gentiment de sa vie sociale. Jusqu’au 20 juin 1997 où ça sonne occupé ! Quelqu’un est en train de se servir du combiné ! Il finit par avoir une certaine Maria au bout du fil, qui lui explique vivre dans le désert avec son mari Chuck et leurs 2 enfants. Ils vivotent maintenant que la mine voisine a dû fermer. Maria lui parle de son amour pour ces terres. Suite à cette conversation, Ron fait enfin le voyage pour aller voir cette cabine de ses propres yeux. Il crée un site internet pour y expliquer son histoire et contre toute attente le nombre des visites sur sa page explose ! La bande d’amies se rend souvent sur les lieux et ils répondent aux innombrables curieux du monde entier qui tentent aussi d’appeler ce numéro mythique, des gens à qui ils donnent de l’espoir et de l’écoute pendant quelques minutes.



Inspiré de faits réels, Eric Bulliard nous conte l’épopée de cette fameuse Mojave Phone Booth, qui finira malheureusement par être victime de son succès. Au travers de cette histoire originale, l’auteur fribourgeois nous convie également à une réflexion sur la ténacité, sur l’espoir, sur les liens sociaux et sur l’impact d’une passion.



En lice pour le Prix des lecteurs de la ville de Lausanne 2023, ce roman nous transporte dans un récit d’aventures presque philosophique, et rend hommage à la beauté et à l’immensité de ce désert parsemé de Joshua Trees, une terre à préserver malgré la rudesse des conditions.



En résumé, une aventure originale et un roman très dépaysant !


Lien : https://tasouleslivres.com/l..
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L'adieu à Saint-Kilda

L'auteur nous parle de cette île, Saint Kilda où vécurent, sur plus de 2000 ans des hommes dans des conditions extrêmes. Son éloignement des côtes écossaises a isolé sa population qui n'a jamais excédée 180 âmes. Leur subsistance était basée sur les produits des oiseaux, l'exploitation agricole et l'élevage de ces moutons sauvages et particulièrement résistants : les Soay.

Le paysage de cette île volcanique est particulièrement exceptionnel et l'île possède une importante densité d'oiseaux (fous de bassan, macareux et fulmars).

L'île est désormais inhabitée depuis l'évacuation en 1930, du fait des conditions de vie très dures, de ses 36 derniers habitants. Seule une base militaire installée depuis 1957 sur Hirta, ainsi que le tourisme, apportent de la vie sur cette terre solitaire.

Emouvant témoignage nostalgique sur la vie de ces derniers habitants avant leur départ, quelques photos, une belle prose, j'ai été conquis par ce livre qui m'a donné envie d'aller visiter cette île. Merci pour ce petit bout d'histoire que je ne connaissais pas.
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L'adieu à Saint-Kilda

En mêlant événement historique et récit romanesque, Eric Bulliard se penche sur le destin des habitants de l'île de Saint-Kilda au large de l'Ecosse et nous entraîne dans un récit parfois rude, une aventure quoiqu'il en soit, conforté par le récit de sa propre visite à ce lieu devenu réserve ornithologique. Se lit d'une traite, non pas pour connaître la fin que l'on sait dès le départ, mais pour se rassasier d'une écriture simple et efficace, bravo.
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Avec un F comme chanson

Au début des années 1990, une équipe de doux-dingues décide de programmer un festival dédié à la chanson française dans la petite ville de Bulle, chef-lieu de la Gruyère. Ils ont réussi à tenir le haut du pavé et à programmer un Benabar, un Raphael ou une Olivia Ruiz avant que ces vedettes ne soient accaparées par les grandes chaînes de télévision et les salles de concert prestigieuses.

La grande et les petites histoires des dix premiers festivals est racontée dans cet ouvrage, c'est un concentré d'aventures au jour le jour et une épopée musicale hors du commun.
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L'adieu à Saint-Kilda

Un roman singulier qui m'a fait découvrir la vie des habitants de ces îles d'Ecosse perdues au milieu de nul part. La sensation de bout du monde (et de solitude absolue) est très bien rendue au fil des pages. Comme l'auteur, je m'étonne de la rage de vivre de ces habitants pour continuer à avoir foi en la vie malgré des conditions d'une rudesse absolue. Sans même parler du groupe d'hommes et d'enfants coincés sur un rocher pendant 9 mois et qui ont survécu à l'hiver dans des conditions extrêmes...



Roman à la fois initiatique et dépaysant, une très belle découverte grâce à @Croquignolle !
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